Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

C’est l’histoire d’un mec

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Par il-vecchio
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© manacor67

Un mec légendaire quoi ! Les gens de sa partie l’appellent le Dim’ et enlèvent leur chapeau rien qu’en entendant son blase. Une épée.

C’est l’histoire d’un mec.

Mais un mec quoi, un mec normal hein ! Pas un mec sorti des hautes écoles du genre ENA, Centrale, bon Centrale t’as plein de mecs qui en sortent, Centrale de Poissy, Centrale de Clairvaux, X non plus, là c’est pas des mecs normaux, X ce sont des Bérurier avec le mât de 41 cm, HEC ou autre. Un mec. Un mec genre France d’en bas, du style à bosser, parce que c’est un bosseur hein, faut pas croire ! Un mec à bosser sur les chantiers à se geler les pieds dans ses bottes ou à décharger des palettes au Cora du coin. Bon, alors le mec il en a un peu marre et comme il aime le foot il a changé et joue au foot, mais foot amateur, le genre oussque tu roules en 205 pourrie en palpant 2.500 € par mois, enfin les bons mois avec les primes.

Le gars travaille ou joue pour une équipe de CFA, la quatrième division nationale mais dans un stade qui est un joyau méconnu, une perle, un stade en décrépitude en cette année 2013, donc je ne te dis pas en 2022. Un vestige, que dis-je LE vestige de l’architecture néo-stalinienne en France, le stade de l’Ill et non le stade de Lille. En effet les mots rois n’existent que si l’orthographe est reine. Donc nous sommes au stade de l’Ill et loin, bien loin du stade de Lille. Les noms russkofs en « ine », Lénine, Staline, Poutine, n’étant pas en odeur de sainteté la municipalité laisse s’effondrer ce vestige en interdisant même l’accès à certaines zones en 2022.

Au fil de l’Ill.


C’est alors qu’intervient dans cette légende un bien curieux personnage, l’entraineur de notre mec, un type du genre à faire son Caliméro, Laurent Croci surnommé en ce lieu Crocimero. Ayant détecté chez le mec des qualités sous-jacentes qu’il convenait de faire émerger dans un meilleur environnement, il le pousse à descendre le cours de l’Ill et fait l’article auprès des dirigeants d’un club concurrent une centaine de kilomètres en aval et non pas 50 km plus loin auprès d’un club qui se prend à cet instant pour « le club-phare de l’Alsace ». Lorsqu’on a lu cette phrase on peux mourir tranquille. Oui on peux et pas on peut, mais tu ne peux pas comprendre si tu n’as pas ton Bac + 5 en LEA, « colmarien » et non pas Bac - 5 comme l’ancien maire selon Roger Siffer.

En février le mec sait que si le club des Bäxer monte en National il montera avec eux. Mais d’abord il lui faut passer par la Meinau pour le compte de son club actuel. Ce 6 avril 2013 il s’en souviendra c’est sûr. 20.044 spectateurs dans une Meinau chauffée à blanc qui chantent, hurlent, trépignent, ça vous change des 300 spectateurs mulhousiens habituels. Une ambiance à te faire signer n’importe quel joueur de CFA. La coupe d’Europe quoi !

Il fut ému à l’idée de jouer plus tard en ce lieu mais ne succomba pas à l’émotion, à la crainte, à la pression de l’ambiance en ce jour. Un nul clôtura la partie. C’est le 2 juin 2013 vers 18h15 lorsque David Lédy planta le but du 3-0 contre Raon qu’il sût que l’année suivante il jouerait en National sous les couleurs du Racing.
Was 3-2 ? Verdammi macha mi net schissa ! Ja, ja 3-2, awer verdammi merde es esch viel bassiert zwescha d’Aafang un d’And vum Satz. Crois tu noble lecteur que je rerédige mes phrases selon les évènement survenus en cours de rédaction ? J’ai la plume éjaculatrice, une fois le jet couché sur le papier il ne réintègre pas sa plume !

Le National !


