Le Racing à toute vapeur ?

Pour ses retrouvailles avec une compétition européenne, le Racing ne connait pas vraiment la facilité. La coupe de la ligue française n’étant pas considérée – à juste titre – comme une compétition majeure par l’UEFA, son vainqueur doit débuter son parcours européen au stade du second tour préliminaire de la Ligue Europa, pour un parcours aussi long qu’incertain. Face au Maccabi Haïfa, équipe habituée aux joutes continentales, les hommes de Thierry Laurey ont pu trembler jusqu’au coup de sifflet final de leur match retour, n’étant qu’à un but d’une prolongation piégeuse. L’entraîneur a pu voir là l’occasion pour son groupe d’emmagasiner cette fameuse expérience européenne, celle qui permet justement de bien gérer ces confrontations aller-retour. Celle-ci sera nécessaire à l’heure d’affronter le dernier vainqueur de la coupe de Bulgarie, le Lokomotiv Plovdiv, sur ses terres.

Vainqueur des Slovaques du Spartak Trnava, notamment grâce à sa victoire 2-0 au match aller, le club de la ville natale du génial Hristo Stoichkov est l’un des clubs historiques du championnat bulgare, bien qu’il ne compte qu’un seul titre de champion national, ces trophées étant l’apanage des clubs de la capitale Sofia (avant l’émergence du puissant Ludogorets Razgrad, champion sans discontinuer depuis 2012). L’excellent site footballski retrace d’ailleurs cette histoire, depuis les origines. Comme beaucoup de clubs d’Europe de l’est, la fin du pacte de Varsovie et la transition brutale vers l’économie de marché a eu un gros impact sur le Lokomotiv. Au début des années 1990, le monde du sport, et du football en particulier, est très vite lié à l’émergence des grupirovki, des groupes mafieux, qui prennent le contrôle d’un grand nombre d’institutions. Ainsi, durant près de 15 ans, si les présidents se succèdent à la tête du club, c’est parce qu’ils connaissent souvent un destin tragique : six d’entre eux ont été assassinés entre 1995 et 2007, souvent avec des suspicions de matchs truqués et de pots de vin. Heureusement, depuis la fin des années 2000, et l’adhésion du pays dans l’Union Européenne, la situation s’est normalisée. Après le départ du sulfureux Konstantin Dinev de la présidence en 2014, en vie, le Loko est passé sous le contrôle de ses supporters, réunis en association. L’idée est de mettre fin à toutes les pratiques illégales qui entachent la réputation du club (certaines décrites dans cet article de France Bleu Alsace). Malheureusement, les moyens financiers manquent et les meilleurs joueurs quittent le navire. La saison 2014/2015 est ainsi marquée par les mauvais résultats, une grève des joueurs pour retards de salaires et une lutte jusqu’au bout pour le maintien. La lumière viendra de Nikolay Nedelchev, homme d’affaires local et fan du club, qui sera élu président et qui depuis, gouverne le Lokomotiv en lien avec l’association fondée par les supporters. Une gestion qui, si elle ne permet pas de tutoyer les sommets du classement de Parva Liga, assure la stabilité.

Sur le terrain, l’entraîneur bosnien Bruno Akrapovic s’appuie sur un schéma de jeu plutôt défensif, construit autour d’une défense à trois centraux dont Stephen Eze, international nigérian de près de deux mètres. Si le style est assez direct, avec un recours aux longs ballons, le meneur de jeu Dimitar Iliev, meilleur buteur de l’équipe la saison dernière, reste le véritable dépositaire du jeu. Preuve de l’importance du match face au Racing, beaucoup de titulaires habituels ont été laissés au repos dimanche dernier, lors du match nul face à Razgrad. L’entraîneur a en effet l’habitude de ne jamais trop déroger à son onze type :


Ce schéma à trois défenseurs, Thierry Laurey l’a également adopté depuis la saison dernière, et ne devrait lui faire une infidélité pour ce match à l’extérieur. L’entraîneur, qui a connu un début de semaine un brin compliqué sur le plan personnel, peut compter sur un effectif presque au complet. Seuls Anthony Caci et Lebo Mothiba n’ont pas encore effectué leur rentrée, après des vacances prolongées, et un début de blessure pour le premier. Ainsi, ce sont 21 joueurs qui se sont envolés pour la Bulgarie ce mercredi, de quoi laisser imaginer plusieurs possibilités tactiques. La première concerne le nombre d’attaquants au coup d’envoi. Au match aller face à Haïfa, le coach avait titularisé le duo Ajorque-Da Costa, avant de revoir ses plans au match retour avec le seul Ajorque devant, soutenu par Thomasson. Si le Réunionnais apparait comme incontournable, l’identité de son partenaire est encore incertaine. Il en est de même pour le titulaire du poste de latéral droit : Laurey choisira-t-il de lancer directement Kenny Lala dans le grand bain, dès son retour de blessure, ou bien alignera-t-il Simakan, voire Bellegarde ?

Avec la perspective du premier match de championnat ce dimanche face à Metz, puis celle du match retour dès la semaine prochaine, la gestion de l’effectif devient déjà un élément capital en ce début de saison.