Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Il connaît pas Raoult, le stub

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Avant-match
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Par jpdarky, zottel
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© jpdarky

Il arrive que Racingstub.com doive assumer sa vocation pédagogique, alors même que la question scientifique semble être des plus ambitieuses. C’est le cas dans l’échange inattendu qui s’est tenu avec le célèbre professeur Didier Raoult, qu’on ne présente plus.

(NDLR : cet article fait partie d'une série d'articles au ton décalé et résolument second degré. A lire avec précaution et humour, et 100mg de raoultine trois fois par jour pendant 2 semaines. Résultat garanti, soin, argent, retour de l’être aimé.)

Une lettre du Prof. Raoult


Quelle ne fut pas la surprise de l’équipe de Racingstub.com lorsqu’arriva, avec ‘importance haute’, ce mail du professeur Raoult. Le druide marseillais, la star mondiale de l’infectiologie, de la virologie, de la télégénie, on ne sait plus trop, bref le professeur Didier Raoult en personne nous écrivait. Quelle émotion ! Le match contre Marseille approchant, il apparut que la sommité s’était penché sur le pronostic, en y employant comme à son habitude toutes les ressources de la science.

Le message fut lu avec une fébrilité empreinte du respect sacré dû à l’idole. Il s’agissait d’un long exposé scientifique, de la plus haute tenue intellectuelle, à paraître sans doute prochainement dans “Journal of Raoultian studies” (IF 0,013) dont vous citons ici quelques extraits.

... selon le protocole mis en œuvre, dans la plus grande rigueur scientifique, il apparaît clairement que Strasbourg ne peut pas gagner contre l’Olympique de Marseille.

L’ensemble des répondants de l’enquête a été classé en deux groupes, le groupe A et un groupe témoin, car il apparaît généralement qu’il en faut un. Tous ont répondus que, ‘
putain cong’, Marseille devait l’emporter. Le fait que l’ensemble des répondants ait été choisi parmi la patientèle de l’IHU à Marseille, et était donc vraisemblablement composé de supporters de l’OM, est un biais possible que nous pouvons écarter aisément en prenant un air supérieur.
(...) La modélisation du score final, réalisée selon la méthode de Du Schmurtz-Perrone (2021), révéla également un net avantage en faveur de Marseille (figure 1). La probabilité de se tromper a été estimée équivalente à celle d’un accident de trottinette.


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Fig1: Modélisation du score final

(...) En conclusion, le traitement à base d’hydroxychloroquine, verveine et savon de Marseille nous apparaît comme une solution intéressante pour assurer la supériorité de l’OM dans le contexte de la L1. Game over pour l’adversité ! L’OM va gagner !

Un long silence atterré suivit. A court d’idées, Rédaction confia l’enquête à ses solutions de dernier recours, le Commissaire Zorky et son fidèle adjoint Dattel. On attendait d’eux rien de moins qu’une relecture attentive du document scientifique, de porter la critique au niveau où le débat scientifique s’était élevé.

 —  Bonjour Dattel ! Ça biche ? Alors, quelle affaire nous préoccupe exactement aujourd’hui ? Les écrits de ce Professeur Raoult sont-ils suffisamment importants pour faire patienter les malfaisants qui nous assaillent quotidiennement comme autant de manifestations de la noirceur de l’âme humaine ? Il ne faudrait pas que la Police soit occupée par une vulgaire histoire de chat écrasé.

 —  Eh bien je ne saurais trop dire Commissaire. Les indices sont maigres. Le monsieur a l’air bien connu à Marseille, cité du vice.

 —  Allons allons Dattel, vous vous effarouchez pour un rien, on dirait un bleu a peine revenu de sa première contravention. Qu’avons nous là au fond ? Un autre contribuable sûr de son bon droit ? Un mal embouché prêt à condamner son voisin pour une bagatelle ? Est-ce seulement digne d’un commissariat de campagne ?

 —  C’est que c’est assez inhabituel, le monsieur a fait des études. C’est plus gratiné qu’à l’ordinaire. Sale affaire en vérité, patron.
 —  Des études, la belle affaire ! Avez-vous seulement remarqué les cheveux ? Longs, naturellement ! Cheveux longs, idées courtes ! Moi vivant, Dattel, mes hommes ne se laisseront pas intimider par la racaille étudiante !

