Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Dans le rétro : avril 1987

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Souvenir/anecdote
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Par kitl
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Robert Barraja, buteur sur coup-franc face au PSG

Comme espéré, le Racing s'offre une fin de saison palpitante à la faveur de la Coupe de France. Robert Herbin poursuit son travail de promotion de stagiaires prometteurs, tandis qu'à l'autre bout de l'échelle Michel Platini vit sa dernière rencontre avec le maillot bleu frappé du coq.

Rappel de l'épisode précédent : A la suite de ses succès face à Sedan et à Saint-Ouen devant les Martiniquais de Trenelle, Strasbourg s'est qualifié pour les seizièmes de finale de la Coupe de France. A la plus grande joie de Daniel Hechter, qui aura l'opportunité d'assister à un match "à domicile" au Parc des Princes, le Racing défiera un PSG brinquebalant.

Ce mois d'avril débute tambour-battant dans la presse : on apprend la réactivation de l'Association pour le renouveau du Racing, ancien lobby ayant œuvré à l'arrivée d'Hechter, rebaptisée Association pour le retour de Paul Giegel, du nom de son principal animateur disgracié fin février. Inquiète de la mainmise parisienne sur le club, cette structure regrouperait bon nombre d'anciens dirigeants et techniciens, de Léopold à Piasecki en passant par Willaume, décidés à faire pour une fois cause commune.

S'il s'agit bien entendu d'un bobard − 1er avril oblige − le propos n'est pas si innocent que cela, ce RCS à la sauce Hechter rencontrant d'énormes difficultés à reconquérir un public toujours plus sceptique. Cette désaffection guette également le Paris Saint-Germain, champion en titre incapable d'assumer son rang et son recrutement onéreux et peu lisible (Halilhodzic, Bocandé, Daniel Xuereb), que Daniel Hechter ne manque d'ailleurs pas d'égratigner. Dans un Parc aussi désert que la Meinau (5.000 spectateurs), le RCS résiste aux assauts désordonnés de Susic et Xuereb et se laisse le droit d'espérer (0-0).

Strasbourg prépare convenablement le match retour en disposant d'Angers (1-0), sur une tête de Reichert servi par Vincent Cobos. Pour ce rendez-vous de gala, Robert Herbin aligne ses hommes forts, artisans du léger redressement entrevu depuis son arrivée : Flucklinger au but, la charnière Vogel-Simon, Robert Barraja arrière gauche, Gousset se retrouvant côté droit après avoir occupé tous les autres postes de l'arrière-garde. Le milieu de terrain est beaucoup plus jeune, mais les Andrieux, Niesser et Cobos − lancés par Jean-Noël Huck − ont déjà plusieurs dizaines de matchs pro dans les jambes. Pour épauler Reichert, outre le fringant Jean-Jacques Etamé, Laurent Siegmann, un Mosellan de 19 ans est confirmé après une prestation jugée encourageante au Parc des Princes. Devant 20.000 spectateurs, qui seront transformés en 15.400 le lendemain, le RCS finit par trouver la faille : le barbu Barraja surprend Joël Bats d'un magistral coup-franc, 1-0 !

Avril 1987 voit la disparition du truculent "milliardaire rouge" Jean-Baptiste Doumeng, autodidacte occitan, parrain de l'agroalimentaire ayant ses entrées à Moscou, qui fut vingt années auparavant le principal artisan de la fusion entre Toulouse et le Red Star. Victime d'un accident de chasse, Greg LeMond ne passe pas loin de le rejoindre dans l'au-delà et doit évidemment renoncer à défendre son titre en juillet. Des nouvelles plus joyeuses en provenance du Haut-Rhin, qui achève de se mettre à l'heure japonaise avec l'ouverture de l'usine Sony à Bergheim, à proximité du lycée Seijo, en attendant l'arrivée de Ricoh.

