Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Dans le rétro : février 1988

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Souvenir/anecdote
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Par kitl
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Après une longue trêve hivernale, c’est la reprise pour les leaders de deuxième division. Trois matchs attendent le Racing en février 1988, trois rencontres marquées par l’entrée en scène fugace d’un gardien de 18 ans, Jean-Marie Aubry.

Résumé de l’épisode précédent : Avec cinq points d’avance sur son dauphin Caen et même onze sur le quatrième Nancy, le RC Strasbourg semble bien parti pour retrouver la D1. Le groupe de Kasperczak compte toutefois sur les presque deux mois de trêve pour recharger les batteries et récupérer les blessés.

Jean-Pierre Dogliani était un temps attiré par l’idée d’un séjour argentin, cependant c’est au Maroc que l’on retrouve le Racing en ce début février. Invités à loger chez Abderrahman Mahjoub, illustre élément du RC Paris des années 1950, les Alsaciens pourront travailler à leur aise sous un climat agréable. Quelques matchs amicaux sont au programme contre des formations marocaines. Le dernier sera d’ailleurs fatal à Philippe Flucklinger, victime d’un coup au bas ventre et contraint de se faire opérer dès le retour à Strasbourg. A part ce pépin, l’infirmerie s’est vidée durant le mois de janvier : Reichert (genou), Simon (hernie abdominale), Didaux (début de pubalgie), soit trois éléments déterminants de la première moitié de saison, sont opérationnels.

Un autre élément de valeur, qui n’a pas encore disputé la moindre minute cette saison, effectuera pour sa part son retour à la fin du mois, avec la réserve d’Albert Gemmrich dans un premier temps : il s’agit de Stéphane Plancque.
Kasperczak piochera en outre dans la Deux pour pallier l’indisponibilité de Flucklinger. Son remplaçant naturel a pour nom Jean-Marie Aubry, jeune Mosellan de 18 ans au gabarit léger (1m76 pour 69 kg), arrivé de Merlebach à l’été 1987. A noter que ce club a vu passer les trois derniers gardiens du RCS, trois gardiens extrêmement jeunes.

La première levée de 1988 se dispute en Coupe de France à Bresles, petit bourg des environs de Beauvais. Pour ce qui ressemble à un match amical de reprise, les poteaux du stade municipal ont même été changés pour devenir ronds… Face aux amateurs de première division départementale de l’Oise, Henryk Kasperczak aligne sa meilleure équipe possible : succès aisé 7-0 grâce à Etamé, Lemonnier, Christen et deux doublés signés Reichert et Specht.

L’opposition sera bien plus coriace le samedi suivant pour la reprise du championnat. Le Stade rennais n’est plus dans la course pour les barrages mais vient de constituer un duo mentor-élève devant lui permettre de retrouver l’élite : dans le rôle du sage, on retrouve Jean Prouff, l’artisan des trophées décrochés en 1965 et 1971, technicien reconnu pour avoir contribué à enterrer le vieux WM au mitan des années 1960. Son héritier n’est autre que Raymond Kéruzoré, mythe du football breton à la toison caractéristique, meneur de jeu libertaire qui s’épanouit à Laval après s’être perdu à l’OM et toujours en procès avec le Brest Armorique du non moins volcanique Yvinec.

Rennes est décroché, on l’a vu, et prépare déjà la suite. Dans cette optique, le meneur de jeu algérien Djamel Tlemçani, vieux routier des Division 1 et 2, se voit remplacé au titre de joueur étranger par le buteur batave Erik van den Boogaard. Le second étranger a un pedigree encore plus impressionnant, riche de 82 sélections en équipe de Hongrie. Cet Imre Garaba mettra d’ailleurs au supplice Peter Reichert à la Route-de-Lorient.
Strasbourg encaisse une lourde défaite par 4 buts à 0, un score sans doute trop lourd, qui fut aggravé dans les derniers instants de la partie. Ce match tournera au cauchemar pour Jean-Marie Aubry, sur le gril après une première confortable dans l’Oise. Trop juste dans sa sortie, il voit le centre de Barraud lui filer entre les doigts pour l’ouverture du score rennaise. Il ne peut rien sur la seconde tête victorieuse de van den Boogaard mais se troue sur le dernier but signé Michel Audrain.

En dépit de cette sortie de route strasbourgeoise à Rennes, la mortalité routière continue son orientation à la baisse et passe sous la barre des 10 000 victimes pour la première fois depuis le début de sa comptabilisation. Le gouvernement compte concentrer les efforts sur le port de la ceinture de sécurité. Selon le ministre Méhaignerie, celle-ci est portée par 89% des automobilistes circulant sur autoroute. Le taux baisse à 53% en ville…
Tandis qu’Yves Mourousi est évincé du « 13 heures » de TF1 au profit du discret Jean-Pierre Pernaut le 22 février, les courbes Barre – largement soutenu par les grands élus alsaciens, de Zeller à Hoeffel en passant par Rudloff – et Chirac se croisent au profit du Premier ministre. Pendant ce temps, Michel Rocard trépigne.

Les Jeux olympiques d’hiver de Calgary recèlent quelques curiosités : première participation en bobsleigh d’Albert de Monaco et apparition du curling comme sport de démonstration. Sport toujours, avec ce meeting de Jacques Chirac à Auxerre et cette réponse à la question posée par M. Roux, 49 ans : « Nous aurons la Coupe du monde de football en 1998. Je l’ai déjà négocié avec M. Havelange ». Et le maire de Paris de promettre « un stade vert, un stade écologiste (sic) qui va vous surprendre ».

Au-delà du cas du jeune portier mosellan, l’écroulement du Racing a posé problème en Bretagne. Quatre buts au fond des caisses, pas de réaction, des tauliers aux abonnés absents. Strasbourg tient l’occasion de se relancer face à Abbeville le 27.
Il faut un penalty qualifié de généreux pour déflorer le score, Didaux ne tremblant pas. Reichert trouve ensuite Christophe Niesser pour le 2-0 dès la vingtième minute de jeu. Hésitant entre la gestion et l’offensive, le RCS n’est pas loin de sombrer après la réduction du score picarde, suite à une nouvelle hésitation d’Aubry. En battant Janin par deux fois, Jean-Jacques Etamé donnera finalement une ampleur exagérée au score, comme un parfait calque de la claque bretonne (4-1).

L’indisponibilité de Flucklinger approchant du terme, le gamin Aubry s’apprête à retourner garder les buts de la réserve en D4, après avoir pris cinq buts en deux matchs de championnat. Son aventure alsacienne ira-t-elle au-delà de cet intérim furtif ?

Article réalisé à partir des archives des Dernières Nouvelles d'Alsace, consultables à la médiathèque André Malraux ou au Musée historique de Haguenau.

kitl

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