Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Dans le rétro : novembre 1988

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5.0 / 5 (3 notes)
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Souvenir/anecdote
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Par kitl
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Peter Reichert, unique buteur du mois

La chronique se place ce mois-ci sous le signe du multimédia. L’occasion de voir de vos propres yeux l’étendue des dégâts au Racing, qui ne finit pas de s’enfoncer…

Résumé de l’épisode précédent : englué en queue de classement, le RCS a stoppé sa série négative en dominant Toulon à la Meinau pour la première à domicile de Banide. La défaite en fin de match à Auxerre résonne comme un encouragement alors que guette déjà la fin des matchs aller.

La Toussaint, jour férié généralement apprécié. Colorée de rouge, elle marqua le coup d’envoi d’une période chargée qui fit et défit gouvernements et Républiques à la fin des années 1950. L’édition 1988 – certes moins sanglante – charrie des relents de putsch : fragilisé depuis le piteux match nul ramené de Nicosie, Henri Michel est débarqué au profit d’un attelage Platini-Houllier-Bez.
Au premier, retraité des terrains depuis un an à peine, devenu consultant pour la presse et la télévision, vice-président de l’AS Nancy-Lorraine, le poste de sélectionneur. Pour le deuxième, caution technique du trio, la possibilité d’un rebond quelques semaines après avoir été chassé du Paris-SG. Le troisième homme est en réalité l’instigateur de la manœuvre : Claude Bez se taille un costume sur mesure de super-intendant de l’Equipe de France. On ne voit pas très bien ce que cela signifie, mais cela suffit à matérialiser la mainmise des clubs sur une FFF aux abois. Autre protagoniste de l’affaire alors tapi dans l’ombre, l'ineffable Variétés Club de France.

A Strasbourg, club habitué aux intrigues en tout genre, Gérard Banide – qui fut en son temps tiré de sa traversée du désert mulhousien par la Fédé – est aux manettes depuis un mois à peine. La réception de Lille doit permettre aux Ciel et Blancs d’enchaîner. Résumé de la rencontre préparé par Philippe Houy.


Vincent Sattler, crocheté par Lama, s’est vu privé du penalty qui s’imposait à 0-0. Le citoyen de Dahlenheim, qui vient de récupérer le but strasbourgeois à Monaco initialement attribué à Gillot, s’affiche comme l’un des rares éléments capables de créer un semblant de danger. Fabrice Mège connaît un coup de moins bien après un départ canon. Quant à Pita, il est à présent qualifié de « grand échec » par une presse régionale qu’on a connue plus doucereuse.
Reste que le facteur chance – nouveau poteau sur une reprise de Rolling – ne peut être invoqué pour une équipe dominée de A à Z par le LOSC d’Abedi Pelé (1-3).

Le référendum sur la Nouvelle-Calédonie ne passionne guère la population, alors on cherche des frissons outre-Atlantique. Mais le duel Bush-Dukakis est trop inégal : le vice-président de Reagan l’emporte dans 40 des 50 Etats américains.
Conséquence heureux d’une grève des PTT, la suspension de Mège et Plancque est repoussée. Le milieu strasbourgeois apparaît moins dégarni que prévu à l’amorce d’un déplacement à Toulouse. Le Racing est balayé 4-0. Dire que Banide avait décidé de fermer le jeu…
Un épisode raconté des années après par Patrice Ferri, interrogé par la série « Paroles d’ex » de L’Equipe :
Citation:
« En 1988, je signe à Strasbourg pour son entraîneur, Henryk Kasperczak. Mais il est limogé au bout de trois mois et remplacé par Gérard Banide. Mal classés (18è), on se déplace à Toulouse. A l’hôtel, Banide écrit au tableau : "Ce soir, on ne perd pas !" Causerie terminée. On se regarde tous, un peu interdits. J’étais milieu défensif, et je reçois un premier ballon dans l’axe à trente mètres de notre but. Je me dis qu’il ne faut pas donner de rythme et je balance une longue passe en retrait à notre gardien, sous les sifflets du public. Mes deux ballons suivants, je fais pareil. A la 20è minute (35è en fait), Banide me sort. Derrière, on perd (0-4). Le lendemain matin, à l’entraînement, je lui demande une explication. Il me dit : "Tu te rends compte de ce que tu as osé faire hier ?" Je lui réponds : "Et vous à l’hôtel, vous avez osé faire quoi ? Moi, j’ai pris une option, contrairement à vous !" Une semaine plus tard, je partais en prêt à Cannes. »

