Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

2013/2014 : une saison à oublier ?

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© denisub90

Alors que le Racing Club de Strasbourg est proche d'un repêchage en National, faisons un retour synthétique sur cette saison de "transition", qui a été loin d'être un long fleuve tranquille.

A la ramasse pendant toute la saison, le Racing Club de Strasbourg a déçu non seulement les observateurs mais aussi et surtout les supporters, qui n'ont pas eu de mots assez forts pour qualifier la prestation globale de l'équipe tout au long de cette saison. Pourquoi l'équipe s'est-elle retrouvée 16ème sur 18 en fin de saison ? Différents phénomènes se sont exprimés tout au long de la saison.

Un élan brisé ?

L'élan de la montée en National acquise lors de la finale spinalienne a été vite calmé dès les matchs amicaux, organisés contre des adversaires relativement faibles, sans affiches pour tester son réel niveau. La défaite contre Sarre-Union à Reipertswiller (0-2) marque un contre-coup dans la préparation au contraire de la saison passée où les Strasbourgeois s'étaient largement imposés (3-1). Si Liénard et dans une moindre mesure Hassidou se sont montrés dès les amicaux, d'autres joueurs sur lesquels le club comptait n'ont pas eu de chance, comme Benedick, blessé contre Kassel et Perrin qui s'est cassé le poignet.
Au contraire de supporters optimistes qui envisageaient déjà une nouvelle montée, les dirigeants n'ont cessé d'annoncer une saison de transition marquée par un "apprentissage" du National. Une saison considérée sans ambition, notamment à travers le recrutement limité à des joueurs de portée régionale.

Un recrutement forcément limité ?

L'été a permis de recruter des joueurs prometteurs de la région. Le premier, Abdelhak Belahmeur, n'a connu que le CFA2 avec Schiltigheim. Il faisait (et fait toujours) figure de recrutement d'avenir car le Racing lui donne les moyens de se développer tant physiquement que tactiquement. Si la formation semble très bonne à Schiltigheim, le contexte du Racing, un club professionnel dans ses structures mais pas dans son statut, n'est pas évident à gérer pour un jeune qui n'a pas fait de centre de formation. Les événements l'ont mis rapidement titulaire au milieu du terrain, peut-être trop rapidement.

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L'autre recrutement prometteur était celui de Dimitri Liénard, récupéré dès la saison terminée auprès du FC Mulhouse. Plus âgé que Belahmeur, Liénard était tout autant inexpérimenté à ce niveau et dans ce contexte. Si le Racing représente une chance inespérée à saisir pour Dimitri Liénard, et si sportivement il s'est montré très rapidement tranchant lors des amicaux, il a eu du mal à s'acclimater à l'effectif du Racing, fait de quelques pros qui ont tout vu, tant son parcours est différent.

Enfin, le recrutement de Jérémy Grimm était autant justifié par l'apport d'expérience du niveau National que par la promotion régionale du joueur, revenant au Racing en provenance de Colmar. De portée locale, ce recrutement était également un moyen de combler des failles dans l'effectif à moindre coût en prenant des espoirs ou des joueurs qui souhaitaient (re)venir au Racing.

Le reste du recrutement a malheureusement été une suite de paris sur le retour en forme de joueurs éclopés. On citera par exemple la venue de Stanislas Oliveira - théoriquement un joueur de niveau L2 - à peine remis d'une rupture des ligaments croisés. Plus tard dans la saison, lors d'un recrutement hivernal qui a servi de rattrapage, le club fait signer Mamadou Bah et Sébastian Ribas, soit deux joueurs qui ont à peine joué ces deux voire trois dernières saisons. Le pari portait également sur le moyen terme, c'est-à-dire le retour à leur meilleure forme après quelques mois.

Malgré les recrutements porteurs d'un certain avenir, l'équipe s'est très vite retrouvée limitée pour le National par la faillite de ses cadres.

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Des cadres en voie de disparition ?

