Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Dans le rétro : mars 1986

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Souvenir/anecdote
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Par kitl
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André Bord cherche un job

La France change de gouvernement, André Bord échoue à reconquérir son siège et le RCS poursuit son chemin de croix. La relégation est proche...

Résumé de l'épisode précédent : Le Racing vit une saison 1985-86 parmi les plus tumultueuses de son histoire. Irrémédiablement décramponné au classement, il entame l’année 1986 avec un nouveau président, Jean Willaume, et un nouvel entraîneur, Francis Piasecki. La neige empêche le RCS d’enchaîner après une belle victoire à Marseille, tandis que la Coupe de France fait figure d’objectif de substitution.

Comme attendu, l’épaisse couche de neige garnissant les pelouses de la rue de l’Extenwoerth occasionne le report du match aller du huitièmes de finale de Coupe de France entre Strasbourg et Tours. Pour tuer le temps, le Racing tente de s’entraîner en salle ou sous les tribunes de la Meinau mais s’astreint surtout à du travail physique. Les joueurs touchent peu le ballon durant ces deux semaines de chômage technique, Francis Piasecki n’hésitant pas à organiser des séances de gainage sur les gradins.

Mars s’ouvre sur le choc de l’assassinat du Premier ministre suédois Olof Palme, en pleine rue à Stockholm. En France, la campagne électorale législative et régionale bat son plein : après Jacques Chirac en février, l’Alsace accueille son successeur d'alors à Matignon Raymond Barre, venu soutenir les candidats UDF et plus particulièrement CDS (Centre des Démocrates Sociaux, démocrates-chrétiens). En ces temps de centrisme alsacien triomphant, il rend visite à André Traband à Haguenau puis Marcel Rudloff à Strasbourg et termine son voyage par un meeting au Rhenus. Barre succède au micro à la « nouvelle étoile française », Jean-Jacques Goldman, qui tenait un concert dans la même salle quelques jours auparavant.

Le Racing se rend le 7 mars à Brest, pour un « match à quatre points », les Bretons ne croisant qu’à la seizième place. Patrick Cubaynes, manifestement en position de hors-jeu, ouvre le score d’une superbe reprise de volée. Mais Gérard Buscher égalise dans la foulée, avant que Philippe Schuth, sur une bourde monumentale, n’offre le but du 2-1 à Pascal Mariini et la victoire au Brest Armorique. Le Racing vient de laisser ses « derniers espoirs en rade » selon les DNA…

Malgré tout, le Racing n’est qu’à quatre points des barrages, le Stade Rennais s’étant dans le même temps incliné au Parc des Princes. Le FC Tours se présente dès le mardi 11, la neige ayant enfin fondu. Relégué à l’été 1985, loin du compte en D2, l’adversaire semble guère menaçant. Hélas, Strasbourg touche le fond en concédant le 0-0 devant à peine 2000 personnes. Francis Piasecki plaide coupable, ses séances de travail physique ayant de son propre aveu coupé les jambes de son équipe. « Cuits », ses jeunes joueurs seraient également la proie de « vautours », qui leur feraient miroiter un avenir en première division loin de Strasbourg.

Pour sa part, le président Willaume poursuit ses consultations en vue de la saison prochaine. Il a contacté Jacky Novi, lui proposant un costume de directeur sportif que le Gardois a poliment décliné. La presse bruisse dans le même temps des ambitions de Daniel Hechter de reprendre pied dans le milieu du football, dont il fut exclu à la suite de l’affaire de la double billetterie du Parc des Princes. Le couturier vient de rejeter la proposition émanant du Stade lavallois. Il se murmure que Strasbourg serait prêt à l’accueillir, mais Hechter réserve sa préférence au Toulouse FC, club du haut de tableau. Daniel Hechter a d’ailleurs prévu de rencontrer Dominique Baudis, député-maire de Toulouse.

Alors que le gouvernement parvient in extremis à faire adopter son projet de loi sur la flexibilité du temps de travail – recourant à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution –, le jour fatidique approche. Un débat DNA - RNB permet aux candidats de confronter une dernière fois leurs points de vue.
La Meinau est également le théâtre d’une campagne électorale plus informelle. Marcel Rudloff est l’un des 3076 présents pour encourager un Racing agonisant contre Nice. Strasbourg signe un succès de seconde mi-temps (2-0), et au cours de l’après-match le sénateur-maire-président de la CUS-président du Conseil régional et conseiller général n’hésita pas à parler d’un « but de coupe du monde » à propos de la reprise de volée tendue de Georges Van Straelen. Cubaynes avait auparavant ouvert le score, pour son sixième but en six matchs !

