Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Le Grand Lorient de France dans le Morbihan

Note
5.0 / 5 (2 notes)
Date
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Avant-match
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Auteur(s)
Par jpdarky, zottel
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© jpdarky

La Joconde, Versailles, le Cid, le jeu des mille francs, c’est nous ! La bombe H et le Mistral gagnant, c’est nous ! Lorient, c’est loin. C’est là tout l’enjeu de cet articulet agrémenté d’intrigue policière, de talc et de Christophe Pelissier.

(NDLR : cet article fait partie d'une série d'articles. On ne comprend plus très bien quel est le ton ou le degré de ces machins. Ce dont on est certain c’est que ça parle très peu de football. Après tout, c’est Lorient aussi, à l’impossible nul n’est tenu. À partir de là, on ne peut que vous inciter à lire avec patience et sollicitude. Et si vous voulez lire des trucs sur le football, il y a à peu près tous les autres articles, alors bon, hein.)

Il est de notoriété publique que l’entraîneur de Lorient, Christophe Pélissier, a une dent contre le Racing (voir cette vidéo qui pourrait en énerver quelques uns, nous en avons conscience). C’est dans ce contexte que débute l'enquête du commissaire Zorky et de son fidèle adjoint Dattel.

Les menaces de Pelissier


 « Patron ! Patron ! C’est terrible ! Un pneumatique terrible vient d’arriver, et du coup c’est terrible ! »  s’égosille Dattel, le fidèle adjoint du Commissaire Zorky depuis son bureau. La panique se devine aux gouttes qui perlent sur son front. Elles emprisonnent dans une gangue gluante sa mèche d’ordinaire flottante. C’est la panique.  « Allons allons mon bon Dattel, qu’est ce donc que ce raffut ? »  s’interroge le Commissaire Zorky, que les cris stridents de Dattel semblent avoir sorti d’une somnolence post-prandiale provoquée par le déjeuner que le Maître et son fidèle adjoint ont partagé à l’ordinaire il y a à peine 1 heure : céleri rémoulade, lapin sauce grand veneur arrosé d’un Pic Saint-Loup bien madré, le tout emballé par des îles flottantes et terminé sur le matelas moelleux, quoique tourbé, d’un Laphroaig dont la franchise de l’expressivité n’a d’égal que son caractère exotique dans le décor usuel de la cantoche de la Nuée Bleue, à base de nappes à carreaux rouge et blanc, et de portants à bretzels. Ce serait évidemment une grossière erreur (que de croire que Zorky ronflait sobrement sous sa moustache légendaire, bercé par les blop blop de la digestion), le Commissaire Zorky, fier chevalier au service de l’Ordre, la Justice et la Tranquillité du Citoyen est constamment sur le qui-vive dans sa lutte éternelle contre les malfaisants, faquins et malandrins qui font rien qu’à fomenter des coups tordus. Conséquemment : il ne fait pas la sieste.  « Quelle nouvelle a pu provoquer en vous cet émoi ? Ne me dites pas que la noirceur de l’âme humaine nous a encore livré une abjecte affaire à démêler, abjecte affaire où la bassesse le dispute au sordide ? Ou simplement une guerre mondiale ? »  C’est vrai que c’était plutôt calme ces derniers temps du côté des abjectes affaires où la bassesse le dispute au sordide, la noirceur de l’âme humaine semblait avoir pris des vacances loin de Strasbourg, la kapitale de la kultur, phare de l’humanité.

 —  Je vous le dis tout de go, je crois que les affaires reprennent, et c’est terrible. Un dénommé Christophe Pelissier, qui serait un récidiviste, menace de mort et des pires supplices, mais pas dans cet ordre, un certain Marc Keller sous de sombres prétextes para-footbalistiques, en rapport avec Strasbourg apparemment, mais je ne vois pas pourquoi. Sale affaire patron, et les indices sont maigres.

 —  Récidiviste vous dites ?

 —  Oui, le service documentation a joint son dossier. Le gonze Pelissier aurait sur les mains de multiples agressions sur le football. Il aurait sévi dans un village appelé Luzenac, puis un mouroir appelé Amiens avant de s’exiler dans un pays gorgé de soleil non identifié à l’est.

 —  A l’est ? Comment ça, expliquez vous, c’est très confus.

 —  Oui, c’est terrible, il opère désormais depuis “L’Orient”.

Lorient ou l’orient ?


