Hé ! C'est Knacki !


Nous sommes le 10 juin 1998...

06/02/2024 19:19
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Chroniqueur depuis plus de 14 ans dans l'émission "Mojito Football Club", diffusée en direct sur RBS (91.9FM à Strasbourg ou radiorbs.com) tous les lundis entre 20h et 22h, j'ai dernièrement écrit un billet d'humeur sur l'évolution de mon rapport au football de l'enfance à aujourd'hui.
Voici ma chronique.

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Candidature au poste d'entraîneur de la sélection belge de football

27/04/2010 13:05
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Etant donné que Dick Advocaat ait récemment quitté le poste d'entraîneur de Belgique, préférant la roulette russe, un ami à moi a envoyé sa candidature à la Fédération belge de football.
C'est assez hilarant, je vous partage donc la lettre qu'il a envoyé.
Bonne lecture ! :)

Citation:
A Monsieur François De Keersmaecker
Président de l'union royale belge des sociétés de football association
Avenue Houba de Strooper 145
1020 Bruxelles

Objet : candidature au poste de sélectionneur-entraineur de l'équipe nationale



Monsieur le Président,

C'est avec consternation que j'ai appris ces jours-ci le départ précipité de M. Dick Advocaat de la tête de l'équipe nationale. En effet, alors qu'une nouvelle ère s'ouvrait, laissant la porte ouverte à des lendemains qui chantent, en témoigne l'éclosion récente de nombreux jeunes joueurs belges en Europe, et après de longue années de vaches maigres pour notre football, il me semblait que l'union belge avait enfin trouvé en M. Advocaat un sélectionneur crédible, capable de hisser nos Diables dans les premières places du top mondial.
Cependant, l'attrait de l'argent et, ne nous voilons pas la face, le manque d'attrait toujours actuel de notre sélection ont une nouvelle fois eu raison d'un projet ambitieux. Le résultat est là : il abdique Advocaat.
Comme le disait mon ami Bob, il serait tentant de jeter l'éponge, mais, comme disait J.F. Kennedy, ne nous laissons pas abattre et réfléchissons calmement à un plan pour notre football. Votre premier choix s'est porté sur Michel Preud'homme, mais vous n'ignorez pas qu'étant actuellement sous contrat; l'ancien club d'Adekamni Olufadé ne souhaite donc pas le laisser partir. Puis, nous apprenons que M. Gerets prendra en charge la sélection marocaine. Une évidence s'impose : il va falloir chercher ailleurs. Par la présente, je souhaite apporter ma modeste contribution en vous présentant solennellement ma candidature au poste de sélectionneur-entraîneur de l'équipe nationale belge, et ce alors même que vous déclarez ces jours-ci dans la presse que vous n'avez encore rien décidé quant à cette question. J'y vois un appel du pied évident et j'ose espérer que mon sens de l'anticipation via cette candidature spontanée jouera en ma faveur.

Certes, vous considérerez sans doute de prime abord que mon jeune âge (19 ans) pourrait constituer un frein à l'embauche. Cependant, je vous invite à examiner avec la plus grande attention ma candidature et ainsi à ne pas faire de l'âge un critère d'exclusion.

