Charles Baudelaire (1821 - 1867)

11/10/2006 22:06
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Attention, ceci est un billet sérieux.
Homme de peu de foi, passe ton chemin et va chercher bonheur sur les blogs de fan2machinchose ou de louloutte68.

Car je vais sortir mon petit couplet sur Baudelaire.
Je n'ai pas honte de le dire, Baudelaire accompagne ma vie.

Avant de donner son nom à des collèges de ZUP, Charles Baudelaire fut l'un des esprits les plus brillants à avoir traversé la littérature française, pourtant fort bien pourvue en la matière.
L'auteur des Fleurs du Mal est en effet le poète ultime.
Loin de la poésie des farandoles naïves et des illusions sucrées, loin des petits princes et des moutons, il extrait la substantifique moelle de l'existence et la donne à voir telle qu'elle est ; ses poèmes évoquent de manière subtile et désabusée le désir et la frustration, la passion et l'abandon, la mélancolie et la mort.
Ses textes qui sentent le stupre et la charogne élèvent le cynisme au rang d'art majeur.
Baudelaire parvient à décrire sans artifices la réalité de la vie et à la transcender pour atteindre au sublime et à l'universel.
Absurdement catalogué comme un poète pour adolescents romantiques et morbides, ce génie visionnaire a livré une oeuvre de toute beauté, dont il n'y a aucun équivalent en langue française.
On pourrait voir en Houellebecq un genre de continuateur, du moins dans l'esprit, si ce n'est dans la lettre (le style neurasthénique caractéristique de son époque faisant pâle figure à côté de la flamboyance du Maître).

Si je disais un peu plus haut que Baudelaire m'accompagne, c'est parce que j'ai le sentiment qu'à chaque situation (je dirais même à chaque sensation) de ma vie correspond l'un de ses textes.
Ils ont en effet un pouvoir d'évocation d'une telle puissance que j'ai l'impression d'entrer en résonance avec eux.
J'invite ceux qui croient que je fume du libanais à se rendre compte par eux-mêmes de la profondeur métaphysique de cette oeuvre définitive.

Mon « Baudelaire » du jour serait le poème suivant, un classique qui a fait suer des générations de lycéens :


A une passante


La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?

Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !



Sinon, à part ça, je voulais aussi signaler que j'aime beaucoup la chanson de Wham ! « Where Did Your Heart Go » (rien à voir, je sais).


http://baudelaire.litteratura.com/images/s/portrait_.jpg

Commentaires (3)

Flux RSS 3 messages · Premier message par marc · Dernier message par C'est beau... de l'air...

  • C'est qui cet avant centre ?
  • Il joue milieu de terrain au LOSC sous le nom de Mathieu Bodler.
    Je crois que tu confonds avec Zola... :-)
  • C'est beau... de l'air...
    [...]L'amoureux pantelant incliné sur sa belle
    A l'air d'un moribond caressant son tombeau.

    Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe,
    O Beauté! monstre énorme, effrayant, ingénu!
    Si ton oeil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte
    D'un Infini que j'aime et n'ai jamais connu?

    De Satan ou de Dieu, qu'importe? Ange ou Sirène,
    Qu'importe, si tu rends, - fée aux yeux de velours,
    Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine! -
    L'univers moins hideux et les instants moins lourds?

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