Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

N'Dour, pur et dingue

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Par louky
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© fsrcs

La gauche strasbourgeoise perd un représentant emblématique. Après six saisons passées au club, Abdallah N'Dour s’apprête à quitter le Racing sur une nouvelle fin de saison blanche. Hommage à ce guerrier aussi dur et dingue sur le pré que doux et humble en dehors.

Et la Meinau s’est levée. Comme un seul homme, vingt-trois mille cent quatre-vingts quatre spectateurs ont embrassé l’air printanier de la Krimmeri pour applaudir le retour d’un bonhomme qu’ils n’attendaient plus. En ce vendredi 9 mars 2018, aux alentours de la 82e minute d’une rencontre perdue depuis longtemps, Abdallah N'Dour est officiellement redevenu un joueur de foot. Chose rare depuis le retour du Racing au firmament, le Kop rompt avec son habituel mutisme nominatif - hors buts - pour scander celui de cette tige au grand front et à la démarche peu sûre. Acclamant le Sénégalais à chaque chevauchée dans son couloir gauche qu’il n’avait pas labouré depuis près d’une année. Huit minutes, un peu plus, d’une émotion pure où tout un chacun a savouré comme il se doit le retour de ce doux-dingue de N'Dour.

Qu’on ne s’y trompe pas ; si la Meinau s’est embrasée en cette énième douloureuse soirée du printemps 2018, soldée par une nouvelle rencontre sans victoire (1-3 contre Monaco), c’est parce qu’elle retrouvait, à ce moment-là, un peu de son âme. Avec Abdallah sur le pré, c’est l’assurance d’un coup d’éclat, d’un tacle façon ninja ou d’une course folle et chaloupée au destin incertain. Un bagarreur, dans le sens de compétiteur, qui a tout donné pour aider le Racing à tutoyer les étoiles dont il n’a finalement effleuré que la poussière. Laissant la lumière à des gars plus forts, plus talentueux, peut-être moins sensibles au prestige du maillot qu’ils portent, aussi.

Une certitude : le gaillard ne laisse personne insensible. Aussi, ceux qui gardent uniquement en mémoire sa prestation contre Marseille, sa dernière - et fantasque - apparition sous le maillot bleu, ne mesurent pas l’impact de ce joueur dans l’histoire récente du club. Lui qui, avec Grimm et Liénard, était le représentant d’une époque où le terrain semblait trop grand pour les troupes amateures qui s’y écharpaient. Vestige de ce Racing qui animait les buvettes des stades à main-courante, sur des rectangles plus bruns que verts, où Abdallah oeuvrait encore récemment lors de ses rares titularisations en coupe de France.

La gauche caviar


Il faut le dire, et l’écrire : Abdallah N'Dour a un jour compté parmi les très bons au Racing. Certes, l’opposition d’alors était sans aucune commune mesure avec celle de l’élite. Mais les suiveurs assidus retiendront que le Sénégalais a longtemps été l’un des premiers noms couchés sur les feuilles de match. Dès son arrivée à l’été 2014, alors que la Meinau se remet doucement d’une première saison désastreuse en National, le jeune Abdallah prend la mesure de ce qui l’attend. Prêté par le Nemesis messin avec son compatriote Mayoro N'Doye, il parvient à déboulonner Jean-Philippe Sabo sur le flanc gauche, compensant une technique fruste par un engagement défensif sans faille. Surtout, il restera comme l’un des artisans du spectaculaire final de la saison 2014-2015, titulaire indiscutable lors de la série de sept victoires consécutives qui achèvera un exercice charnière dans l’histoire du club, forgé dans la fureur d’une simple rumeur.

Arrivé en toute discrétion, N'Dour s’impose progressivement dans les coeurs alsaciens. En refusant d’abord de retourner en Lorraine, où Metz souhaite pourtant le récupérer à l’échelon supérieur. Par ses prestations ensuite, mais aussi une humilité sans égale, faisant de lui un incontournable du onze strasbourgeois lors d’une saison couronnée, cette fois, par une montée en Ligue 2. De retour dans le monde pro en même temps que le Racing, Abdallah N'Dour met quelques rencontres à trouver la bonne carburation. Avant d’élever ses performances, une fois encore, à un niveau où beaucoup ne l’attendaient pas. Meilleur centreur du championnat, l’adepte de la gauche caviar participe amplement à l’excellent parcours du promu en disputant 32 des 38 rencontres de championnat cette année-là, le tout sans véritable doublure.

