Déjà capital ?

Deux défaites, aucun but marqué, six buts encaissés : Montpellier a débuté ce championnat de Ligue 2 d'une manière catastrophique. Les Héraultais vont se présenter avec une place de lanterne rouge, qui leur rappellera les sombres heures lors de l'exercice précédent. Le Racing à peine plus performant au niveau comptable va devoir assumer son statut de favori pour battre un adversaire qui cherchera avant tout à se rassurer et à grapiller au moins un point.

Entre expérience et fougue
Un peu à l'image du Racing, le club de l'Hérault essaie de renouer avec un passé qui lui a permis d'aller en Coupe d'Europe, d'avoir dans son effectif des joueurs talentueux comme Laurent Blanc, Carlos Valderrama ou Eric Cantona, et d'avoir un fond de jeu qui en faisait une équipe respectée. Mais des choix discutables dans le recrutement ont amené le club à descendre en Ligue 2. Le truculent président Nicollin, dont on ne peut nier l'amour passionel pour son club, tente aujourd'hui de trouver la formule qui pourrait permettre à son équipe de poser son empreinte sur le championnat de Ligue 2, en attendant de prétendre à un accessit à l'étage supérieur.
Mélange entre jeunes joueurs et joueurs expérimentés rompus à la Ligue 1, tels Bruno Carotti, Philippe Delaye ou encore Robert Malm, l'équipe a montré dès le premier match de la saison les forces et limites d'un tel amalgame. Malm avait fait coup double face à Grenoble et offert une confortable avance à son équipe à la mi-temps, mais incapables de gérer un arbitrage qu'on qualifiera sobrement de pointilleux, les jeunes Montano et Cissé avaient été expulsés, laissant leurs partenaires perdre un match facile face à des Isérois qui n'y croyaient plus. Une nouvelle défaite à domicile contre Gueugnon et c'est la défense qui devient responsable du classement de l'équipe, a contrario d'un Racing où Jean-Pierre Papin pense que c'est l'animation offensive qui pêche.

Assumer son rôle de favori
Plus gros budget, l'un des meilleurs palmarès du championnat, un ballon d'or comme entraîneur, un public que l'on dit passioné et qui répond présent par ses abonnements, le Racing fait évidemment figure de gros favoris pour la remontée immédiate parmi l'élite, tant chez les journalistes que chez les supporters. Mais assumer un rôle de favori n'est pas évident quand l'équipe a perdu de nombreux cadres à l'intersaison. Chacun de vos adversaires va chercher à prendre un point sur votre pelouse en procédant par contre et en vous laissant le monopole du jeu, et tentera l'exploit de vous battre en se surmotivant lors de votre visite. La vérité du terrain n'est pas toujours celle des pronostics. Entre Dijon qui aurait pu poignarder l'équipe dès l'entame de saison et Amiens qui a montré que les déplacements buccoliques sont loins d'être des promenades touristiques, le Racing doit trouver LA formule qui correspond à son statut. L'entraîneur appelle au changement, au passage en mode offensif, à la prise en main du jeu. Il est vrai que le classement fait désordre et s'il ne veut pas voir les critiques s'abattre sur lui, Papin serait bien inspiré de donner rapidement un peu de sa vista de buteur à l'équipe.

La meilleure défense c'est l'attaque
La défense ne devrait pas trop être modifiée, Cassard devrait voir evoluer devant lui Deroff, Ekobo, Kantari, et Boka dont c'est le retour après son absence préjudiciable face à Amiens. On espère que le jeune Ivoirien aura retenu la leçon de son écart et donnera de sa personne pour animer l'attaque par ses montées. Loué, autre banni vendredi dernier, pourrait laisser sa place et son impact physique au jeune Renaud Cohade dernière recrue en date du Racing. Avec Lacour, ils devraient former le duo chargé de la récupération.
Le discours de l'entraineur est clair, le Racing doit prendre le jeu à son compte. Il doit montrer qui est le patron et cela passe par un état d'esprit radicalement différent sur le terrain. C'est donc devant, où l'entorse de Gargorov l'empêchera de fouler la pelouse de la Meinau, que tout se jouera. On retrouvera donc sans doute Romain Gasmi, un des rares joueurs à avoir surnagé à Amiens, associé soit à Yacine Abdesadki, dont on attend beaucoup plus, soit à Nicolas De Gea. En tout cas, pour les titulaires il faudra alimenter en bons ballons le duo Tum-Rangelov, afin qu'enfin, ceux-ci ouvrent un compteur que l'on espère prolifique tout au long de la saison.
La position montpellieraine devrait être exactement inverse à celle du Racing. Les Héraultais vont certainement se contenter de gérer les offensives alsaciennes, pour pouvoir profiter des occasions de contre qui finiront par se présenter le match et la fatique avançant.

Tout autre résultat qu'une victoire, aussi étriquée soit-elle, serait mal venue de la part des hommes de Jean-Pierre Papin. D'une part, elle enfoncerait l'équipe au classement et dans ses doutes, et d'autres part elle entamerait le capital sympathie dont jouit l'ancien attaquant olympien. Mais faisons confiance au technicien pour motiver ses joueurs et leur faire comprendre l'importance d'une rencontre déjà capitale...