Colmar - RCS, côté tribunes

Derby or not Derby.

Au-delà des querelles de clochers sur l’organisation du match, un débat beaucoup plus important agitait le landernau alsacien avant cette rencontre au sommet de la troisième division française. Quel qualificatif donner à ce match entre le club phare du foot alsacien à savoir le Fussball Club Neudorf et le club voisin qui affiche une insolente santé sportive. Si sur le terrain il s’agit un match pour prendre la tête du championnat, dans les tribunes cela ressemble plus à David invitant Goliath à boire un picon.

D’une indifférence amicale, les récentes confrontations ont quelques peu pimenté ce duel Bas Rhin – Haut Rhin. Les 2 victoires colmariennes de la saison dernière ont boosté le capital confiance des supporteurs verts et de leur fantasque président. Ces derniers se sont même laissé aller à quelques débordements avant de rentrer rapidement dans le rang devant la force tranquille strasbourgeoise.

Pas encore un derby encore donc, mais une grande une fête du football alsacien dont chaque partie fantasment plus ou moins secrètement de la voir tourner à son avantage. Du côté des forces de l’ordre le match est clairement classé à risques et le nouveau préfet n’a rien laissé au hasard. Le dispositif est conséquent, on est jamais trop prudent.

Le foot le samedi.

C’est dans ces conditions que les premiers supporteurs bleus et verts affluent dès le début d’après-midi vers le stadium. Certains organisent un pique-nique près du stade, d’autres préfèreront une visite de la petite Venise. Les voitures 67 & 68 convergent vers la capitale des vins d’Alsace et sont accueillis par des manifestants pour le Tibet libre qui font la révolution de la statue de la Liberté. Bartho doit se retourner dans sa tombe. Beaucoup de bleus donc, qu’ils soient aux couleurs du Racing ou de la maréchaussée. Néanmoins l’ambiance est festive aux abords du stadium et l’on croise même des fans sans billets venus humer l’ambiance quitte à écouter le match depuis leur autoradio !

Pour ne rien gâcher il fait beau, il fait chaud et les UB90 proposent pour l’occasion un bob RCS 1906 des plus seyants et protégeant efficacement du soleil haut-rhinois. C’est donc une marée de bob qui arrivent en tribune Est au fur & à mesure que les 7 bus affrétés par les associations se garent : UB90, KCB, Fédé, CCS & les petits nouveaux les dragons bleus.

Foire aux émotions.

Le match commence réellement avec la composition des équipes où les joueurs du Racing sont chaleureusement ovationnés et ceux du SRC quelque peu chahutés. Ils peuvent ensuite pénétrer sur la pelouse alors que les 2 kops respectifs se parent de leurs tifos. Coté local il s’agit d’un union jack revisité avec des couleurs fantaisistes au dessus des Green Boys, dans la tribune présidentielle feuilles vertes accompagnant une banderole Sports Réunis Colmar.

Pour les Strasbourgeois ce sont des bandes bleues & blanches qui se déroulent tout le long de la tribune. La banderole sous titrant la chorégraphie est quant à elle restée en dehors du stade, jugée provocatrice par les forces de l’ordre, quelque peu timorées sur le coup. Le match s’emballe rapidement sur le terrain et en tribune, la fougue strasbourgeoise a d’ailleurs raison d’une section du grillage qui devait encore se souvenir du match de la saison dernière.

Pour le reste la première mi-temps se déroule dans une ambiance festive sans les traditionnelles chambrages qui peuvent agrémenter ce genre de match. Néanmoins l’expulsion plus que contestable de Sabo à la demi-heure de jeu met quelque peu le feu aux poudres. Les locaux exultent, les visiteurs enragent. Sur le terrain titulaires, remplaçants & staff sont à deux doigts d’en venir aux mains ce qui rend l’ambiance encore plus électrique. La mi-temps arrive et le score est toujours et encore vierge. Il est temps de se restaurer, ou plutôt de ne pas se restaurer puisque cette saison rien ou presque n’a été prévu pour les strasbourgeois. Mesures de rétorsion de la part du club ou consignes de sécurité ? Toujours est-il que c’est aux toilettes que l’on a le plus de chance de se rafraichir et pour ce qui est de se restaurer et bien tant pis.

Up & Down.

La seconde période va faire passer les fans du RCS par tous les états possibles et inimaginables. De l’ouverture du score de Marques à l’égalisation de N'Diaye, une palette d’émotion allant de la rage au nirvana béat va envahir le supporteur. En passant évidement par des phases d’espoir et de désespoir. Le niveau sonore du kop visiteur sera donc modulé en fonction des faits de jeu et les grillages auront à subir encore et encore les assauts, tantôt victorieux tantôt contestataires des bas-rhinois.

C’est avec le point du match nul mais la satisfaction du vainqueur que les joueurs du Racing et leurs supporteurs communient à la fin du match. L’équipe viendra saluer & taper dans les centaines de mains qui dépassent du grillage, partageant la même fierté de n’avoir jamais abandonné et d’être finalement récompensés. Marques le néo-Strasbourgeois s’empare du mégaphone d’un des capos pour lancer un « Stras – Bourg – Geois » repris par toute la tribune. Une vision quelque peu habituelle qui a un léger goût de Bundesliga ou les joueurs n’hésitent pas à venir jouer du porte-voix en fin de rencontre. C’est d’ailleurs l’occasion de rappeler la présence des Karlsruhe Supporters au coté du Kop Ciel et blanc.

Le match est déjà terminé mais les Strasbourgeois profitent encore de la douceur du début de soirée colmarien. La tribune veut encore chanter et quoi de mieux dans ce cas là qu’un Humba. Le capo des UB90, son short marqué par les grilles, lance donc ce dernier chant qui résonnera toute la nuit dans les oreilles des participants de ce qui fut un beau match du football comme on l’espère toujours en allant voir jouer le Racing.