Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Dans le rétro : novembre 1981

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Par strohteam
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Roger Lemerre finit par sortir du chapeau

Dans un climat toujours aussi byzantin, le Racing finit par se séparer de son entraîneur sur fond de déconvenues répétées en championnat. Roger Lemerre remplace Max Hild, pour tenter de sauver une saison très mal engagée.

Résumé de l'épisode précédent: Très irrégulier en championnat, Strasbourg ne parvient pas à s'extraire du bas de tableau alors que l'objectif fixé était la qualification en coupe d'Europe. Menacé, Max Hild a obtenu un sursis après la victoire contre Lyon. Mais le Racing vient de rechuter à l'extérieur chez la modeste équipe de Tours.


« Ça ne peut plus durer » titrent les Dernières Nouvelles d'Alsace en ce 8 novembre 1981 alors que le Racing vient de décevoir une nouvelle fois le – maigre – public de la Meinau. Face à Nice, pourtant bon dernier, les Strasbourgeois n'ont pu faire mieux que de se contenter d'un piètre nul 1-1, après avoir été menés en fin de première période. C'est Isaac Peretz qui a égalisé sur le fil en exploitant une mauvaise passe en retrait de Curbelo peu avant le retour aux vestiaires. En deuxième période, rien ou presque ne se passe. Le stade réclame l'entrée de Joël Tanter, et se trouve exaucé, mais cela ne change pas la physionomie d'un match particulièrement médiocre qui entérine le divorce entre la presse et l'escouade menée par Max Hild. Le quotidien de la rue de la Nuée Bleue, qui n'avait pourtant pas de mots assez doux pour cette même équipe durant l'été, fustige désormais un recrutement prestigieux mais raté et le manque de fermeté de l'entraîneur, plus que jamais sur la sellette.

A la grogne du public, s'ajoute donc désormais celle du principal vecteur d'information régionale, qui peut à l'époque se permettre de dépêcher quatre journalistes (Claude J. Eckert, Jean-Pierre Meyer, Michel Kapfer et Bernard Delattre) pour suivre les moindres péripéties du club. Pourtant, la direction ne réagit pas, du moins pas publiquement. De Biarritz, où il se trouve en cure, André Bord réaffirme une énième fois sa confiance en Max Hild, lequel à son tour choisit de reconduire essentiellement le même groupe de joueurs pour le déplacement à Metz. Il faut dire qu'il n'a guère le choix, notamment en attaque où Olivier Rouyer est toujours indisponible tandis que Roland Wagner ne parvient pas à revenir de sa grave blessure. Le citoyen de Drusenheim est même hospitalisé la semaine suivante pour une méningite. En Moselle, le Racing doit également se passer de Carsten Nielsen, forfait de dernière minute, et ne peut une nouvelle fois faire mieux qu'un piètre nul face à la jeune équipe d'Henryk Kasperczak (0-0). Toujours scotché à la 14ème place, le RCS ne regarde plus du tout vers le haut mais bien vers la zone de relégation, seulement trois points en dessous.

Loin de ces préoccupations sportives, la ville de Strasbourg peut s'enorgueillir d'être la cinquième en France à se doter de l'outil ludo-éducatif du moment, le planétarium. Inauguré dans les locaux de la rue de l'observatoire, il permet de disposer d'un ciel étoilé permanent pour s'initier à l'observation astronomique. On n'a pas lésiné sur les moyens pour s'en doter, puisque le modèle choisi – l'américain Spitz – est le seul a être entièrement automatisé. Ce qui n'est pas le cas du central téléphonique de Lyon, dont l'incendie prive pendant deux jours les habitants du Rhône, de l'Ain et du nord de l'Isère de toute communication avec l'extérieur.