Le Prof. Raoult nous réécrit


Rassérénés par les conclusions de l’enquête de Zorky et Dattel, l’équipe de Racingstub.com s’apprêtait à tourner la page quand soudain un nouveau mail arriva, nettement plus comminatoire:

... Il a été porté à notre connaissance que l’étude menée par nos équipes de l’IHU s’est vu dénigrée, ignorée, rabaissée au niveau d’un rapport de M2. Sachez Messieurs que vous vous mesurez à une star mondiale dans son domaine, un homme dont les publications se comptent par milliers, la plupart n’étant pas truquées. L’IHU dans son ensemble est un joyau que le monde nous envie, il ne s’y trouve que les meilleurs de l’élite. Persistez à ignorer nos travaux, et nous ruinerons à jamais la réputation scientifique de Racingstub.com. Nous en avons les moyens. Et défions-nous de la réaction du peuple marseillais qui nous adule; nous déplorons la violence, mais enfin le pire n’est jamais exclu. Prenez plutôt soin de vous. N’hésitez d’ailleurs pas à consulter, car vous semblez un peu excités; ma femme est psychiatre, elle pourrait vous être d’un grand secours.

A nouveau sollicités, Zorky et Dattel volèrent au secours de l’équipe de Racingstub.com.

 —  Alors Dattel, encore à faire des colliers de trombones ? Vous n’aviez pas cette affaire Raoult à boucler ?

 —  Ah commissaire, c’est que c’est une sale affaire. Les indices persistent dans la maigreur, nous n’avons rien contre le suspect. Au contraire, il s’avère que c’est une sorte de savant.

 —  Faites-moi voir ça… hum… sommité mondiale… impact factor… publimétrie considérable… soutiens politiques… (soudain frappé de stupeur) Saperlipopette, il semblerait que c’est un gros poisson ! J’ai l’impression que nous marchons sur des œufs Dattel !

 —  Alors vous pensez qu’il a raison, Strasbourg va perdre contre Marseille ?

 —  (agacé) Bon sang, vous vous fiez à moi comme à l’évangile, vous n’avez donc aucune notion de méthode policière ? Est-ce parce que je suis commissaire que je dois forcément avoir raison ?

 —  Il faut avouer que vous êtes fortiche Patron, sans flatterie.

 —  Foutaise ! Argument d’autorité ! Le fond de l’affaire est que le monsieur est un grand scientifique. Et ça, euh, eh bien ça veut dire qu’on ne pas ignorer son avis. Il est furieux, il doit avoir ses raisons. Enfin bref, vous suivez Dattel ?

 —  C’est limpide patron, vous avez raison, comme toujours.

Le Prof. Raoult écrit encore !


Apparemment atteint de graphomanie, le Professeur écrivit un troisième mail à l’équipe de Racingstub.com, cette fois pleinement avertie de l’envergure du personnage. Le ton s’était radouci, et laissait entrevoir l’ébauche d’un mea culpa:

... Quelques erreurs méthodologiques, qui n’auront pas échappé à quelques-uns, obsédés au dernier degré par un certain formalisme de la science dont nous ne cessons par ailleurs de dénoncer la stérilité, quelques erreurs donc ont pu éventuellement se glisser dans l’étude intitulée ‘Game over pour Strasbourg’, par Raoult et al. (2021). La source en est bien identifiée, il s’agit d’un ancien stagiaire de l’IHU qui aurait agi par excès de zèle. Cela ne remet pas en cause l’ensemble des données, que nous tenons à disposition de tous à l’IHU. Quoi qu’il en soit, un nouveau papier d’importance est en préparation, qui devrait conforter les conclusions de ce premier travail (nous rappelons que l’IHU est leader mondial dans les publications scientifiques concernant le match OM-Racing Club de Strasbourg).”

 —  Dattel, je crains que l’affaire ne prenne des proportions qui nous échappent. La Police est une grande œuvre, elle mérite de grands efforts, mais nous devons parfois nous avouer vaincus.

 —  Vous m’effrayez patron. Vous voulez dire que les indices sont maigres ?

 —  Pire. Songeons à ce qu’à dû vivre ce grand savant, ce Professeur Raoult, pour s’humilier ainsi à devoir se rétracter sur les conclusions de cette étonnante étude (comment s’appelait elle déjà ?) ‘
Game over pour Strasbourg’. Je vous l’avais pourtant dit, nous marchions sur des œufs. Il semblerait qu’au plus haut niveau certains n’aient pas voulu laisser éclater une vérité dérangeante.

