Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Tomber sur un LOSC

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Par jpdarky, zottel
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Fini les clubs de nains, voilà que le LOSC pointe son nez dans le calendrier du Racing. Lille, c’est une capitale, des géants y caracolent. Dommage que le club local soit si insignifiant, d’ailleurs on n’en parlera pas. Autant par ignorance que manque d’intérêt.

(NDLR : cet article fait partie d'une série d'articles Othon et résolument Suchoparek. A lire avec recul et climatisation.)

La France des marges

On se demande par quel hasard improbable Rijsel (c’est son vrai nom) est devenu Lille, francophone et subséquemment adversaire du Racing. On se demande même comment Lille est devenue Lille. Etonnamment, le nom vient d’insula, à savoir l’île, celle d’une région de marécages peu engageants irrigués par la Deule. Et c’est donc sur cette base, à priori ingrate, de marais puants que Lydéric (1) décida sur un coup de tête de poser trois pierres et de fonder une ville, Lille. Ceci dit, avec un peu de savoir-faire, d’astuce et d'espièglerie (ainsi que de main-d’oeuvre à bon marché qui, curieusement, ne réclamait pas de salaire ni ne se plaignait, on l’entendait à peine, parfois, la main-d-oeuvre, grincer des dents quand les coups de fouets étaient un peu trop appuyés), voyez ce que Pierre-Le-Grand a su accomplir en fondant Leningrad sur quasiment les mêmes bases paysagères. En partant de marécages putrides l’un a produit la capitale du Nord, bon, l’autre, la capitale culturelle, scientifique et politique d’un pays grand comme 42’734 fois l’Alsace du haut duquel on peut contempler l’Euro et ses milles bienfaits rapport au fait que c’était “La fenêtre sur l’Europe” (dudit pays très grand qui contemple la coupe Intertoto, tout ça).

Mais revenons à Lille, le retour des trains Corail nous l’autorise sans faire exploser le budget notes de frais. C’est finalement ce croupion des Flandres qui restera français, malgré les vains efforts de plusieurs générations pour porter la frontière sur le Rhin, et cela depuis la guerre de Hollande de Louis XIV jusqu’à la crise du Rhin de 1840. Rappelons tout de même au lecteur qu’il s’agit d’un bas morceau (Lille, pas seulement le croupion), le flamand du sud étant au hollandais ce que l’accent sundgauvien est aux viriles mais suaves intonations du Strasbourgeois. Ah ça, la confusion n’est pas possible. Et les auteurs suspendent leur jugement sur le Centre Alsace pour l’unique raison que Marc Keller s’en est extrait, semble-t-il sans grand dommage.

Bref, le patois lillois était hideux. Résultat, le français s’y est épanoui laborieusement. On peine à trouver un vers valable écrit par une sommité du lieu, si ce n’est cet obscur Casimir Faucompré:

Citation:
Le commerce envahit tout, jusqu'à la mansarde, la poésie a peur de venir s’y loger, C’est toujours à regret qu’elle s’y hasarde.


Merci, Casimir. Les auteurs y ayant vainement cherché un Carrefour market ouvert le dimanche, il n’est même pas sûr que le commerce y envahisse vraiment tout. Dans ces conditions, on interprète d’un œil nouveau la fameuse sentence du grand Lillois Charles de Gaulle

Citation:
Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France. Le sentiment me l'inspire aussi bien que la raison. Petit patapon.


Il doit s'agir d’une France à la marge.

Un Mulhouse du Nord

Le service marketing est pourtant formel: Lille vaut la peine d’y passer. Mulhouse aussi, pourrait- on lui répliquer ironiquement, il y a un ou deux musées et une tour de l’Europe qui jouxte la “Tour de Jade” (2). Il s’en vient une démonstration implacable, que nous soumettons aussitôt à la sagacité du lecteur: Mulhouse et Lille, c’est kif-kif.

