Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Dans le rétro : mars 1987

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Souvenir/anecdote
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Par kitl
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Le Sphinx ne fera pas de vieux os en Alsace

Le football français émerge enfin de sa longue hibernation, une période de près de trois mois au cours de laquelle les dirigeants strasbourgeois ont commencé à préparer la saison 1987-1988. Sur le terrain, les premiers tours de Coupe de France laissent augurer un regain d’intérêt au milieu d’une saison décidément bien morne…

Résumé de l’épisode précédent : Officiellement investi président de la section professionnelle du RCS, Daniel Hechter a composé son comité de gestion. La saison suivante est attendue avec impatience…

En l’absence de toute compétition de football professionnel, d’autres sports ont pu être mis en valeur en Alsace : le Rhenus a fait salle comble pour un match de préparation de l’Equipe de France de handball avant son Mondial B en Italie. En revanche, seuls 1500 curieux ont garni l’enceinte à l’occasion d’un tournoi international de judo. Il fallait enfin se rendre au Markstein le 14 février 1987 pour assister à un slalom de Coupe du monde de ski alpin, remporté comme la précédente édition en 1983 par le maître suédois Ingemar Stenmark.

Dans le même temps, on assiste avec préoccupation aux déchirements internes du comité d’organisation des Jeux Olympiques d’Albertville, attribués fin 1986 à la Savoie. Jean-Claude Killy a en effet décidé de claquer la porte et abandonne les autres porteurs du projet tels des débutants sur une piste noire.
Le Racing a pour sa part préféré la douceur de la Côte d’Azur aux plaisirs des sports d’hiver. A l’invitation de Paul Giegel, patron de Capri-Loisirs et membre du comité de gestion, les hommes de Robert Herbin passent une dizaine de jours à Antibes. Plusieurs matchs amicaux sont au programme, contre des équipes sudistes – Nice, Toulon puis Martigues – pour un résultat encourageant.
Repéré par Daniel Hechter himself au hasard d’un voyage d’affaires aux Antilles, l’attaquant guadeloupéen Dominique Bazile est mis à l’essai, de même qu’un certain Sek Cambell.

Mais la presse régionale ne porte qu’une attention lointaine et distraite à ce stage sous les palmiers. Evoquée en décembre, la rumeur du retour prochain d’Herbin dans le Forez a pris de l’épaisseur durant la trêve. Dès son intronisation en septembre, Daniel Hechter avait prudemment laissé le choix au Sphinx de s’inscrire dans la durée ou non au Racing. La défection du technicien au casque roux est un coup dur que la nouvelle équipe dirigeante entend surmonter rapidement.
Avant même que le départ d’Herbin ne soit entériné, les rumeurs plus ou moins farfelues vont bon train. Les Dernières Nouvelles d’Alsace mentionnent ainsi les noms de Lucien Muller (multirécidiviste), Dominique Bathenay, Henryk Kasperczak, du regretté Arsène WengerDans la situation actuelle, je ne reviendrai sans doute pas. ») et de son ami Jean-Marc Guillou, ou encore Guy RouxJe n’ai jamais caché que le Racing est un club qui m’intéresse. Mais je suis encore lié avec Auxerre. »), Georges Peyroche, et même Just Fontaine.
Pour renforcer l’effectif, les noms d’Albert Rust et Léonard Specht, poussé sur le banc bordelais par l’émergence d’Alain Roche sont évoqués mais aussitôt démentis par Jean-Pierre Dogliani.

Alors que se profile le match de reprise contre Sedan en Coupe de France, coup de théâtre : Paul Giegel est évincé du comité de gestion, pour avoir « failli à son devoir de réserve ». Si la presse était tellement bien informée, c’était grâce au gentil organisateur du stage sur la Côte d’Azur, remercié sans ménagement pour avoir notamment laisser fuiter la rumeur Guillou. Il s’agit d’une seconde mise à l’écart pour Giegel, qui fut déjà exclu du comité Wuillaume à l’été 1986 alors qu’il roulait manifestement pour Hechter.

