Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Dans le rétro : août 1989

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Souvenir/anecdote
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Par kitl
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Buisine et Djorkaeff, derniers renforts estivaux

Mois chargé au Racing : six matchs au programme, deux recrues de valeur en complément et surtout le départ précipité de l’entraîneur, fragilisé par les résultats poussifs et excédé par le comportement du public strasbourgeois…

Le marathon débute en douceur par la réception de Chaumont. Strasbourg décroche son premier succès de la saison 4-0, grâce à un quadruplé de Didier Monczuk. Au-delà de cette victoire attendue face aux modestes Haut-Marnais, les 6.640 spectateurs payants – maigre total, cependant au-delà de la moyenne budgétisée par le club – ont regagné leurs pénates avec la satisfaction de voir l’effectif encore renforcé.

Le défenseur central Jean-Luc Buisine, capable d’occuper les postes encore bien distincts de libero et de stoppeur, arrive en prêt de Lille afin de solidifier un axe ouvert à tous les vents en juillet. Mais surtout Daniel Hechter est parvenu à ses fins en obtenant le transfert du prodige grenoblois Youri Djorkaeff, pour la somme de 5 millions de francs (1,5MF réglés de suite).
En dépit d’un recrutement déjà pléthorique, trente ans après, on imagine aisément le diagnostic de la tribune Sud au bout de deux matchs : « Il manque un 9 et un 10 ». Avec Djorkaeff, Hechter devrait cocher les deux cases.

Tête de gondole estivale, Thomas Allofs semble toujours chercher sa place. L’Allemand n’a toujours pas marqué et il semblerait que son transfert depuis le 1.FC Köln ne se soit pas réalisé dans les règles de l’art. La nouvelle direction du club au bouc prétend que la clause ayant permis au Racing de racheter le contrat d’Allofs, tout en versant une somme au joueur, n’a pas de valeur juridique. L’UEFA tranchera, affirme Daniel Hechter, raisonnablement confiant.

En attendant la dissipation de ce nouveau nuage et l’extinction des feux estivaux ravageant l’île de Beauté, Strasbourg rapporte un 0-0 de Furiani. Organisé à cinq derrière, avec Buisine en second stoppeur et Didaux sur le flanc gauche, fidèle à sa stratégie attentiste définie à Grenoble, le Racing sort éprouvé d’un match interrompu durant dix minutes. Sauvés deux fois par la barre transversale, épargnés par M. Quiniou – que les jets de pétards et de canettes de bière n’ont pas incité à siffler un penalty pour Bastia, malgré la clavicule cassée de Gottardi – les hommes de Gérard Banide ont eu une nouvelle démonstration qu’en deuxième division, la détermination comptait au moins autant que le talent.

C’est au mois d’août 1989 que l’on entend parler d’un afflux de « réfugiés » est-allemands dans les représentations diplomatiques de RFA. Si l’on ajoute cette vague de départs profitant des premières brèches ouvertes dans le « rideau de fer » aux voyages en Allemagne de l’Ouest facilités depuis le début de l’année, il s’agit d’une véritable hémorragie.
Désireuse de bénéficier du même desserrement qu’en Pologne, en Hongrie ou en URSS, la population est-allemande se heurte à l’inflexibilité du pouvoir et préfère quitter le « paradis socialiste ». A 77 ans, Erich Honecker n’entend lâcher aucun lest.

Les tarifs « gala » n’empêchent pas une foule nombreuse de garnir la Meinau face à Nîmes, gros poisson du groupe. Les Gardois misent sur les enfants de Kader Firoud pour retrouver de leur lustre d’antan, avec Bernard Boissier sur le banc, René Girard en libéro et Jacky Novi à la formation. Ce match marque les retrouvailles entre Novi et son partenaire en défense centrale des années 1977-1980, Léonard Specht, devenu formateur au Racing depuis deux mois. Autre duel virtuel entre deux présidents-couturiers, Daniel Hechter et Jean Bousquet, le député-maire-patron de Cacharel.