 —  Par la barbe de Robert Hue, un radicalisé ? C’est terrible ! Montrez-moi ces documents… Hmm, tiens, c’est étrange, ils ont écrit “Lorient”, pas “L’Orient”, je vois que le niveau du concours d’entrée a encore baissé, c’est terrible.

 —  C’est c’que j’vous disais. C’est terrible. Ceci dit, pour l’apostrophe, c’est probablement parce qu’elle a été cancelled, rapport à Bernard Pivot…

 —  (le coupant abruptement) Ha non, vous n’allez pas recommencer avec votre hystérie à propos des groupes, sous-groupes, sous-sous-groupes catégoriels multiples entrecroisées et les vouages-aux-gémonies post-modernes. Y a-t-il un substantif qui correspond au verbe vouer ? Bref, on a failli faire une sortie de route dans la terrible affaire du cygne de Valenciennes avec vos clowneries, ne recommencez pas. Et en plus je ne vois pas le rapport.

 —  Mais enfin patron, notre statut en dépend, personne n’est à l’abri des grands inquisiteurs moraux du XXIème siècle, même nous. Quant au rapport, il est clair, Bernard Pivot s’est mis au ban de la société en évoquant les seins d’une actrice lors de l’annonce de sa mort, il est cuit, il est fini, lui, sa famille et tout ce qu’il représente. Ergo exit l’apostrophe, les apostrophes, rapport à l’émission phare de Pivot, Apostrophes. L’apostrophe EST cancelled. Ceci dit, ce n’est pas le pire, voilà qu’on nous balance des affaires de terrorisme, j’ai pas signé pour ça moi patron ! Ce que je voulais c’est de l’enquête de voisinage : “Bonjour mademoiselle, alors comme ça vous avez perdu votre chat ? Regardez il est là, au revoir madame”, un plan épargne retraite, des pots au bureau et des chèques cadeau du CE. Ces gens-là sont imprévisibles, ils sèment la terreur au hasard, ils sont exaltés, incontrôlables, complètement foufous ! Patron, j’ai peur.

 —  Allons allons, Dattel, ressaisissez vous, vous perdez vos moyens et le sens commun. Notre métier est un sacerdoce, une noble cause, une quête dont j’ai peur qu’elle soit sans fin, mais c’est une belle quête. L’Ordre et la Justice sont en péril, nous ne pouvons rester sourds à l’appel de la Veuve et l’Orphelin rognitidiu. Allez, oubliez les géraniums de la maison de retraite, on embarque les outils du maintien de l’Ordre et on débaroule sur place, ça va nous dégourdir, on s’encroûte ! En plus, je me suis laissé dire que la cuisine de l’... de le Orient (vous avez noté que je ai évité la apostrophe ?) était un feu d’artifice de saveurs et de les épices mirobolantes. Haut les coeurs ! Ça est par où ?

 —  Vous vous moquez patron, ça est moche, huh huh huh. Bon, ben pour Le Orient, c’est tout droit, par là.

J’ai rêvé d’être une hôtesse de l’air


 —  Allez, hop, faites chauffer la 405…

 —  Le service logistique a joint deux billets d’avion, c’est pas la porte à côté apparemment.

 —  Bien vu, évidemment, envolons nous fièrement vers ces contrées inconnues, c’est encore mieux, j’adore les tout petits paquets de cacahuètes qu’ils donnent sur Air France, ha, et les hôtesses Dattel, les hôtesses…

 —  Ne recommencez pas s’il vous plaît, on marche sur des oeufs sociologico-culturels, j’ai très peur pour notre street cred’ patron. Nous sommes désormais en 2022, bon, à l’époque de l’affaire du cygne on était en 2021, mais c’est la même tisane, les gardien.nne.s de l’expression veillent toujours : on ne peut pas se permettre.

 —  Bon, bon, je vous concède une certaine adéquation avec cette époque qui me semble bien tendue du slip au niveau des échanges inter-personnels. Ça me désole pour votre génération, qui a tout l’avenir devant elle, de se créer de tels conflits alors que la vraie guerre est dans la rue, dans les impasses, les fonds de basse fosse de nos cités rongées par le crime et la corruption. C’est la vraie vie ça, Dattel, pas des niaiseries envoyées par télescripteurs.

 —  Des réseaux sociaux, patrons, des réseaux sociaux.