Tout d'abord, un bon entraîneur est souvent un ancien joueur. Sur ce point, veuillez prêter attention à mon parcours assez riche : mon expérience en tant que joueur commence en 1994, au Club Sportif Gondecourtois (CSG). Jouant à tous les postes en débutant, je m'impose petit à petit au milieu de terrain, enchaînant assists et goals, grâce à ma vision et ma compréhension du jeu, éléments non négligeables pour un poste d'entraîneur.La suite s'écrivit au Lille OSC (aujourd'hui LOSC Lille Métropole), de 1997 à 2005. Je rencontre ainsi en janvier 2002 un petit bonhomme de 1,40m, prénommé Eden, sous les couleurs louviéroises. Les portes de l'équipe de France ouvertes, j'ai ainsi pu côtoyer la génération 87, ô combien prometteuse (Benzema, Ben Arfa, Menez, Gameiro, Nasri, Rémy, Mandanda, Diaby). Durant ces nombreuses années de pratique footballistique, j'ai pu côtoyer de nombreux joueurs aujourd'hui professionnels, mais aussi de nombreux entraîneurs m'ayant transmis différentes philosophies du jeu (du « casse lui la jambe » au « quand tu centres, essaie de lever la balle », sans oublier les fameux « ton pénalty, jamais en retrait » et « si un type n'a pas le même maillot, ne lui donne pas le ballon »), soit quelques bases élémentaires que j'appellerais les « fondamentaux » de mon bagage de technicien et que je compte importer chez vous. Les Diables devant effectuer bientôt de longs voyages en vue de la qualification à l'Euro 2012, j'ai justement moi-même déjà effectué de longs déplacements me permettant d'appréhender cette épreuve avec davantage de confiance : il fallait en effet parfois aller jouer jusqu'à Guingamp, et figurez-vous que nous avons même joué à Nice. Autant dire que les longs voyages dans le froid autrichien ou la chaleur turque me seront familiers grâce à l'expérience acquise en ce domaine.
L'apogée de cette courte carrière fut sans aucun doute la victoire lors du célèbre tournoi annuel de Barcelone en 2004. Ce jour là, devant une annexe du Nou Camp comble (environ 5000 personnes), nous écrasâmes l'équipe locale par 4 buts à 1. Notre équipe put alors soulever la coupe tant convoitée sous les vivas de la foule et de la sono hurlant «We are The Champions», remise par Monsieur Cruyff, semble-t-il dégoûté de ne pas remettre le précieux trophée à son club de coeur . Dans un joyeux esprit collectif, nous dédiâmes cette victoire à notre jeune entraîneur, que nous avions de façon fort opportune et originale surnommé « coach », pour l'esprit de camaraderie qu'il avait su instaurer au sein du groupe. Nous fûmes récompensés par une sortie au Quick (et Flupke) et un bowling, pour ne pas oublier qu'une équipe, c'est aussi hors des terrains.


Deuxième point des qualités que je souhaiterais vous exposer, mon expérience en tant qu'entraîneur. Elle ne constitue pas à proprement parler une expérience de terrain, mais avant toute pratique, il faut une théorie, comme disent les grands dictateurs. Spectateur régulier du stade Grimonprez-Jooris et du Stadium Lille Métropole depuis une quinzaine d'années, j'ai pu expérimenter mes compétences à de nombreuses reprises, en anticipant par exemple un changement décisif qu'il a fallu effectuer. Autre illustration, ce cri mémorable poussé à l'encontre de Ted Agasson un soir de match : « donne à droite, à Viseux ! » hurlai-je. Aussitôt dit, aussitôt fait, Agasson donnant à Viseux qui centra immédiatement sur la tête de Dagui Bakari, seul aux six mètres, qui envoya le ballon directement en touche. Certes, sur ce cas précis, l'action ne fut pas conclue par un but, mais c'est davantage l'idée que la conclusion qui a toujours guidé mon coaching. En faisant fi de la piètre qualité de certains joueurs, mes conseils pouvaient aboutir à une réalisation sublime. La jeune et talentueuse génération belge montante me permettrait justement d'éviter ce genre de désagrément.

De plus, mon expérience d'entraîneur est également complétée par une pratique régulière du baby-foot. Dans le cadre de ce jeu, comment nier que chaque joueur tient un véritable rôle d'entraîneur ? Passage d'une ligne à l'autre, mouvement des joueurs, déstabilisation de l'adversaire... Sans oublier une certaine propension au suspense dans les matches serrés, familiarisant ainsi aux rencontres à forte pression, contre les Pays-Bas par exemple.
Dans le même ordre d'idées, le développement des jeux vidéos « Fifa » m'a permis de connaitre amplement l'équipe nationale. En effet, lorsque j'y joue, il n'est pas rare que je prenne les Diables en raison de l'amour que je porte à cette équipe. De la sorte, ce jeu étant une fidèle copie de la réalité, je peux bien me rendre compte des caractéristiques techniques et physiques de chaque joueur. Mieux encore : je modifie les anciennes versions de Fifa et les actualise en prenant en compte lesdites caractéristiques. Ainsi, quand je reprends mon « fifa 98 », exit les Deflandre, Wilmots et autres Nilis. Place aux Fellaini, Pocognoli et De Camargo, en mettant en avant pour chacun leurs qualités. Par exemple, Hazard, à la réputation redoutable grâce à ses dribbles fantastiques, bénéficie d'une force de créativité de 99 sur 99, ainsi que d'une précision de tir de 99 sur 99. Ceci vous indique dès lors ma connaissance des valeurs de chaque homme, me permettant de les positionner au meilleur endroit sur le terrain. Récemment, lors d'un match avec la Belgique, Hazard n'étant pas attaqué à 40 mètres du but, je décidai d'appuyer sur la touche « D » de mon clavier, et le tir qui en découla termina sa course en pleine lucarne du portier adverse, impuissant. Il était vraiment dans son jardin, Eden. De même, les coups-francs sont souvent victorieux, même à distance lointaine. A l'inverse, un joueur moins en vue comme Antony Vanden Borre est déclaré « arrière droit », mais il n'est pas impossible de le retrouver « milieu gauche » en raison d'un piètre qualité de « repositionnement » de 22 sur 99. Vous pouvez donc aisément constater que la fiction peut joindre la réalité, et par là-même me former au poste que je convoite.