Pour sa première à domicile, Youri Djorkaeff s’illustre par deux frappes lointaines. Pris entre deux feux, le Racing cède à nouveau en fin de match : la patte gauche de Jean-Louis Zanon sert parfaitement le Yougoslave Vokrri, dont la tête s’avère hors de portée de Sansone. 2 à 2, un nouveau match nul accueilli par une bordée de sifflets. Nancy prend déjà le large…

« Si on ne l’emporte pas à Cuiseaux-Louhans, mériterons-nous de monter en première division ? » L’entraîneur-adjoint Albert Gemmrich n’y va pas par quatre chemins.
Cueilli par un ancien de la maison, Denis Schaer, le Racing réagit comme de coutume, par son duo d’avant-centres Monczuk-Allofs. L’ancien de Cologne signe son premier but, d’un maître Kopfball sur un coup-franc du déjà indispensable Djorkaeff. Insuffisant pour rassurer ce bon Albert (2-2)…

L’AJ Auxerre réalise son premier exploit européen en se qualifiant à Zagreb, face au Dinamo de Boban, Suker et Ladic, qui s’était imposé 1-0 à l’Abbé-Deschamps. L’inédit est décidément de mise à l’Est du continent : les peuples baltes organisent une gigantesque chaîne humaine à l’occasion des 50 ans du pacte Ribbentrop-Molotov, qui plaça les trois Etats alors indépendants sous la coupe soviétique.

De moindre portée géopolitique, mais plus concrets, ces bouleversements dans les transports strasbourgeois impulsés par Catherine Trautmann. Les lourds travaux de la rocade entre l’autoroute et la place de l’Etoile se poursuivent, mais la mairie entend transformer les modes de déplacements et les comportements. Ainsi la route de Schirmeck fait l’objet d’une expérimentation en passant à 50 km/h. Plus insolite, ce test grandeur nature réalisé rue de la Division-Leclerc, où sont comparées l’emprise de la circulation automobile avec celle d’un tram : une rame transporterait 240 personnes, soit 177 voitures…

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Après avoir beaucoup gâché, le septième but de la saison de Didier Monczuk assure un succès laborieux face au Red Star (1-0). Revenu à la deuxième place, à quatre points de l’ASNL, le Racing semble en avoir terminé avec son été meurtrier, lorsque, contre toute attente, Gérard Banide décide de jeter l’éponge le lendemain du match.
Le technicien méridional est malheureux de son sort, particulièrement affecté par les sifflets récurrents ciblant l’équipe. Lazzi souvent contre-productifs, comme face à Gueugnon lors de la première journée, lorsque le public refusa la temporisation à 2-0 et se déchaîna davantage à 2-2…

Banide s’en va, excédé par ce « climat hostile », et laisse Daniel Hechter dans l’embarras. Le président entend tirer les leçons de l’échec de la greffe Banide, formateur réputé, champion de France 1982 avec Monaco, qui aura finalement résisté plus de temps à l’impatience de Bernard Tapie à l’OM qu’à celle du public strasbourgeois : « Le nouvel entraîneur devra être fort pour résister à toutes les rumeurs du microcosme local ».

On retrouve ensuite la tendance à l’exagération – voire à l’esbroufe – du couturier (« Je prendrai sans doute un étranger de la dimension d’Udo Lattek ou Arie Haan »), qui passera un coup de fil à Beckenbauer ou Netzer pour savoir si un grand entraîneur allemand était libre.
Les Dernières Nouvelles d’Alsace croient nécessaire de lui poser la question d’un retour de Gilbert Gress, qu’Hechter a sondé les trois fois qu’il cherchait un entraîneur pour autant de refus : « La porte lui est grande ouverte ».
Les pistes d’entraîneurs au chômage comme Marcel Husson ou Jean-Claude Suaudeau sont rapidement balayées. En attendant, la direction de l’équipe est confiée à Albert Gemmrich, chargé de préparer le déplacement à Orléans.

Dans ce contexte chargé, la première irruption de Jacky Kientz, candidat d’un Racing « alsacien », dans les colonnes des DN du Lundi apparaît bien secondaire. Des soupçons de hernie discale pour Djorkaeff, sorti par précaution à la mi-temps contre le Red Star et forfait pour Orléans, font frissonner un état-major encore traumatisé par l’expérience Pita. Il n’en faut pas plus pour assister au premier revers de la saison du RCS, sous les yeux de Jupp Derwall.

L’ancien sélectionneur de la Nationalmannschaft a lancé Rolff et Allofs en sélection. Il est libre depuis son départ de Galatasaray en 1988. Mais l’UNECATEF de Guy Roux, qui mène une lutte sans relâche en faveur de l’emploi des techniciens français, veille au grain…

Article réalisé à partir des archives des Dernières Nouvelles d'Alsace, consultables à la médiathèque André Malraux ou au Musée historique de Haguenau.

kitl

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