Colmar - RCS, côté tribunes

Gare aux gorilles

1300 spectateurs visiteurs officiellement dans la tribune visiteurs. Encore beaucoup d’autres plus ou moins camouflés dans le reste du Stadium. Comme à son habitude, le Racing a drainé moult suiveurs dans son sillage. Ralliés au panache bleu et blanc.

Et bien en 2016, c’est une anomalie de plus à mettre à l’actif du RCS que de pouvoir bénéficier du soutien actif et officiel de ses suiveurs en déplacement. Dans un pays qui interdit aux supporteurs orléanais de se rendre à Amiens, ou qui privent les fans bâlois d’un 16ème de finale de coupe d’Europe à Geoffroy Guichard, il est rafraichissant de voir que l’Alsace et sa préfecture sont encore capables de gérer une rencontre de troisième division entre les deux champions locaux.

On ne reviendra pas sur le prix honteux de 18 euros demandés aux Strasbourgeois pour prendre place dans une tribune à la visibilité douteuse. Considérons cela comme l’aumône du phare du grand est pour sa petite sœur avinée. Elle qui, un temps, s’était pris à rêver de la capitale d’une région unifiée avant de se retrouver relégué comme simple arrêt sur une ligne de tram grande vitesse globalisé.

Les Trompettes de la renommée

Vendredi soir, 20h30 pour cause de Ray Do aux commentaires sur la petite chaine qui pique les droits TV à Canal, les abords du Stadium sont pacifiés, la maréchaussée est présente en nombre mais pas trop. Après l’embouteillage et la cohue bon enfant à l’arrivée des bus, les retardataires pénètrent dans le stade sans encombre ni attente. Il y a quand même ce chien policier qui aboie au passage des Strasbourgeois et qui, dans le contre-jour des projecteurs, a quelque chose de kafkaïen.

La fouille est à ce moment rapide, au contraire des premiers arrivés et mal servis. Pour accélérer la cadence, les hommes sont fouillés par des femmes. Une première mais c’est aussi ça l’égalité des sexes. Dans la tribune visiteurs, le tifo se met en place. Aux grillages une énorme banderole « Racing Club Strasbourg 1906 » rappelle que les Bas-Rhinois jouent un peu à domicile ici. En tribune, plusieurs centaines de cartons, de forme ronde, siglés RCS sont distribués. Pour rappeler qu’il n y a pas besoin d’une odieuse particule au club alsacien pour régner sur sa région. Horizon régional qu’un état jacobin vient juste de lui agrandir jusqu’aux confins de la capitale.

Racing Club Austrasie ? Infamie !

Coté Colmar, c’est un peu le néant. Pour reprendre ce supporter vert interrogé sur France 3 Alsace « on n’a pas de drapeau, pas de tambours, rien » Plus de président, plus d’équipe serait-on tenté d’ajouter. Sur le terrain comme dans les gradins le choc sera déséquilibré, le classement respecté. L’ouverture rapide du score donne du tonus à la tribune strasbourgeoise qui peut dérouler une prestation correcte mais sans réelle folie, à l’image de ce pseudo derby, qui reste une autre anomalie, ici à corriger au plus vite.

Les Copains d'abord

A la mi-temps les sandwichs et les bières sont boudés. A 18€, ils auraient pu être inclus dans le prix du billet. Le match reprend et le Racing domine sans conforter son avance. Les plus pessimistes redoutent un miracle colmarien mais une fois n’est pas coutume les Bleus ont la bonne idée de doubler puis tripler la mise. Mis à part les sempiternels « on est chez nous » (on le chantera aussi au stade de l’Aube ?) et le Thierryrolandesque « et 1 et 2 et 3, zéro » (on le chantera aussi au stade l’Aube ?), la tribune peut se lâcher après avoir pris d’assaut les grilles, renforcées depuis notre dernière venue.

Sur un air d’Azenavour résonnera l’un des plus beaux chants du répertoire strasbourgeois qui commence par « entendez vous le chœur des fidèles, entendez vous cette ferveur éternelle ». Les écharpes sont tendues dans le ciel colmarien et la cigogne s’envole dans les étoiles. Ce sera le seul regret de la soirée, ce quatrième but manquant au fond des caisses.

Cette soirée se termine donc sur la traditionnelle danse des joueurs face à la tribune. Petite innovation les joueurs arrivent en tapant dans les mains, un peu à la manière du clapping repris par tout le stade et que les Niçois et Lensois ont introduit dans l’hexagone. Blayac agite le drapeau de la Vieille Garde, la section regroupant le troisième âge des UB90. Pour la danse, N’Doye mène le bal de ce qui commence à devenir un classique après une victoire du RCS. Les joueurs la savourent pleinement et quittent le terrain en tapant des mains le long du grillage.

Il y a aura ensuite une légère attente pour l’ouverture des grilles et lâcher les vainqueurs dans les rues colmariennes. La soirée pour certains, ne fait que commencer.