Enfin, dernière qualité que je souhaite mettre en exergue, et pas des moindres, l'école footballistique dont je suis issu. Je l'ai déjà signalé, je suis assidûment les performances lilloises, et vous aurez remarqué que cette équipe s'est signalée ces dernières saisons par une brillante qualité de jeu, et un football offensif. D'ailleurs, c'est dans ce club que se sont révélés les deux derniers joyaux du football belge, Eden Hazard et Kévin Mirallas. Mais souvenons-nous aussi que de nombreux belges sont passés par ici : mon père m'évoque ainsi souvent la larme à l'oeil les souvenirs d'Erwin Vandenberghe ou de Philippe Desmet. Plus récemment, je me rappelle combien Stefan Van Der Heyden a contribué à l'une de nos saisons galères en deuxième division il y a 12 ans. Sachez que cette proximité géographique me permet de suivre régulièrement l'actualité du football belge, notamment par le biais de Studio 1, ou via les excellents Marc Delire et Benoit Thans, à qui j'ai déjà parlé au téléphone pour évoquer quelques souvenirs liés à l'Euro 2000, ou encore avec Stéphane Pauwels, que je ne manque pas de saluer lors de ses nombreux retours sur les terres de la capitale des Flandres.

La préparation mentale des joueurs me semble être une composante essentielle du travail d'entraineur. Le 10 octobre dernier, je me suis rendu au Roi Baudouin afin de superviser les joueurs face à la Turquie, et je constatai avec étonnement que Jupiler faisait encore partie des sponsors officiels des Diables. Certes, la bière est l'un de nos symboles nationaux. Mais lorsque l'on se retrouve à la tête d'une jeune équipe inexpérimentée, il faut lui mettre le moins de pression possible, et vous n'ignorez pas que la bière, c'est beaucoup de pression. Je suggère donc de stopper notre partenariat avec cette marque.
Vous constatez dès lors ma connaissance sans faille du football belge. Sachez aussi que sur le réseau asocial facebook, je suis membre de deux groupes liés au football national, malheureusement liés à deux souvenirs pénibles et douloureux :
_ « Allemagne - Belgique (3-2), le 2 juillet 1994 : je n'oublierai jamais ! ». C'est la première coupe du monde que j'ai suivie avec assiduité. Ce pénalty non sifflé m'a fait comprendre que l'injustice faisait partie de la vie, d'où le rôle éducatif du football.
_ « Brésil - Belgique, le 17 juin 2002: je ne pardonnerai jamais à l'arbitre ! ». Cette tête de Wilmots était parfaitement valable, vous le savez très bien. Qui sait jusqu'où nous serions allés en cas de qualification ?

Peut-être pourrais-je déjà évoquer le schéma tactique que je souhaite mettre en place, mais je préfère ne pas trop en dire car l'incertitude plane encore sur ma nomination, et ma hantise serait qu'on me pique mon plan de jeu. Je me réserve doc pour une future rencontre en tête à tête. Sachez toutefois que je compte bâtir l'équipe autour d'une colonne vertébrale Bailly-Hazard-Van Buyten; on associerait dès lors l'équipe nationale aux initiales BHV, ce qui serait un sacré pied de nez aux tintamarre politique qui secoue encore le royaume. Ainsi, si je suis bien conscient de la capacité qu'a le football de générer des comportements hystériques et dépourvus de toute rationalité, il me semble qu'il peut également, dans un pays comme le nôtre, être un facteur d'unité et de cohésion sociales, rappelant par là s'il en était besoin que « l'union fait la force».