 —  Bref, on s’en bat l’oeil Dattel, allons y prestement, la tâche est ardue, la pente est forte, c’est pas de la rigolade d’offuscation pour une histoire de seins ou de pronom personnel, on parle de menace de mort quand même, et de récidive ! À nous deux Peligrososporgersi !

 —  Pelissier, c’est Pelissier…
Et c’est ainsi, pleins d’une énergie débordante mais l’esprit troublé par le zeitgeist un poil mélodramatique que nos deux héros s’embarquent pour leur destination, via Bordeaux et Toulouse. L’empreinte CO2 de ce petit transit n’est pas communiquée pour épargner les âmes sensibles. Le vol et les escales sont l’occasion pour le Commissaire Zorky et son fidèle adjoint Dattel de compulser les éléments du dossier, qui sont assez maigres, c’est un fait. Pelissier envoie plusieurs fois par an, deux en général, depuis mi-2014, des lettres ordurières à la société par actions simplifiée inscrite au greffe de Strasbourg sous le numéro de SIREN 751303967. Les propos prennent parfois une tournure mortifère sous la forme de propos très explicites :  « Jacky je t’etoufferai avec du talc »  ou  « Keller, vil maniganceur, je mêlerai tes cendres à du talc et les ferai bouffer aux manipulateurs de la Ligue avec qui tu t’es acoquiné. » .

Tac au talc


 —  Hmmm, vous avez noté, Dattel, cette récurrence du talc ? C’est à ça qu’on reconnait les tueurs en série, il y a un thème, un motif, c’est sûrement important.

 —  Houlala, c’est difficile, l’univers du talc je ne connais pas bien, peut-être que Pelissier a travaillé à Luzenac, la ville du talc.

 —  Ça me paraît fumeux. Envisageons plutôt qu’il soit assistant maternel dans une crèche. Ceci dit, non, les assistants maternels sont toutes des assistantes, bien entendu…

 —  … patron, encore une remarque inadmissible au XXIème siècle… inclusion, respect dans la bienveillance pour éviter de se faire défoncer socialement et échapper à l’humiliation sur les réseaux sociaux par les souriants contrôleurs de la pensée sympa qui fait des bisous. On se doit d’être bienveillant, si ce n’est avec sincérité, au moins par peur de la violence symbolique. Il faut sortir de vos schémas… c’est peut-être effectivement un assistant maternel, paternel peut-être aussi. J’ai mal à la tête…

 —  C’est l’altitude ça Dattel, tiens, reprenez une flûte à champagne, ça vous détendra. Mais, attendez, on tient quelque chose avec la crèche : cet homme a subi des traumatismes à la crèche, clairement, probablement par une assistante maternelle… tut tut, laissez moi finir, probablement par une assistante strasbourgeoise ! Ça tombe sous le sens. Bon, téléphonez à internet et demandez-leur de nous faxer les coordonnées de tous les gens adultes et hommes ayant fréquenté une crèche où une assistante maternelle d’origine strasbourgeoise travaillait. On récupère les documents au desk à l’aéroport en arrivant, on compulse tout ça, deux, trois recoupements, et c’est réglé, c’est tellement simple.

 —  Je ne sais pas si il y a des fax là-bas, c’est Lorient quand même, tout ce sable, ces tempêtes du désert, les bakchichs, tout ça, c’est compliqué…

 —  (Regardant son adjoint du coin de l’oeil, l’air matois) Vous voulez dire que vers Lorient compliqué nous volons avec des idées simples ?

 —  Heu, je voulais surtout dire que tout ça me semble mal embarqué, je vous rappelle que c’est une sale affaire et que les indices sont maigres. Et en plus je ne capte pas de réseau dans l’avion.

Et c’est ainsi, balançant entre optimisme et inquiétude, que nos deux héros passent un voyage somme toute paisible, entre arachides en paquet minimaliste et mousseux éventé dans des contenants en plastique. Ils ne remarquent pas qu’un curieux personnage à lunettes et troublante mèche blonde issue d’une raie latérale assez audacieuse (voir Figure 1) les scrute intensément, prenant furtivement des notes. Cela ne laisse rien présager de bon.

Lorient compliqué


C’est attablé à la crêperie de la Poste que l’on retrouve le commissaire Zorky et son fidèle adjoint Dattel. L’un habillé d’un complet veston crème léger et élégant, l’autre en bras de chemise.

