Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Ismaël Doukouré à toute vitesse

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Transferts
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Par athor
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© Doriane Michalak

Limité en nombre dans le secteur défensif, le Racing a profité du mercato hivernal pour se renforcer et préparer l'avenir en recrutant le jeune défenseur de Valenciennes Ismaël Doukouré (19 ans), pourtant suivi par de nombreux clubs européens.

La liste est longue et donnerait presque le tournis : Lille, Lyon, Marseille, Nice, Rennes, Barcelone, le Real Madrid, Leicester, Arsenal, la Roma, la Juventus, l'Atalanta, le Hertha Berlin, Mönchengladbach ou encore Benfica. Tous ces clubs ont déjà supervisé Ismaël Doukouré, allant même parfois faire des offres concrètes. Le défenseur central n'a pourtant pas encore 19 ans et n'a fait ses débuts professionnels qu'en octobre 2020, à peine quelques semaines après avoir signé son premier contrat pro. Une histoire qui n'est aujourd'hui plus vraiment surprenante, tant les complexités du marché des transferts poussent les gros clubs à chercher des prospects toujours plus jeunes, avec l'espoir d'une plus value rapide, et tant pis pour les joueurs qui ne parviennent pas à passer le cap. Du côté de Valenciennes, l'histoire n'est pas sans rappeler celle de Dayot Upamecano, vendu avant même ses 17 ans, sans même avoir joué une minute en équipe première, au RB Salzburg pour 2,2 millions d'euros. Une somme qui avait permis de sauver le club d'un dépôt de bilan.

Mais avant d'être un investissement financier ou une future poule aux œufs d'or, et même si beaucoup de clubs ont tendance à l'oublier, Ismaël Doukouré est d'abord un joueur de foot très prometteur. Natif de Lille et originaire du quartier de Wazemmes, il rejoint le LOSC en préformation à l'été 2012, en suivant son grand frère. En 2017, il est repéré par Younas Zahri, recruteur au centre de formation de Valenciennes (qui travaille désormais au centre de formation du Racing, depuis 2020), qui lui présente un projet sportif attrayant, qui a vite fait de séduire le joueur et ses proches : « c’était plutôt un choix de mon entourage et moi. Ça a été l'un de mes meilleurs choix. Je suis parti un an avant de signer aspirant, en U15, avant d’entrer au centre de formation. C’était un choix sportif. (…) J’ai tout de suite aimé l’ambiance, apprécié les personnes qui travaillaient au club. Je connaissais quelques joueurs qui m'ont très bien parlé du club. J’ai automatiquement accroché. Comme on savait qu'on devait partir, j'ai demandé à mon père de faire le nécessaire pour que je signe à Valenciennes. J’ai ensuite rencontré Simon Raux qui m’a tout de suite mis à l’aise, il m'a fait visiter les installations. » Après un an en section sport-études, Doukouré intègre pleinement la formation de VA et l'équipe des U17 Nationaux en 2018, entraîné par Dominique Bijotat. Ralenti par quelques pépins physiques, il est pourtant vite responsabilisé par son coach, qui n'hésite pas à lui confier le brassard de capitaine. Mieux, au bout de deux mois, il est repéré par l'entraîneur des U19, Bruno Plumecocq (décédé il y a peu) pour intégrer ce groupe, alors qu'il n'a pas encore 16 ans. Une ascension fulgurante qui se poursuit encore à l'été 2019, lorsqu'il participe à la reprise du groupe professionnel. Mais il ne s'agit alors que d'un test et Doukouré effectuera intégralité de la saison dans les équipes de jeunes, entre les U17 et les U19.

A l'été 2020, alors que les recruteurs se sont déjà bousculés du côté du Mont Houy, où se situe le centre de formation du VAFC, durant toute la saison, et que des grands clubs européens ont déjà pris la température auprès de son agent et de ses parents, Ismaël Doukouré fait le choix de signer son premier contrat professionnel dans le Hainaut, avant même son dix-septième anniversaire. A ce moment-là, le parallèle avec Dayot Upamecano est rapidement fait, et Dominique Bijotat n'hésite pas à les comparer : « il a de grandes qualités dans les duels, il rayonne dans ce jeu-là. Et comme Dayot, il a une mentalité de travail. Ces joueurs adorent s’entraîner, jouer et se développer. Son potentiel technique est plus affiné, plus subtil, plus délié. Il a une grande qualité de relance courte et longue. Et sur coup de pied arrêté, son jeu de tête peut débloquer des situations. » Pour Bruno Plumecocq, qui a eu une longue expérience de formateur dans le nord de la France, les commentaires sont encore plus élogieux : « il dégage quelque chose de plus que les autres, une maturité, une sérénité. C'est un garçon qui est à l'écoute. J'ai eu la chance de côtoyer Varane, Pavard, Lucas Digne ou encore Clément Lenglet au pôle espoir de Liévin, qui avaient tous cette même maturité. A chaque fois qu'on lui fait gravir une marche, il est à la hauteur, c'est assez stupéfiant. La question c'est de savoir jusqu'où il peut aller, moi je pense qu'il n'a pas trop de limites. »

