Londres, Neuilly, Pacy

(NDLR : cet article fait partie d'une série d'articles au ton décalé et résolument second degré. A lire avec précaution et humour !)

Le quart d'Eure de gloire

La géologie de l'Eure n'est ni faite, ni à faire. On le sait, le Bassin Parisien est une pile d'assiettes sédimentaires, posée sur une étagère de magmato-pérido-quartzite. Or, comme c'est la règle chez les piles d'assiettes, y compris les Henri Loux de votre grand-mère, le relief uniforme est parcouru en profondeur par une vaste faille. Elle est à hauteur de l'Eure, c'est la Boutonnière de la Bray.

Il est bien connu que si la faille de la Bray avait coulissé davantage, si la chevillette été tirée et la bobinette cherrée, l'accident géologique banal devenait une piscine de pétrole. Du bon pétrole, du qui soigne les cheveux.

En conséquence de quoi Evreux serait Dubaï, Jean-Louis Debré aurait un chapeau comme JR Ewing et Kadhafi nous vendrait des Rafales. Cheminant sur les flots bleus au départ du Havre, l'Amoco Cadiz aurait coulée loin à l'export, vraisemblablement du côté de Londres. On peut imaginer que dans la tempête boursière qui s'en serait suivi, les traders strasbourgeois auraient racheté Carousel Finance ; après un bref audit, les Carousel boys vivraient une sévère reconversion dans des mines de sel médiévales à l'Ecomusée, voire dans le rôle ingrat du mâle Zeta à la montagne des Singes (Kintzheim, Bas-Rhin). La suite serait délectable, malheureusement nous ne pouvons l'écrire ici.

Bien entendu, il eut fallu pour cela que la Boutonnière coulissât. Que de déplorables atermoiements à l'heure de coulisser ! A cet instant l'Eure fut fixée ; elle resta, ce fut gravé dans la pierre, cette région foncièrement velléitaire que nous connaissons jusqu'à aujourd'hui, ce pays qui vend au tourisme son « peut être ben que oui, peut être ben que non » pittoresque qui cache mal les effroyables tourments de l'indécision - Descartes ne le disait-il pas : « L'irrésolution est le plus grand des maux ! ».

Ou pas ?

Passifs sur Eure

Quelques temps plus tard, l'Eure était envahie par les Vikings. Le Viking s'appelait Alexander Farnerud, car Il fut là à la première Eure (Pontus était forfait : il avait un bobo). Tourmenté par sa nature duelle, moitié barbare, moitié Justin Bieber, le jeune freluquet pilla l'usine des Biscuiteries Nantaise et un petit pot de gel, pour ses cheveux. Les biographes les plus sérieux du Suédois pourraient en attester, excepté keemy, qui ne se connecte plus depuis qu'elle a rejoint l'armée clandestine du sous-commandant Marcos.

On devine que le lecteur ne connaît de cette page d'histoire que la version romancée de Charles Perrault, le petit Chaperon Rouge ; les différences notables le surprennent. Mais gare aux fables ! Si les cheveux du Suédois sont bien rouges, c'est hors de doute, la prudence nous rappelle que la Septième Compagnie ne dit rien du Jour le Plus Long. De façon générale, l'historien estime considérable l'impact de la horde sur les pusillanimes Eurois. Il la cherche encore, l'Eure des braves.

Sous la férule des élites nordiques, le peuple en faisait moins que rien. Car c'était une courte férule en balsa gainée de mousse. Les vaches envahissaient les bocages. Le beurre flottait dans la baratte. L'Eure retardait. Les rigoureux travaux de la sélection laissés en déshérence, la Royal Gala se compromit avec des Clochards douteuses, et évolua en pomme à cidre, une variété pénible au goût. Il est pourtant bien connu que la pomme fut créée sucrée, même la Golden, Malus pumila subsp. Golden, qui ne le fait pas exprès pour les pesticides. Suffisamment sucrée pour un péché originel décent.

Est-elle encore consommée dans l'Eure, cette pomme à cidre, pour qui, pour quoi ? Faute de vraies pommes ? A moins qu'il ne faille y voir une pratique prophylactique ? On sait la psyché euroise encombrée d'ambitions inabouties, et si accorde crédit à la théorie naturopathe selon laquelle ces troubles se résolvent en constipation chronique….

Le scandale de la pomme acide n'émeut guère la femme pacéenne, qui pourtant peut laisser poindre quelque espoir sous ses dehors féminins ordinaires. Si elle cuisine, c'est moins par souci de gastronomie que pour des raisons strictement alimentaires - d'obscurs ragoûts et mijotis dont le touriste ne conserve aucun souvenir et ne laisse aucune trace sur Wikipedia. Elle rechigne même à engendrer des hommes célèbres, la pérennité de son anonymat lui important plus que tout.

Pacy Vallée d'Eure Football

Tout cela est embêtant pour le sport local, limité à de modestes équipes de patronage.

Le Racing lui est toujours en lice pour une montée en L2, pendant que ses dirigeants clouent son cercueil. C'est immoral mais esthétique, comme la mort dans Tueurs Nés (avec la chanson de Leonard Cohen). C'est pourquoi, au fond, « ça sert à rien ». Ce qui ne manque pas de préoccuper le supporter raisonnable, le sage qui veille à investir au plus juste son oisiveté. Celui-ci retient les cris inutiles, les émotions irraisonnées, et « laisse travailler » les équarrisseurs du centre de formation.

Ne le dédaignons pas trop vite ! Pour un peu, on souhaiterait en effet que Pacy gagne. Jafar Hilali pensant sans doute, suivant Jacques Séguéla, que l'on n'a pas réussi sa vie si l'on a pas de Rolex à 50 ans, on songerait presque à remettre les pendules à l'Eure.