Pour terminer, je signalerai simplement que je n'ai pas d'exigence particulière quant au salaire que je percevrai. Je me contenterais même de la moitié du traitement de l'actuel entraîneur. Le staff médical et les entraîneurs adjoints actuels me conviennent également. Au cas où, j'ai quelques amis intéressés par un poste d'adjoint.


J'espère sincèrement que vous traiterez ma candidature avec le plus grand intérêt et en toute impartialité. Je reste à votre entière disposition si vous souhaitez me rencontrer ou obtenir de plus amples informations sur mon projet.

Dans l'attente d'une réponse de votre part, veuillez agréer, Monsieur le Président, l'expression de mes sentiments sportifs les meilleurs.

D.B.

La meilleure attaque, c'est la défense

05/04/2010 13:06
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Premier article sur mon stublog après plus de deux ans de présence sur le stub.
Il s'agit simplement d'un copier coller d'un article paru dans un grand numéro hors série du magazine So Foot, hiver 2010, intitulé 50 Légendes.
J'ai eu beaucoup de plaisir et d'amusement à lire ce bouquin et toutes les histoires et anecdotes plus intéressantes les unes que les autres qui ont marqué l'histoire du football.

Cette histoire reste ma préférée, et aussi invraisemblable qu'il puisse paraître, c'est une histoire vraie.
"Des attaquants transformés en défenseurs et des joueurs qui marquant volontairement contre leur camp. Ça s'est passé à la Barbade, en 1994. En match officiel, qualificatif pour la Gold Cup.

27 janvier 1994, banlieue de Bridgetown, capitale de la Barbade. Le stade National de ce minuscule territoire perdu au bout de l'archipel des petites Antilles est en ébullition. L'équipe de la Barbade -les Bajan Rockets- vient de marquer un but qui leur permet d'arracher les prolongations et sauvegarde ses chances de passer le tour préliminaire de la Shell Caribbean Cup, compétition qualificative pour la Gold Cup, le tournoi continental de la zone Concacaf. Entre la pelouse et les tribunes du stade, la piste d'athlétisme et la piste cyclable semblent infinies. Malgré la distance, les immenses éclats de rire des spectateurs parviennent aux oreilles des joueurs de la Grenade, adversaires du jour des Bajan Rockets. C'est qu'en marquant ce but à trois minutes de la fin du temps règlementaire, la Barbade a joué la plus grande farce jamais permise par le règlement d'une compétition.

Ce but qui l'envoie en prolongations, la Barbade l'a en effet marqué de plein gré... contre son camp! Pourquoi cette parodie de football? Peut-être le soleil a-t-il trop tapé sous les tropiques cette année-là. Toujours est-il que pour cette cinquième édition de la Shell Caribbean Cup, les organisateurs ont fait dans l'ubuesque. Afin de prévenir des positions trop serrées au classement des poules qualificatives, ils ont prévu que chaque match s'achevant sur un score nul comporterait des prolongations avec but en or... et que celui-ci compterait double. A leur décharge, admettons qu'il n'est guère aisé de créer de nettes différences dans les poules de trois équipes qui ne se rencontrent qu'une seule fois.


Premier but contre son camp


Avant l'ultime et décisive rencontre entre la Barbade et la Grenade, le suspense est entier dans le groupe 1 des éliminatoires. Porto Rico a battu la Barbade 1-0 et la Grenade a disposé de Porto Rico par un but marqué en prolongations, soit une victoire par 2 à 0. Au classement, la Grenade fait la course en tête au bénéfice de la différence de buts. Un match nul ou une défaite par un but d'écart lui suffit pour passer ce round. Porto Rico, second après deux matchs, est définitivement éliminé. Quant à la Barbade, elle ferme la marche mais conserve un réel espoir de qualification. Il lui suffit de l'emporter par deux buts d'écart face à la Grenade.

Le match Barbade - Grenade commence idéalement pour les Bajan-Rockets. Après avoir ouvert le score durant le premier half, ils prennent le large en milieu de seconde mi-temps. A 2-0, ils ont leur billet pour la phase finale en poche. La Grenade pousse cependant pour obtenir une réduction du score qui la qualifierait.
A la 83ème minute de jeu, les Grenadiens jouent une longue touche côté gauche. La défense barbadienne manque l'interception de la balle. Un attaquant grenadien récupère le cuir dos au but et tente de servir un coéquipier qui arrive lancé dans la surface adverse. Un défenseur Bajan intercepte alors précipitamment et frappe en direction de sa propre cage. Légèrement avancé et surpris par la maladresse de son coéquipier, le gardien Horace Stoute n'esquisse aucun geste et voit le ballon rouler vers ses filets. La Barbade vient de marquer contre son camp. Mais ce n'est pas encore là qu'on rit. Car à 2-1, c'est maintenant la Grenade qui repasse en tête du classement.


