Le coach copain (leader minimo)

De notre observateur: Jules Deschanels
C'est une nouvelle tendance dans le football moderne, encore une. L'entraîneur qui a à sa charge un groupe de trente professionnels pubères ne doit plus être un meneur d'hommes tyrannique mais doit agir avec la finesse d’un G.O, pour conserver les joueurs dans la poche du K-way et leur motivation intacte.
Les succès éphémères d’entraîneurs à poigne tels que Vahid Hallilodzic, Alain Perrin ou Jean Tigana l’attestent, au bout d’un laps de temps réduit les messages musclés ne passent plus dans les lecteurs Mp3 d’un apprenti millionnaire. La transition au Paris SG est en cela éclairante, le joueur traîne moins les savates-crampons pour venir aux camps des loges voir lolo que pour se fader le bosniaque. L’entraîneur moderne doit s’adapter aux exigences ludiques de son employé multi-compétences playstation/ interviews/tour d’honneur et outre ses vertus de visionnaire qu’on trouve emprunté au domaine militaire (« schéma tactique », « remporter les duels », « des guerriers » ) il doit composer avec l’équilibre discipline/plaisir afin de souder dans le groupe les tentations individualistes et l’esprit de groupe. Certaines équipes ont saisi avec succès la modestie de la rigueur et l’âpreté de la discipline (Bordeaux, Nancy) au dépens du talent et de la créativité, d’autres (Toulouse, )ont subi les mercenaires venus faire l’étalage de leur baluchon technique pour amuser la galerie et aguicher le recruteur de Southampton. Seulement, l’envie d’aller voir ailleurs grise rapidement le bonhomme qui a flambé deux matchs ou qui a un titre de vice-champion dans le survet’. A Strasbourg, on sait bien qu’il faut comme rarement dans l’exercice d’une profession tenir compte de la psychologie, du syndrôme Forbans « chouette/ chouette/ tu verras/ t’es bien dans tes baskets/ chouette). Marseille avait innové en donnant les clés du vestiaire au chef des ultras, qui répétait virilement dans ses causeries d’avant-match ses remontrances de café du commerce, Paris avait sa version en la personne du joueur de poker qui distribuait les cartes en fonction de ses camarades de tablée. Le coach copain a généralement un discours simple, qui va droit au but et aux petites lucarnes, un passé de footballeur pas trop complexant, une gentillesse dessinée par peu d’ambition (« je dois tout aux joueurs, mais je suis le premier responsable »), il accompagne dans la bonne humeur l’épanouissement et la gloire du quidam.

Les formateurs de métier comme Elie Baup, Jacky Duguépéroux ou Erick Mombaerts semblaient de par l’expérience de la jeunesse mûrissante, l’attachement au club, le goût quasi artisanal du travail de long terme les hommes de la situation. Mais las, de leur propre désaveu*, ils se sentent un peu dépassés, rendant malheureusement encore plus aléatoire les habits du Leader .

Jules Deschanels

Jules Deschanels est un ancien formateur et agent de joueurs, envoyé en Afrique du temps des colonies, suiveur désabusé du football business et de toute la modernité qui va avec, on lui doit quelques saillies réactionnaire (mais jamais raciste, NDLR) dans des coups de chaud que son âge avancé autorise parfois.

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