 —  Vous avez remarqué Dattel ?

 —  Quoi donc ? Je suis tout dépaysé chef, Lorient c’est pas rien, je n’avais jamais passé Meudon pour les vacances.

 —  Allons allons, un peu de tenue, je vous rappelle que nous sommes sur la piste d’un certain Pélissier, un truand proche, moyen ou extrême oriental qui menace le Racing Club de Strasbourg à intervalles réguliers. Le tout à base de talc. Après ce voyage interminable, nous voilà au cœur de Lorient. Et je note, moi, que rien ne colle. On m’avait parlé de parfums de curry et de clous de girofle, de touffeur orientale, de bayadères enchanteresques, de tenues chamarrées, de dromadaires au pas chaloupé, d’oasis salvatrices, de danseuses hypnotisantes et de l’art du marchandage. Mais rien de tout cela.

 —  Oui, c’est étrange. Vous avez vu la réaction quand on a commandé un couscous ? Et puis, il pleut, non ? Je crois que cette sale affaire se double d’un étrange mystère culturo-géographique.

 —  C’est pire que ça Dattel. Je m’attendais à une vraie révélation esthétique. Vous vous souvenez,  « C'était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d'Hamilcar »  ? Je n’attendais rien de moins. À la place, je vois des hommes au teint blafard qui errent en bottes de plastique, attifés de cirés jaunes grotesques. Où est le comptoir de Pondichéry ? Où sont les porte-conteneurs de Port Saïd ? Au moins la marina de Mostaganem ? Rien de tout ça. Non seulement nous avions des idées simples, mais en plus, Lorient, quoique peut-être compliqué, ne ressemble à rien. À se demander pourquoi les locaux s'écharpent en guerres multiples depuis tant de siècles pour ces terres. Il faudrait que quelqu’un leur parle de Clermont-Ferrand.

 —  Je suis autant déstabilisé que vous patron. Je voulais faire une blague avec les bœufs cairotes, mais je sens que ça ne s’y prête pas. D’ailleurs je l’ai oubliée. Et Pelissier court toujours avec ses menaces terrifiantes sur le Racing.
Quand soudain, Zorky aperçoit l’homme à la mèche blonde, celui qui prenait des notes en les scrutant dans le vol depuis Strasbourg. Cet homme, attablé non loin de là, devant une crêpe au boudin créole, ne se doute pas qu’il vient de susciter une inspiration au Grand Commissaire.

 —  (Se levant tout de go et avisant l’homme à la mèche) Pardon brave homme, nous sommes ici pour chercher un super vilain qui aurait toutes raisons d’en vouloir à l’entreprise para-footballistique sise rue de l’Extenwoerth : le RC Strasbourg ? Il paraît que c’est connu. Bref, on est sur de l’affreux, du malfaisant, du haïssable, le genre pas recommandable. Qui aurait eu maille à partir avec une assistante maternelle strasbourgeoise, ou fait tout autre usage cosmétique à base de talc par la faute de Strasbourgeois ? Songeons à du fond de teint. C’est une crapule, on vous l’a dit. Quelqu’un de lié aussi au milieu du football, après tout il en veut à ce Racing. Ça vous dit quelque chose ?

Lorient comploté

À ces mots, les joues de l’homme s’empourprent légèrement, contrastant avec le bleu acier de ses yeux plutôt globuleux.

 —  Allons, soyez un peu citoyen, on ne vous demande que de coopérer avec la police sur une affaire de la plus haute importance. Faut s’tenir les coudes entre expat’. Encore une fois, connaissez-vous un suspect qui réponde au signalement ?

L’homme n’articule pas un mot, les yeux fixés sur la moustache légendaire de Zorky, il ouvre la bouche et la referme à plusieurs reprises, la veine sur son front (qu’il a large) se gonfle de plus en plus. Soudain, pris de spasmes, il éructe :  « Beuargueuehargl ! Non, non ! J’ai déjà trop payé, je, vous, je, laissez moi ! »  Zorky ne se laisse pas démonter, avec la célérité du cobra, le Commissaire fait parler ses 42 dans de Krav Maga et son DUT de Jujitsu mention “Assez-Bien” obtenu à l’ENP de Périgueux : bam, une clé de bras, bim, la main tenant fermement sa nuque, Zorky écrase le visage du désormais suspect dans le reste de boudin encore immergé dans le beurre salé.

