Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Les hauts et les bas d'Ollé-Nicolle

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Par athor
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(capture d'écran youtube, SRC fan club) © athor

Entraîneur depuis 25 ans, Didier Ollé-Nicolle a connu une carrière très riche, faite d'exploits, d'échecs et de drames. De Raon l'Etape à Clermont, d'Alger à Neuchâtel, retour sur son parcours.

C'est l'exemple typique de l'entraîneur amateur qui finit par percer dans le monde professionnel. Si aujourd'hui, des profils comM. Denis Renaud ou Hervé Della-Maggiore apparaissent en L2, Didier Ollé-Nicolle fut, il y a quelques années, la hype de ces coachs au profil particulier et aux idées différentes. Pourtant, sa carrière de joueur est loin d'avoir été étincelante. Originaire de l'Ain, il grandit en Bretagne et joue dans le petit club morbihanais d'Auray, au poste de milieu défensif. Ses prestations sont suffisantes pour se faire remarquer, et intégrer l'équipe de la ligue de l'Ouest, avec qui il remporte le titre de champion de France cadets. Ses coéquipiers d'alors se nomment Yannick Stopyra, Jean-Marc Miton (évidemment pas encore moustachu) ou encore Michel Sorin. Également sélectionné en équipe de France scolaires, il totalisera une trentaine de capes. Passé au SCO d'Angers, avec l'équivalent du contrat fédéral d'aujourd'hui, il ne se remet pas vraiment d'une rupture des ligaments croisés, alors qu'il commence à percer en D2. A 23 ans, il renonce à son rêve de professionnalisme, mais peut compter sur une maîtrise en sciences économiques, qu'il a passé en parallèle. En 1984, il se rapproche de sa terre natale et signe une licence amateur à Chambéry, tout en travaillant dans l'immobilier en parallèle.

Les débuts dans le monde amateur

En 1991, il débarque à Raon l'Etape, en Promotion d'Honneur en temps qu'entraîneur joueur, avec une petite idée derrière la tête. Au fil des années, Ollé-Nicolle fait des miracles en emmenant le petit club vosgien vers les divisions nationales. La presse nationale commence à s'en faire écho, notamment quand France Football le surnomme « le Guy Roux des Vosges » dans article qui est consacré. En 1997, soit à peine six ans après son arrivée, il accède en National, après avoir atteint les 16èmes de finale de coupe de France (éliminé par … le Racing), une première histoire pour l'USR. La saison 1998/1999 constitue un sommet avec une belle 8ème place. Mais si le coach se voit même prêt à faire toute sa carrière dans les Vosges, sa réputation va le conduire un peu plus au nord. Philippe Séguin, député local, va souffler son nom à Jean-Louis Borloo, le président du club de Valenciennes, qui se débat en CFA, pas encore remis de l'affaire OMVA. DON raconte: « Borloo est venu me voir chez moi, à Raon. J’ai été charmé par cet homme, son discours et son charisme. Il m’a proposé cinq ans de contrat et m’a donné les pleins pouvoirs. » En trois saisons, le technicien remonte en National et pose les bases d'un club solide. Mais face au manque de moyen et lassé par des promesses en l'air, il se rend au ministère pour annoncer à Borloo qu'il s'en va. L'homme à tout faire de Valenciennes a beau tenter de le convaincre durant près de six heures: « c'est vraiment dommage, vous partez sur un moment de déprime. Vous allez voir, les moyens vont arriver... » Et Borloo disait vrai, puisque le club est monté en 2005. Seul satisfaction pour Ollé-Nicolle, celle « d'avoir vu des joueurs que j'avais recruté monter ».

