Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

En quête de points à Jean-Bouin

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Avant-match
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Par kitl
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Le Red Star a quitté son antre de Saint-Ouen, ça vous en bouche un coin ? Pour ses retrouvailles avec sa diaspora parisienne, le Racing découvrira une nouvelle enceinte avec l’ambition de valider son maintien.

S’il est un club français cultivant avec soin sa mémoire – quitte à l’enjoliver en omettant sa fréquentation régulière des bas-fonds de la première division –, c’est bien le Red Star Football Club. Rien que sa dénomination suffit à semer le trouble chez le jeune passionné de football, qui apprend les géographies française et européenne grâce au ballon rond et n’imagine pas trouver ce club aux portes du périphérique parisien. C’est donc à Saint-Ouen qu’est basé le Red Star, dans l’ancienne ceinture rouge époque Thorez et Duclos. Cette nostalgie du temps d’avant transparaît sur les affiches éditées avant les rencontres opposant le Red Star à des clubs contemporains (le Stade de Reims ou le RC Strasbourg, ils n’allaient pas faire pareil pour Evian ou Bourg-en-Bresse), et on savoure goulûment ce souvenir couleur sépia où manquent seulement un ballon de cuir brun à lacet et une tribune garnie de bonshommes à casquette ou chapeau.

Red Star, club héroïque


Le club banlieusard revendique son statut de pionnier, présent dès l’entre-deux-guerres avant les débuts du professionnalisme et pouvant se targuer d’avoir été fondé par Jules Rimet. Il fournit régulièrement des internationaux à la France : plusieurs grands noms du Red Star figurent ainsi parmi les cent internationaux français les plus emblématiques sélectionnés par France Football, à l’occasion du centenaire de la sélection en 2004. On peut ici évoquer les gardiens Pierre Chayriguès et Alex Thépot, le défenseur et capitaine Lucien Gamblin, ou encore les avants Fred Aston et Paul Nicolas. Ce dernier remporte la Coupe de France à quatre reprises (1921, 1922, 1923 et 1928), tandis qu’Aston est depuis son aile droite le fer de lance de l’équipe vainqueur de la très baroque édition 1941-42, aux côtés de Julien Darui, Helenio Herrera ou Henri Roessler.

Après-guerre, le club tombe dans l’anonymat, tentant de retrouver son lustre passé à travers des fusions, ici avec le Stade Français, là avec Toulouse à la fin des années 1960. De nombreux joueurs ont fréquenté le club à l’étoile rouge après ou avant un passage en Alsace ; arrêtons-nous un instant sur quelques techniciens ayant dirigé les deux formations.
Figure controversée, Charles Nicolas mena Strasbourg à son premier trophée, la Coupe de France 1951, avant d’être épinglé à deux reprises pour corruption à la tête du Red Star. Jean Avellaneda fut l’emblématique entraîneur audonien durant les années 1960. Il eut notamment sous ses ordres le légendaire José Farias, entraîneur du Red Star au début de son ultime saison dans l’élite en 1974-75. Enfin, Roger Lemerre y fit ses armes en deuxième division, tandis que Robert Herbin tenta au début des années 1990 de conjuguer sa fibre verte et ses souvenirs de jeunesse au stade Bauer.

Un stade inédit


Habitués à fréquenter les enceintes situées dans l’ancien département de la Seine (75), les suiveurs strasbourgeois ont eu droit à un panorama des plus divers ces dernières années. Outre le Stade de France, visité en 2001 et en 2005, et le Parc des Princes (plus fréquenté depuis avril 2008), les pérégrinations du Racing l’ont conduit à évoluer dans des endroits improbables tels que :
• le stade Charléty, qui semble n’avoir jamais été rempli à moitié
• le stade Déjerine, en bordure de périph et son synthétique indigne d’un match du dimanche matin
• le stade Yves-du-Manoir à Colombes, dont l’histoire vous a été contée par @strohteam
• le lugubre stade Dominique-Duvauchelle de Créteil
• le Parc des sports de la Plaine Sud, également à Créteil, contre Alfortville-Maccabi Paris
• le camp des Loges à Saint-Germain-en-Laye pour y affronter la réserve du PSG
• enfin le stade de la rue du Docteur Bauer à Saint-Ouen, modèle de charme britannique avec ses toits en pente, ses piliers, mais aussi son HLM mitoyen et sa tribune condamnée

