Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Eduard Sobol, le coup de chance ?

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Par athor
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Après la signature de Frédéric Guilbert côté droit, le Racing a fini de remplumer ses ailes avec la signature du latéral gauche ukrainien Eduard Sobol.

Dans une situation plus que délicate au classement à la mi-saison, le Racing profite de son mois de janvier pour apporter des changements radicaux à tous les étages, et ainsi tourner la page d'un mercato estival au mieux mal calibré, au pire raté. Le constat le plus évident est celui d'un déficit sur les deux postes de latéraux, indispensables pour évoluer dans une défense à trois axiaux. Ni Thomas Delaine à gauche, ni Colin Dagba, ni Ronaël Pierre-Gabriel à droite, n'ont su convaincre et faire oublier oublier leurs prédécesseurs. Si côté droit, les recherches ont rapidement abouties avec le re-retour de Frédéric Guilbert, à gauche, le recrutement à mis plus de temps à se dessiner. Il y avait pourtant urgence avec la nouvelle blessure de Delaine et la forme inégale de Dimitri Liénard, sorti blessé à Lyon et remplacé par le jeune défenseur central Franci Bouebari. Plusieurs noms de recrues potentiels ont fleuri dans les médias avides de rumeurs de mercato, parmi lesquels des pistes inhabituelles comme le Moldave Oleg Reabciuk, formé au Portugal et jouant en Grèce, ou le Mozambicain Bruno Langa. Finalement, alors que personne ne l'avait vu venir, c'est l'Ukrainien Eduard Sobol de Bruges qui arpentera le côté gauche strasbourgeois durant les prochains mois.

Originaire de Vilniansk, dans la région de Zaporizhya, Eduard est issu d'une famille de sportifs, avec un père Oleksandr footballeur professionnel dans les années 1990 (277 matchs dans les championnats ukrainiens) et une mère athlète de bon niveau durant son adolescence. Après le divorce de ses parents, alors qu'il a huit ans, il s'installe avec sa mère à Zaporizhya, et débute le football dans le club local du Metalurg. En 2008, il rejoint le centre de formation et occupe le poste d'attaquant axial dans les équipes de jeunes, avant de progressivement glisser vers un rôle d'ailier gauche. A l'été 2011, lors d'un rassemblement en équipe nationale, il découvre le poste de latéral gauche, un rôle qui va lui permettre de lancer sa carrière. Quelques mois plus tard, l'équipe première du Metalurg, qui joue alors le haut de tableau de la Percha Liha, la deuxième division, doit composer avec plusieurs blessés. La nouvelle polyvalence du jeune espoir Eduard Sobol, 16 ans et demi, tombe à pic : « il s'est avéré que nous n'avions pas assez d'arrière gauche dans l'équipe première. Notre entraîneur Anatoly Buznik m'a approché et m'a demandé si je pouvais jouer à ce poste. Puis il a commencé à me mettre régulièrement à gauche en défense » (sport.ua). Après une première apparition le 13 octobre, Sobol apparaît régulièrement en championnat, parfois comme titulaire, et inscrit même deux buts lors des trois derniers matchs de la saison, saison conclue par une montée en Premyer Liha pour Zaporizhya.

Dans l'élite ukrainienne, le gaucher parvient à s'imposer, mais dans un club qui enchaîne les défaites. En parallèle, il devient un cadre des sélections de jeunes ukrainiennes, en compagnie notamment de Roman Yaremchuk, l'attaquant qu'il a retrouve l'été dernier à Bruges. Lors du mercato hivernal de début 2013, alors que Zaporizhya est lanterne rouge et totalement décroché, avec à peine 3 points en 18 journées, les deux géants du pays le Dynamo Kiev et le Shakhtar se disputent le jeune gaucher qui n'a même pas encore fêté ses 18 ans. C'est finalement le second qui emporte la bataille, le club du Donbass cherchant à préparer la succession de Razvan Rat, le latéral roumain qui a occupé ce poste pendant près de dix ans, en alternance avec l'expérimenté international Vyacheslav Shevchuk (33 ans). Dans le même temps arrive un autre latéral gauche, le Brésilien Ismaily, 22 ans, aujourd'hui au LOSC.

Un changement de dimension radical pour Sobol, qui découvre l'exigence du haut niveau : « ici, le niveau des joueurs est beaucoup plus élevé, ils sont beaucoup plus rapide. Monsieur Lucescu (l'entraîneur) dit souvent que le joueur doit, avant tout, réfléchir sur le terrain, doit réfléchir où se déplacer correctement, quelle position prendre. En premier lieu - la tête, pas les jambes »(sport.ua). Évidemment, dans ce contexte et dans un effectif XXL, Eduard Sobol doit se contenter de quelques apparitions en première division, suffisantes tout de même pour faire figurer le titre de champion sur son palmarès. La saison suivante ressemble à ses six premiers mois, avec une petite dizaine d'apparitions en équipe première, dont trois titularisations, mais une place de titulaire avec l'équipe des jeunes qui dispute la Youth League (élimination en huitième de finale face à Arsenal). Malgré ce temps de jeu limité, il décroche tout de même le titre de meilleur espoir ukrainien de l'année 2013, ainsi qu'un second titre de champion national.