Après cette expérience, l'entraîneur dont la carte de visite commence à devenir intéressante accepte le challenge du Nîmes Olympique, qui reste sur une année décevante en National, après y être descendu un an plus tôt. Mais les Crocos doivent gérer leur dernière année de professionnalisme, et l'effectif n'est pas suffisant pour espérer se mêler à la lutte pour l'accession, malgré la présence notable du jeune Renaud Cohade, dont les performances finissent par intéresser Bordeaux. La seconde saison est bien plus remarquable: bien parti en championnat, Nîmes s'illustre surtout en coupe de France, avec les éliminations de Saint-Étienne, Ajaccio, Nice et Sochaux. Il s'agit là de la première fois dans l’histoire du foot français qu'un club de National élimine quatre clubs de L1. « Le match le plus mémorable, c’est notre quart de finale contre Sochaux. À 20 minutes de la fin, nous sommes menés 3-1 chez nous. Et finalement, on gagne 4-3 dans le temps additionnel, dans un stade plein et chauffé à blanc. À ce moment-là, tu voles, tu n’as plus aucune lucidité. Il se passe un truc dont tu ne mesures même plus la portée… Ce sont des sensations magiques que tu ne vis que dans le foot. » raconte l'ancien Guy Roux des Vosges. D'ailleurs, à sa grande surprise, il recevra un coup de téléphone de la version originale au cours de cette année: « Istres jouait ses matchs aux Costières et allait recevoir Auxerre le dimanche même. Alors, il voulait savoir dans quel état était la pelouse et m'a demandé de transmettre des consignes au jardinier ». Quelques jours plus tard, le messager est invité à l'hôtel par l'homme au bonnet: « on a passé deux heures très agréables, il m'a dit qu'il suivait mon parcours depuis que France Football m'avait comparé à lui. » De nouvelles retrouvailles ont lieu quelques semaine plus tard, puisque c'est Auxerre qui met un terme à l'aventure nîmoise en demi-finale de coupe de France. Sans doute usés mentalement par cette épopée, l'équipe gardoise, où vient d'apparaitre un certain Ladislas Douniama, termine à la 5ème place du classement de National.

Les portes du monde professionnel

Forcément, ce parcours exceptionnel en coupe de France fait parler, et « sept ou huit clubs professionnels » tentent de l'approcher. C'est finalement Châteauroux qui rafle sa signature: « Denisot voulait construire quelque chose avec moi, il a eu le bon discours, j'ai foncé ». Pour sa première expérience dans une division professionnelle, à 44 ans, les débuts sont plutôt prometteurs, la Berri pointant même au pied du podium au cœur de l'automne, après treize journées. Mais des tensions apparaissent peu à peu dans le vestiaire, notamment après un article publié dans le magazine So Foot sur les femmes de joueurs, et racontant la vie et les relations tendues entre les compagnes des joueurs du club. A la sortie de l'hiver, Châteauroux aligne onze matchs sans victoires et glisse vers la zone rouge. Un sursaut en fin de saison permet d'éviter le pire, mais à l'issue de cette saison très spéciale, il est remercié. Heureusement, sa réputation n'est pas trop ternie, et il n'a pas de mal à rebondir. En 2006, il accepte un challenge sur mesure à Clermont. Avec une carte blanche au niveau de la gestion sportive, il recompose l'effectif presque à 100% avec des jeunes, 23 ans de moyenne d'âge, souvent en L2 et en manque de temps de jeu (Rudy Carlier y est d'ailleurs prêté). A la fin du championnat, le club auvergnat est loin devant la concurrence, finit avec une série de 27 matchs d'invincibilité, avec alors le plus grand nombre de victoires, de points et de buts marqués de l'histoire du National.

Relancé, il refuse Rennes, où l'attendait un poste de co-entraîneur de Pierre Dréossi, un an plus tard, pour se consacrer au « projet évolutif de Clermont, où il y a tout à faire mais beaucoup de potentiel et de bonne volonté pour réussir quelque chose dans le monde pro. Et puis, je me devais de rester aussi vis-à-vis de mes jeunes. Quand je les ai recrutés, je ne leur ai pas vendus la L2, mais la L1. » Parmi ces joueurs lancés par DON, on retrouve quelques noms aujourd'hui connus comme Joris Marveaux, Bruno Grougi ou Benoît Lesoimier. Le promu auvergnat, doté de l'avant-dernier budget de la division, surprend en flirtant longtemps avec le podium et en achevant l'exercice à une belle 5ème place. En mai 2008, Didier Ollé-Nicolle est logiquement élu entraîneur de l'année en Ligue 2, et suscite à nouveau les convoitises. Mais son engagement contractuel refroidit quelques prétendants, comme Lens. Ce n'est pas le cas du Standard de Liège, qui ne rechigne pas à aligner les 500 000€ réclamés par le président du Clermont Foot pour libérer son technicien. Mais Claude Michy se rétracte au dernier moment, craignant de regretter la perte de sa perle rare. « À chaud, je lui en ai voulu, précise l'entraîneur. Pendant un mois, je ne parlais plus à personne. J’avais le sentiment de manquer une opportunité sportive. Or, l’idée quand on entraîne, c’est toujours d’aller vers le plus haut niveau. » Il faut dire que le club belge s'apprête à disputer la Ligue des Champions.