 —  Aha ! Tu as voulu jouer au plus malin, coquin ! Alors, tu vas parler fils de cloporte, pourquoi menaces-tu l’institution RCS ? Et surtout : OÙ AS-TU PLANQUÉ LE TALC CHACAL ?

 —  (Dattel, tirant sur la manche de Zorky) Patron, patron, le suspect ne peut pas parler, il a la bouche plaquée dans le boudin et un bloc de beurre coincé dans la narine droite.

 —  C’est un peu facile Dattel, réquisitionnez donc son portefeuille, sortez son passeport, voyons à qui nous avons affaire… Non monsieur,  « Au segloub, je ne sais pas nagloub »  n’est pas une confession règlementaire, il va falloir trouver autre chose.

 —  Non mais je crois qu’il dit qu’il étouffe, patron. Je pense qu’il serait miséricordieux de le laisser un tout petit peu respirer. On n’est pas sur de la manif’ de gilets jaunes.

 —  (Magnanime, Zorky laisse la tête du suspect se décoller de trois millimètres de la surface de l’assiette étrangement décorée de chalutiers dans la tempête plutôt que de fines felouques abordant Louxor) D’accord Dattel, bon, dites moi, ce passeport, il dit quoi ?

 —  Claude Le Roy, agent de joueur / entraîneur / milieu de terrain. Je vois des visas du Ghana, du Congo, du Togo, du Cameroun, du Sénégal…

 —  Ce n’est pas très oriental tout ça…

Le fait du Roy


 —  … Attendez, le type est un baroudeur, il y a la Malaisie et Shanghai, et même Amiens ! C’est louche.

 —  On est sur de l’intriguant qui fait fi des frontières, probablement pour faire du marché noir, voire du trafic. Et du trafic aux menaces de mort, il n’y a qu’un pas. C’est évident.

 —  (Claude Le Roy, reprenant son souffle) Écoutez, je n’ai rien à voir avec quoi que ce soit en rapport avec le Racing, ou avec Strasbourg.

Pris de hoquets incontrôlables le visage de Le Roy convulse, il passe du rouge au vert, soudain, sa mèche change de côté, ses lèvres purpurines se retroussent, dévoilant un rictus terrifiant où la folie indicible le dispute au tartre dans un pointillisme verdâtro-beige à rendre sur-excité un créatif de chez Desigual.

 —  Muwahamuwaaa, mais bien sûr que j’ai à voir avec Strasbourg, JE PIÉTINE CETTE VILLE ! JE CONCHIE CE CLUB ! JE ME TORCHE AVEC DES COIFFES ALSACIENNES EN VOMISSANT DES COEURS-BRETZELS ROUGE COMME LE PIF BOURSOUFLÉ DE COUPEROSE DE CES DÉGÉNÉRÉS PRÉTENTIEUX DE STRASBOURGEOIS ARROGANTS DE MARDRE !
Aussi abruptement que quelques secondes plus tôt, Le Roy se transfigure en reprenant la couleur livide qu’il arborait jusque-là, sa mèche a repris son positionnement original, sa respiration ralentit, la turgescence de la grosse veine de son front a quasi disparu.

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Claude Le Roy, dans son état “normal” (dit de basse énergie), notez la mèche placée du bon côté

 —  Han, ça m’a repris, je, attendez, faut que je reprenne mon souffle. Ça faisait longtemps, je souffre beaucoup vous savez…

 —  Faut vous faire soigner mon vieux, c’est pénible de vous voir vous tordre dans ces grotesques simagrées…

 —  Je me fais soigner monsieur. La thérapie est longue. J’ai vu des choses horribles : le nombril de Chilavert, le cuir chevelu de Patrick, J’AI SIGNÉ JACQUES RÉMY ! On ne ressort pas intact de telles expériences. J’ai été broyé par le Racing, broyé…

 —  Ça suffit les pleurnicheries, ressaisissez vous, un peu de nerf, que diable ! Avouez, Pelissier, c’est vous n’est-ce pas ?

 —  Mais non, je suis Claude Le Roy, je n’ai pas changé, vous me reconnaissez ?

 —  Non, pas du tout, mais je ne m’intéresse pas au monde perverti du football professionnel, si je suis là, c’est parce que la Justice et l’Ordre sont menacés. Bon, vos papiers ont l’air solides, vous n’êtes donc pas ce Pelissier, alors, enfin, expliquez vous, que faites vous ici dans ces contrées Lorientales gorgées de soleil ? Hmmm ? Avec votre teint de porcelaine et ces cheveux blonds, vous risquez le mélanome, ce n’est pas très malin. Vous avez apporté de la Biafine au moins ?

