Petit match entre amis

Finalement quand on y pense, c'est un peu la même chose que pour l'amour : il n'y a pas d'amitié mais que des preuves d'amitié. Et ce qui est bien avec les Strasbourgeois, c'est qu'ils sont sacrément bien élevés. De bons camarades quoi.
A peine arrivés dans l'antre meinauvienne, les voisins suisses se voient déjà offrir le but qui leur assure la qualification : deux minutes de jeu, trois Bâlois partent à la limite du hors-jeu et se présentent seuls devant Puydebois. Le reste de l'action n'étant qu'une formalité à accomplir, il n'est pas nécessaire de le décrire ici.
D'ailleurs les Bleus n'ont pas vraiment jugé nécessaire non plus de contester plus que cela la décision arbitrale sur le placement des Bâlois. C'est connu, dans les matchs amicaux, cela ne se fait pas. Sauf pour Abou l'Africain. Question de culture peut-être.

Heureusement qu'entre Européens on entretient l'amitié comme il faut : les défenseurs suisses n'hésitent pas à laisser quelques espaces aux attaquants strasbourgeois, notamment à Alex Farnerud auteur d'un bon match. Et après l'une ou l'autre opportunité - notamment une tête sortie sur la ligne bâloise - le Racing parvient à égaliser par l'intermédiaire de Rudy Carlier, qui inscrit son premier (beau) but avec les pros, à la 10ème minute. Les Strasbourgeois auront même ensuite les occasions de prendre l'avantage sur une action collective aboutissant à un tir non cadré de Boka et sur un duel perdu par Alexander Farnerud face à Zuberbuhler. La défense suisse ne semble pas dans un bon soir...

Et l'espace d'un instant, on a presque l'impression que finalement non, ce n'est pas qu'un match amical placé entre deux matchs de championnat. On oublie le stade quasiment vide, on oublie les désillusions hebdomadaires et le fol espoir d'une soirée européenne extraordinaire se lit sur quelques visages, inutile de le nier.
C'était un peu avant la demi-heure de jeu, c'est facile de s'en souvenir parce que c'est juste à ce moment qu'Eduardo, complètement seul au deuxième poteau, parvient à marquer le second but de Bâle... Sacrés strasbourgeois.

Mais c'est vrai que c'est quand même utile ces matchs là, on tente de nouvelles choses comme l'association intéressante entre Boka en arrière gauche et Abou en milieu gauche. Cela permet aussi de voir où en sont certains jeunes joueurs comme Carlier ou Ricardo Faty. Pour eux deux, le chemin semble encore long avant de prétendre jouer les gros matchs de compétition. Et puis les soirées entre amis, c'est l'occasion de décompresser et de se détendre : Yves Deroff capitaine du Racing, faut bien rigoler un peu.

Et comme à la pause le Racing est mené 1-2, on en profite pour se rappeler les bons souvenirs et les petites blagues qu'on s'est faites entre copains : la victoire à Bâle en octobre dernier, celle-là ils l'ont pas vu venir les amis suisses ! Et puis le but de Habib Bellaïd au stade Olympique de Rome, c'était fort aussi. Et la ferveur des supporters de Belgrade à la Meinau, c'était pas rien quand même. Et le doublé du petit nouveau, Kevin Gameiro...

Tiens Kanté a marqué un but... Elle passe vite cette deuxième mi-temps finalement. Tant mieux, les soirées entre voisins ça a tendance à traîner en longueur. On joue la 78ème minute et le Racing obtient une égalisation méritée, car ils n'avaient pas renoncé. 2-2 sur ce match, 4-4 sur l'ensemble des 3 matchs, pas de cartons jaunes ce soir : faut pas se fâcher entre bons voisins.

Sinon, accessoirement, le Racing a terminé sa belle aventure européenne, tout en restant invaincu à domicile. Eliminé par l'équipe qu'il avait sauvée en phase de poules en égalisant à la dernière minute face à Belgrade. Drôle de saison décidément. D'ailleurs les Bâlois qui se fendent d'un petit cadeau à l'attention de Gameiro en signe de remerciement, ça rappelle que l'amitié c'est un peu la même chose que pour l'amour... enfin bref.

C'est vrai que c'est sympa les rencontres entre voisins quand on s'entend bien avec eux. C'est parfois un peu hypocrite, faut quand même le reconnaître, un peu ennuyeux aussi, mais sympa.