Venu pour jouer au milieu de terrain, Ferri était régulièrement aligné comme latéral gauche. Souvent averti, il était cependant à l’origine de nombreux buts, sur coups de pied arrêtés ou non, comme ce ballon en cloche anodin exploité par Peter Reichert contre Lille.

Tandis qu’Henri Michel avait exclu d’injecter massivement du sang neuf avec les champions d’Europe Espoirs, Michel Platini en convoque un seul, le Bordelais Alain Roche. Guérit et Perez sont les deux autres novices. Sans doute conseillé par le président Bez, Jean Tigana effectue également son retour. Le sélectionneur débutant démarre son mandat par un déplacement coton à Belgrade, où la France n’a jamais gagné. La rencontre se déroule dans un climat perturbé par d’importantes manifestations nationalistes à Belgrade et Pristina. La sélection d’Ivica Osim s’impose 3 buts à 2, mais l’Equipe de France se console assez facilement. C’est toujours ça de pris, alors que les incendies se multiplient au sein du football hexagonal (envies de départ à l'étranger de Jean-Pierre Papin, Monaco seul rescapé en Coupe d’Europe, doutes sur la survie du Matra Racing, Aimé Jacquet contesté à Bordeaux…).

Le numéro 2 du Front National Jean-Pierre Stirbois se tue en voiture. Ouvrier typographe devenu maire de Mulhouse, Emile Muller meurt à l’âge de 73 ans ; il fut candidat à la présidentielle de 1974, incarnant la vieille tradition socialiste SFIO anticommuniste, mais dut se contenter d’un score confidentiel avant de progressivement rallier le giscardisme. Oskar Rohr, légende du Racing d’avant-guerre s’éteint le 8 novembre, dans l’indifférence générale et particulièrement celle du club…

Un match à quitte ou double s’annonce pour débuter le cycle retour de Division 1. Strasbourg, dix-huitième, affronte le dix-neuvième, l’AS Saint-Etienne, qui sort d’une phase aller épouvantable. Si Robert Herbin se prive de Patrice Garande, Gérard Banide joue ostensiblement la carte jeune. Ecarté, Léonard Specht laisse son brassard à Vincent Cobos, aligné au milieu de terrain avec son frère José. Place à un tandem Rolling-Sattler, qui a l’avantage de se connaître depuis des années. Pour encadrer les Marie-Louise, Doudou Liegeon fait son retour.

Reportage détaillé de la regrettée Marianne Mako :


Comme le craignaient les Dernières Nouvelles d’Alsace, la frappe de Mège sur la transversale semble avoir franchi la ligne. Le Racing a en outre perdu sur blessure son battant Peter Reichert.
Devant l’urgence de la situation, le quotidien de la rue de la Nuée-Bleue se livre à l’autopsie dès le lendemain de cette quatrième défaite d’affilée (0-1). Oubliées les louanges estivales de « l’An II d’une nouvelle ère » ! Le pilotage du club depuis Paris sans associer les locaux du comité de gestion – élus ou entrepreneurs – est désormais considéré comme un handicap. Volontiers amnésiques, Jean-Pierre Meyer et Bernard Delattre regrettent le sacrifice de Simon et accablent les légèretés du transfert de Pita : fiasco médical (sa blessure a été dissimulée) et financier, puisque la totalité de l’avance accordée par la Ville de Strasbourg a été engloutie.
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Les aspects budgétaires ont de quoi créer des sueurs froides, dans les bureaux meinauviens ou même place de l’Etoile : loin des promesses du président Hechter, le Racing fonctionne toujours essentiellement grâce aux considérables subventions versées par la municipalité. La billetterie, autre source de recettes, ne marche pas fort et on comprend pourquoi. La Meinau de 1984 est toujours aussi vide. Le public est plus résigné que frondeur. La billetterie est même en baisse, alors qu’un doublement était escompté…

