À la recherche du temps perdu

Si vous avez raté le début : Madeline Roth est une jeune footballeuse née en 2001 à Wissembourg, passée par le FC Seltz en mixité, puis au FC Vendenheim où elle débutera sa carrière 100% féminine en U19 Nationaux. Elle se fera remarquer en inscrivant plus de 30 buts dans ce championnat relevé où de nombreuses internationales actuelles se côtoient chaque week-end, s’offrira même une finale (perdue face à Montpellier aux t.a.b) où elle marquera le doublé qui permettra d’accrocher le nul. Elle débutera, grâce à ses performances statistiques mais aussi sa qualité technique, sa vitesse et sa percussion balle au pied, en équipe de France U16 et U17. Elle passera même en U18 avant une première blessure (ligaments croisés genou droit) en mai 2018, un très court passage aux Pierrots Vauban pour un retour sur les terrains mi-février 2019 avant de rechuter cette fois-ci avec le genou gauche en mars quelques semaines plus tard. Transférée au Racing en Régional 1, elle reprendra la compétition en décembre 2019 et fera partie de l’équipe de la montée en Division 2 Nationale quelques mois plus tard suite à l’arrêt des compétitions à date suite à la COVID-19. Aujourd’hui, Madeline Roth est un élément essentiel de l’équipe de Vincent Nogueira, meilleure buteuse de l’équipe et 4ème du championnat, elle a pleinement participé à cette 5ème place attribuée à la trêve hivernale (sur 12). Après blessures et pandémie qui auront un peu ralenti sa montée en puissance, place à la parole d’une joueuse qui a les yeux et le rire qui pétillent autant que ses prises de balle et ses frappes au but.

NDLR : Une partie de l’interview avait débuté vers fin octobre, la fin a ensuite été réalisée après la dernière journée des matchs aller.

Madeline, comment est l’ambiance dans le groupe ?
L’ambiance est bonne, il faut savoir qu’on se connaît depuis plusieurs années car même les nouvelles arrivées ne sont pas réellement des inconnues. Certaines se sont déjà côtoyées auparavant dans d’autres clubs, pôles espoirs, etc… donc c’est un grand avantage pour l’intégration en début de saison.
Et depuis ça se passe bien, on est solidaire, respectueuses et on a toutes le même objectif pour cette saison.

Comment te sens-tu dans ce collectif sur le terrain ?
Je me sens bien, c’est une équipe qui me correspond bien. On est une équipe jeune mais avec quelques filles d’expérience, le mélange est jusqu’à présent très intéressant.

Le fait de jouer souvent à deux attaquantes me permet d’être libre dans mon jeu, de varier et de tourner autour de celle qui joue un peu plus le rôle de point d’appui. Pour l’instant ça marche bien donc on va essayer de continuer pour atteindre notre objectif (NDLR : le maintien).

Qu'est-ce que le Racing évoque pour toi ?
Étant Alsacienne, le Racing représente mon club de cœur puisque depuis petite je me déplaçais à la Meinau pour suivre les matchs. Donc c’est sûr que ce club me représente bien et je suis fière de pouvoir y faire un bout de mon chemin en tant que joueuse dans l’équipe féminine.
 
Est-ce un rêve pour toi de jouer un jour à la Meinau ?
Comme je l’ai dit juste avant, je regarde les matchs depuis petite dans ce stade. Donc Bien sûr en tant que joueuse de foot c’est un rêve de pouvoir jouer dans un stade comme celui-ci, la Meinau remplie avec ces supporters chauds bouillant pour nous soutenir, c’est le rêve. Mais pour cela je pense qu’il faudra encore gravir plusieurs échelons.

Pour ceux qui ne connaissent pas le quotidien d’une footballeuse, c'est quoi ta journée-type dans la semaine ?
Alors actuellement je suis en troisième année d’étude en Management et Marketing du Sport donc pour obtenir ma licence. Cette année c’est un mémoire à rendre sur le sujet de notre choix donc je n’ai pas de cours mais je dois avancer et effectuer des recherches, donc je travaille chez moi.

