Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Mothiba, le beau coup

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Transferts
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Par athor
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Priorité des priorités à la fin du mercato strasbourgeois, la recherche d’un attaquant s’est achevée par la signature, pour cinq saisons, du Sud-Africain de Lille Lebo Mothiba, 22 ans.

Très actif sur le marché des transferts, le Racing a considérablement renforcé son équipe, avec des joueurs pour la plupart expérimentés, et avec de solides références en première division, que ce soit en France ou à l’étranger. Symbole de ce changement, le secteur défensif, quasiment entièrement revu et corrigé, a apporté des gages de solidité inédits, aux antipodes de la saison dernière. Une dernière pièce manquait encore au puzzle en cette fin du mois d’août, un attaquant polyvalent, capable de prendre la profondeur et d’apporter du poids devant. Au fil des jours, cette quête s’est apparentée à la recherche du mouton à cinq pattes, malgré le gros travail de la cellule de recrutement et la volonté du club de mettre les moyens, comme le confirmait encore Thierry Laurey il y a quelques jours : « on est à la poursuite du diamant. On a trois pistes pour un profil bien précis. Mais aucune n’a le profil idoine, celui d’un attaquant polyvalent. On a du mal à trouver exactement ce que l’on cherche parmi les joueurs sur le marché. Le club est prêt à faire l’effort. La direction sait qu’il faut un attaquant à tout prix et quand je dis “à tout prix”, ça peut être cher. » La piste menant au prêt de l’attaquant marseillais Clinton Njie s’était bien réchauffée ces dernières heures, mais les émoluments conséquents du Camerounais (plus de 180 000€ bruts par mois) rendaient la tâche ardue. A la surprise générale, c’est finalement vers un nom jamais annoncé auparavant que s’est tourné le RCS, celui du Lillois Lebo Mothiba qui aura la plus ou moins lourde responsabilité de faire oublier le précédent attaquant sud-africain passé par le Racing. Encore jeune, le joueur a affiché de belles qualités, et un potentiel certain au cours de la saison dernière.

Originaire de Tembisa, un township situé entre Johannesburg et Pretoria, Mothiba est le petit dernier d’une famille de footballeurs, son frère, sa sœur et son père jouant au club local de Mighty Box. C’est évidemment là qu’il débutera dès l’âge de 5 ans, et très vite son talent fait parler au-delà du quartier. Pas très loin non plus, puisqu’à quelques rues de la maison des Mothiba se trouve Chloorkop, le centre d’entraînement de l’une des équipes de référence en Afrique du Sud, le Mamelodi Sundowns. A l’âge de 11 ans, Lebo, qui joue encore comme défenseur central, rejoint donc le centre de formation et entrevoit déjà un avenir comme professionnel. Mais le club décide de couper les ressources de ses équipes de jeunes pour se concentrer sur son équipe première, libérant ainsi toutes ses jeunes pousses, « j’ai alors suivi mon coach à Kempton Park, avec cinq autres joueurs. C’est là-bas que je suis devenu attaquant. » Avec réussite, puisqu’il inscrit plus de trente buts lors de sa première saison à ce poste. Dans le même temps, l’Académie Diambars, cofondée en 2003 au Sénégal par Bernard Lama, Jimmy Adjovi-Boco, Saer Seck et Patrick Vieira, ouvre une antenne à Johannesburg. Lebo Mothiba a 14 ans et fait partie de la première promotion, qui se consacre à la fois au football et aux études. Après quatre ans, l’attaquant est le premier joueur à tenter sa chance en Europe : « j’ai été invité par le LOSC pour y faire un essai alors que je me remettais à peine d’une grave blessure à la cheville qui m’avait tenu éloigné des terrains pendant dix mois. J’ai quand même donné tout ce que je pouvais et j’ai été pris. »

Il rejoint le domaine de Luchin en septembre 2014. Si l’adaptation n’est évidemment pas simple (« c’était difficile au début. J’étais seul, loin de ma famille, je ne parlais pas la langue. Et puis le foot est très différent ici : plus rapide, plus agressif. Il fallait s’accrocher, ne pas se décourager. En Afrique chaque joueur donnerait tout pour venir en Europe. Alors je me suis dit : “Tu es ici, c’est ton rêve, c’est ta chance, ne la laisse pas filer”. »), Mothiba intègre rapidement l’équipe des U19 puis la réserve, avec qui il dispute une dizaine de rencontres. Surnommé avec humour Lebotelli, en hommage à son modèle italien, le Sud-Africain est apprécié de ses entraîneurs, notamment Rachid Chihab, le coach de l’équipe deux : « Lebo est très généreux, c’est un bon équipier, fort d’une remarquable mentalité. La barrière de la langue semble être franchie pour lui. À son poste, il doit toutefois faire face à davantage d’exigence, car on demande énormément d’efficacité. C’est un garçon qui donne tout, mais qui doit maintenant peaufiner sa culture tactique, notamment au niveau des déplacements et bonifier son ratio d’efficacité. » Un travail que le joueur réalise au quotidien, lui qui participe également aux entraînements des pros, après la signature de son contrat en 2016 : « je travaille toujours sur mon positionnement et ma façon de courir. Le poste d’attaquant est difficile, on n’a pas beaucoup de ballons et il faut souvent courir sans être servi. La formation en Afrique du Sud est bonne d’un point de vue technique, mais sur le plan physique, les courses et le positionnement, je travaille beaucoup et tous les jours. Patrick Collot et Chérif Oudjani m’aident beaucoup sur cet aspect du jeu, sur comment me positionner quand le ballon arrive, comment me démarquer. »