La droite morcelée


Avant l’horreur. Nous sommes le vendredi 3 mai 2017, à trois jours d’une confrontation décisive avec le Racing lensois. Une journée à draper d’un voile noir durant laquelle Abdallah N'Dour apprend à ces dépends que le plus dur, ce n’est pas la chute, mais l’atterrissage. Le verdict est glaçant : à l’issue d’un banal duel aérien à l’entraînement, le Sénégalais se brise la jambe droite, victime d’une double fracture tibia-péroné. La nouvelle fait l’effet d’un choc, pour qui se souvient encore avoir reçu la notification de son journal préféré annonçant la tragédie.

Paradoxalement, c’est à ce moment précis que le peuple bleu - joueurs et supporters - prend conscience de la véritable importance de son latéral gauche. Le lundi suivant, dans l’enfer de Bollaert, ses copains, encouragés par plus de 2000 Strasbourgeois extatiques, arrachent un nul épique aux termes d’une rencontre d’une qualité, d’une dramaturgie et d’une intensité exceptionnelles. Le point d’orgue de cette orgie de foot intervient après le but de Boutaïb ; le ballon n’a pas encore franchi la ligne que le Marocain est déjà en train de se ruer sur le banc pour y extirper un t-shirt en hommage à son copain, avant de le brandir à la caméra. Abdallah était avec eux ce soir-là.

Le drame, c’est que le Sénégalais ne s’est jamais remis de cet affreux coup du sort. Lui le besogneux, qui avait jusqu’alors franchi chaque pallier avec détermination, n’a pas réussi cette fois à se hisser au niveau d’un effectif de plus en plus riche et talentueux. A cause d’un corps qui a démissionné, contrairement au joueur dont l’état d’esprit irréprochable lui a permis de gratter des places dans le groupe de Thierry Laurey, et même quelques titularisations en Ligue 1.

La patte N'Dour


En fin de contrat comme son compère ferrailleur du National Jérémy Grimm, Abdallah N'Dour devrait vraisemblablement quitter le Racing sur une nouvelle fin de saison blanche. Un énième rendez-vous manqué pour ce mec adorable qui aurait mérité de la Meinau une ovation et un tour de stade à sa gloire, a minima.

Une action, une seule, suffirait à résumer les émotions contradictoires mais belles qui nous assaillent en repensant à ses faits d’armes sous la tunique bleue : cette main dans la surface à Reims, le samedi 8 avril 2017, lors de la 32e journée de Ligue 2. Sur le coup, nombreux sont ceux à avoir maudit le Sénégalais pour ce geste improbable - et volontaire - qui annihile ostensiblement une action de but. La suite est légende ; Felipe Saad défait un lacet, le ballon fracasse la barre, le latéral gauche s’essuie le front et, un mois plus tard, Strasbourg monte en Ligue 1. Une scène à l’image d’Abdallah qui restera en mémoire comme un type doux, parfois dur, souvent dingue, à l’amour du maillot le plus pur. Avec son départ, une nouvelle page se tourne. Ainsi s’écrit la suite pour le Racing : sans N'Dour, ni violence. Mais tellement de souvenirs.

louky

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  • islay Geiss ©
  • pando67 Après réflexion, je me suis peut être un peu enflammé
  • pando67 Mais non vous n'y êtes pas du tout, on a repris confiance et on va faire comme face à Lille !
  • the-naturel Un peu d'optimisme bon sang !
  • the-naturel Tenseur sans déconner si tous tes scores s'avéraient exact, on serait dernier avec -12 points
  • athor 35-0 pour Rennes, évidemment
  • coyote67 Nantes joueit bien aussi tu disais...
  • coyote67 ah ben tiens Tenseur, le contraire m'aurait étonné ;-)
  • the-naturel Hello mon prono 1-8, triplé de Stephan
  • tenseur Rennes joue vraiment bien ces derniers temps, donc je pense 1-3 Rennes
  • iuliu68 c'est qui le prochain? Ginestet?
  • iuliu68 'tain les retours ça dénote quand même d'un manque d'idées chez les scénaristes
  • iuliu68 Jafar, Fontenla, Keller 1, 2 et 3...
  • guigues hopla
  • chris68 le trio direct racing Menes Keller hyper malaisan
  • il-vecchio Wie bitte? MK veut une presse Propagandastaffel ou la Pravda pour les russophones.
  • iuliu68 bon normalement Thomas Fritz devrait pointer le bout de son parapluie
  • iuliu68 Jafar, Fontenla
  • chris68 le racing leur menace de plus les accepter en conf" qu'ils se doivent de relayer la com' officielle?
  • chris68 c'est quoi encore cet article de direct racing?

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