Je me réveille vers 8h, je travaille sur différentes choses toute la matinée, début d’après-midi. L’après-midi en fonction des jours c’est soins, repos, étirements, musculation et le soir vers 17h30 séance d’entraînement. Vers 20h, retour à l’appartement pour manger et dormir. Cette année mon emploi du temps n’est pas trop chargé comparé aux années précédentes, le but étant d’être concentrée au maximum sur ma performance sportive et de mettre toutes les chances de mon côté pour pouvoir viser plus haut.

Aujourd'hui, peux-tu te projeter professionnellement dans le foot uniquement ?
J’essaye de mettre tous les ingrédients pour avoir la possibilité de vivre de ma passion un jour. J’aimerais gravir les échelons et jouer dans le plus haut niveau féminin. C’est mon objectif, oui.
Mais malheureusement, les cas dans le foot féminin sont encore très rares donc je pense que c’est important de continuer ses études pour avoir une porte de sortie.

Est-ce que sortir de deux blessures aux ligaments croisés aussi jeune, te donne une force supplémentaire aujourd'hui ?
Aujourd’hui, c’est clair je ne vois plus les matchs, entraînements de la même façon. Je savoure d’autant plus ces moments parce que je comprends la chance que j’ai d’être sur le terrain à jouer.

Durant cette période j’ai pu travailler et me concentrer sur des choses que je n’avais pas pris le temps d’approfondir et qui sont pourtant devenues indispensables pour la vie d’une sportive (alimentation, sommeil, etc). Tous ces facteurs sont devenus beaucoup plus importants pour moi depuis cette blessure.

Comment s'est passé justement cette rééducation ?
Le premier, c’était un peu la découverte j’ai voulu revenir rapidement tout en bossant correctement. J’ai fait toute ma rééducation à Strasbourg.
Lors de mon retour sur les terrains je n’ai sûrement pas réussi à doser mon énergie et mon corps. Et j’ai donc enchaîné, un mois après, ma deuxième blessure lors d’un entraînement banal.

Ma rééducation du second a été beaucoup plus contrôlée pour revenir correctement et pour longtemps. J’ai donc refait une grande partie de ma rééducation à Strasbourg, plus un stage au CERS de Cap-Breton en juillet pour sortir de cette routine. Et lors de l’arrêt des compétitions, lors du confinement, j’ai fait énormément de travail individualisé avec mon kiné et mon préparateur physique pour revenir à la prépa de juillet 2020 au top de ma forme. Ça a plutôt très bien marché puisque depuis je n’ai jamais été aussi bien physiquement. Pourvu que ça dure !

Côté compétition, t'es-tu fixée un objectif personnel en termes de stats ?
Non pas concrètement mais bien sûr que mon but dans l’équipe c’est d’être la plus décisive possible au vu de mon poste d’attaquante.

Je suis du genre à tout donner sur le terrain, c’est primordial pour moi d’être dans les bons coups que ce soit par la passe, par la frappe, par les courses, appels, etc. Il faut qu’à la fin du match je sente que mes adversaires soient rassasiés.
Dans tous les cas, le plus important pour moi c’est de revivre des situations, de prendre du plaisir après ces 2-3 années compliquées (croisés/covid), et si je peux être performante et décisive pour l’équipe c’est le top.

Est-ce que l'équipe de France est toujours un objectif ?
Bien sûr, je l’ai toujours dans un coin de ma tête mais j’essaye de ne pas me mettre de pression par rapport à ça. Je sais d’où je viens et le fait de pouvoir encore y croire même après deux grosses blessures c’est une fierté pour moi. Le plus important pour moi c’est de continuer à monter en puissance pour pouvoir prétendre jouer plus haut dans les années à venir et pourquoi pas viser les « A » un jour.

Quel bilan tires-tu de la 1ere partie de saison au niveau de l'équipe et personnellement ?
Alors, du point de vue de l’équipe. On est plutôt satisfait de notre début de saison et des points pris. On a encore plusieurs choses à améliorer notamment notre maîtrise collective quand on mène au score.

Du point de vue personnel, je suis contente de retrouver la compétition et d’enchaîner les matchs. J’ai eu un bon début de saison avec une petite baisse de régime en novembre, en tout cas j’ai toujours essayé de contribuer au mieux dans notre animation collective. Le but de cette deuxième moitié de saison est de monter en puissance et d’améliorer mes stats.