Un tournant dans sa carrière, puisque la saison 2008/2009 est maudite. En Championnat, la magie n'opère plus vraiment, malgré la révélation Mustapha Yatabaré (débusqué par Ollé-Nicolle par National), avec une année à vivoter en milieu de tableau. Un anonymat dont le club sort en coupe de France, mais à cause d'une défaite humiliante en 32ème de finale, à Schirrhein, qui évoluait alors en Excellence. Pris de honte, Ollé-Nicolle présente immédiatement sa démission, refusée par son président, qui convoque tous les joueurs le lendemain dès 7 heures du matin. Mais surtout, à peine un mois et demi plus tard, cette défaite n'est plus qu'une anecdote insignifiante: victime d'un malaise cardiaque à son domicile, le défenseur Clément Pinault est plongé dans un coma artificiel, avant de décéder quatre jours plus tard à l'hôpital, à l'âge de 23 ans. Un drame pour tout le club: « Nous n’avions pas l’envie ni la force d’aller disputer le prochain match à Nîmes. Mais les parents de Clément sont venus dans le vestiaire pour nous demander de jouer en son nom. Une rose avait été posée, à la place où s’asseyait habituellement leur fils. Le vendredi suivant, on a fait match nul. Tout le public de Nîmes s’est levé et nous a applaudis pendant une minute. Indirectement, les 8 000 spectateurs ovationnaient Clément. »

La L1 enfin … avant le déclin

Après trois saisons contrastés en Auvergne, il réalise enfin son rêve, celui d'entraîner en Ligue 1, du côté de l'OGC Nice. Si le match inaugural se solde par une belle victoire à Geoffroy Guichard, la suite est nettement moins rose, avec six défaites sur les dix premières rencontres. Surtout, en coulisses, le président qui l'avait recruté se fait débarquer par ses actionnaires, Gilbert Stellardo en tête. Malgré quelques coups d'éclats, comme ces victoires 4-1 à domicile contre Lyon ou 1-0 au Parc des Princes, les résultats restent insuffisants, et Ollé-Nicolle est débarqué au mois de mars. Pour la première fois de sa déjà longue carrière, il connaît donc un licenciement en cours de saison: « Je travaillais 12 à 13 heures par jour et d’un coup, plus rien… Pendant trois ou quatre mois, mon téléphone n’a plus sonné. Cet épisode a représenté une profonde déchirure. J’étais dans un état un peu dépressif. J’en avais ras-le-bol, le football français m’avait déçu. J’ai décidé de quitter le pays… »

Direction la Suisse et Neuchâtel sept mois plus tard, en septembre 2010, où DON reprend une équipe qui réalise un début catastrophique avec cinq défaites en sept matchs. Xamax reprend confiance, mais doit tout de même lutter pour son maintien, la faute à un effectif limité en qualité. En fin de saison, le club termine à la 8ème place (sur 10), assurant son maintien à la différence de buts. C'est en coupe de Suisse que Neuchâtel s'illustre, atteignant la finale, après un parcours ponctuée par trois victoires aux tirs au but. Mais à une semaine de la finale, Ollé-Nicolle découvre les méthodes du nouveau propriétaire, le mystérieux Tchétchène Bulat Chagaev, et claque la porte: « ils m’ont demandé de me séparer de mes adjoints pour m’imposer un staff uniquement composé de Tchétchènes. Ils ne voulaient pas de noirs dans l’équipe et souhaitaient que je me débarrasse des trois Africains du groupe : Niasse, Binya et Gohou. J’ai refusé. Le jour de la finale de la Coupe de Suisse, je n’étais pas assis sur le banc. » La suite sera dramatique pour l'ancien club de Gilbert Gress, qui déposera le bilan en janvier 2012, au terme d'une série d'autres évènements rocambolesques.