2016 est également l’année où Lebo Mothiba fait ses premiers pas avec les Bafana Bafana, sous le maillot de l’équipe U23 aux Jeux Olympiques de Rio. Une expérience plutôt particulière pour lui, puisqu’après le premier match contre le Brésil, joué comme titulaire, il constate l’apparition de boutons sur son corps. Au cours du second match, face au Danemark, il sort à l’heure de jeu : « j’avais du mal à enchaîner les courses, je me sentais faible, essoufflé. Le lendemain, tout mon corps était criblé de boutons. » Verdict: il vient d’attraper la varicelle.

Quelques mois après cette expérience malgré tout enrichissante, il ne parvient pas à grappiller du temps à Lille, barré par Eder, Nicolas De Préville, Yassine Benzia et par l’émergence de Martin Terrier. Au mois de janvier, il part donc en prêt à quelques dizaines de kilomètres du stade Pierre Mauroy, à Valenciennes, en L2. Arrivé blessé, il doit attendre le mois de mars pour effectuer officiellement ses débuts professionnels, et termine la saison avec un bilan de deux buts en neuf matchs. L’expérience se prolonge, puisque le LOSC décide de le prêter à nouveau au VAFC, dans l’espoir de le voir réaliser une saison pleine. Mis en confiance, Mothiba flambe et marque régulièrement, notamment un triplé face à Orléans. Avec huit buts à la mi saison, il semble bien parti pour boucler une saison réussie sur le plan comptable. Mais dans le même temps, le Lille de Gérard Lopez connait des secousses, tant sportives que financières. Pour se sortir de la zone rouge, l’équipe cherche un attaquant, mais la DNCG interdit le moindre recrutement. Dans l’urgence, les dirigeants espèrent rapatrier le Sud-Africain, mais Valenciennes refuse de perdre son joueur phare. Le 31 janvier, Lille est finalement contraint de dédommager son voisin, à hauteur d’un million d’euros, pour casser le contrat de prêt, et prolonge le contrat du joueur, en multipliant son salaire par 6 (pour atteindre environ 40 000€ par mois).

De retour à Luchin pour aider son club formateur, Lebo Mothiba ne regrette toutefois pas son expérience : « j’ai beaucoup grandi à VA. J’ai pris confiance en moi, j’ai joué, marqué et découvert la Ligue 2, un championnat difficile. Je pense vraiment avoir progressé. » Titulaire dès son retour, il inscrit un but pour son premier match face à Nantes, et ne quitte plus le onze de départ jusqu’à la fin de la saison. Ses prestations sont très remarquées et apportent un nouvel élan au sein d’une équipe jusque-là moribonde. Comme un symbole, c’est même lui qui, grâce à un doublé inscrit face à Dijon, va valider définitivement le maintien du LOSC en L1. Malgré ces six bons mois chez les Dogues, il n’entre pas vraiment dans les plans de la direction sportive, qui, pour résorber la dette abyssale du club, doit vendre ses éléments les mieux valorisés pour ensuite recruter de nouveaux joueurs moins onéreux. Flairant le bon coup, et connaissant l’impérieuse nécessité de Lille d’atteindre les 80 millions d’euros de vente, le Racing est parvenu à conclure le transfert estimé 4 millions d’euros (hors bonus), assorti d'une clause de rachat. Aux côtés d’Ajorque, Da Costa, Saadi et Zohi, Mothiba vient apporter un nouveau profil dans le secteur offensif (« Quel est mon profil d’attaquant ? Je ne suis pas un dribbleur, j’aime jouer simple, à une ou deux touches de balle. J’ai aussi tendance à prendre la profondeur grâce à ma puissance et à ma rapidité. J’essaye également d’évoluer en pivot, de tenir le ballon quand il le faut. »).

Citations issues de KickOff (magazine sud-africain), les DNA, la Voix du Nord et le site officiel du LOSC

athor

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