Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Dans le rétro : février 1982

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Par strohteam
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Piasecki annonce la couleur

Après deux mois de repos forcé, le Racing enchaîne les cadences infernales tandis que le XV de France collectionne les déconvenues. Ajoutez un conflit social à la douane, et l'on obtient un bien rugueux mois de février.

Résumé de l'épisode précédent: victime de la vague de froid qui s'abat sur la France, le Racing a vu l'essentiel de ses matches reportés, pour le plus grand mal de sa situation en championnat, mais aussi de sa santé financière. Le mois de janvier s'est néanmoins conclu sur une prestation honorable au Parc, malgré la défaite contre le PSG (2-1).


Après plus de deux mois d'abstinence, les supporters strasbourgeois finissent par retrouver les travées de la Meinau pour la réception du leader bordelais en ce 3 février. Les Girondins alignent leur pléiade d'internationaux (Pantelic, Trésor, Bracci, Girard, Tigana, Lacombe, Gemmrich, Soler), mais ont plutôt bien réussi dernièrement à des Alsaciens qui ont décroché le nul à Lescure à l'aller et ont surtout corrigé les hommes de Jacquet en coupe de France en fin de saison précédente. Preuve de sérieux, le Racing de Roger Lemerre met de son côté tous les atouts offerts par la technologie en préparant le match sur magnétoscope, outil à l'époque encore très loin d'être démocratisé. Une innovation qui porte peut-être ses fruits, puisque Strasbourg renoue avec la victoire (1-0), à moins que ce ne soit l'état très glissant du terrain qui ait, plus prosaïquement, gêné des Bordelais habitués à jouer en passes courtes. Le Racing, au contraire, s'en remet à son milieu made in Bundesliga, Carsten Nielsen, pour enchaîner les longues ouvertures par-dessus l'arrière garde girondine. D'entrée, Bordeaux manque une grosse occasion, par René Girard à la 11ème minute, avant que Dominique Dropsy ne brille en seconde période en mettant notamment Albert Gemmrich en échec (62'). Après ce temps fort bordelais, vient celui des Strasbourgeois qui concrétisent finalement par Francis Piasecki, à la reprise d'un corner d'Olivier Rouyer (1-0 ; 89').

Quelques pages plus loin dans les journaux de l'époque, l'actualité est dominée par le mouvement social des douaniers, qui contestent les conditions de leur passage aux 39 heures. Dans un milieu où il n'est pas admis de faire grève, les fonctionnaires protestent à l'inverse en appliquant avec la plus grande minutie le complexe règlement auquel ils sont soumis, ce qui provoque d'immenses embouteillages aux différents points de passage. Il faut ainsi parfois plus de trois heures pour aller d'Allemagne en France par le pont d'une Europe encore loin de celle de Schengen.

Moins de problèmes de transit pour les Racingmen, qui restent à domicile pour recevoir la surprenante équipe d'Auxerre, sans Félix Lacuesta, mais avec Jean-Jacques Marx de retour de blessure. Déjà malmenée au match aller, la défense strasbourgeoise est une nouvelle fois dépassée par l'activité incessante d'Andrzej Szarmach, qui inscrit un doublé et se paie le luxe de manquer le hat-trick sur pénalty. En souffrance au marquage de l'avant-centre polonais, Léonard Specht se voit même infliger une sanction rarissime, en étant remplacé pour la première fois de sa carrière. Si le Racing arrache le nul dans les derniers instants grâce à un coup-franc de Francis Piasecki (2-2 ; 87'), il n'en a pas moins été copieusement dominé physiquement et tactiquement par des Auxerrois organisés dans un 4-3-3 d'école, avec le jeune Jean-Marc Ferreri à la baguette.

Les Bleus du XV de France connaissent le même type de souffrance en ce début de tournoi des V nations, mais sans pouvoir se raccrocher aux branches comme leurs homologues du Racing. Laminé en ouverture à l'Arms Park pour la 27ème victoire de rang du Pays-de-Galles à domicile, le pack français est bien incapable de soutenir la comparaison avec ses arrières virevoltants, parmi lesquels le jeune ailier biarrot Serge Blanco. Hélas, le rugby reste avant tout une affaire de gros, et l'engagement légendaire du capitaine Jean-Pierre Rives ne peut rien y faire (défaite 22-12). Les failles en touche et en mêlée sont trop évidentes, mais tout de même surprenantes pour une équipe qui avait réalisé le grand chelem un an plus tôt. Jacques Fouroux doit remanier en urgence son paquet d'avants pour la rencontre suivante, sans grand résultat puisque la France s'incline à nouveau, à domicile cette fois, contre l'Angleterre (15-27) tandis que l'Irlande, avec trois victoires en trois matches, semble filer vers le grand chelem.