Déclarée inapte à la pratique du sport de haut niveau à de maintes reprises, l’antique enceinte demeure vénérée, autant pour son image de berceau du foot audonien que pour son inestimable cachet. « Le Red Star, c’est Bauer ! » proclame une banderole fidèlement tendue par les fidèles du club.
Toujours est-il qu’après avoir trouvé refuge à Beauvais la saison passée, le Red Star s’est rapproché de ses bases en intégrant le très populaire seizième arrondissement. Prêtée moyennant un loyer par les rugbymen du Stade Français, le stade Jean-Bouin et ses 20 000 sièges blancs accueillent les Audoniens avec toute la chaleur propre aux valeurs de l’Ovalie. L’enceinte n’a plus rien à voir avec le stade décati écrasé par le Parc des Princes voisin où évoluait le Stade à l’époque Guazzini-Laporte – et où Serguei Bubka franchit pour la première fois la barre des 6 mètres. A la place trône un colosse blanc inauguré en 2013, inspiré du Nid d’oiseau pékinois, qui sonne creux même pour du rugby et où le Red Star rassemble péniblement 4000 spectateurs de moyenne.
L’atmosphère risque d’être triste à mourir, mais retenons que deux semaines avant la découverte du stade du Hainaut, la séquence groundhopping des fans du Racing bat son plein.

Une équipe en reconstruction


Loué pour sa première saison à la tête du Red Star, le Portugais Rui Almeida a semble-t-il perdu le mojo au cours du trajet séparant Beauvais de la Porte d’Auteuil. Débarqué en décembre, il laisse une équipe enkystée à la seizième place.
Pour le remplacer, les dirigeants ont échafaudé un montage pour le moins byzantin. Ancien adjoint d’Almeida propulsé à la tête de l’équipe, Manuel Pirès occupe officiellement la fonction d’ «entraîneur général », tandis que Claude Robin, détenteur du DEPF, est « entraîneur principal ». Cet attelage présente depuis la trêve un bilan équilibré (deux succès, autant de nuls et de défaites).

On retrouve un enchevêtrement de compétences comparable dans l’administration du club, sans que l’on puisse distinguer clairement les attributions de la directrice générale Pauline Gamerre, du directeur sportif Steve Marlet et celles du mythique Vincent Doukantié, passé par tous les postes du staff et actuellement coordinateur sportif. Avec l’ancien attaquant international et le milieu de terrain furtivement passé par le Racing – ce qui n’a pas empêché un de ses rares maillots portés d’atteindre des sommets lors d’une récente vente aux enchères – le Red Star prouve encore une fois son attachement à ses racines du 93.

La réputation hype du Red Star, club suivi en haut lieu, objet d’étude sur France Culture et rare incarnation de la banlieue dans le sport collectif de haut niveau, lui a permis d’attirer d’anciennes gloires, au nom d’une mission sauvetage. Julien Toudic est arrivé en janvier, alors que les expérimentés Ronald Zubar (31 ans) et Guy Demel (36 ans) attendent de faire leurs débuts - ce ne sera pas encore pour ce vendredi.
Rares sont les rescapés du titre de National en 2015 : Jérôme Hergault, Florian Makhedjouf, ou Pierrick Cros, depuis rejoint par son parfait homonyme Pierrick Cros. Les derniers mercatos ont été particulièrement ravageurs pour le Red Star, contraint de laisser filer notamment Naim Sliti.
Le duo Robin-Pirès s’appuie toutefois sur quelques cadres de bon niveau, comme le latéral droit et capitaine Palun ; Jonathan Mexique, adepte du coup du sombrero (ho ho ho) ; Idriss Mhirsi, virevoltant Tunisien souvent remercié par le buteur maison Anatole Ngamukol (quatre réalisations).
Enfin, on n’oubliera pas de saluer la présence de Ludovic Sylvestre, pensionnaire du centre de formation du RCS il y a plus de dix ans, venu boucler une carrière honorable qui le mena en République tchèque, en Angleterre et en Turquie, en passant par le FC Barcelone.

Côté Racing, la suspension de Jérémy Grimm n’a échappé à personne, il sera remplacé dans le groupe par Jean-Eudes Aholou. Eric Marester est resté en Alsace soigner sa hanche et devrait à nouveau être suppléé par Dos Santos. L’incertitude demeure quant à l’ampleur du turn-over au milieu et en attaque.
A quelques jours du match en retard contre Tours, qui transformera ou non le joker en points, le RCS peut s’appuyer sur un calendrier favorable pour revoir à la hausse ses prétentions de fin de saison.

kitl

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