Didier Ollé-Nicolle cherche à rebondir en Chypre, à l'Apollon Limassol, où il fait venir Milovan Sikimic et Stéphane Noro, mais le club rencontre de grosses difficultés financières, subissant la crise grecque. Ni lui, ni ses joueurs ne sont payés. Au terme d'un ultimatum d'un mois lancé à ses dirigeants, il quitte l'île méditerranéenne, pour s'engager à l'USM Alger au mois de novembre 2011, avant de sauter dès le mois de février.

Au terme de ces aventures à l'étranger, il repose ses valises en France, à Rouen en National. Ambitieux, le club normand vise la montée en L2, et s'installe rapidement dans les sommets du classement, malgré un petit passage à vide en septembre-octobre. Mais en coulisses, tout ne tourne pas aussi bien. En décembre, la DNCG met le doigt sur des irrégularités dans les comptes de la saison précédents, et sanctionne le club d'un retrait de trois points et d'une interdiction de recruter. Un handicap qui aura de lourdes conséquences en fin de saison, puisque Rouen échoue à la 5ème place à … deux points de la montée. Conséquence de ces problèmes financiers, les Normands sont relégués en DH et déposent le bilan dans la foulée. Didier Ollé-Nicolle se retrouve donc à nouveau sans emploi, mais reste tout de même quelques semaines pour participer bénévolement à la préparation d'avant saison de ses anciens joueurs, en quête d'un nouveau point de chute.

En mars 2014, il s'éloigne à nouveau de l'hexagone pour le Bénin, et prend en charge la sélection nationale. Une expérience inédite mais « très enrichissante, sportivement et humainement. » Toutefois, l'entraîneur découvre aussi les dessous d'une fédération très liée au pouvoir en place à Cotonou, avec un ministre des sports très (trop) impliqué dans le fonctionnement de l'institution. En novembre 2014, face à une série de mauvais résultats, notamment une lourde défaite 6-1 au Maroc, il est écarté de son poste, mais pas licencié. Dès lors, l'affaire est porté devant la FIFA, et Ollé-Nicolle est finalement libéré au mois de mars 2015.

A peine quelques jours plus tard, profitant en quelque sorte du limogeage de Damien Ott, il signe à Colmar le 25 mars, avec pour mission de sauver une saison raté, en évitant la relégation. Avec cinq victoires sur les six derniers matchs, la tâche est accomplie avec une dixième place finale, et quelques jalons posés pour la saison 2015/2016.

Pour ce nouvel exercice, avec un recrutement plutôt intéressant, Didier Ollé-Nicolle peut légitimement nourrir l'ambition de viser la montée, même s'il faudra d'abord redresser la barre après des résultats initiaux très décevants. A désormais 54 ans, l'ancien Guy Roux des Vosges a encore bien des années de football à vivre.

Citations extraites de So Foot, des DNA et de La Montagne

athor

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Stammtisch
  • takl ça manque d'imprevu
  • takl Le Real sans Benzema c'est un peu nul quand même
  • kitl 16 corners à 0 pour City :o)
  • chrisneudorf Inexistant Arsenal. Qualification logique de Munich
  • takl ça devient compliqué pour Madrid quand même je trouve
  • kitl ça se décoince, si ça reste comme ça, parfait
  • valdestras On se fait chier ce soir par rapport à hier
  • cigonhao Qu en pense mouloungoal ?
  • domes Manchester et arsenal
  • pando67 je pronostique une qualif du bayern et du real ce soir
  • tenseur Un maintien est déjà top, ne rêvons pas trop. Il y a quelques semaines, le maintien était en grand danger
  • daikaran @ samksn67 Sisi ! Et je pense même la majorité. C'est juste que, comme d'hab', on la ferme.
  • gohelforever vacances - 2
  • gohelforever vacances - 2
  • takl bonne nuit à tous
  • takl j'arrête là sinon ça va partir en cachouètes :)
  • takl résultat y'a plus que des extrémistes trop méga lol
  • takl Bayrou et Macron ils ont calmé tout le monde avec le principe de soit-disant se placer au milieu de l'échiquier :)
  • samksn67 Quand le projet sera un peu plus lisible ça devrait se calmer je pense
  • samksn67 Le problème au racing c'est qu'il y'a pas de juste milieu entre les optimistes et les pessimistes

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