C’est donc en juillet 2013 que ce mec issu du CFA, quelle idée de recruter en CFA lorsqu’on vient de monter en National, mais quelle idée ont eu Marco et François, ces deux en tiennent une couche, débarqua au Racing.
25 ans, un chien fou qui gambadait dans tous les sens. Il allait jouer en National. Le National !!! Tu comprends ? Le National ! Le mec sautait dans tous les coins tel un marsupilami en piallant « c’est la LDC ! C’est la LDC ! ». Pour lui jouer en National c’était sa LDC, pour nous…. Pour nous une étape sur la route d’une longue remontée vers la L1. Le National, une division dont seuls les plus férus d’entre nous connaissaient le nom, juste le souvenir d’un passage en 2010/2011 suite à une sinistre relégation.

Il allait devoir hisser son niveau de jeu, bosser, se mettre au niveau des Milovan Sikimic, Stéphane Noro et du Fußballgott qui avaient joué plus haut. Mais l’ampleur de la tâche ne l’effrayait point. Il était arrivé au niveau National, sans passage par un centre de formation, mais par Belfort et Mulhouse qui ne sont même pas des points sur une carte de France du foot.

Le National !
Le National !
Le National ! Je joue en National ! C’est tout juste s’il ne voyait pas un coq à la place du blason Racing sur son maillot.

On se calme mec, t’as même pas le niveau, phrase récurrente qu’il entendra longtemps dans sa carrière. Va falloir bosser, car nous on veut monter en L1, « où tu ne joueras jamais » (in petto) dirent les supp’s.

Bosser ? Ça ne le gêne pas, le foot pour lui ce n’est même plus du travail, mais un plaisir. Quelques heures par jour à suer, à courir, soulever de la fonte, dribbler des plots, participer à des affrontements balle au pied avec les collègues, est-ce du boulot lorsqu’on sort des chantiers du bâtiment en plein hiver ou que l’on remplit les rayons à Auchan ?
Was ? Vorhar haw I Cora g‘schrewa? Und? Jetzt schriw I Auchan! Verdammi macha mi net schissa!

Il voulut saisir sa chance, sachant qu’il était parvenu au plafond de sa carrière. Plus haut ? Non, faut pas dèc ! Mais jouer au Racing, dans une équipe quasi-pro sur un stade de L1, même à 2.500 €, quel pied lorsqu’on a le foot dans le sang. Dans le sang mais pas dans les pieds sinon il y a bien longtemps qu’il jouerait en professionnel en L1. Mais il ne faut pas rêver, pas rêver, garder les pieds sur terre, comme ces jours d’hiver froids et pluvieux sur les chantiers.

Les Nostrafoirus


Une légende n’est une légende que si la réalité est quelque peu enjolivée. C’est alors, juste avant le premier entrainement qu’il rencontra quelques supporters très Racing, donc punks, de véritables Nostrafoirus. Une dégaine à faire peur, vêtus de capes bleues, coiffés comme des starlettes du foot, comme des sacs. Oh ! Voire avec une crinière comme plus personne n’en porte sauf au Schluthfeld ou à Neuchâtel. Des personnes à l’imagination si débordante que l’auditoire craignait leurs réactions. Shootés à l’héro, sniffés à la coke, chargés au Sylva mélangé de Pic St-Loup, abreuvés à la bière, éructant entre deux bouchées de Fleischschnacka et Grumbeerakiàchla avant de s’enfourner un Mannala arrosé au kirsch et à la framboise sauvage, nul ne le sait. Mais en comparaison Zorky et Dattel passent pour enfants de chœur.

Ils prirent le mec à part et c’est alors que tombèrent les phrases plus débiles les unes que les autres énoncées sur un ton ne supportant aucune contradiction, pas même un commentaire, fut-ce un soupir. Une imagination ces Nostrafoirus, une imagination vous-dis-je. Entre parenthèses, les réactions in petto du mec qui craignait pour sa vie devant ce terrifiant aéropage de Kartaschlàjer.

