Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

La mal-aimée

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Par kitl
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© Karim Chergui

Attaquée de toutes parts, en passe d’être lâchée par des télévisions qui la maintenaient sous respiration artificielle et boudée par le public, la Coupe de la Ligue risque paradoxalement de voir sa maigre légitimité rehaussée par la finale à venir.

Véritable bizarrerie à l’échelle continentale, puisqu’elle a disparu de l’affiche dans de nombreux pays comme l’Allemagne, la Belgique ou l’Espagne pour se concentrer sur les Îles britanniques et au Portugal, la seconde Coupe nationale résiste à tous les procès qui lui ont été intentés depuis son apparition sous sa forme actuelle il y a vingt-cinq ans.

Tout le monde déteste la police la Coupe de la Ligue

Disputée dans des stades vides, par des équipes largement remaniées, la Coupe de la Ligue fut longtemps le fleuron de France Télévisions, qui n’avait pas son pareil pour vendre un Le Mans-Auxerre ou un Nancy-Brest avec risque de prolongations et de tirs au but. Le service public prenait à cœur sa mission de diffuser du football de haut niveau à une heure de grande écoute, qu’importe le niveau de jeu souvent affligeant desdites rencontres.

Redoutée pour sa propension à alourdir le calendrier, la Coupe de la Ligue s’inscrit dans le droit fil de compétitions mineures créées dans l’Hexagone, comme si les dirigeants du football français étaient jaloux de leurs camarades de promo passés maîtres dans l’inventivité réglementaire ou fiscale. Ainsi la Coupe Charles Drago des années 1950-60 mettait aux prises les battus des premiers tours de Coupe de France. Le Racing fut proche en 1961 de remporter ce lot de consolation, seulement battu par le futur champion de première division, l’AS Monaco.

Dans ces mêmes années, une Coupe de la Ligue première mouture fut initiée et le RCS de Robert Jonquet fut l’équipe qui manifesta le plus d’intérêt pour cette nouveauté et emporta la mise, le 1er janvier 1964. Cet article peut servir à rappeler le souvenir de ce succès, très longtemps sorti de la mémoire collective, qui préfigura la victoire au retentissement bien supérieur en Coupe de France 1966.

L’échec de cette greffe ne rebuta pas les instances, qui soutiennent mordicus qu’une compétition réservée aux clubs professionnels a toute sa place aux côtés de la vénérable Coupe de France, institution partagée avec les amateurs.
Si les essais des eighties, au travers d’une Coupe d’été proche de matchs amicaux d’avant-saison déguisés, tournent au fiasco, la Ligue Nationale de Football (LNF, l’ancêtre de la LFP) ne désarme pas et relance à nouveau son idée de compétition au mitan des années 1990.
Dotée d’un sésame pour la Coupe d’Europe, la compétition est cannibalisée par les clubs de première division, qui ne laissèrent que l’édition 2000 aux valeureux Forgerons gueugnonnais. Parmi les grands clubs français, seul le FC Nantes manque à l’appel.

Un simple coup d’œil au palmarès suffit à distinguer deux périodes : il y eut dix vainqueurs différents sur les douze premières éditions, les douze suivantes furent réparties entre quatre clubs (PSG, Bordeaux, Marseille et l’intrus Saint-Etienne). Les Girondins puis les Marseillais ont trusté la compétition lors de leurs dernières grandes années, au cours desquelles leur participation à la C1 était habituelle. Le schéma est encore amplifié avec Paris.

Ce constat met en lumière la tare irréparable de la Coupe de la Ligue, qui n’a reculé devant aucun excès pour assoir sa légitimité, notamment en maniant des arguments sonnants et trébuchants. Ses dotations sont en effet sans commune mesure avec celles de la Coupe de France.
Mais surtout les organisateurs ont biaisé le format de la compétition pour lui acheter du prestige. Les finales Strasbourg-Caen (2005) puis Nancy-Nice (2006) ont faire émerger la certitude que la Coupe de la Ligue n’avait pas été bâtie pour envoyer des manants à la découverte du Stade de France. Il fallait récompenser la formation dominante du moment, ce qui contrevient au principe même de la Coupe. Ces préventions furent balayées par la LFP, qui décida pour l’édition 2006-2007 de « protéger » les deux représentants français en Ligue des Champions – manière de reconnaître l’alourdissement du calendrier. Lyon et Bordeaux furent deux beaux finalistes, à même de donner une image valorisante du football français.

La Ligue va plus loin en étendant son système de passe-droits sur le modèle du tennis professionnel, avec têtes de série et bye au premier tour. Tous les représentants européens accèdent désormais aux huitièmes de finale, les quatre meilleurs ne pouvant s’affronter. En parallèle, les formations de deuxième division sont invitées à s’entretuer lors de deux tours préliminaires au mois d’août, de manière à ce qu’il n’en reste pas trop la compétition avançant.
On voudrait choisir quel club est digne de remporter la Coupe que l’on ne s’y prendrait autrement.

Comme son adversaire en finale, le Racing a conquis sa place sur le terrain, déjouant les tirages au sort les plus hostiles. Ce Strasbourg-Guingamp fait office de savoureux pied de nez aux organisateurs de la compétition, qui gagna au fil des années le sobriquet de « Coupe Moustache », hommage aux bacchantes de son inlassable promoteur Frédéric Thiriez.