Nous arrivons au 16 mars. A l’exception du maire de Kilstett Germain Sprauer, l’ensemble des neuf députés sortants bas-rhinois se représentent. Ils seront tous reconduits, le scrutin à la proportionnelle facilitant l’élection de Catherine Trautmann (PS, première femme députée du Bas-Rhin) et de Robert Spieler (FN). Au total, l’UDF-CDS remporte 4 sièges, le RPR 2, le PS 2 et le FN 1. Repoussé en troisième place de la liste RPR, André Bord fait les frais de cette configuration. La pilule est amère pour l’ancien président du Racing, longtemps incarnation incontestée du gaullisme en Alsace. Bord est la principale victime de la liste dissidente bâtie par d’anciens RPR comme Robert Grossmann ou Jean-Claude Burckel, qu’il avait lui-même exclus du parti chiraquien !
Dans le Haut-Rhin, les résultats sont plus équilibrés : l’UDF, le RPR et le PS obtiennent chacun deux sièges, le Front national en obtient un.

En Alsace, la proportionnelle a donc joué son rôle de stabilisateur pour le parti socialiste, qui n’avait pas obtenu de tels résultats depuis l’immédiat après-guerre. Mais sur le plan national, la défaite est nette. Le PS conserve le groupe parlementaire le plus fourni, mais doit laisser la majorité à l’alliance RPR-UDF. Ironie de l’histoire, le PCF et le FN comptent chacun 35 députés au Palais-Bourbon.

Pour sa part, le Conseil régional d’Alsace, siégeant avenue de la Paix à Strasbourg, est encore plus pluraliste, à défaut d’être féminisé. Seulement 3 femmes intègrent cette assemblée mêlant notables (les parlementaires Marcel Rudloff, Pierre Schielé et Adrien Zeller, l’éternel Germain Muller) et jeunes loups (Gilbert Meyer, Philippe Richert, Armand Jung, Antoine Waechter). Me Rudloff conserve la présidence, à la tête de ce que l’on ne nomme pas encore la « majorité alsacienne ».

Alors que les discussions débutent entre François Mitterrand et Jacques Chirac, le RCS se déplace le 18 mars au stade de la Vallée-du-Cher pour son match retour de Coupe de France. Les Strasbourgeois prennent cette compétition au sérieux, comme en attestent les barbes et moustaches naissantes, reprise d’une tradition nantaise.
Hélas, le FC Tours ne fera qu’une bouchée du Racing (3-0). Cubaynes a eu l’opportunité d’égaliser juste avant la mi-temps sur penalty, mais il échoua devant Desrousseaux. Le parcours en Coupe, qui faisait office de maigre consolation au milieu d’une saison noire, s’achève donc en huitièmes de finale. Ce lourd revers suscita la colère de Francis Piasecki, qui laissera cette fois de côté l’autocritique et la diversion en conférence de presse.

La situation est à présent complètement désespérée, alors qu’un déplacement à Nancy, club du milieu de tableau entraîné par un jeune Alsacien, se profile dès le vendredi 21. Interrogé par les DNA sur la situation de son ancien club, Arsène Wenger admet ne « pas croire aux miracles »…
Le jeudi, un attentat frappe les Champs-Elysées (à la galerie Point-Show) au moment même où Jacques Chirac engage la France dans une cohabitation inédite. La composition du nouveau gouvernement est suivie de près dans la région : le service politique des Dernières Nouvelles d’Alsace avait cru voir en François Grussenmeyer le nouveau titulaire du très convoité poste de ministre alsacien. Sollicité pour prendre en charge les Anciens combattants, le maire de Reichshoffen a préféré décliner et conserver son siège de député. On peut aisément imaginer qu’André Bord a peu goûté à ce renoncement, lui qui suivait Grussenmeyer sur la liste RPR et aurait ainsi retrouvé l’Assemblée nationale !
C’est finalement à l’insatiable Adrien Zeller qu’échoit un secrétariat d’Etat à la Sécurité sociale. Le député-maire de Saverne s’était pourtant désigné « capitaine de l’équipe d’Alsace parlementaire » durant la campagne. Heur et malheur des « ministres alsaciens »…

A Nancy, le RCS laisse à nouveau filer un avantage au score et ne prend qu’un point, Marcialis (75’) ayant répondu à un coup-franc de Brisson (5’). Il poursuit son surplace au classement ; cinq journées restent à disputer au mois d’avril et le retard est de six unités (Rennes compte un match en plus). Trois réceptions sont au programme : le futur champion Paris-SG, Laval pour un match en retard et Sochaux. Le Racing se déplacera à Lens puis Rennes.
Dans l’intervalle, une trêve internationale permet à l’Equipe de France d’affiner sa préparation au Mundial. Les Bleus disposent de l’Argentine d’un Maradona barbu, cela sans Michel Platini. Les jeunes Ferreri et Vercruysse semblent avoir gagné leur place, le public croit aux possibilités françaises de briller au Mexique. Un optimisme partagé par les responsables de la candidature de Paris à l’organisation des Jeux olympiques de 1992, dont les messages promotionnels garnissent à présent le Parc des Princes. Le CIO rendra son verdict au mois d'octobre.

Article réalisé à partir des archives des Dernières Nouvelles d'Alsace, consultables au musée historique de Haguenau.

kitl

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