Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Dans le rétro : septembre 1981

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Rémy Vogel

Le Racing se rêve en premier de la classe mais connaît des débuts irréguliers. Retour sur une rentrée 1981 pour le moins contrastée.

Résumé de l'épisode précédent: Auteur d'un recrutement et d'une préparation estivale réussis, le Racing affiche des ambitions européennes en ce début de saison 1981-1982. Les Bleus doivent toutefois composer avec un calendrier dantesque qui leur réserve des affrontements avec tous les favoris dès le début du championnat. Vainqueurs face au champion stéphanois, les Strasbourgeois connaissent en revanche la défaite à Nantes et surtout deux fois à domicile, face à Monaco et Sochaux. Reste à négocier un périlleux déplacement à Bordeaux, deuxième au classement.

Pour ce match en Gironde, les Bleus d'Alsace ont toutefois la chance de pouvoir aligner leur onze type, alors qu'Aimé Jacquet est privé de son milieu de terrain international Jean Tigana. Les deux équipes se connaissent déjà bien, et ont même un contentieux à régler puisque les Strasbourgeois avaient, on s'en souvient, humilié les Girondins chez eux en coupe il y a quatre mois. Les 25.000 spectateurs de Lescure ne doivent donc pas être très surpris d'assister à un match assez rude, avec un premier avertissement dès la 21' pour l'ailier bordelais Gérard Soler. Le Racing relève le défi et se permet même le luxe d'ouvrir le score à la 56' par Isaac Peretz de la tête, sur un centre du jeune Serge Jenner, qui avait remplacé Olivier Rouyer, blessé, à la pause. La défense alsacienne n'est en revanche plus aussi hermétique que par le passé, et Bordeaux égalise treize minutes plus tard par Gernot Rohr. Les Strasbourgeois sauvent toutefois le point de ce précieux nul, qui est bonifié la semaine suivante par une victoire à domicile sur le Paris Saint-Germain de Raymond Domenech (2-0). Un résultat quelque peu heureux au vu de la physionomie du match, et aussi terni par l'expulsion en fin de match de Félix Lacuesta suite à une altercation avec le Parisien Babacar. Le bouillant Basque ayant quelques ardoises du côté de la commission de discipline il est suspendu pour deux matches au lieu d'un.

Le grand événement de la rentrée dans l'agglomération strasbourgeoise c'est bien sûr, comme chaque année, la foire européenne, inaugurée par le tout nouveau ministre d'Etat chargé du plan et de l'aménagement du territoire, Michel Rocard. Face à une scène locale largement dominée par l'opposition, l'ancien apôtre de la deuxième gauche s'efforce de convaincre qu'il n'y aura pas de « nivellement par le bas » au détriment des régions économiquement les plus avancées. De façon plus générale, le climat politique de cette rentrée 1981 est dominée par la question de l'inflation, qui s'élève à 13% en rythme annuel. Le prix du péage sur le trajet Strasbourg-Paris par l'autoroute de l'Est atteint par exemple la barre symbolique des 100 francs, ce qui le place désormais au rang de « luxe » selon la presse locale. Les appels à un retour au contrôle des prix se multiplient – les trois quarts des Français y seraient favorables d'après les sondages – mais le gouvernement socialiste souhaite conserver de la marge de manoeuvre de côté alors qu'il entame un autre pan important de sa politique économique, les nationalisation. L'Etat prend 100% du capital dans cinq grands groupes industriels (CGE, Saint-Gobain, PUK, Rhône Poulenc, Thomson-Brandt) et 51% dans les deux groupes d'armement principaux du pays, Dassault et Matra. Une politique qui a de large répercussions, y compris dans la presse locale puisque l'empire monté par Jean-Luc Lagardère possède une participation majoritaire dans la librairie Quillet, laquelle contrôle notamment les Dernières Nouvelles d'Alsace. La pluralité dans ce domaine est cependant préservée, puisque les journaux sont, après quelques jours de battement, exclus du champ des nationalisations.

Toujours privé de Rouyer, et désormais de Lacuesta, le Racing continue son championnat par un déplacement à Auxerre, où il doit confirmer son récent regain de forme. Raymond Hild se méfie pourtant de ce parfait « match piège », et le déroulé de la rencontre lui donne raison puisque le RCS encaisse un sévère 3-0. Dominateurs en début de match, les Alsaciens ne concrétisent pas et finissent même par encaisser un but sur un cafouillage consécutif à un corner. L'AJA prend dès lors le match à son compte, bien aidée par la prestation « irrésistible » de son avant-centre Andrzej Szarmach, qui signe un doublé. Une piètre prestation défensive qui n'arrange pas les affaires des internationaux Léonard Specht et Dominique Dropsy. Les deux Strasbourgeois font certes partie de la sélection de Michel Hidalgo pour le décisif Belgique-France mais cèdent leur places de titulaire au gardien bastiais Pierrick Hiard et au stoppeur messin Philippe Mahut. Au Heysel, la France s'incline 2-0 tandis que Specht et Dropsy cachent assez peu leur amertume. Le Mommenheimois évoque même un supposé « favoritisme » au profit des Stéphanois qui, contrairement aux Strasbourgeois, n'ont pas payé par une non-sélection la contre-performance de leur club, piteusement éliminé par le Dynamo Berlin dès le tour préliminaire de la Coupe des champions.