Au-delà du cas du directeur de Capri-Loisirs, ce comité de rentrée voit Pierre Kubel présenter le budget prévisionnel du Racing à l’horizon 1990. Les recettes – billetterie, sponsoring, subventions – sont prévues pour aller crescendo, de manière à bâtir un onze compétitif. L’équipe Hechter entend créer une régie municipale aux contours encore flous, mais pouvant occasionnellement transformer le RCS en prestataire de services à destination de la municipalité. De même, la proportion du budget abondé par les subventions publiques, qui représentent plus de 75% de l’exercice actuel, doit passer sous les 50% d’ici 1990. Hechter entend donner des gages à Marcel Rudloff, convaincu d’augmenter la subvention annuelle de la Ville de Strasbourg en valeur, l’essentiel étant qu’elle diminue en volume. Les autres collectivités (Conseils régional et général) fraîchement décentralisées, sont également invitées à verser au pot. Voici résumé le « plan Hechter » : impulser un effet de levier public, l’ancien patron du PSG se chargeant de mettre sa réputation et sa crédibilité au service du Racing, en dépit d’un apport personnel minimaliste.
A propos de réputation, celle du couturier vient d’en prendre un bon coup auprès des salariés de Vestra à Bischwiller. En effet, la fabrication de la nouvelle collection de sa griffe ne quittera pas les ateliers corréziens (situés au cœur de la circonscription du Premier ministre) pour l’Alsace comme l’avait un temps envisagé Daniel Hechter.

Dimanche 1er mars à la Meinau, Strasbourg se qualifie (3-0) aux dépens des modestes Sedanais de Pierre Tordo. Préposés au tirage au sort des 32èmes de finale, Patrick Sébastien et Sabine Paturel font des bêtises : l’oubli malencontreux d’une boule conduit à recommencer la procédure. L’adversaire du Racing sera finalement le club martiniquais de Trenelle, faubourg de Fort-de-France et tombeur de Guingamp au tour précédent.

Ce mois de mars est également marqué par les arrestations des membres d’Action directe et par le procès de Georges Ibrahim Abdallah, condamné à la perpétuité pour sa participation aux assassinats de diplomates à Paris en 1982. Le chef de la Fraction armée révolutionnaire libanaise était défendu par Maître Jacques Vergès, qui reprendra du service au mois de mai à l’appel d’un client non moins distingué : Klaus Barbie.
Les postulants à la reprise des chaînes de télévision numéro 5 et 6 présentent leur grand oral : La Cinq échoira au duo Robert Hersant - Silvio Berlusconi, tandis que TV6 – qui sera rebaptisée M6 le 1er mars – atterrit dans les bras de l’alliance RTL - Lyonnaise des Eaux. La privatisation de TF1 est également sur les rails et mettra aux prises les groupes Bouygues et Hachette.

Le RCS effectue sa reprise en D2 à Tours, pour un triste et pluvieux 0-0. Deux joueurs défensifs, Gousset et Andrieux lui permettent ensuite de dominer Saint-Dizier 2-1. Vous l’aurez compris, le championnat ne revêt plus une importance capitale pour le Racing, entièrement tourné vers son voyage en région parisienne, plus précisément au stade Bauer pour affronter les Ultramarins de Trenelle. Dans une atmosphère chaleureuse, puisque toute la diaspora antillaise avait garni l’enceinte, Strasbourg s’impose difficilement 3-1, sur un nouveau triplé de Peter Reichert.
Soulagé après s’être fait secouer les puces à Saint-Ouen devant 13 000 personnes, affluence inédite pour Bauer depuis la relégation du Red Star en 1975, le Racing a rendez-vous au même endroit une semaine plus tard, pour y affronter des Audoniens bons derniers. A l’évidence moins concerné ou refroidi par l’affluence squelettique, il s’incline 1-0 devant 400 spectateurs.

Entretemps, le tirage au sort a réservé de belles retrouvailles à Daniel Hechter, ravi de retrouver le « club qu’il a créé », le Paris Saint-Germain, champion en titre claudiquant. Durant une semaine début avril, entre le match aller au Parc et le retour à la Meinau, le RC Strasbourg reniflera le doux parfum de l’élite. Désireux de reconquérir son public, le Racing tient là une occasion en or de redorer un blason terni ou pis, totalement ignoré depuis de longs mois.

kitl

Commentaires (2)

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  • Quelques jeux de mots sympas. Ah, pour la reprise de la Cinq, c'est une des rares fois que Berlusconi s'est livré à un grand oral. Par contre les jeunes et jolies femmes se livraient plusieurs fois par jour à un grand oral et plus avec lui.
  • Le coup du stage à Antibes et des joueurs à l'essai imposés par Hechter lui même annonce un grand n'importe quoi en matière de gestion sportive. Vivement les prochains épisodes !

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