Non, relancer ses adversaires n'est pas une spécialité du Racing

Plusieurs propos soulignant la propension du Racing à relancer les équipes ont récemment refaits surface sur le stub alors que le Racing va affronter ce week-end une équipe stéphanoise qui reste sur 9 matches sans victoire (aucune victoire cette saison). En effet, il est facile de trouver des exemples : comme cette défaite à Metz en janvier 2020 (1-0) permettant aux lorrains de stopper une série de 9 matches sans défaite et de se relancer par la suite (3 victoires consécutives). En analysant les mauvaises séries de l’ensemble des clubs de L1 depuis la saison 2017/2018 (celle du retour du Racing), l’objectif de cet article est de confirmer ou infirmer ce mythe, en comparant la propension du Racing à relancer les équipes par rapport aux autres équipes de D1.

Qu’entend-on par « relancer » une équipe ?

Une équipe se relance lorsqu’elle met fin à une série de défaites, ou une série de non-victoires, en s’imposant. Un club qui relance les autres a donc tendance à perdre, ou ne pas gagner, face à une équipe qui sort d’une série de non-victoires relativement importante. Il ne faut donc pas confondre « propension à relancer les équipes en difficulté » et « propension à perdre contre les petits ». Peut-être que ces deux paramètres sont liés, mais il faudrait mener une autre analyse pour le savoir.

Méthode et données

On considère qu’une équipe réalise une mauvaise série lorsque :
- Elle a perdu 3 matchs consécutifs, ou ;
- Elle n’a pas gagné 3 matchs consécutifs alors qu’elle a terminé dans le top 10 à la fin de la saison, ou ;
- Elle n’a pas gagné 4 matchs consécutifs alors qu’elle a terminé dans la seconde moitié du tableau à la fin de la saison.

A partir du moment où cette série apparaît pour un club, on observe les résultats qui suivent les trois défaites consécutives, ou les 4 matchs non gagnés consécutifs, jusqu’à ce que la série soit brisée par un club s’inclinant contre l’équipe qui jusqu’alors réalisait une mauvaise série. Plusieurs indicateurs sont relevés :
- Le nombre de match joué contre une équipe faisant une mauvaise série ;
- La moyenne des points gagnés contre des équipes faisant de mauvaises séries ;
- Le nombre de défaites contre une équipe faisant une mauvaise série ;
- Le taux de défaites contre des équipes faisant de mauvaises séries ;
- La pire série stoppée : par exemple un club A qui perd contre un club B, restant au préalable sur une série de 10 matchs consécutifs sans victoire : le score de pire série stoppée du club A est de 10 (un match nul ne compte pas).

L’ensemble de ces indicateurs sont relevés pour tous les clubs ayant joués en D1 entre la saison 2017/2018 et 2020/2021 (4 saisons, 25 clubs). Les saisons sont étudiées de manière séparées et non de manière coulissante (un club perdant les deux derniers matchs d’une saison et les deux premiers de la suivante n’est pas considéré comme réalisant une mauvaise série). Les données sont tirées de racingstub.com.

Résultats

Le Racing se caractérise par une propension à gagner moins de points face aux équipes traversant une mauvaise passe que la moyenne des 25 clubs de L1 étudiés. Avec 1,34 points glanés en moyenne (contre 1,50 pour la moyenne des 25 clubs), le Racing se classe à la 17ème place sur 25. Le fait d’enlever les valeurs extrêmes (trois meilleurs clubs et trois moins bons) n’a pas d’impact significatif sur le nombre de points moyen gagnés (1,51).

Le Racing a perdu 34,4% de ses matchs face à des équipes traversant une mauvaise passe alors que ce taux est en moyenne de 33,0% pour l’ensemble des clubs étudiés : le Racing est 13ème sur 25 en termes de ratio de défaites. A noter la très forte corrélation négative (attendue) entre le nombre moyen de points gagnés et le taux de défaite (r=-0,92) pour les 25 clubs. Cela signifie que le Racing a un (très) léger bilan de point déficitaire au vu de son ratio de défaites. La pire série stoppée par le Racing est celle de Rennes en 2019 (9 matchs non gagnés consécutivement avant de battre le Racing à la Meinau 0-2). Le record est égalé face à Metz en 2020 (9 matchs non gagnés consécutivement avant de battre le Racing à St-Symphorien 1-0). Le Racing égalera à nouveau son record en cas de défaite contre Saint-Etienne ce 17 octobre.

Equipes	Match	Pts gagnés	Pts moyens	Défaite	Défaite contre top 5	Taux de défaite	Pire série stoppée
PSG	24	68	2,83	0	2	0,0	Inférieur à 6
Lyon	28	56	2,00	6	2	21,4	11
Monaco	34	67	1,97	7	6	20,6	12
Marseille	30	59	1,97	4	3	13,3 8
Lorient	6	11	1,83	1	1	16,7	Inférieur à 6
Lens	9	16	1,78	1	1	11,1	Inférieur à 6
Nice	33	57	1,73	9	1	27,3	6
St-Etienne	30	51	1,70	9	4	30,0	7
Amiens	23	38	1,65	8	2	34,8	7
Rennes	30	49	1,63	7	2	23,3	7
Lille	26	42	1,62	9	3	34,6	6
Nîmes	25	40	1,60	7	1	28,0	Inférieur à 6
Brest	11	17	1,55	4	0	36,4	Inférieur à 6
Nantes	28	43	1,54	11	1	39,3	6
Montpellier	26	39	1,50	7	3	26,9	11
Reims	24	34	1,42	8	2	33,3	12
RCS	32	43	1,34	11	4	34,4	9
Bordeaux	35	45	1,29	14	5	40,0	Inférieur à 6
Angers	24	28	1,17	10	4	41,7	15
Metz	31	36	1,16	13	2	41,9	11
Guingamp	19	22	1,16	9	1	47,4	12
Dijon	35	38	1,09	13	1	37,1	9
Troyes	7	7	1,00	4	0	57,1	Inférieur à 6
Toulouse	22	14	0,64	12	4	54,5	10
Caen	19	9	0,47	14	4	73,7	13
Moyenne	24,44	37,16	1,5	7,92	2,36	33	9,47*

*En enlevant les clubs dont la pire série stoppée est inférieure à 6.

La figure ci-dessous démontre que le Racing se situe dans le « mauvais quart » (taux de défaites plus important et points moyens moins importants). Toutefois, il est difficile d'avancer que le Racing est un spécialiste pour relancer les équipes puisque : (1) il ne se situe clairement pas à l’écart du nuage de point central (seul le PSG et Caen en sortent nettement) ; (2) le Racing est extrêmement proche des moyennes des deux indicateurs étudiés (points moyens et taux de défaites). On remerciera notamment le TFC de la saison 2019/2020 qui a permis au Racing de prendre 6 points et de remonter la pente.



Pour conclure, non le Racing n’est pas un spécialiste pour relancer les équipes dans une mauvaise passe (demandez à Caen et Toulouse). Certes la balance est plutôt dans le négatif mais son classement par rapport aux autres clubs de L1 reste correct pour un club ayant joué le maintien chaque saison depuis son retour dans l’élite. Une autre question mérite d’être posée : est-ce que le Racing est un spécialiste pour briser les séries positives de ses adversaires ? A suivre...