Après deux montées successives, il est délicat de parler d'erreurs de casting dans l'effectif du Racing. Les résultats parlent pour les joueurs venus au courant de l'année de CFA2 ou au début de saison de CFA. Comme David Ledy, certains joueurs ont pris le risque de suivre le club en CFA2, peut-être par défaut d'offres intéressantes ailleurs. Ils ont apporté à certains moments mais quand le club est retourné en National, leur niveau n'a pas suivi.

Sportivement, on ne peut que constater les limites atteintes par David Ledy ou Ludovic Golliard, pour ne pas parler de Francisco Donzelot, devenu au fur et à mesure des saisons sa propre ombre. Le point commun entre ces cadres et la saison qui vient de s'écouler est la longue liste de blessures qui ont émaillé la saison. Des blessures souvent imprévisibles et traumatiques mais qui ont plombé le déroulement sportif. David Ledy a eu son épaule traumatisée par Orléans, Donzelot a perdu sa saison (et son tendon d'Achille) en vacances en jouant au Badminton en famille, Golliard se blesse à la cuisse contre Vannes et perd plusieurs mois de présence dans l'effectif... Restent les cas épineux de Sikimic et Noro dont l'apport sportif était de plus en plus limité pendant que leurs genoux rendaient de plus en plus souvent l'âme. Milovan Sikimic est revenu au Racing pendant la saison de CFA2 en signant un contrat longue durée dont les deux premières saisons étaient devenues accessibles par le complément de salaire apporté par Sébastien Graeff, éphémère repreneur du Racing, suite à une promesse personnelle qui date d'avant la liquidation judiciaire en 2011. Si le défenseur serbe était facile en CFA2, il sort d'une saison déjà limite en CFA. Cadre de la défense, il a souffert physiquement pour finir la saison mais ses capacités mentales et sportives ont été prédominantes dans l'issue heureuse de la montée en National. Mais le National n'étant pas le CFA, il a très vite été un poids mort dans la défense du Racing cette saison. Dépassé un bon nombre de fois (au Paris FC ou encore à domicile contre Luzenac) et atteint par des problèmes personnels, Milovan Sikimic prend du recul en novembre pour se faire soigner un genou qui lui faisait souffrir depuis la première journée. Il reviendra plus tard et après quelques péripéties, retrouve une place dans la charnière centrale avec Jérémy Grimm pour finir tant bien que mal la saison. Pour l'avenir se posent les questions de son physique déclinant et de son salaire qui grèvera la masse salariale pour les deux saisons restantes, sachant que l'aide de Graeff n'existe plus depuis une saison et qu'il avait accepté de repousser quelques émoluments à la saison prochaine.

La situation de Stéphane Noro est moins complexe mais plus triste que celle de Milovan Sikimic. L'ancien joueur de Sedan a vu son genou se détériorer toujours plus depuis son retour à Strasbourg, l'obligeant même à abandonner ses coéquipiers dans la dernière ligne droite de la saison de CFA pour repasser sur le billard. Quasiment perdu pour le foot, Noro voit son contrat automatiquement prolongé par la montée en National et se retrouve ainsi - obligatoirement - dans l'effectif de François Keller. Celui-ci, peu convaincu par son apport sportif, n'a pu que le mettre au placard, dont il est ressorti de temps en temps en équipe réserve ou en équipe Une au gré des événements et de son comportement toujours professionnels aux entraînements. En fin de contrat, le grand ami de Milovan Sikimic quitte logiquement le Racing sans que personne n'ait envie de le retenir.

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La fin de cycle de l'entraîneur ?

Ces cadres ne semblent pas seulement avoir failli personnellement, ils ont également été témoins (voire acteurs) de la fracture qui s'est développée entre eux et l'encadrement sportif.

De par la poursuite de sa (lourde) formation du DEPF, François Keller n'était plus sur le terrain de l'équipe Une 7 jours sur 7, de manière encore plus conséquente que la saison passée. Son adjoint Sébastien Roi dirigeait les séances quand il était en formation. Généralement à partir du mercredi François Keller était de retour, constatant de visu l'état de ses joueurs deux jours avant le match mais en omettant peut-être la gestion psychologique et de la motivation nécessaire face à l'élévation du niveau sportif.

