Baptiste Guillaume à la relance

Ce fut le mini-feuilleton de ce début de mercato estival, la piste menant à l’attaquant lillois fût assez sinueuse, les négociations butant un moment sur la prise en charge du salaire dans le cadre du prêt. Finalement, le Racing a pu obtenir le renfort du jeune Belge, peu en réussite la saison dernière dans le Nord, mais dont les débuts à Lens furent assez remarquées.

Originaire de Mons en Belgique, il débute dans le club local, où évolue son père, footballeur professionnel ayant évolué en D1 et D2 belge. A 14 ans, déjà suivi par plusieurs recruteurs depuis plusieurs mois, il dispute un match contre Anderlecht. En dedans selon ses dires et sorti blessé à la mi-temps, il est tout de même remarqué par un émissaire de Lens, qui lui offre un essai. A peine trois mois plus tard, il intègre le centre de formation des Sangs et Or, et malgré l’éloignement de sa famille, notamment sa sœur jumelle, parvient à s’imposer dans les différentes équipes de jeunes, au point de remporter le titre de Gaillette d’Or en 2013, une récompense distinguant le meilleur joueur du centre de formation. Il faut dire que l’attaquant à commencer à pointer son nez dans le groupe de CFA dès l’été 2012, sous les ordres de la légende Eric Sikora. Un coach qui le prend rapidement sous son aile, en lui prodiguant des conseils précieux, dont le joueur se souvient encore « Tu es vite arrivé mais ce n’est que le début. On peut très vite être en haut mais redescendre vite aussi. » Au mois de septembre, Sikora reprend les rênes de l’équipe première et fini par appeler Guillaume au mois de mars, à l’occasion d’un déplacement à Clermont. Celui qui n’a alors qu’une demi-douzaine d’apparitions en CFA entre en jeu en fin de match, le temps de récolter un carton jaune. S’en suivent 6 autres entrées en jeu, dont une en coupe de France, et un but contre Nîmes, sur une passe décisive d’Alexandre Coeff.

La saison suivante est moins aboutie, le RC Lens entrant dans un cycle ambitieux avec les rêves de grandeurs d’Hafiz Mammadov et de Gervais Martel. L’accès à l’équipe première est relativement bouché par les recrues offensives, d’autant que Baptiste Guillaume connait quelques pépins physiques, et ne dispute que 13 matchs avec l’équipe réserve. Mais après la montée de Lens en L1, le contexte change radicalement. En grande difficultés financière, en raison d’un IBAN mal retranscrit, puis d’un jour férié en Azerbaïdjan et enfin, d’un actionnaire majoritaire perdu de vue, le club doit se débrouiller avec un effectif réduit, composé essentiellement de joueurs du centre de formation, le tout en jouant à l’extérieur durant tout le championnat. Des conditions loin d’être idéales, qui conduisent les Lensois à une relégation logique. Dans ce marasme, Guillaume parvient à tirer son épingle du jeu. D’abord confiné sur le banc, il gagne progressivement du temps de jeu au début de l’automne, et se montre à son avantage. Titularisé pour la première fois de sa carrière à Toulouse le 24 octobre 2014, il récolte les éloges de la presse locale et surtout de son entraîneur Antoine Kombouaré. Ce dernier n’hésite d’ailleurs pas à le reconduire dans le onze de départ une semaine plus tard, au stade Vélodrome contre Marseille, alors leader de L1. Devant les caméras de Canal+, le Belge étonne par sa vivacité et son activité, et se voit récompensé par le but de l’égalisation.

Malgré un total de buts très modeste (2 buts), la saison 2014/2015 de Baptiste Guillaume est la plus aboutie en termes de temps de jeu. Son potentiel attire des clubs plus huppés, notamment outre-Quiévrain, d’autant que Lens est ouvert à toute proposition chiffrée. C’est finalement un autre Belge qui va déclencher le transfert : actionnaire minoritaire du LOSC, et pressentie pour prendre la succession de Michel Seydoux, Marc Couke souhaite recruter un compatriote dans son club, et décide de financier lui-même les quatre millions d’euros (bonus compris). Un transfert conséquent pour un jeune joueur, finalement sans grandes références, y compris en sélection de jeunes. Le départ provoque également la colère de certains supporters lensois, qui le prennent à partie lors qu’il marche dans la rue avec son coéquipier Benjamin Bourigeaud, ce dernier se faisant fracturer la main dans l’altercation.

A Lille, malgré la somme investie, Hervé Renard, son nouvel entraîneur, se montre patient « contre l'OM, il m'avait impressionné au Stade Vélodrome par sa capacité à aller dans les espaces et à garder les ballons. Il a beaucoup pesé. C'est ce qu'on recherchait comme profil. Il lui reste à travailler pour progresser. » Malgré cela, les premières apparitions de Guillaume déçoivent et le jeune Belge perd rapidement sa place, tout comme Hervé Renard d’ailleurs. Son successeur, Frédéric Antonetti estime que la recrue doit prendre son temps et doit encore progresser : « Baptiste Guillaume est un jeune joueur, il faut le laisser grandir. Il arrivera au très haut niveau. Il est encore en post-formation. » De son côté, Guillaume fait son mea culpa : « On m’a souvent reproché mon attitude et mon manque d’agressivité. Alors, j’ai travaillé là-dessus. Mes proches m’ont bougé, j’ai eu une discussion avec mon entourage et tout le monde avait le même discours. Donc, j’ai compris que le fautif, c’était moi. Et si je voulais continuer à jouer au foot, il fallait que je travaille sur moi-même. » Sa saison s’achève avec l’équipe réserve, avec qui il parvient à inscrire 10 buts en 13 rencontres de CFA2.

Après cet exercice plus qu’en demi-teinte, celui qui se décrit comme un attaquant jouant en remise veut profiter de son prêt en L2 pour reprendre confiance et retrouver la sélection espoir belge. Pour cela, il devra suivre les traces du dernier attaquant du Racing prêté par le LOSC…

Citations extraites du site officiel RC Lens, Sharkfoot, l’Equipe et la Voix du Nord