Eloge de la tribune

Ouvrons ce bon vieux Larousse et notons les 2 premières définitions du nom féminin tribune (du latin médiéval tribuna):

• 1. Emplacement surélevé, estrade d'où un orateur s'adresse à une assemblée […]
• 2. Espace muni de gradins, le plus souvent couvert, d'où l'on regarde une course de chevaux, une manifestation sportive, etc.

Dans un stade de foot, qui plus est dans notre vénérée Meinau, la tribune est un peu de tout cela à la fois : un espace surélevé muni de gradins, où une foule se transforme quelques fois en orateur unique le temps d’une manifestation sportive.

Messages

Car une tribune peut délivrer des messages : d’hostilité envers l’adversaire, de joie après un but, d’incompréhension avec l’arbitre, de défiance pour une orientation de direction (non à la multipropriété), de soutien pour une équipe mais surtout de passion pour un club.



Cette saison et malgré des résultats longtemps insuffisants, jamais le kop emmené par les UB90 ne s’est laissé aller à la vindicte populaire en lâchant nos protégés en souffrance. Ce soutien sans faille, exemplaire s’il en est, a été unanimement salué par joueurs et entraineurs. Au crépuscule d’un monde de l’instantané et de l’éphémère, cette attitude confirmera si nécessaire qu’une relation spéciale s’est bâtie entre le Racing et ses supporters à grands coups de relégations, dépôt de bilan mais aussi de victoires rurales, comme autant de pierres à un édifice qu’on souhaiterait éternel.

La Meinau avec nous

Ils auront ainsi été cette saison 25 279 en moyenne (source : racingstub.com) dans l’antre d’une Meinau plus fringante que jamais, enchainant 19 nouveaux guichets fermés confirmant ainsi un soutien inédit dans la durée (nb: du moins avant l’été 2011).

Ce stade chargé d’Histoire, prochainement rénové et agrandi, n’aura eu de cesse de porter ses protégés pour renverser une situation que beaucoup pensaient désespérées au sortir d’une première partie de saison cauchemardesque. Alors que d’autres auraient pu se laisser tenter par la désunion, la ferveur éternelle des plus fidèles aura permis à l’équipe de sortir progressivement la tête de l’eau, renvoyant ainsi l’image méritée d’un kop d’exception.

La rencontre face au PSG, théâtre de magnifiques tifos, embuera encore longtemps l’œil de ceux qui garderont pour l’éternité ce souvenir d’un stade à l’unisson pour célébrer autant de causes le méritant.

A l’extérieur, je porterai haut mes couleurs

Avisés furent les 100 présents à Angers, 400 à Lyon, 1300 à Reims et 280 à Nantes (source : racingstub.com) : leurs chants et encouragement auront portés les joueurs vers des Auswärtssieg (*victoires à l’extérieur) plus vitales les unes que les autres.

Au total, 10 800 Bleus soit 600 en moyenne (nb : avant match de Lorient) auront soutenu l’équipe à l’extérieur, avec comme point d’orgue le déplacement à Troyes qui fut le plus massif de l’histoire hors finale de coupe.



A Troyes justement, le capo ne s’y était pas trompé en allocution initiale ; ce dimanche après-midi-là il n’y avait pas de parcage d’un côté et de gradins de l’autre, mais bien un seul et même ensemble réuni dans une tribune. Ce-jour-là, 4000 âmes et voix se sont entremêlées et accordées pour crier leur amour au Racing et pousser nos Bleus à chercher le maintien.

Si l’entreprise ne fut pas réellement couronnée de succès sur le terrain, cette rencontre aura tout de même permis à toute une population au demeurant si hétéroclite de s’animer pour pousser les joueurs vers un but commun. Un stade de de football dans son ensemble est très souvent le reflet de la société, mais une tribune en extérieur comme celle de la Seine au stade de l’Aube l’était encore plus : les ouvriers côtoient les chefs d’entreprises, les familles se mêlent aux étudiants, les supporters d’un jour donnent le change aux fidèles ultras. L’espace d’un instant, qu’on souhaiterait suspendu dans le temps, des personnes qui ont pour seul point commun leur amour du Racing s’unissent pour le bien universel bleu et blanc. Cette ferveur n’aura hélas pas suffi à pousser nos protégés à décrocher définitivement ce Graal qu’est le maintien (ce fût le cas sept jours plus tard !), mais ce bel après-midi aura également servi à certain de se retrouver, de tisser des liens éphémères ou non mais aussi à se promettre lors des quelques 400 km du retour que pour sûr, ils récidiveront !

Encore ce soir, je serai là, et ce qu’importe, le résultat

Longue et éprouvante fut cette saison, mais elle n’en fut pas moins belle car pourvoyeuse d’émotions. En aparté, on pourra constater que l’émotion n’est pas toujours dépendante d’un top classement et ne s’achète pas forcément à grands coups de millions, la différence d’ambiance entre un camp strasbourgeois simplement maintenu et un parisien pourtant Champion en est la preuve.



Bravo et merci à tous ceux qui ont fait et feront encore du Racing un club unique et populaire duquel chacun peut fièrement arborer les couleurs, et ce qu’importe le résultat!