Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Disparition de Roland Weller

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Souvenir/anecdote
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Par kitl
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© denisub90

Président du club strasbourgeois entre 1994 et 1997, Roland Weller aura incarné un Racing de coups et de Coupes, ce qui lui valut une remarquable adhésion populaire.

Il fut accueilli fraîchement au printemps 1994, par une Meinau sceptique quant à sa première décision comme président du Racing. Il est reparti trois ans plus tard, laissant derrière lui beaucoup de souvenirs et une pointe d'incertitude, appelé à céder la place aux marchands d'un American Dream à l'alsacienne.

La présidence Weller est à replacer dans son contexte, celui d'un club évoluant dans la sphère municipale. A ce titre, il fut sollicité par la maire de Strasbourg, Catherine Trautmann, la même qui trois ans plus tard, fut rendue responsable de son éviction. Roland Weller incarne la transition entre un Racing copieusement abondé d'argent public et le club privatisé de la fin de la décennie, confié au dossier concurrent du sien. Les multiples avatars de la direction IMG-McCormack ne cesseront d'alimenter les regrets : et si Weller avait été choisi ?
Nul doute que la popularité du dirigeant et le regard nostalgique porté sur ses trois saisons ont été entretenus par le management distant, les résultats pathétiques et l'entreprise de destruction du club voulue par ses successeurs.

Fils des tenanciers de la brasserie "La Charrue", rue du Faubourg national, Roland Weller effectue une carrière dans la restauration avant de lancer en 1978 l'Alsacienne de restauration, appelée à devenir le numéro 1 de la restauration collective en Alsace. Parallèlement à ses succès professionnels, il fait du Sporting Schiltigheim l'un des meilleurs clubs amateurs de la région.

Ces réussites dans les affaires et le monde du football font de Weller une cible de choix pour la municipalité strasbourgeoise, en quête de bailleurs de fonds pour la société d'économie mixte qu'est alors le RCS. Après le départ forcé de Jacky Kientz et la présidence de Jean Wendling, la Ville souhaite muscler le comité et préparer son futur désengagement. Doté d'une surface financière conséquente, Roland Weller semble l'homme idéal pour permettre au Racing de franchir un nouveau cap, deux ans après la remontée de 1992.

Initialement réticent, il finit par accepter le défi proposé par Catherine Trautmann. Roland Weller ne tarde pas à affirmer son autorité : sa première décision au printemps 1994, actée à l'issue d'un long cheminement, consiste à ne pas reconduire le contrat de l'icônique entraîneur Gilbert Gress, artisan de la remontée et grand manitou du Racing quasiment depuis sa naissance.

Au zénith de sa popularité, Gress est parvenu à installer l'idée selon laquelle le club ne pouvait se passer de lui. Personne ne prendrait le risque de laisser le RCS orphelin comme dans les années 1980. Le technicien fait donc lanterner Weller, qui était tout à fait disposé à travailler avec lui. Lassé d'attendre, le futur président se tourne vers Daniel Jeandupeux, ancien coach de Toulouse et Caen, à la grande fureur de Gilbert Gress et du public qui lui est largement acquis.

Cette première marque d'autorité vaut à Roland Weller des sifflets nourris en marge du dernier match de la saison 1993/94 à la Meinau, face à Lyon. L'impitoyable public strasbourgeois révisera bien plus tard son jugement, comme il le fit d'ailleurs vis-à-vis d'un spectaculaire gardien helvète.

S'inscrivant dans la continuité du discours ambitieux de Gilbert Gress, Weller effectue un recrutement (on n'utilise pas encore le terme de mercato) trois macarons : les internationaux Franck Sauzée et Xavier Gravelaine débarquent ainsi que le gardien slovaque Alexander Vencel. Le début de saison hésitant poussera le Racing à casser sa tirelire pour engager le fantasque meneur de jeu Alexander Mostovoi...

Troisième du championnat fin octobre après un succès contre Monaco, l'équipe se désagrège durant l'hiver. Adepte d'une gestion de groupe décrispée, surtout comparé à son prédécesseur, Jeandupeux laisse les clans et les égos prendre le dessus. La qualification pour les demi-finales de la Coupe de France à l'issue d'un match homérique face à l'ennemi intime bordelais n'empêche pas le couperêt de tomber. Le Suisse est écarté fin mars, au profit d'un glorieux ancien totalement novice à ce niveau, Jacky Duguépéroux.