Sur les écrans de télévision, le football doit en ce mois de septembre partager l'espace dévolu aux émissions sportives avec la coupe du monde d'athlétisme de Rome, qui marque la première opposition depuis deux ans entre les champions européens et américains, puisque les jeux de Moscou avaient été boycottés par les Etats-Unis suite à l'invasion soviétique de l'Afghanistan. Annoncé comme la grande vedette de la compétition, et présenté comme la « nouvelle perle noire du sprint », le jeune Américain Carl Lewis déçoit quelque peu, puisqu'il se rate complètement sur 100m, remporté par le champion olympique britannique Alan Wells. Lewis décroche tout de même le titre sur la longueur, au sein d'un tournoi dominé par les athlètes d'Allemagne de l'Est, pays alors au faîte de sa gloire sportive, pour le meilleur et pour le pire.

Loin des performances survitaminées des porte-flambeaux du régime d'Erich Honecker, le Racing se contente plus modestement de dominer une faible équipe de Valenciennes (4-0), à la Meinau. Une victoire qui doit beaucoup au remaniement tactique opéré par Raymond Hild, qui fait glisser Cartsen Nielsen à l'aile gauche et titularise Roland Wagner avant-centre à la place d'un Isaac Peretz peu en réussite. Derrière Francis Piasecki, le milieu est tenu par les jeunes Jenner et Vogel qui réalisent une prestation convaincante, le dernier nommé s'offrant le luxe de clôturer la marque à la 89', pour son premier but en D1. Deux ombres au tableau cependant avec la rechute d'Olivier Rouyer, qui revenait à peine de sa blessure subie à Bordeaux, et surtout les conditions d'accueil problématiques à la Meinau où, sous une pluie battante, les spectateurs ont à nouveau eu à subir les fuites du toit de l'antique tribune assise. Un problème qui est cependant en passe d'être corrigé puisque le gouvernement Mauroy donne son accord au plan « grands stades », nécessaire pour porter la candidature de la France à l'organisation du championnat d'Europe 1984. Le déblocage des financement au niveau national permet le lancement de la troisième phase des travaux du nouveau stade de la Meinau, à savoir la construction d'une grande latérale assise côté Nord et d'une autre tribune le long du Krimmeri, pour compléter les ouvrages déjà existants côté Sud et route de Colmar. Autre grand chantier, celui du Train à Grande Vitesse, dont le premier tronçon Lyon-Le Creusot est inauguré le 22 septembre 1981.

Le Racing, de son côté, reste à quai à Nancy, où son match de championnat est reporté suite à des précipitations torrentielles. La semaine suivante, la douche est écossaise à la Meinau, face à une équipe brestoise très en réussite qui s'impose 3-2 (une résumé vidéo du match est visible ici). C'est déjà la troisième défaite en six matches à domicile, une statistique difficile à tolérer pour un public strasbourgeois habitué à davantage d'hermétisme à la maison. L'indulgence estivale est cette fois bien passée, et les premiers sifflets tombent. Du côté des cadres de l'équipe on appelle à une « remise en question », tandis que le président provoque une réunion tripartite joueurs-entraîneurs-dirigeants. André Bord donne à ses hommes un délai jusqu'à fin octobre pour s'améliorer, mais réaffirme que l'entraîneur « n'est pas menacé ». L'expérience nous apprend la portée limitée de ce genre de confirmation, d'autant plus que le Racing est déjà loin de ses objectifs, classé douzième à sept points du leader sochalien.

Article réalisé à partir des archives des Dernières Nouvelles d'Alsace, consultables à la médiathèque André Malraux.

strohteam

Commentaires (1)

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  • Il me semblait que le Racing avait ouvert le score à Bordeaux lors de la première minute de jeu (56" au lieu de 56' peut-être). Si quelqu'un d'autre à des souvenirs précis ou peut faire des recherches...
    Sinon, l'article comme les précédents est excellent, j'aime beaucoup retrouver ces souvenirs.

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  • pliughe Bonne nuit
  • takl bonne nuit
  • takl 2024 devrait accoucher d'un 2025 appaisé et empathique. Tout va bien se passer, le Racing sera en L1, paix amour liberté et fleurs.
  • takl futur antérieur : [lien]
  • takl mais bon on a pas le droit de les exterminer. Y'en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes.
  • takl le monde serait mieux sans "les gens"
  • takl les gens tu leur donne une pelle ils creusent avec le manche
  • pliughe Pff si les gens creusé un peu plus ça nous éviterait de polluer
  • takl BO de la saison : [lien]
  • takl il manque plein de choses dans la dernière phrase, dont des mots, la honte.
  • takl allez dédicace à tous ceux qui ont eu la "cahnce" de mourir avant vu la Racing BlueCo [lien]
  • pliughe Mais oui
  • takl Excellent les Young Gods
  • pliughe L'octogone
  • pliughe [lien]
  • pliughe Et pour le fun, genre yen a dans locomoteur et puis l'entraînement
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