Ladislas des as ?

Malgré la présence d'un buteur largement au niveau du National, en la personne de Jérémy Blayac, le Racing peine offensivement en ce début de saison, la faute surtout à une animation souffreteuse, et manquant d'imagination. Afin de pallier ces difficultés, le club a fait appel à un attaquant de poche (1,64 m, 63kg), polyvalent, le congolais Ladislas Douniama.

Né à Brazzaville en 1986, Douniama arrive dans le sud de la France durant son enfance, et intègre les équipes de jeunes de Toulouse à l'âge de 12 ans. A peine deux ans plus tard, il entre au centre de formation de Montpellier, mais la mode est alors aux gabarits standardisés, et sa taille dépassant à peine le mètre 60 ne lui permet pas de continuer. A 16 ans, les portes du foot professionnel semblent s'être refermées. L'attaquant rejoint alors le petit club de Castelnau-Le Crès, dans la banlieue montpelliéraine, réputé localement pour la qualité de ses éducateurs. Un passage ponctué par quelques belles prestations en équipe des moins de 18 ans, suffisant pour être repéré par le voisin nîmois, évoluant en National, en 2004.

Une seconde chance pour Ladislas, mais qui débute plutôt mal avec les supporters des crocos: le joueur a en effet eu la bonne idée de porter un t-shirt de la Paillade sous son maillot de match. Un impair normalement impardonnable, mais qui sera finalement oublié assez vite, tant les entrées en jeu du petit joker amènent de la fougue au secteur offensif du NO. Avec son équipe, il participe d'ailleurs à la belle épopée en coupe de France, échouant en demi-finale contre Auxerre, futur vainqueur, mais après avoir éliminé Ajaccio, Nice et Sochaux, trois clubs de L1. Victime d'une crise de paludisme à l'été 2005, il se remet assez vite, mais ne parvient pas à passer de son statut de remplaçant puncheur à celui de titulaire. En deux saisons aux Costières, il ne sera donc apparu qu'à 26 reprises, pour cinq buts inscrits. Pour obtenir du temps de jeu, Douniama met le cap vers le Loiret et Orléans, alors en CFA.

Rapidement titulaire sur le côté droit de l'USO, il fait son trou, avec cinq buts dès sa première année, malgré un côté un peu excessif, sanctionné par six cartons jaunes. Durant cette première année, il hérite aussi du surnom, un peu facile il est vrai, de Kirikou. Ses deux saisons suivantes confirment sa percée, avec pas moins de 25 pions au compteur. Des statistiques qui éveillent la curiosité de clubs plus huppés, mais également celle de la sélection congolaise, avec qui il dispute les matchs éliminatoires de la CAN. A l'été 2009, il rejoint le LOSC le temps d'un essai, finalement concluant. La mission est simple: faire ses preuves avec la réserve en CFA pour éventuellement espérer taper à la porte du dessus. Mais malgré ses dix buts en sa constance tout au long de la saison, durant laquelle il a d'ailleurs côtoyé Alexandre Oukidja, il n'aura jamais sa chance et fini par mettre les voiles vers Guingamp, relégué en National. Une véritable chance à saisir, puisque les Bretons ont mis les moyens pour remonter immédiatement en L2, et comptent bien sur lui pour les aider dans cette tâche.

A 24 ans, Ladislas Douniama est enfin dans le bon wagon, puisqu'il enchaîne les rencontres et se révèle décisif dans le sprint final acharné entre l'En Avant, Bastia, Amiens et, bien sûr, le Racing. La saison de L2 démarre sous les mêmes auspices, avec un vrai rôle de titulaire et des performances remarquées. Plusieurs recruteurs de clubs plus huppés ont d'ailleurs déjà coché son nom sur leur carnet. Et en janvier 2011, c'est Lorient qui décroche la timbale. Son expérience auprès de Christian Gourcuff reste tout de même mitigée. Si l'international congolais reconnaît avoir « beaucoup appris, tant techniquement que tactiquement », il avoue sans mal avoir manqué de patience: « si j'étais resté à Guingamp, j'aurais pu accéder à un club plus huppé que Lorient. » En manque de temps de jeu, il est prêté à Arles-Avignon, où, malgré des apparitions régulières, il peine à s'épanouir, la faute également à des mésententes avec Franck Dumas, l'entraîneur plus ou moins officiel (faute de diplôme, c'est un prête-nom qui officiait officiellement). Fin décembre 2012, il rentre en Bretagne, mais pas à Lorient, avec qui il rompt son contrat, mais à Guingamp, où Jocelyn Gourvennec militait pour son retour. A nouveau bien installé, il réalise alors une seconde moitié de saison de feu: 18 matchs, 6 buts et 5 passes décisives, de quoi donner un sacré de main à la montée du club en L1.

Onze ans après avoir été recalé du centre de formation de Montpellier, Douniama découvre enfin la Ligue 1. Mais barré sur son côté droit par la recrue Claudio Beauvue, ainsi que par Yatabaré ou encore Langil, il doit se contenter d'un temps de jeu réduit. Pas forcément un souci pour celui qui est également le principal ambianceur du vestiaire. Par sa bonne humeur évidemment, mais aussi, par ses talents ciseaux et tondeuse en mains. Car l'autre passion de Ladislas, c'est la coiffure. Ainsi, dans un petit coin des locaux de l'EAG a été installé le « Doudoun$ Hair-cut » (nom véridique !), son propre salon, avec l'autorisation de Jocelyn Gourvennec, également client. Mais impossible de venir sans réserver: « j’ai mis en place un tableau avec les créneaux horaires. Cela me fait un petit planning et les gens s’inscrivent. »

Si l'attaquant n'est désormais plus qu'un joker, parfois décisif (comme à Amiens, contre Lens la saison dernière), il demeure un élément essentiel dans le groupe de Gourvennec, qui ne manque pas de saluer son implication au quotidien. Arrivé en fin de contrat cet été, et non conservé par les Rouges et Noirs, il a rejoint l'UNFP FC, avec qui il a participé à la défaite en match amical contre le Racing à Eschau. Malgré des contacts assez avancés avec Lens et le Paris FC, où il a passé une semaine à l'essai, c'est finalement à Strasbourg que ce petit gabarit a posé ses valises, remplies de plus de 200 matchs. A 29 ans, Ladislas Douniama débute un nouveau challenge, et aura la lourde tâche de redynamiter l'attaque du RCS.

Citations extraites d'articles d'Ouest France