On joue ou on triche ?


Après avoir remis en jeu, la Barbade repart à l'attaque du camp grenadien. Il reste sept minutes à jouer et les Bajan Rockets doivent maintenant marquer un troisième but et reprendre deux buts d'avance pour se qualifier. C'est pour eux la seule solution. Du moins le croient-ils durant quatre minutes. Puis, à la 87ème, alors que le cadenas grenadien est solidement verrouillé, une lumière s'allume dans les esprits. Un rappel du règlement s'impose à cet instant : en cas de match nul, il est prévu de jouer des prolongations avec but en or valant double. Question : quand il reste trois minutes de jeu, vaut-il mieux tenter de marquer un but dans le camp adverse ou profiter d'un règlement vaseux pour se donner le temps des prolongations ?

La réponse va venir lentement. D'abord, par des passes successives vers l'arrière qui ne font pas réagir la Grenade, bien calée en défense. Alors les Barbadiens reculent encore et se retrouvent bientôt en possession du ballon dans leurs propres six-mètres. Le défenseur Sealy et le gardien Horace Stoute s'échangent maintenant longuement le ballon, agissant comme s'ils menaient au score... ou comme s'ils hésitaient encore à profiter de l'absurdité du règlement et à fouler de leurs crampons les règles les plus élémentaires du fair-play. Soudain le doute est levé. Sealy, en possession de la sphère à trois mètres de la ligne de but, arme son tir et expédie le ballon à bout portant dans sa propre cage. A cet instant, c'est sûr, Stoute, barbier dans le civil, ne rase plus gratis.


Public hilare


2-2. Voilà les Bajan Rockets aux portes des prolongations. Pour rêver à la demi-heure supplémentaire et au but comptant double qui les qualifierait, il leur faut encore tenir centre-quatre-vingts secondes sans encaisser de pion... et empêcher la Grenade de dégoupiller dans son propre camp. Car leurs adversaires, s'ils ont été lents à la détente, ont fini par piger l'astuce et comprennent qu'ils peuvent, eux aussi, tirer avantage du règlement en marquant contre leur camp. N'oublions pas qu'une défaite par un but d'écart les expédierait tout droit en phase finale. Et alors que les Grenadiens s'apprêtent à rendre aux Bajans la monnaie de leur pièce en tirant dans leur propre filet, c'est Sealy, le défenseur barbadien, qui vient sauver sur la ligne adverse. La fin du match est délirante. Pour éviter les prolongations, la Grenade tente de marquer dans n'importe quelle cage. La Barbade, de son côté, se déploie pour préserver les deux buts. Après le match, le coach grenadien James Clarkson avouera : <<Nos joueurs étaient désorientés, ils ne savaient même pas dans quelle direction attaquer, le but de nos adversaires ou le nôtre. Je n'avais jamais vu ça. En football, on est censé marquer contre l'adversaire, pas pour lui!>>

Devant un public hilare, la blague se poursuit durant quatre minutes de temps additionnel. Enfin, l'arbitre siffle la fin du match en envoie les deux équipes en prolongations. La Barbade a réussi le premier volet de son plan diabolique. Reste à accomplir le second : marquer le fameux but en or qui compte double. C'est chose faite dès la 94ème par l'intermédiaire de Trevor Thorne, qui s'infiltre côté gauche et fusille le gardien grenadien d'un tir croisé dans la surface. Le match est aussitôt arrêté sur la marque officielle de 4-2 pour la Barbade. Les Bajan Rockets se sont qualifiés pour la phase finale de la Shell Caribbean Cup 1994. A la sortie des vestiaires, Clarkson y va de son commentaire acide : <<Je me sens trompé. Le gars qui a pondu cette règle devrait prendre la direction de l'asile de fous.>> Les dirigeants de la Concacaf encaissent. Et, l'année suivante, modifient leur règlement.


Jean Damien Lesay

Barbade - Grenade en vidéo
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