Au Racing aussi, il y a de la friture sur la ligne. Trois jours après la déconvenue à Metz, le vice-président, et principal sponsor du club, Gérard Schmaltz lâche une petite « bombe » dans la presse en promettant une « décision importante » à venir. Cette semaine étant une nouvelle fois marquée par une trêve internationale, tout le monde interprète la sortie du patron de la SAMDA (l'ancêtre de Groupama) comme l'annonce du limogeage imminent de Max Hild, d'autant plus qu'au même moment Lucien Muller est pris d'une irrépressible envie de faire un voyage en Alsace, pour rendre visite à sa mère. Installé en Espagne depuis son passage comme joueur dans ce pays, Don Luciano se trouve libre depuis son départ de Burgos au printemps et il ne serait visiblement pas opposé à l'idée de poursuivre sa carrière d'entraîneur en France. Le Racing, qui doit impérativement disposer d'un technicien de nationalité française en vertu d'une réglementation imposée par le syndicat des entraîneurs, semble étudier l'offre de service avec attention. Et pourtant, rien ne se passe, une nouvelle fois. La réunion du comité censée entériner le changement d'entraîneur est à plusieurs reprises reportée, visiblement à l'initiative d'un André Bord soucieux de ses prérogatives. Pendant que se déroule ce mystérieux bal en coulisse, les Bleus battent les Pays-Bas 2-0 au Parc des Princes (buts de Michel Platini et Didier Six) et ressuscitent ainsi leurs chances de qualification pour le Mundial espagnol. Un exploit qui met du baume au coeur d'un football français qui n'a déjà plus un seul représentant en coupe d'Europe, Bordeaux et Bastia ayant été sortis au début du mois, respectivement par Hambourg et le Dynamo Tbilissi.

La conférence de presse tant attendue des dirigeants du Racing est finalement programmée peu avant la rencontre à domicile face à Laval, avant d'être carrément annulée in extremis. Les dirigeants n'étant pas parvenus à se mettre d'accord, c'est donc un Max Hild pourtant largement carbonisé qui se trouve sur le banc face aux Tangos de Michel le Milinaire. Avec son entraîneur plus que précarisé et sa pléthore de blessés – Tanter est absent, Piasecki aligné en dépit d'une tendinite – le Racing s'incline presque sans surprise, dans une ambiance de corrida. Les Bleus se trouvent menés au score dès le quart d'heure de jeu suite à une erreur de Lacuesta au milieu. Laval double la mise à la 32', encouragé depuis déjà un bon moment par le très acide public de la Meinau. Le but de raccroc d'Isaac Peretz en fin de match ne sauve même pas l'honneur d'un Racing qui retouche le fond à peine plus d'un an après le match face à Nantes (1-2).

Resté digne dans cette ambiance détestable, Raymond Hild démissionne dès le lendemain, l'intérim de l'entraînement étant assuré par son ancien bras droit au centre de formation, Arsène Wenger. Étonnamment, la piste Lucien Muller s'est évanouie aussi brusquement qu'elle était apparue, et les dirigeants strasbourgeois doivent partir à la quête de la perle rare, à savoir un entraîneur français, pas trop gourmand financièrement et disponible immédiatement. Avec de tels critères, la recherche se focalise rapidement sur un seul nom, celui de Roger Lemerre, qui vient d'être déchargé de la responsabilité de l'équipe première du Paris FC, en D2. L'homme est alors surtout connu pour son parcours de défenseur rugueux mais fiable du côté de Sedan et Nantes. Sorti major du stage des entraîneurs, il a débuté au Red Star avant d'aller à Lens, qu'il a fait monter en Division 1 avant de quitter le club sur fond de désaccords avec le député-maire local. C'est la première expérience dans l'élite de cet « éducateur sévère et intransigeant » qui se définit lui-même comme un « ouvrier du football ». Libéré gracieusement par le PFC, il est intronisé entraîneur du Racing le 25 novembre 1981 avec un contrat courant jusqu'à la fin de saison.

Pour son premier match à la tête du Racing, Roger Lemerre retrouve son ancien club, Lens, à la Meinau. Trois jours seulement après son entrée en fonction, il aligne une équipe classique avec le retour de la charnière Specht-Jodar et le milieu Lacuesta-Nielsen-Piasecki qui avait fait merveille durant l'été. Seul changement notable, le retour anticipé d'Olivier Rouyer à l'aile droite. On note également que, pour la première fois, les Racingmen s'échauffent directement sur le terrain. Toujours aussi moyen dans le jeu, le Racing parvient cette fois à faire parler ses individualités, Francis Piasecki plaçant une frappe en lucarne à la 28'. Mais au retour des vestiaires, c'est Daniel Leclerq qui se met à son tour en évidence en marquant sur une superbe reprise de volée (54'). Le Racing s'impose finalement en fin de match grâce à un but heureux de son jeune joker Denis Schaer, qui détourne dans le but lensois un tir de Peretz. Roger Lemerre a donc réussi son entrée en matière mais n'a pas de quoi être rassuré, alors que deux points seulement séparent Strasbourg du premier relégable, Montpellier.

Article réalisé à partir des archives des Dernières Nouvelles d'Alsace, consultables à la médiathèque André Malraux.

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