premier aperçu d'un monde tautologique

Le long dimanche de la vie est un poison sucré que s'inocule l'homme de l'occident comme une euthanasie douce. L'homme ne veut plus de son humanité, il remet ses douleurs aux médicaments du cerveau, il punit ses erreurs de lois scélérates qui le poussent à ne plus rien modifier, lentement, il ne souhaite que son anesthésie, pour que plus rien ne soit brusque, incertain ou violent. Il n'est plus question de bien et de mal, mais de bien et de bien. C'est le long règne du bonheur borné, du bonheur obligatoire. Nous ne croyons plus à la réalité, c'est l'idéal et son éloge qui l'ont remplacée, au nom du présent plus-que-parfait qui nie le passé simple et son imparfait. Il imagine le meilleur des mondes dans un présent qui dicte son avenir et qui ne craint pas le conditionnel.

Faut-il voir par là l'érotisation de la société, comme le signale P.Sloterdijk ?
Je reconnais que je suis tenté par cette idée, mais qu'elle m'échappe et que je la reconstruis par fragments à la lueur de P.Muray. L'Europe veut sortir de l'histoire en se séparant de la violence et l'européen de la responsabilité. Le principe de précaution nous enjoint de ne rien faire avant la catastrophe, la femme ne veut pas assumer une grossesse non désirée, le militant accuse et n'assume plus. Est-ce donc la fin des rapports de force que cette érotisation ? C'est par l'infantilisation généralisée que P.Muray décrit la vie de la société, mais finalement, il n'y a pas tant de contradiction avec le sexe mort et l'homme inaccompli. Les publicités nous affirment que la jeunesse est un âge qui dure, qu'il faut effacer les rides, maquillent la vieillesse et ringardisent la sagesse. L'homme d'aujourd'hui qui se prend pour l'homme de toujours est un enfant qui veut tout dans l'im-médiateté (consommation et abolition des distances), manifeste s'il ne pleurniche (contre les méchants racistes) et veut s'amuser, c'est un ardent militant de la fête (de la musique, de la science, etc...) avant tout. De l'érotisation, de l'infantilisation, le marketing (la séduction vénale) et la sociologie (la lame de l'idéologie) mettent fin à l'intime, car tout deux concourent à ce que nos fantasmes soient collectifs. Comme les affiches de lingeries placardées sur tous les abribus, autant que la libéra(lisa)tion sexuelle imposée, l'homme n'a plus de désirs qui lui soient propres, il est sous le cellophane d'un préservatif, c'est le dernier aperçu de sa préservation.

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