 - Bien sûr, la tour de l’Europe. Et quid du beffroi de Lille ? A-t-on jamais vu une inutilité architecturale aussi célébrée, sans doute faute de mieux (et on ne dira rien de l’évidente fascination phallique inconsciente, tant les temps sont tendus quant à tout ce qui touche (métaphoriquement, ou alors avec consentement signé en 3 exemplaires) de près ou de loin au moindre truc symboliquement ou concrètement lié au patriarcat, le grand satan) ? Rappelons au lecteur qu’à Tours, “le beffroi” est le nom de la chaufferie collective des quartiers Nord. A Lille, c’est une fierté.

 - Le Carnaval de Mulhouse est le moment où l’on s’habille de fausse gaieté pour légitimer l’option “couleur” du lave linge. A Lille c’est pareil, et en plus il pleut. Au Nord le carnaval est toujours l’occasion d’une débauche de moyens, de cotillons et même de géants. Les géants, qui ont cessé d’être une bonne idée depuis la fête inaugurale de la coupe du Monde 98, sauf à Lille. On aurait pu penser que cet attachement suspect aux géants qui processionnent après les heures sombres que furent la grotesque guignolade des “géants à TF1” était une sorte d’ironie cinglante jetée à la face de la condescendance jacobine de la Capitale; et puis on découvre Dany Boon, et on réalise que non, l’ironie ne fait pas partie du zeitgeist local. Et c’est moche.

 - On n’y reviendra pas trop, Faucompré ayant tout dit, mais si Lille doit beaucoup de son importance à quelque chose, c’est moins à son cachet et sa belle situation qu’au dur labeur salissant et au commerce avilissant. L’empreinte des vieilles industries minières y est partout, le textile en sortait au kilomètre. Comme à Mulhouse. Et en plus il pleut.

Un Mulhouse sympa ?


N’en jetez plus ! A la relecture, une certaine cruauté semble transparaître de notre propos.
Rien n’est plus faux.

A rebours de toute la tradition des articles satiriques, nous pouvons tenter un paragraphe qui sera agréable aux Lillois de passage (même s’il pleut moins que chez lui). Car enfin, Lille ce n’est pas non plus le menu fretin crasseux aux bottes crottées de purin qui nous a été servi (le menu fretin) ces dernières semaines en guise de plat du dimanche, puisqu’apparemment, le foot, c’est le dimanche (mais c’est un autre sujet, très douloureux lui aussi).

 - Jean Baptiste Perrin, un des deux fondateurs du CNRS avec Jean Zay. Excusez du peu, le CNRS auquel on doit tout de même ce fameux vaccin contre la Covid19, ah non, c’est sur une autre fiche: c’est à l’institut Pasteur de Lille que sera mis au point le vaccin BCG contre la tuberculose. Alors ? En tout cas on cherchera longtemps l’équivalent mulhousien dont l’université ne produit, à l’occasion, que des historiens approximatifs. On dit Mulhouse, comme on aurait pu dire Illkirch.

 - La braderie de Lille où l’on mange des moules frites. Une sorte de compétition du plus gros tas de moules vides a été instauré par les bradeux. Si on leur demande leur avis, les auteurs se méfient de ce genre de traditions gastronomiques culinaires collectives depuis la consommation d’un vin chaud aromatisé gastro-entérite.

 - Nicolas Hulot est Lillois. Lui le ministre aux mains molles, le Théodore Monod à moteur, l’Haroun Tazieff sans diplôme, l’écologue de TF1. Quelle belle carrière. Ce n’est pas Jean Marie Bockel - la seule tête qui dépasse à Mulhouse - auquel on doit la presqu’interdiction du glyphosate.

 - Mallaury Nataf est Lilloise. Les quadras se rappellent de son œuvre, on ne badinait pas avec la liberté sexuelle au Club Dorothée. Alors que pour les célébrités féminines, l’Alsace a tout juste engendré quelques Miss France et - non sans honte - une demie Charlotte de Turkheim.