Pour que Sobol puisse engranger de l'expérience, le Shakhtar le prête chez le club voisin du Metalurg Donetsk. Si la saison ne démarre pas sous les meilleurs auspices, avec un carton rouge pour son premier match, le latéral gauche s'impose comme titulaire. Mais le club connaît des difficultés extra-sportives et finira par faire faillite à l'été 2015, au moment où le joueur repart dans son club d'origine. Le retour fut bref, puisque le Shakhtar a recruté un autre latéral gauche brésilien, Márcio Azevedo, arrivé en provenance du Metalist Kharkiv. Et c'est justement vers ce club qu'Eduard Sobol est prêté à l'été 2015, à nouveau pour une saison comme titulaire. Dans le même temps, il intègre l'équipe nationale espoirs, jouant notamment face à la France, le 13 octobre, au stade de la Meinau. Un an plus tard, rebelote, il est prêté cette fois-ci au Zorya Louhansk, dernier quatrième du championnat et qualifié pour la Ligue Europa, dans un groupe plus que costaud, avec Fenerbahce, le Feyenoord et Manchester United. Mais avant d'aller défier Rashford, Mata et Ibrahimovic à Old Trafford, un autre accomplissement attend le joueur de 21 ans. En septembre 2016, il est appelé par Andriy Shevchenko en équipe nationale pour les matchs de qualification à la Coupe du Monde et honore sa première cape, face à l'Islande, le 5 septembre.

Les deux saisons suivantes sont encore synonymes de prêts, mais cette fois en dehors d'Ukraine, en République Tchèque, d'abord au Slavia Prague, champion en titre, puis à Jablonec. A chaque fois une expérience concluante, à la fois en championnat avec un temps de jeu conséquent, et sur le plan européen avec des parcours honorables en Ligue Europa. En novembre 2018, il croise notamment la route du Stade rennais dans cette compétition, quelques semaines avant que le club breton ne se sépare de son entraîneur Sabri Lamouchi au profit de Julien Stéphan.

A l'été 2019, Eduard Sobol, 24 ans, vient d'enchaîner cinq saisons pleines, sous forme de prêt, et est appelé régulièrement en sélection, même s'il y est considéré comme le remplaçant de jeune prodige Vitaliy Mykolenko. Un statut encore insuffisant pour le Shakhtar, où Ismaily est indéboulonnable sur le côté gauche, qui conduit à nouveau le club de Donbass à l'envoyer en prêt. Direction cette fois l'Europe de l'Ouest et le FC Bruges, où la cellule de recrutement a repéré le latéral depuis plusieurs saisons. Pour le joueur, ce prêt constitue une vraie progression : « je suis satisfait, quand je suis arrivé ici, j'ai d'abord vu le Club comme un grand défi. Après deux ans en République tchèque, je me suis retrouvé dans un championnat plus fort, dans un pays qui m'était inconnu, dans une culture différente… Le niveau est beaucoup plus élevé ici, avec de bien meilleurs joueurs et un football plus rapide, plus ouvert et plus offensif. En République tchèque, les équipes jouent beaucoup plus défensivement. Cela m'a demandé des ajustements, pas tant sur le plan technique mais surtout physiquement. Pendant la préparation, je me suis dit 'wow, c'est dur physiquement ici. Et tu ne peux pas rester immobile un instant » (Voetbalkrant).

Le club de la Venise du nord lui fait confiance et Sobol enchaîne les titularisations à la fois en championnat et en Ligue des Champions. Malgré l'arrêt définitif du championnat au mois de mars, en raison de la crise sanitaire (comme en France, le championnat belge n'a pas repris à l'issue du confinement), le Club Bruges, à nouveau couronné champion, est satisfait de son recrutement et décide de solliciter un nouveau prêt de Sobol, cette fois-ci avec une option d'achat. Dans le même temps, le club recrute un concurrent sur son poste, le Rennais Faitout Maouassa, pour 4 millions d'euros. Ce dernier n'aura finalement que des miettes de temps de jeu, l'Ukrainien étant installé comme un titulaire indiscutable et comme l'une des références dans le championnat belge.

En 2021, Bruges lève l'option d'achat et Eduard Sobol quitte enfin définitivement le Shakhtar, où il n'aura joué que 14 petits matchs. Un total doublé rien que sur cette saison 2021/2022 durant laquelle l'Ukrainien maintient son niveau de performance, s'illustrant aussi en Ligue des Champions avec une passe décisive délivrée face au PSG. Néanmoins, le départ de Philippe Clément vers Monaco et l'arrivée du nouvel entraîneur Alfred Schreuder va rebattre les cartes. Ce dernier privilégie un système en 3-5-2, mais avec des vrais ailiers sur les postes de latéraux, à l'image du Danois Andreas Skov Olsen, ailier droit devenu un piston ultra offensif. Si Sobol est encore régulièrement appelé dans le onze, il se retrouve parfois sur le banc en fin de saison. Pour ne rien arranger, l'été dernier, le Club Bruges parvient à attirer le prometteur latéral gauche de Groningen Bjorn Meijer, 19 ans, déjà suivi par une bonne dizaine de clubs, notamment en Angleterre. Le temps de jeu de l'Ukrainien diminue alors drastiquement et trois et demi après son arrivée, malgré une centaine de matchs disputés, il est temps de faire ses valises, direction Strasbourg donc.

Pour un transfert estimé à deux millions d'euros, accompagné d'un demi million d'euros de bonus, le Racing recrute un joueur avec une solide expérience européenne, acquise en coupe d'Europe, en sélection nationale et dans plusieurs championnats. Si le début de carrière d'Eduard Sobol a été plutôt précoce, le joueur s'est construit progressivement, passant les paliers régulièrement au gré de ses clubs. Joueur très propre techniquement, que ce soit dans ses pourcentages de passes réussis ou ses dribbles, accrocheur défensivement (il figurait parmi les meilleurs tacleurs du championnat belge), il est capable d'évoluer aussi bien dans une défense à quatre que dans une défense à cinq. Avec ce recrutement et celui de Guilbert côté droit, le RCS est désormais doté de deux vrais spécialistes sur les côtés.

athor

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