Happy new year, motherfucker

01/01/2014 22:36
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Nous étions des enfants de la classe moyenne d'un pays moyen d'Occident, deux générations après une guerre gagnée, une génération après une révolution ratée. Nous n'étions ni pauvres ni riches, nous ne regrettions pas l'aristocratie, nous ne rêvions d'aucune utopie et la démocratie nous était devenue égale. Nos parents avaient travaillé, mais jamais ailleurs que dans des bureaux, des écoles, des postes, des hôpitaux, des administrations. Nos pères ne portaient ni blouse ni cravate, nos mères ni tablier ni tailleur. Nous avions été éduqués et formés par les livres, les films, les chansons - par la promesse de devenir des individus. Je crois que nous étions en droit d'attendre une vie différente. Nous avons fait des études - un peu, suffisamment, trop -, nous avons appris à respecter l'art et les artistes, à aimer entreprendre pour créer du neuf, mais aussi à rêver, à nous promener, à apprécier le temps libre, à croire que nous pourrions tous devenir des génies, méprisant la bêtise, détestant comme il se doit la dictature et l'ordre établi. Mais pour gagner de quoi vivre comme tout le monde, une fois adultes, nous avons compris qu'il ne serait jamais question que de prendre la file et de travailler. À ce moment-là, c'était la crise économique et on ne trouvait plus d'emploi, ou bien c'était du travail au rabais. Nous avons souffert la société comme une promesse deux fois déçue. Certains s'y sont faits, d'autres ne sont jamais parvenus à le supporter. Il y a eu en eux une guerre contre tout l'univers qui leur avait laissé entr'apercevoir la vraie vie, la possibilité d'être quelqu'un et qui avait sonné, après l'adolescence, la fin de la récréation des classes moyennes. On demandait aux fils et aux filles de la génération des Trente Glorieuses et de Mai-68 de renoncer à l'idée illusoire qu'ils se faisaient de la liberté et de la réalisation de soi, pour endosser l'uniforme invisible des personnes. Beaucoup se sont appauvris, quelques-uns sont devenus violents. La plupart se sont battus mollement afin de rentrer dans la foule sans faire d'histoires. Ils ont tenté de sauver ce qui pouvait l'être: leur survie sociale. J'ai été de ceux qui ont choisi de baisser la tête pour pouvoir passer la porte de mon époque - mais pas Faber, hélas ou heureusement.
Et pour cette raison il n'a cessé de me hanter.

in Faber, le destructeur, Tristan Garcia, 2013


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Come and play the tunes of glory
Raise your voice in celebration
Of the days that we have wasted
In the cafe
In the station
And learn the meaning of existence in fortnightly instalments
Come share this golden age with me
In my single room apartment
And if it all amounts to nothing
It doesn't matter,
These are still our glory days

Oh my face is unappealing and my thoughts are unoriginal
I did experiments with substances
But all it did was make me ill
And I used to do the I Ching
But then I had to feed the meter
Now I can't see into the future
But at least I can use the heater
Oh it doesn't get much better than this
Cos this is how we live our glory days
Oh and I could be a genius if I just put my mind to it
And I,
I could do anything i
If only I could get round to it
Oh we were brought up on the Space-Race
Now they expect you to clean toilets
When you've seen how big the world is
How can you make do with this ?
If you want me I'll be sleeping in
Sleeping in throughout these glory days
These glory days can take their toll
So catch me now
Before I turn to gold
Yeah we'd love to hear your story
Just as long as it tells us where we are
That where we are is where we're meant to be
Oh come on make it up yourself
You don't need anybody else
And I promise I won't sell
These days to anybody else
In the world but you
No one but you


Pulp - Glory Days (1998)

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