A peine remis de ses émotions, le Racing retrouve son pain quotidien et les charmes pittoresques de la deuxième division : faute de pouvoir se disputer au stade Pierre-Brisson, dont la pelouse est en réfection, le match Beauvais-Strasbourg se tient en effet sur le terrain annexe en début d'après-midi ! Comme souvent à l'extérieur, la prestation alsacienne se montre d'une rare indigence et le score de 2-0 venant couronner un récital de Bruno Roux est finalement logique.
Comme de coutume depuis l'arrivée du couturier, les DNA bruissent de pistes de recrues pour l'été. Il est acquis que Patrick Parizon poursuivra l'aventure à Niort en première division, la succession de Robert Herbin demeure donc ouverte. Sur le terrain, les noms de Liégeon, Specht et Umpierrez sont évoqués.

TF1 échoit au groupe Bouygues à la stupéfaction des bookmakers qui plaçaient Hachette favori, mais le gouvernement n'en a pas encore terminé avec la télévision. Suite au choc suscité par un énième accident mortel, Michèle Barzach affiche sa détermination à lutter contre l'alcoolisme au volant. Une interdiction pure et simple de la publicité pour l'alcool sur le petit écran est envisagée.

Trois jours avant le huitième de finale aller contre Toulouse, club émergent porté par Beto Marcico, Yannick Stopyra et Gérald Passi, la réception des modestes Amiénois ne sera qu'une aimable promenade (4-1. Si Gudimard revient provisoirement en grâce, on note surtout la présence remarquée de deux stagiaires, Marc Eschbach et Franck Rolling. Le premier, blond comme les blés, évolue sur le flanc droit, au relais de Pascal Gousset, dont la saison est terminée (publagie) tandis que Rolling, déjà entré en jeu à Beauvais vient relayer Andrieux. Franck Rolling s'illustrera en ouvrant le score, les autres réalisations étant signées Mazerand et Reichert (x2).

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(Le Racing, déjà en pointe sur la com' en 1987 !)

Arrive Toulouse. En dépit des efforts de communication déployés par le club sur les réseaux sociaux, l'assistance demeure faible face au troisième de D1. Les 13.292 présents ne regretteront pas leur soirée : cueilli à froid par Stopyra (9è), le Racing relève la tête jusqu'à obtenir un penalty (42è), malheureusement manqué par Reichert. Philippe Bergeroo sera toutefois impuissant quelques minutes plus tard, battu par l'inattendu Rolling, auteur de son deuxième but en deux apparitions chez les pros ! La Meinau, ressuscitée quinze jours auparavant face au Paris-SG, continue à pousser, allant jusqu'à chavirer sur un nouveau coup-franc du maître artificier Barraja (78è). Ce 2-1 est finalement un bon résultat dans la perspective du retour le 6 mai.

Le lendemain, Dominique Dropsy, Tigana, Touré, Fargeon et les Bordelais échouent aux tirs au but devant le Lok Leipzig d'Uwe Zoetzsche en demi-finale de Coupe des Coupes, devant les caméras de la Cinq, chaîne dont les téléspectateurs alsaciens sont pour le moment toujours privés. Le portier est-allemand capte sans peine la tentative de Zoran Vujovic, sixième tireur girondin, avant de tromper Dropsy. Cela fera bientôt dix ans qu'une équipe française n'a pas franchi les portes d'une finale de Coupe d'Europe...
Les Bleus d'Henri Michel avaient abandonné dans ce même monumental Zentralstadion leurs illusions fin novembre, si bien que la réception de l'Islande n'a guère d'enjeu pour les tenants du trophée Henri-Delaunay, décrochés par l'URSS. L'occasion de lancer Carmelo Micciche, rejeton du bassin houiller d'origine italienne, buteur sur une passe de son célèbre compatriote lorrain, capitaine pour une ultime fois. Platoche, aux chaussettes de plus en plus baissées le match avançant, permet aux Français d'inscrire enfin leur premier but depuis le Mexique mais s'apprête à partir sans tambour ni trompette.

Atmosphère de résignation comparable au stade de l'Ill, où l'amertume mulhousienne de devoir encore une fois passer par les barrages le dispute à l'excitation strasbourgeoise d'en découdre avec Toulouse. Loin d'atteindre les sommets du match aller, ce derby est tout simplement escamoté. Sur corner, le jeune Keller sert César Nativi et c'est à peu près tout. Pour les deux clubs, les échéances de mai seront autrement cruciales.

kitl

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