Montez-moi donc de la bière et des sandwichs


De retour de sa pause post-prandiale, le Commissaire Zorky s’apprête à pénétrer dans l'alcôve qu’il partage avec son fidèle adjoint, Dattel. Alors qu’il pose sa main pateline sur la clenche de la porte il songe à toutes ces affaires sombres et parfois sordides qui furent résolues dans ce saint des saints. Ha ! Noirceur de l’âme humaine ! Soudain, le poids de son sacerdoce pèse (comme tout poids qui se respecte, cf. la gravitation et toutes ces sortes de choses) sur ses épaules larges et rassurantes. Quelle nouvelle ignominie issue de la psychée tordue d’un homme (ou d’une femme (ou d’un être ne se reconnaissant pas dans cette dichotomie simpliste), voire d’un étudiant) allait s’éclater contre le pare-brise de la justice et du droit ? Pantelant à l’idée d’un nouveau saut dans le marigot des dépravations humaines, il franchit le seuil de la porte (non sans avoir préalablement poussé la clenche vers le bas, sinon il serait pris la porte au travers du visage, ce qui l’aurait foutu mal question dignité et street cred’).

 - Aloha mon bon Dattel ! Alors, que nous réserve donc cet après-midi au service de la Loi et du Citoyen ?
 - Commissaire, commissaire, une nouvelle enquête se profile. Regardez (il sort un catalogue Daxon, avant de réaliser sa boulette; il balance le document, tout écorné, sous le bureau et saisit une feuille tâchée de café) Keuhh, un jeune fan, encore ce iuliu68, nous demande comment écrire “Lille” en écriture inclusive. J’espère que c’est pas noté, je suis plus fort à l’oral.
 - Attention, attention, mon bon Dattel. Vous vivez dans l’insouciance. Sachez que le monde, tout du moins sa moitié féminine, vous regarde en ce moment. Vous ne savez donc pas ce qu’est l’écriture inclusive ?
 - Non, j’ai fait un séjour all-inclusive en août dernier mais je suis plutôt resté dans les activités pétanque, cocktail, vous voyez ? Là je dois dire que je suis perdu, les indices sont maigres, une sale affaire à n’en point douter patron.
 - Reprenons tout à zéro. L’écriture inclusive, c’est l’art d’accorder au féminin pour ne froisser personne, même les mots qu’on n’accorde pas, même les mots masculins, même les mots qu’on sait pas.
 - On accorde tout chef ?
 - Voilà. Donc, Lille nous donne Lille-Elle.
 - Lillet ? Ca me rappelle que j’étais aussi à l’atelier apéritif, ahalala ça y est chef, je suis de nouveau à Bandol…
 - Allons ALLONS du sérieux ! Mettons Lui-et-Elle, ça y est vous êtes avec nous ? Vous la voyez la parité ?
 - Ca y est j’ai compris ! Mais attention chef, par galanterie (au cas où c’est all-inclusive aussi) je commencerais par Elle. Elle-et-Lui. C’est ce que je demande au kiosquier quand ma femme veut de la lecture elle aussi, ça le fait marrer.
 - Je préfère ne pas commenter vos choix esthétiques, qui m’échappent, et je vous rappelle qu’on parle de la capitale des Flandres françaises. Mettons Elle-et-Il, c’est plus professionnel.
 - Si je peux être professionnel aussi, il faut penser à gagner du temps et j’écrirais L-é-il. Je suis mauvais à l’écrit, mais efficace (oh il est déjà 16h55 chef).
 - Très bien, très bien ! Incluons encore un peu, disons L-é-ille !
 - Mettons Lille et n’en parlons plus.
 - Voilà. Correct. Lille. Vous savez, j’aime quand les enquêtes se concluent d’elles-mêmes, comme par un lent dévoilement de la vérité. Ça me rappelle que je suis commissaire et que vous allez me faire le rapport pour demain. Non, ne me remerciez pas, pensez à nos lecteurs-trices. Ou Trices-teurs. Teuses.

  • (1) qui devint plus tard Lycos, son second bide, après ce double échec, se retira du game de la création et prit un petit boulot de mascotte de processions ultra-locales (et pas local des ultras, concentrez-vous).
  • (2) on vous conseille le 32 en entrée, puis un 27 et un 42 pour finir, avec Saint-Anaphore placé dans la 3ème. Le patron vous servira un alcool indéterminé dans un verre avec une dame toute surprise d’être toute nue au fond (du verre).

jpdarky, zottel

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