 —  Vous voulez dire que Raoult avait raison malgré tout ? Game vraiment over pour Strasbourg ? Mais qu’il faut étouffer l’affaire ?

 —  [i](soupir)
Hélas. C’est un fait, dans la Maison notre raison nous porte à défendre les victimes, les opprimés. Galilée, Raoult, le bon sens policier est avec vous: vos nombreux adversaires plaident pour vous. Mais cela doit être une maigre consolation pour de tels géants, en des temps d’obscurantisme triomphant.

 —  Chef, quelle injustice ! J’ai envie de le hurler sur les toits ! ‘Raoult avait raison’ ! Si c’était pas un coup à se prendre un blâme ! Qu’est ce qu’on fait patron ?

 —  (sombre et résigné) La même chose que tous les jours, Dattel. De 1, vous allez me faire monter une roteuse et des sandouiches. Et 2, nous allons manger vers de nouvelles aventures (...)

Un rebondissement inattendu ! Pif ! Pouf ! Zap !


Alors que le génial Zorky allait poser le point final à cette étrange enquête à la conclusion fort déconcertante, la porte vole en éclats et c’est la stupeur qui saisit l’assemblée (constituée de Rédaction, Zorky et Dattel) : deux silhouettes fumantes piétinent les débris de la porte, le plus grand est doté d’une pipe tout aussi fumante que lesdites silhouettes sous une moustache un peu calcinée, l’autre, plus petite, mais râblée comme un shot de vodka à la vodka, porte un béret à demi brûlé et encore rougeoyant ici et là.

 —  (Rédaction, sur un ton identique à celui de Seya réalisant que son adversaire a encore un chouia de cosmo-énergie sous la chaussette) Mais c’est im-PO-ssible ! Zorky, Dattel ? Mais, je, mais, DEUX Zorky, DEUX Dattel ? Quelle est cette diablerie ?

 —  (Zorky qui sent un peu le barbecue) Ne vous méprenez pas, ces gredins sont des imposteurs !

 —  (Dattel qui refoule façon vieux méchoui) Je dirais même plus : c’est nous Zorky et Dattel, ce sont des imposteurs !

 —  (Zorky et Dattel qui ne sentent pas le brûlé) Ha ! Qui sont ces gens ? Nous sommes Zorky et Dattel ! Arrêtez les ! Faites les taire ! Saisissez vous d’eux, mettez leur un baillon !

 —  (Rédaction, tournant la tête de droite et de gauche, perdue comme un racingstubiste dont le cookie d'authentification périme toutes les 30 secondes et doit ré-entrer son login et mot de passe) Je, mais, je, ARGHLLLL !

Sur ces entrefaites, le duo mi-cuit se jette sur les laudateurs des raoulteries et les ligotent prestement grâce à deux morceaux de corde qui se trouvaient justement là, et dont la longueur est fort appropriée pour ligoter chacune un homme. C’est fou comme le destin peut parfois placer des trucs utiles au moment opportun là où il faut, quand il faut. Est-ce le destin, la chance, le hasard, le sort ou la fortune ? On ne le sait, ceci dit, on ne peut qu’être ébahi devant la richesse de la langue française en ce qui concerne ce que les anglais ne désignent quasiment que par le vocable “fate”. De là à penser que la langue française est quand même vachti balaise, et surtout que la langue anglaise c’est franchement surcoté, il n’y a qu’un pas que 50% des co-auteurs franchissent avec allégresse et morgue. Mais ce n’est pas le sujet, revenons à l’action dont la trépidance égale la surprise générale générée par ce génial rebondissement d’une finesse dramatique absolument renversante.

L’un des ligotés s’effondre en pleurs et en bafouillant des borborygmes quasi inintelligibles dus à un terrible problème de diction apparu soudain qui rendrait impossible la prononciation de “zeugme” ou “décence ordinaire”, le genre de handicap verbal qui fait espérer que ce bonhomme ne travaille pas dans les médias, ce serait grotesque : “Non, non, pitié, ne me tapez pas ! Comment est-ce possible ? Nooooon, vous avez été neutralisés en terre niçoise !” ; tandis que l’autre, plutôt replet maintenant que Rédaction prend le temps de le contempler se tient droit, avec une morgue indécente.

 —  (Rédaction tente de reprendre pied avec la réalité) Comment ça “neutralisés en terre niçoise” ?