Pour une génération qui s’est battue pour assister à d’autres « finales » (Raon-l’Etape, Colomiers, Belfort, Bourg-en-Bresse…) et qui remplit la Meinau depuis des mois, c’est évidemment davantage pour le côté passeport pour l’Europe que la finale de la Coupe de la Ligue a suscité un tel intérêt. Trustée par les grosses cylindrées depuis une décennie, la compétition voyait son ticket pour la Coupe UEFA reversé au cinquième ou sixième du championnat.

Le Racing en Coupe de la Ligue : la gagne ou la cagne.


Les deux succès de 1997 et 2005 répondent chacun à une loi des séries. Jacky Duguépéroux est l’évident dénominateur commun entre ces deux épopées, assorties de parcours européens dans la foulée. En 1997 s’est tenue la troisième et dernière finale au Parc des Princes. 2005 marqua la troisième apparition du kitschissime trophée de type coquetier doré. Enfin 2019 sera la troisième finale déconcentrée dans un stade de l’Euro 2016, le Stade de France étant de moins en moins facile à remplir au gré des finales jouées d’avance.

Le coup-franc de Jeannot Devaux et le penalty victorieux de Stéphane Collet demeurent les instantanés des triomphes strasbourgeois passés, mais on aurait tort d’oublier d’autres scènes comme les deux buts de Zitelli en demi-finale 1997 ou la séance de tirs au but au bout de la nuit glaciale de décembre 2004 contre Lille.

On aurait surtout tort d’omettre toutes ces éliminations prématurées, qui eurent la vertu de s’épargner des matchs supplémentaires au prix de belles humiliations. Florilège :
  • 1996 : le gardien amiénois Philippe Poil condamne les Strasbourgeois, incapables de lui inscrire le moindre tir au but.
  • 1998 : le tenant du titre mène 2-0 à Cannes, chez le dernier du championnat. Score final 3-2.
  • 1999 : déroute 1-4 après prolongation contre Troyes.
  • 2000 : élimination gaguesque à Gueugnon en quart de finale, suivie un mois plus tard de sa réplique à Calais en Coupe de France.
  • 2007 : pour le dernier match de Pascal Camadini, défaite 0-2 face à l’équipe B d’Amiens, devant 4000 spectateurs à la Meinau.
  • 2009 : Istres.

Un an plus tard, tombé en National mais toujours sous statut professionnel, un Racing valeureux tombe aux tirs au but (échec de Victor Correia, pléonasme) face à Evian-Thonon-Gaillard. Il faudra attendre six ans pour regoûter au charme intemporel de la Coupe de la Ligue. Entretemps, c’est au confort de la main courante du stade de la Zorn à Weyersheim en Coupe de France que le Racing et ses supporters se sont accoudés, mais aussi à Duttlenheim, Kronenbourg, Bischheim, Holtzwihr ou Seltz.

Et Guingamp ?

Bien que frères de lait de la Coupe, les Costarmoricains n’ont jamais dépassé les quarts de finale.

kitl

Commentaires (1)

Flux RSS 1 message · Premier message par tikko67 · Dernier message par tikko67

  • Bel article.

    Je trouve que cette finale est une superbe image donné à cette coupe si décrié.
    Pour une fois, pas de Paris, pas de Monaco ni Marseille.
    Samedi ce sera un match de coupe entre 2 équipes pas forcement les plus médiatisés de France.

    La finale du football populaire et celui du coeur.

    j'adore cette image, place au foot au vrai avec des supporter criant leur passion dans les tribunes, des joueurs voulant arracher le trophée pour une place en tour préliminaire d'une compétition européenne.

    Ce sera une finale a enjeux loin d'une finale terne ou des finalistes déjà qualifié en ligues des champions essai simplement de décrocher un trophée de plus.

    en fait tout est réunis pour redonner un peu de noblesse à cette coupe. quelle image cela ferait si un club tombé dans les tréfonds du football amateur il y a quelques années viendrait soulever la coupe, comme si à cœur vaillant rien d'impossible!

    quand on assiste à une finale tout est remis a plat il n'y a pas de favori, seul les plus forts et les plus volontaires gagnent. j’espère que samedi ce soit nos joueurs qui soulèvent cette coupe!

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  • pliughe Bonne nuit
  • takl bonne nuit
  • takl 2024 devrait accoucher d'un 2025 appaisé et empathique. Tout va bien se passer, le Racing sera en L1, paix amour liberté et fleurs.
  • takl futur antérieur : [lien]
  • takl mais bon on a pas le droit de les exterminer. Y'en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes.
  • takl le monde serait mieux sans "les gens"
  • takl les gens tu leur donne une pelle ils creusent avec le manche
  • pliughe Pff si les gens creusé un peu plus ça nous éviterait de polluer
  • takl BO de la saison : [lien]
  • takl il manque plein de choses dans la dernière phrase, dont des mots, la honte.
  • takl allez dédicace à tous ceux qui ont eu la "cahnce" de mourir avant vu la Racing BlueCo [lien]
  • pliughe Mais oui
  • takl Excellent les Young Gods
  • pliughe L'octogone
  • pliughe [lien]
  • pliughe Et pour le fun, genre yen a dans locomoteur et puis l'entraînement
  • takl allez un morceau quye j'adore : [lien]
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