La présence continuelle de Christophe Rempp au bord du terrain, dans une position d'observateur sans rôle défini mais cependant proche de Marc et François Keller, a peut-être également fait perdre de l'importance à l'entraîneur ou comme cela a été dit dans l'Alsace, favorisé une perte d'autorité. Si les nouvelles recrues n'ont pas eu de soucis avec F. Keller, il n'en est pas de même avec les "anciens". On a en mémoire l'épisode Milovan Sikimic qui avertit après coup son entraîneur de son week-end en Serbie, montrant une légèreté que l'on ne connaissait pas de lui (épisode relaté dans l'Alsace) et montrant que lui et son entraîneur n'étaient plus sur la même longueur d'onde. Longueur d'onde différente également avec des joueurs comme Perrin (qui bougonnait une grande partie de la saison, pour ne pas dire plus) ou Sichi, parti dès que possible vers d'autres aventures.

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Si François Keller a su tenir ses joueurs en CFA, c'est qu'il avait deux leviers importants : d'une part l'objectif sportif essentiel de la remontée, qui a disparu dans une saison de National sans enjeu ; et d'autre part l'argent, car bon nombre de joueurs se sont vus revaloriser et prolonger grâce à la montée de CFA en National. La prime de montée finale - la seule qui existait en CFA, d'après la presse - a également disparu en National. Quant aux prolongations de contrat, tous les joueurs qui disposaient d'une clause savaient très bien que le club ne pourrait pas monter encore une fois et que leur contrat s'arrêterait en fin de saison. Quand bien même le club était maintenu, le message du non renouvellement de leur contrat était déjà passé, comme avec Gauthier Pinaud dont on a su assez tôt qu'il ne serait pas prolongé.

Au-delà des cadres absents, sur blessures ou par mésentente, il faut également dire que le jeu proposé ne laissait pas de marge en National alors qu'il y avait toujours un (tout) petit peu de marge en CFA, lié à des talents individuels ou à un effectif tellement conséquent que l'on trouverait toujours des remplaçants à chaque poste, ce qui n'est pas le cas de toutes les équipes adverses.

La tactique, la mise en place de l'équipe ou son animation ont changé de matchs en matchs au gré des blessures, des absences et des méformes. On aura même vu un 3-5-2 bafouillé lors de certaines rencontres. Ceci dit, Jacky Duguépéroux a eu les mêmes difficultés pour établir la liste des présents à chaque rencontre, mais a directement choisi de garder la même disposition tactique pour faciliter le travail dans la dernière ligne droite du championnat.

Enfin, parlons de la responsabilité de l'entraîneur et de la direction. Il faut noter l'absence de joueurs rapides notamment en attaque et surtout ce buteur qui manquait déjà en CFA. L'arrivée d'Alexandre Mendy a permis de combler cette faille mais bien trop tard dans la saison. Ce numéro 9 costaud et rapide existe dans de nombreuses équipes de National qui ont fait mal au Racing cette saison, il suffit de voir les buteurs de Luzenac, Paris FC, Carquefou... Le recrutement de l'été dernier avait oublié ce profil rapide, rôle qu'aurait dû remplir - dans un monde idéal - Yann Bénédick. Cette saison, le premier joueur a été recruté est Frédéric Marquès, un attaquant vif pouvant percer les défenses ou les contourner.

Les résultats sportifs sont la vitrine du club et ont tranché avec une saison où l'affluence à domicile était en progression avec plus de 10 000 spectateurs par match. Le retour d'une boutique les soirs de match a également permis d'écouler un grand nombre de maillots - certes décriés - au point de voir une rupture de stock. Le sponsoring et les prestations VIP semblent avoir été à des niveaux rarement vus même dans les temps de professionnalisme, en n'oubliant pas qu'il ne s'agit que de National...

L'apprentissage du National a donc été extrêmement délicat. Tout le monde espère que les leçons de cette saison ratée en termes sportifs seront tirées pour une nouvelle (?) saison en National.

mediasoc

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