Elément emblématique de Vauban, évoluant dans l'agro-alimentaire aux Grands Moulins de Strasbourg, le capitaine de l'équipe championne de France 1979 partage a priori beaucoup avec son président. Duguépéroux demeurera le second entraîneur de l'ère Weller. Ses premiers succès – demi-finale de Coupe contre Metz et dans la foulée, victoire contre le FC Nantes, leader invaincu – assoiront pour de bon son autorité.

Sous la férule du Malouin, le Racing se spécialise comme équipe de Coupe. Le grand PSG demi-finaliste de la C1 prive Strasbourg de la Coupe de France en mai 1995. Deux ans plus tard, le Parc des Princes est cette fois le théâtre d'une interminable finale de Coupe de la Ligue : le Racing l'emporte à l'issue du neuvième tir au but ! Entretemps, la Meinau retrouve le parfum des soirées européennes, d'abord dans la touffeur et l'exotisme de l'Intertoto, puis en accueillant le Milan AC en octobre 1995.

A l'intersaison 1996, place au grand ménage. Les stars quittent le clubs, certains profitant des nouvelles opportunités ouvertes par l'arrêt Bosman pour partir à l'étranger (Leboeuf, Keller, Garde...). Les jeunes éléments lancés par Gress ont désormais les clés de la boutique. Hormis Martin Djetou, cédé à Monaco pour renflouer les caisses, ce qui donnera le sentiment au président Weller d'avoir vendu son propre fils...

En parallèle de cette saison 1996/97 achevée (deux fois) au Parc des princes, se joue l'avenir du club. Pour se conformer à la loi Pasqua, la municipalité doit vendre ses parts. Trois dossiers sont aux prises : le tandem Rapin-Gindorf, le groupe IMG représenté par Patrick Proisy et la candidature Weller.

Artisans du remarquable redressement du RC Strasbourg depuis 1990 et la mise en place de la société d'économie mixte, la maire Catherine Trautmann, son premier adjoint Roland Ries et l'adjoint aux sports Robert Herrmann seront finalement sensibles aux arguments mégalomaniaques d'IMG.
Ce choix se révèlera funeste, même s'il est évidemment bien aisé de juger une fois l'histoire achevée. Couplé à la décision de ne pas engager les sommes nécessaires à la rénovation de la Meinau pour accueillir la Coupe du monde 1998, la privatisation ratée du Racing alimentera une rancune tenace à l'égard de la promotrice du tramway de la part des cercles footballistiques alsaciens.

Roland Weller lui-même ne cultivera pas déraisonnablement cette rancœur. Son fauteuil de président du SC Schiltigheim l'attend. Il aura beau jeu de rappeler les contacts avancés avec Stéphane Ziani et Frédéric Meyrieu, futurs maîtres à jouer des deux formations à la lutte pour le titre de champion 1998. Pendant ce temps, le Racing déraciné enregistre les arrivées d'obscurs Danois et Belges et se débat dans la zone de relégation. Non, vraiment, personne n'aura besoin de se forcer pour regretter Roland Weller.

Toute l'équipe du site racingstub.com adresse à sa famille et à ses proches ses plus sincères condoléances.

Retrouvez également ci-dessous l'interview vidéo, en trois parties, que Roland Weller avait accordée à @inter et @karim67100 en 2015, et dans laquelle il raconte son parcours:
Un Président en vert et bleu (1)
Un Président en vert et bleu (2)
Un Président en vert et bleu (3)

kitl

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  • pliughe Bonne nuit
  • takl bonne nuit
  • takl 2024 devrait accoucher d'un 2025 appaisé et empathique. Tout va bien se passer, le Racing sera en L1, paix amour liberté et fleurs.
  • takl futur antérieur : [lien]
  • takl mais bon on a pas le droit de les exterminer. Y'en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes.
  • takl le monde serait mieux sans "les gens"
  • takl les gens tu leur donne une pelle ils creusent avec le manche
  • pliughe Pff si les gens creusé un peu plus ça nous éviterait de polluer
  • takl BO de la saison : [lien]
  • takl il manque plein de choses dans la dernière phrase, dont des mots, la honte.
  • takl allez dédicace à tous ceux qui ont eu la "cahnce" de mourir avant vu la Racing BlueCo [lien]
  • pliughe Mais oui
  • takl Excellent les Young Gods
  • pliughe L'octogone
  • pliughe [lien]
  • pliughe Et pour le fun, genre yen a dans locomoteur et puis l'entraînement
  • takl allez un morceau quye j'adore : [lien]
  • takl mais c'est frais
  • takl Ca ressemble à ce que The Streets faisait y'a genre 25 ans
  • pliughe Putain maintenant c'est les punks qui rap

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