Le comte de Saint-Germain

03/12/2006 16:15
478 lectures
un extrait de Louis XVI de J.C. Petitfils
p.218

Le 10 octobre 1775, le maréchal comte du Muy, ministre de la Guerre, mourut des suites d'une opération de la pierre. Ce pilier du parti dévot, sage et routinier, assoupi, n'avait pas brillé par ces qualités d'administrateur ni par sa volonté d'améliorer la situation de l'armée, qui malgré les remarquables efforts de Choiseul, ne s'était pas encore remise des désastres de la guerre de Sept Ans. Par qui le remplacer ? [...]

Turgot prit l'initiative. Son choix s'arrêta sur un vieux soldat de soixante-huit ans, Claude Louis Robert, comte de Saint-Germain. D'abord novice chez les jésuites, puis officier de dragons, celui-ci, à cause d'un duel, avait fait sa carrière à l'étranger, au Palatinat et en Bavière. Rappelé en France par Maurice de Saxe, il avait rapidement grimpé dans la hiérarchie militaire et était devenu lieutenant général et commandant de la basse Alsace. Une querelle avec le maréchal de Broglie lui avait fait casser son épée et rendre son cordon rouge. Il avait alors servi au Danemark comme feldmaréchal général et ministre de la Guerre et avait réorganisé l'armée de ce pays. Une brouille à nouveau l'avait éloigné du service et il s'était retiré à Lauterbach, en alsace, sur une terre de sa famille, où il était devenu cultivateur. De temps à temps, il envoyait à la cour de France des mémoires sur la condition du soldat. C'est ce qui le fit remarquer de Malesherbes et de Turgot. Compétent, austère, probe, sans ami ni attache à la Cour, il semblait l'homme adéquat, facile à contrôler. Plus proche des officiers de petite noblesse que des officiers généraux et des détenteurs de sinécures, il était l'auteur d'un traité consacré aux Vies du militaire français. Sa volonté de réformes, sa simplicité de Cincinnatus, un grand attachement à la religion plurent tout de suite à Louis XVI qui donna son agrément.

Citation:
http://www.1789-1815.com/images/Portr/StGerm_w.jpg


M. de Saint-Germain était loin de s'attendre à pareille promotion. L'émissaire du roi le trouva dans sa basse-cour, en redingote et bonnet de laine, en train de donner de la provende à ses poulets. il demanda quelques jours de délai pour s'acheter un habit et une voiture, puis il prit la route de Fontainebleau. N'ayant point de laquais, il se fit accompagner par un paysan. le 26 octobre, à la nuit tombante, l'oeil pétillant, il pénétra en petit équipage dans la ville de François Ier et demanda le gîte et le couvert au Cerf, place du charbon. Mais l'aubergiste l'éconduisit, grommelant que toutes ses chambres étaient retenues par des officiers, en raison de la prochaine arrivée du futur ministre de la Guerre. il n'insista pas et alla se loger dans une auberge mal famée où Maurepas finit par le dénicher en train de commander une soupe.

Commentaires (0)

Flux RSS
  • Aucun message pour l'instant.

Commenter

Flux RSS Le stublog de Kgu
almendralejo1319729516.jpg

almendralejo

Voir son profil complet

Chargement... Chargement...