Ce dossier aux allures de réquisitoire risque de marquer un tournant dans les relations jusque-là cajoleuses entre Daniel Hechter et la presse alsacienne.


Article réalisé à partir des archives des Dernières Nouvelles d'Alsace, consultables à la médiathèque André Malraux ou au Musée historique de Haguenau.

kitl

Commentaires (3)

Flux RSS 3 messages · Premier message par lamazonienbleu · Dernier message par spiterman67

  • Excellent... Avec des vidéos en plus et... moins de 3000 spectateurs à la Meinau contre St Etienne !
  • clair que le sacrifice de Simon a beaucoup pesé dans la balance. Avec lui on aurait eu un super défense,et on ne serait pas descendus illico presto....La paire de centraux qu'il aurait formée avec le regretté Sattler !
    En plus quand on voit le pauvre Reichert (je sais, une idole pour certains..) rater une occasion immanquable après une belle passe en retrait d'un..stéphanois...on se rend d'autant plus compte du mauvais choix des dirigeants de le conserver lui en tant que joueur étranger plutôt qu'Ernesto Juan SIMON.
    Bon après, il y a eu tellement de mauvais choix à cette époque....
  • Une saison catastrophique à tous niveaux. Oui Reichert était techniquement limité, mais il n'était pas champion de bundesligua pour rien non plus. Lors du match de Lille qui est est également en vidéo, je me rappelle qu'il était vraiment un des seuls à se battre. Son but qu'il a arraché tout seul était la seule consolation d'une soirée merdique. Malgré ses limites c'était un vrai buteur, notre seul d'ailleurs. Simon était un défenseur admirable, c'est vrai. La connerie monumentale de cette saison a avant-tout été d'engloutir tout le budget dans cette buse de Pita. C'était à l'époque un des plus gros transfert qu'il y a jamais eu D1alors qu'on était promu. Avec ça on recrutait 5 joueurs de tout premier plan tout en gardant Simon et Reichert.
    Cela étant dit un grand bravo et merci â Kitl pour ses recherches et cet article tres complet.

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Stammtisch
  • takl ça manque d'imprevu
  • takl Le Real sans Benzema c'est un peu nul quand même
  • kitl 16 corners à 0 pour City :o)
  • chrisneudorf Inexistant Arsenal. Qualification logique de Munich
  • takl ça devient compliqué pour Madrid quand même je trouve
  • kitl ça se décoince, si ça reste comme ça, parfait
  • valdestras On se fait chier ce soir par rapport à hier
  • cigonhao Qu en pense mouloungoal ?
  • domes Manchester et arsenal
  • pando67 je pronostique une qualif du bayern et du real ce soir
  • tenseur Un maintien est déjà top, ne rêvons pas trop. Il y a quelques semaines, le maintien était en grand danger
  • daikaran @ samksn67 Sisi ! Et je pense même la majorité. C'est juste que, comme d'hab', on la ferme.
  • gohelforever vacances - 2
  • gohelforever vacances - 2
  • takl bonne nuit à tous
  • takl j'arrête là sinon ça va partir en cachouètes :)
  • takl résultat y'a plus que des extrémistes trop méga lol
  • takl Bayrou et Macron ils ont calmé tout le monde avec le principe de soit-disant se placer au milieu de l'échiquier :)
  • samksn67 Quand le projet sera un peu plus lisible ça devrait se calmer je pense
  • samksn67 Le problème au racing c'est qu'il y'a pas de juste milieu entre les optimistes et les pessimistes

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