 —  (Zorky pas attaché et avec les bouts de la moustache noircis) Si fait ! Un odieux complot populacier a tenté de nous immoler par le feu et dans un grotesque bonhomme de paille et de mimosa sur la promenade des Anglais. Leur meneur, une odieuse gouape aux manières de voyou de bas étage nous a tendu un piège. Heureusement qu’un leste et habile vieux monsieur à la chevelure de hippie, mais gominé, nous a sorti de ce traquenard à l’ultime minute en empruntant une trappe habilement dissimulée dans ce que je ne peux décrire que comme le rectum dudit bonhomme de paille et de mimosa. Ce fut en quelque sorte un nouvel accouchement de nous-mêmes, mais par voie anale. Plutôt humiliant, n’est-il pas ?

 —  (Dattel pas attaché avec le béret fumant) Quel brave homme, il disait s’appeler José Garcia…

 —  (Zorky libre de ses mouvements) COBOS, Dattel ! Cobos ! Comme Vincent ! C’est pas difficile ! Allons, voyons voir qui se cache derrière ces masques…

D’un mouvement énergique, Zorky saisit les cheveux de celui qui se tient débout et arrache le masque…

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Incroyable rebondissement !

 —  … Aha ! Tu es démasqué, forban ! Allez, hop, main sur la table, jambes écartées, tu fais tomber tes papiers doucement par terre, agent de service, veuillez vous occuper de cet imposteur.

 —  (Rédaction, se tapant le front du plat de la main) Par le Saint Pamplemousse, on aurait dû se douter d’un truc, autant ils ont assuré sur les masques, autant, se trimballer en drap blanc ça n’avait aucun sens.

 —  (L’agent dont la présence avait été fort discrète jusque là) Allez raclure, tu fais ce que t’as demandé le Commissaire (...)

 —  (Dattel, l’interrompant) Mazette le patron quand même, quel type ! Hein ?

 —  (L’agent, soudain nettement moins distrait) JE VEUX VOIR TES MAINS CHACAL ! (Tournant la tête vers le comparse roulé en boule dans un coin dans la pièce, postillonant sous son masque) Ha, et l’autre là, j’en fais quoi patron ?

 —  Tu l’embarques aussi, tu me balances ces deux malandrins en cellule, ils vont mijoter tranquillement, quelques nuits sur un lit en béton au mois de décembre, ça va leur permettre de prendre du recul.

 —  Mais, patron, c’est inhumain, ils vont crever de froid, c’est à peine chauffé, il paraît qu’on a reçu des plaintes de la cour européenne des droits de l’homme.

 —  Allons allons, je suis passé devant l’autre jour, il y a un pull bleu marine qui traîne encore, il paraît que ça remonte aux années 2000. Ils pourront s'emmitoufler dedans.

 —  (Rédaction, fébrile) Attendez attendez, vous n’êtes pas curieux de savoir qui est le comparse ?

 —  (L’agent) Probablement une sombre merde, le sbire d’un salopard comme l’autre là, ça ne peut être que le fond de la fosse à purin. Allez, hop (Il retire le masque de la loque).

 —  (Rédaction, ébahi) MAIS, c’est Pascal Praud ! Remarquez, avec ce défaut de prononciation, on aurait dû se douter, que nous avons été naïfs ! Mais, pourquoi ? Pourquoi avez vous fait ça ?

 —  (Pierre Menès) Mais pour l’argent évidemment ! Depuis que je suis tricard, j’ai du mal à finir les fins de mois, c’est que mon budget graisse de porc n’est pas exactement minimaliste. J’ai été contacté par un mystérieux type muni d’une valise pleine de roubles, il se fait appeler “le vizir londonien”, un truc dans le genre. La combine m’a semblé facile, j’ai plongé, et je sais que Pascal ne rechigne pas aux basses oeuvres, il me fallait un comparse pour jouer le duo. Il a accepté tout de suite.

 — (Rédaction, se tournant vers les fiers Zorky et Dattel) Pardon pour notre pitoyable manque de lucidité, comment avons pu nous laisser prendre, c’est impardonnable. Quelle indignité !

 —  (Zorky, levant la main, magnanime) Allons allons, il n’est pas donné à tout le monde d’être doté de notre sagacité, à l’impossible nul n’est tenu. Ceci dit, un drap blanc comme toute vêture, quand même… Allez Dattel, partons, je sens qu’un bon gueuleton nous attend à la Nuée Bleue ! Les roteuses sont pour moi, en route vers de nouvelles aventures !

Article co-écrit par Jpdarky et Zottel.

jpdarky, zottel

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