Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

L’an 5 après J.

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Souvenir/anecdote
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Par rcarlos67
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© denisub90

Pour beaucoup, l’année 0 ou la renaissance du club commence à Forbach, en CFA2. C’est oublier que l’aventure a réellement commencé le 20 mai 2011 à la Meinau, face à l’Aviron Bayonnais.

A mes yeux, il n’y a qu’un seul match qui représente à la fois la tristesse et la joie. Un seul qui représente la délivrance que peut apporter la mort après une longue agonie. Un seul qui représente la mort d’un certain Racing mais certainement pas la mort du Racing car tout le monde le sait, un club ne meurt que lorsqu’il n’a plus de supporters. Cette fameuse phrase, peinte sur un mur du local de la "fédé", est plus que jamais d’actualité aujourd’hui mais elle l’était déjà il y a exactement 5 ans. Je ne vais pas revenir sur les deux saisons qui ont abouti au résultat que tout le monde connaît, je veux juste reparler avec un brin de nostalgie de ce dernier match professionnel du Racing.

Pour remettre les choses dans leur contexte, nous sommes à la 41e journée du championnat, un National dantesque à 21 équipes - 22 si on compte "exempt" - où le club strasbourgeois lutte pour la remontée immédiate après une descente au purgatoire. Le Racing est 3e à la différence de buts particulière mais Guingamp, 4e, a un match de plus à jouer. Oui, les bleus jouent leur dernier match lors de l’avant-dernière journée, quoi de plus logique avec un nombre impair d’équipes. Il faut donc gagner ce match contre Bayonne et espérer une défaite de Guingamp face à Rodez. C’était cousu de fil blanc : les Alsaciens gagnent, les Bretons aussi, fin de l’histoire. Alors oui, l’En Avant a encore un match à jouer à Rouen, un match qu’ils peuvent perdre mais à ce moment-là je n’y crois plus. Une fois le coup de sifflet final entendu, je sais déjà qu’on recommencera en CFA2, à la place de la réserve. Le match ? Je m’en souviens autant maintenant que de l’expulsion de Donzelot le lendemain de la rencontre. A vrai dire je n’étais pas venu pour le match, j’étais venu à la fois par amour et par défiance.

Un petit tour sur les articles de l’époque me permet de me rappeler la situation : hélicoptère, huis-clos, vente des billets le matin même. Je fais partie de ces 9500 personnes présentes pour voir notre Racing une dernière fois, en quelque sorte, mais aussi pour m’époumoner avec le kop pour les joueurs, contre le président. Des joueurs qui ont incarné nos valeurs durant une saison longue et éprouvante. Je crois que je n'ai jamais autant aimé une équipe que celle-ci. Des joueurs qui se sont donnés corps et âme pour défendre leur coach sur le terrain, quand nous étions omniprésents hors du terrain face à un certain "monsieur Jafar". Dire que les joueurs, le staff et les supporters étaient unis contre un seul homme reviendrait à valider l’efficacité de la fameuse et fumeuse théorie du chaos. Cet imposteur peut s’attribuer tout les mérites qu’il veut mais il n’a eu aucune incidence sur notre passion, notre dévouement et notre ferveur.

Comment décrire ce qu’il s’est passé après le match ? Difficile à dire, encore aujourd’hui je ne trouve pas les mots. Tout d’abord, il y a ce sentiment de soulagement qu’on éprouve après une épreuve. Jusqu’au match j’étais tiraillé entre l’envie de repartir en L2 avec la gangrène ou de recommencer sainement en CFA2. Se dire qu’on va voir des matches de cinquième division est un crève-cœur mais je n’aurais pas supporté une saison de plus dans un tel climat. Vient ensuite la joie, la fierté. C’est quelque chose qu’on ressent sur le moment, dans l’euphorie. On sait que tout se termine mais on s’en fout car les joueurs et leur entraîneur viennent communier avec nous en tribune, on a envie de se rappeler de cette dernière étape dans le monde pro. Alors on profite, on chante une dernière fois, on remercie l’équipe de nous avoir fait vivre un si beau moment dans la pire période de l’histoire centenaire du club. Le tout avec les joueurs qui prennent la peine d’emprunter le micro des capos pour lancer des chants qu’eux aussi connaissent. La scène semble surréaliste : l’équipe au complet est dans le quart de virage, entourés de leurs supporters les plus bruyants. Comment ne pas vouloir profiter d’un instant pareil, de quelque chose d’unique ?



Pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’être à ce match, je ne peux que vous conseiller de faire un tour sur le sujet d’après-match ou de lire les articles liés à la rencontre pour vous faire une idée de ce qu’ont pu ressentir les présents. J’ai quitté le stade les larmes aux yeux et j’en ai encore aujourd’hui quand je repense à ce jour. Quelques semaines plus tard, nous avons encore eu le droit à des bouffonneries mais nous étions déjà fixés sur l’avenir du Racing, il ne manquait plus que la date de sa liquidation judiciaire pour entamer le grand chantier. Celui qui a duré cinq années et qui doit se terminer dans les semaines à venir avec le déplacement à Belfort et la réception de Dunkerque.

Pour finir, j'aimerais profiter de cet anniversaire pour remercier tous les joueurs qui ont fait partie de notre aventure dans le football amateur. Les héros d’un jour devenus indésirables, les besogneux, parfois limités et décriés qu’on a aimés, les joueurs de complément qui n’ont jamais fait de vagues, les bons soldats virés comme des malpropres et même ceux qui nous ont fait descendre sportivement en CFA. Il reste malgré tout un groupe à remercier en priorité, un groupe sans lequel tout ceci n’aurait probablement pas existé. Oui, car "la bande à Fournier" a alimenté notre flamme lorsqu’elle était proche de s’éteindre. Une flamme qui n’a cessé de grandir semaine après semaine, mois après mois, année après année. Vous pensiez que le Racing était mort ? Détrompez-vous, il revient plus fort que jamais.

N.B. : cet article a été écrit en prévision de la montée alors messieurs les joueurs, s’il vous plaît, ne me faites pas regretter ce texte.

rcarlos67

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