Le parcours du RCS se poursuit par un déplacement en semaine à Sochaux, pour un match en retard de la 23ème journée, toujours sans Lacuesta mais également en l'absence d'Olivier Rouyer, freiné par de récurrents problèmes musculaires. Face à ces manques, Roger Lemerre semble un temps envisager de faire appel aux stagiaires Daniel Zehringer, Jacques Glassmann ou Pascal Bernauer, mais maintient in fine sa fidélité aux hommes en place, qui la lui rendent bien en signant un courageux match nul dans le Doubs (2-2). Un résultat positif face à une équipe de tête, mais néanmoins rageant puisque Strasbourg a mené 2-1 à deux minutes du terme, grâce une nouvelle fois à Francis Piasecki, à la réception d'un centre d'Isaac Peretz. Hélas, le Racing n'a une fois de plus pas su tenir le score, et Bernard Genghini profite d'un cafouillage dans la défense alsacienne pour équilibrer presque dans la foulée le résultat d'une belle bataille à Bonal (2-2 ; 89'). Pour autant, même l'exigeant René Hauss se déclare favorablement surpris de la combativité des Strasbourgeois, lesquels semblent avoir laissé derrière eux leur indolence de la fin d'année 1981.

Le Racing, qui joue tous les trois jours, rythme bien évidemment l'actualité sportive régionale de ce mois de février encore engourdi du froid à peine parti. Mais l'attention des lecteurs est également retenue par une annonce choc : celle de la venue en mars du numéro un mondial du tennis, John McEnroe, pour un tournoi WCT, organisé au Rhénus par Harry Lapp. Un grand événement loin d'être vu d'un bon oeil par la ligue d'Alsace de Tennis qui, sur fond de guerre entre fédérations et promoteurs, commence par carrément interdire à ses membres de participer à l'organisation, avant d'assouplir quelque peu sa position . « La Ligue ne condamne plus mais ne bénit pas » finissent par titrer les Dernières Nouvelles d'Alsace, alors que s'ouvre la location pour assister aux exploits du champion américain et des meilleurs professionnels du moment.

Quatre jours après Sochaux, les Racingmen enchaînent par la coupe, épreuve sur laquelle ils comptent pour donner du piment à la fin de saison tandis que leurs dirigeants espèrent quelques solides recettes si jamais l'équipe venait à rééditer un beau parcours. A Dijon, face à Lyon, Strasbourg dispute son quatrième match en onze jours, et finit par le payer puisque c'est cette fois l'adversaire qui va forcer le destin en fin de rencontre : Serge Chiesa place un dernier coup de rein à la 87' et profite d'un déséquilibre de Jean-François Jodar pour s'en aller tromper Dropsy (1-0 ; 87'). Un Jodar qui ne se prive pas de qualifier de « démence » l'accumulation de matches très intenses sur des terrains difficiles, tandis qu'André Bord continue de tempérer les inquiétudes sur la situation financière du club. Le FCM se fait dans le même temps corriger à la Meinau par Nancy (0-3), de sorte qu'il n'y a plus de club alsacien en coupe au terme des 1/32e de finale.

Confronté à un rythme exigeant pour un groupe si réduit, le Racing doit se résoudre à demander un nouveau report du match en retard contre Nantes, initialement reprogrammé le 17, en arguant notamment du manque à gagner lié à la télédiffusion Outre-Rhin de la rencontre RFA-Portugal. Un exemple qui montre à quel point la télévision est encore perçue comme une menace pour la santé financière du football, sachant qu'au même moment, la Fédération française refuse obstinément d'annoncer publiquement la diffusion en direct du prochain match amical face à l'Italie tant que les 4/5e des billets au Parc des Princes ne sont pas vendus ! Au final, le Parc est bien plein, et le match diffusé, avec à la clé une convaincante victoire des Bleus (2-0), emmenés par un très bon Michel Platini, désormais affublé de la stature internationale par les observateurs avisés.

Quelque peu éloigné de ces sommets techniques, le Racing ramène un 0-0 de Valenciennes, grâce à une solide prestation de Dominique Dropsy face à son ancien club. A l'issue de cette rencontre, le RCS se classe 14ème, avec une longueur d'avance sur les barragistes et relégables. Il a certes redressé la barre à la faveur d'une séquence fructueuse sur le plan comptable, mais n'a plus rien à espérer tant en championnat qu'en coupe. Il est donc peu surprenant de voir que l'on prépare déjà en coulisse la saison 1982-1983. Buteur régulier ces dernières semaines, et à nouveau baromètre de l'équipe, Francis Piasecki est au coeur des débats, mais pose ses conditions. A 31 ans, le Mosellan, en fin de contrat, n'entend pas prolonger pour moins de deux ans. Il se fend d'une rare sortie dans la presse pour le signifier et effectuer de la sorte un appel du pied en direction de dirigeants pourtant acculés aux économies par la faiblesse des affluences.


Article réalisé à partir des archives des Dernières Nouvelles d'Alsace, consultables à la médiathèque André Malraux.

strohteam

Commentaires (1)

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  • L'article est super, comme d'habitude, mais il y a un truc que j'ai pas compris. Contre Auxerre, Szarmach met un hat-trick, donc trois buts mais la ligne en dessous dit que Piasecki donne l'égalisation 2-2. Donc c'est 3-3 si Szarmach inscrit 3 buts, non ?!

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