 —  Je, enfin, je, voilà, un interlocuteur anonyme m’a contacté la semaine dernière sur le serveur Discord “Twix Hentai | 1.3K”, il s'engageait à me payer grassement en NFT “La Blue Girl” si je suivais ses instructions. C’était étrange, mais il faut me comprendre, je suis au fond du trou, mon kink Hentai et mon procès perdu ont fait de moi cette loque que vous voyez devant vous, j’ai honte. J’ai besoin d’argent pour assouvir ma passion qui m’aide à m’oublier moi-même et l’existence de Mario Haas. Ça m’empêche de me tirer une balle. Je devais m’assurer que vous vous rendriez à Lorient (c’est que je suis breton, enfin normand, enfin c’est pareil tout ça, vous voyez, c’est l’Occident de la France) et le rencarder sur vos déplacements. À mon avis, il veut vous tendre un piège…

 —  (Relâchant la prise, Zorky prend des notes, et coupe l’étrange personnage) Je ne vois pas le rapport entre vos Occidentales et Lorient compliqué, en revanche, vous me semblez assez simplet du point de vue des idées, on n’y comprend rien. Blondinet grêlé jérémiadant [1] bedonnant, je vous arrête !

 —  Mais, mais, ça n’a aucun sens, je viens de tout vous expliquer, je n’ai (encore) rien fait de mal…

Le blondinet grêlé jérémiadant bedonnant n’a pas le temps de finir sa phrase, une fléchette le frappe au cou, il s’effondre tout à trac tandis qu’un nuage de talc envahit le troq’.

Le temps et l'espace qui nous sont impartis touchent à leur fin, et c'est bien dommage. Nous arrivions au passage 'action - poursuite - plan diabolique de l'affreux antagoniste (c’est Pelissier, au cas où vous n'aviez pas prévu ce coup de théâtre totalement imprévisible) - retournement de situation - victoire de nos deux héros - chute d'un indice crucial de la poche arrière de la combinaison en latex orange dudit Pelissier, sous la forme d'un mystérieux fax venu d'une île qui a quitté l'Union Européenne - roteuses & sandouiches - c'est l'métier qui rentre mon bon Dattel - en route vers de nouvelles aventures !’ Il y avait même un name-dropping de Raymond Barre.

Ceci dit, et sans augmentation du prix des consommations, un épilogue vous est proposé. Il se place astucieusement entre ‘Européenne’ et ‘roteuses & sandouiches".

Epilogue grâcieusement offert par la Direction


Fallait-il vraiment arrêter Claude Le Roy ? La réponse à cette question est incertaine. Certes, l’enquête rigoureuse de Zorky et Dattel semblait le désigner sans équivoque. Et puis c’est Claude Le Roy. Un bienfait n’est jamais perdu, c’est toujours ça que les allemands n’auront pas. Non vraiment, si Pelissier semble garder quelque rancune envers le club, rancune fortement marquée par son passage dans la ville du talc, Luzenac, l’objectif paraissait délicat pour une équipe policière opérant loin de ses bases, dans l’orient compliqué, qui plus est.

Article co-écrit par Zottel et JPDarky.

[1] Le verbe jérémiader existe, les auteurs en sont autant étonnés que vous.

jpdarky, zottel

Commentaires (4)

Flux RSS 4 messages · Premier message par strohteam · Dernier message par jpdarky

  • Faudra un jour m’expliquer cette appétence suspecte pour le pic saint loup.
  • M'est avis que ça s'explique par les préférences gustatives du Commissaire Zorky, qui, n'en doutons pas, impose ses choix à son fidèle adjoint Dattel dont la loyauté envers son supérieur hiérarchique va jusqu'à le suivre dans les choix culinaires et vinesques.
  • Un vieux relent d'influence héraultaise sur lequel on passera un voile pudique.
  • strohteam a écrit, le 18/03/2022 20:15 :
    Un vieux relent d'influence héraultaise sur lequel on passera un voile pudique.


    Aha, pas impossible, mais pas de la manière à laquelle vous songez.

    (c'est l'ambiance grand Lorient, on fait des mystères et des salamalecs)

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