• Tu sors du CFA et en fin de saison tu y retourneras enveloppé d’un grand nuage de fumée noire. (Ce n’est pas mon obectif.)
• Nous avons vécu le miracle Yzeure-Raon tu vivras le miracle du talc. ( ???)
• Tu en baveras pour te mettre au niveau. (Ça je sais, merci.)
• Presqu’à chaque saison tu planteras un but venu d’ailleurs, nous offrira un moment de bonheur sur une illimunation de dingue, car tu es dingue. (Et vous, vous êtes la normalité alsacienne ?)
• Tu vivras la montée en L2 chez toi, à Belfort, mais ne la joueras que 6 minutes. Tu sortiras sur blessure. (Le bonheur et le malheur pour moi, voila ce que me veulent ces gugusses.)
• Tu joueras en L2, mais uniquement parce que ton contrat courra sur cette saison.
• En L2 tu cesseras de jouer pour le Racing. Tu resteras au Racing mais tu ne joueras plus que pour TON club. (Paroles lourdes de sens et obscures à cet instant pour un mec belfortain)
• Tu n’auras absolument pas le niveau L2, mais tu bosseras, l’acquerras et décrocheras ta place de titulaire. (Mais qui sont ces tarés ??)
• La L2 ne durera que ce que durent les roses, une saison et tu monteras en L1. (Où est la sécurité ?)
• Tu y démarreras en rotation pour finir titulaire. (A quoi ils carburent ici ?)
• Tu planteras un coup-franc comme il ne faut pas en tirer à 90+4 lors de l’avant-dernière rencontre devant une Meinau en fusion qui chavirera dans le bonheur du maintien sur le fil. (Ces mecs même dans un film de science-fiction ça n’existe pas).
• L’année suivante tu joueras au stade de Lille. Mais je ne veux pas retourner à Mulhouse osa répliquer le mec ! Au stade de Lille, à Lille, au stade Pierre Mauroy, mais verdammi dis seulement qu’on a de l’accent, tu t’es pas entendu !
• Au stade de Lille pour trois minutes en prolongation de la coupe de la Ligue où tu marqueras une panenka lors des pénos. (Ils se sont fait virer d’Hollywood, c’est pas possible)
• Tu joueras des phases de poule d’Europa League et lors des barrages retour en Allemagne tu te feras expulser. Nous ignorons à cet instant si ta carrière européenne s’achèvera sur ce carton rouge. (Oh, ils laissent quelqu’incertitude dans les prévisions les joueurs de tarot !)
• Un jour, un jour lointain tu seras capitaine en L1. (Pourvu qu’aucun d’eux ne soit conducteur de train, c’est le déraillement assuré)
• Capitaine tu le seras aussi à Anfield Road devant 50.000 spectateurs. En amical certes, mais à Anfield Road où tu mèneras les tiens dont un paquet de jeunôts à la victoire par 3-0. (Là c’est trop et on laisse ces fous en liberté !)

Allez Raus ! Dégagez d’ici les ravagés du bulbe ! Foutez-moi le camp bande de dingos ! On vous a déjà dit de ne pas emmerder les joueurs !

Un éleveur d’équidés de Kertzfeld, bien connu au Racing accompagné de François furibards venaient de surgir et évacuèrent les Nostrafoirus sans ménagement. Le mec était éberlué, le regard vide, hagard, perdu. Il fallait le rassurer, le recadrer, le remettre dans le droit chemin.
- T’en fais pas, ce sont justes nos détraqués, un peu les vieux Corses d’Astérix, pas méchants pour un sou qui sortent des phrases gramaticalement correctes mais dépourvues de tout fondement, lui dit François. Ils croient encore que 1979 reviendra, que le Racing sera européen et que nous aurons des joueurs de légende. La dernière légende c’est Jacky, c’est écrit sur Racingstub.com. Depuis plus rien.
- Tu sors du CFA, ton travail c’est de maintenir le Racing, rien de plus compléta Jacky. Il parait que je suis une légende, mais pour moi la légende c’est fini.
- Va savoir lança le Président énigmatique accoudé à la fenêtre de son bureau.
- Maintenant va te mettre en tenue, je veux te voir devant le vestiaire avec les autres dans cinq minutes. Nous commencerons cette saison par de la course à pied et du travail foncier. Courir te videra la tête de ces extravagances. Chaque chose en son temps et n’écoute plus ces dingos. Marc, veille donc à leur interdire l’accès de la Meinau conclua François.

L’arrivée de François et Jacky clôt cet article et c’est bien dommage car ces Nostrafoirus auraient surement eu quelques autres divagations hilarantes (ne pas confondre avec hilalantes) à nous débiter.

il-vecchio

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