Désormais pleinement intégré dans le groupe professionnel, il évolue sous la houlette d'Olivier Guégan, qui apprécie son potentiel « il a encore plein de choses à voir, à développer mais il a des qualités fortes pour le poste. Il aime les duels, joue en avançant. Il est déjà mature morphologiquement et mentalement. » Et Doukouré dans tout ça ? Et bien il semble bien vivre son intégration dans le monde des grands : « le staff, le coach, et les joueurs m'ont très bien accueilli. Je connaissais déjà pas mal de joueurs passés par le centre de formation. Au départ, ce n'était pas évident parce que tout est allé très vite. Le niveau d’exigence n’était pas du tout le même. La vitesse de jeu était 100 fois plus rapide. Je me devais de vite assimiler les consignes pour prétendre à du temps de jeu. Ce n'était pas facile, mais j'ai travaillé dur. J'ai tout donné pour en arriver là. On a disputé quelques matchs amicaux, tout s’est bien passé, j’ai obtenu un bon temps de jeu, le même que les autres à mon poste. »

Pour sa première saison en L2, le défenseur central impressionne les observateurs, notamment lors de la seconde moitié de saison où il est parvenu à s'imposer comme un titulaire très régulier, avec 13 apparitions lors des 14 dernières journées. Évidemment, les convoitises extérieures n'ont pas manquées, notamment de la part du Racing, puisque Loïc Désiré était allé rencontrer la famille du joueur dès le printemps. Durant l'intersaison, le nom d'Ismaël Doukouré se retrouve associé à de nombreux clubs, mais aussi et surtout à l'équipe de France pour les Jeux Olympiques de Tokyo. A la peine pour constituer son effectif, Sylvain Ripoll fait en effet appel à lui, pour un rôle de quatrième défenseur. Le Valenciennois gratte tout de même quelques minutes de jeu en match amical, face à la Corée du Sud, et vit une belle aventure aux côtés d'André-Pierre Gignac, Florian Thauvin ou encore Téji Savanier (et bien sûr Anthony Caci). De retour après cette brève expérience, Doukouré est tout proche de retrouver sa ville natale, le LOSC en ayant fait sa priorité lors de la dernière journée du mercato. Et alors que le joueur se trouve au domaine de Luchin, le transfert échoue faute d'accord entre les deux clubs. Pour Eddy Zdziech, le président de VA, l'offre d'un peu moins de 3 millions d'euros, est insuffisante, lui qui demandait au moins 4 millions d'euros et un pourcentage à la revente à hauteur de 25% : « venir à la dernière journée du mercato cela fait partie du jeu et on était flatté que le LOSC s’intéresse à un de nos joueurs. Mais l’affaire n’est belle que si tout le monde est content et ce n’était pas le cas pour nous. Ce n’est pas au club le moins riche de se sacrifier. »

Pour Doukouré, le retour à la L2 se fait en douceur, avec un temps de jeu fluctuant, l'entraîneur Olivier Guégan peinant à trouver la bonne formule. Son remplaçant Christophe Delmotte lui fera à peine plus confiance, avec quatre titularisations dont une en coupe de France face au Racing. En parallèle, Ismaël intègre l'équipe de France U19, dont il devient un cadre, avec huit capes à ce jour. A nouveau courtisé durant ce mois de janvier, le joueur va cette fois profiter de la porte ouverte par son président, qui doit gérer une situation financière délicate, au milieu d'une gestion assez folklorique de manière générale. Et alors que Lille est revenu à la charge, tout comme Monaco, Nice et le FC Séville, le Racing a su tirer son épingle du jeu, en profitant à la fois des contacts établis depuis de longs mois (voire des années avec Younas Zahri). Pour un transfert d'un montant compris entre 1,5 et 2 millions d'euros, assorti d'un intéressement à la revente, soit bien moins que l'offre du LOSC quelques mois auparavant, Ismaël Doukouré va s'engager en Alsace pour un contrat de quatre ans et demi, et découvrir la L1 à même pas encore 19 ans. A peine plus de quinze mois après ses débuts professionnels, l'ascension fulgurante du défenseur central se poursuit.

Citations issues de la Voix du Nord, Onze Mondial et du site officiel du VAFC.
A lire d'ailleurs la longue interview accordée à Onze Mondial

athor

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