Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Le Bordeaux "Blanc" est arrivé !

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Par captainflirt
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"Sébastien Chamakh", sans la barbe © Karim Chergui

Après avoir consommé pendant deux ans du Ricardo, les Girondins poursuivent leur tour de France des spécialités régionales. Grand cru classé champion du monde il y a neuf ans, Bordeaux s'est mis au blanc. Visite de cave du prochain adversaire du Rac

Un grand cru classé champion du monde


La tradition footballistique a le bon goût de souvent chercher à prolonger le rêve des supporters, même quand leurs plus grandes idoles prennent leur retraite. Tendance omniprésente en Europe du foot : mettre un grand nom sur le banc a toujours la côte. Laudrup à Getafe, Stoichkov à Vigo, Rijkard au Barça, le sentiment de réussite programmée, galvanisé par la foule et des médias un brin nostalgiques, demeure intact au fil des années et malgré les leçons du passé. Si la réussite de quelques anciennes gloires du foot reconverties au poste d'entraîneur éblouit encore ici et là par les exploits répétés d'un Franz Beckenbauer, d'un Fabio Capello ou d'un Johan Cruyff, on a longtemps pensé en France que ça ne marchait pas. Syndrome Platini oblige...

Et pourtant, voici tout juste quelques mois, un ex-international français vient encore de prouver le contraire. A travers la brèche ouverte il y a quelques années par l'ex-capitaine des Bleus Didier Deschamps, dont les débuts furent remarquables à Monaco, Jean-Pierre Papin s'y est collé à son tour en réussissant le pari de faire remonter le Racing en L1. Effet de mode ou projet mûrement réfléchi, celui dont la lumière de France 98 illumina tout un peuple lors d'un huitième de finale inoubliable face au Paraguay a décidé d'en faire autant.

Promis en 2004 à la succession de Jacques Santini à la tête des Bleus, Lolo s'était vu souffler la place d'un iota par Raymond le mal-aimé, et on n'avait guère entendu parler d'une quelconque reconversion de la star depuis longtemps. Il semblait d'ailleurs avoir abandonner l'idée après ce coup dur. Mais il faut croire qu'après mûre réflexion (et quelques piges fort ennuyeuses en tant que commentateur sur Canal), l'animal ait repris du poil de la bête pour finalement passer son diplôme d'entraîneur en 2006. Il faut croire aussi que le challenge sportif l'intéressait vraiment. Quiconque ayant suivi un tant soit peu la carrière et la progression de Laurent Blanc (Montpellier, Napoli, Saint-Etienne, Auxerre, Barcelone, Marseille, Inter, Manchester) en conviendra aisément.

Comportement exemplaire sur le terrain, faisant preuve d'une sagesse extrême et de ce charisme qui faisait les libéros d'antan, le dénommé « Président » par ses supporters a toujours su imposer sa présence dans la plupart des clubs qu'il a fréquentés, et d'où l'on garde l'image d'un joueur sain et conquérant, sur lequel se sont toujours appuyés les différents entraîneurs qui l'ont côtoyé, du Camp Nou à Old Trafford. Joueur d'exception, cadre dans tous ses clubs, capitaine de la plupart de ses équipes, Laurent Blanc semblait donc avoir le profil requis pour les bleus de Jean-Louis Triaud. Et si la spirale médiatique n'est pas folichonne contrairement à ce qu'on pourrait penser (11600 abonnés l'an dernier contre 12000 cette année à Chaban-Delmas), c'est pour le moment sur le terrain que se produit l'effet du Blanc, après un début de récolte en championnat plutôt bien réussie et un podium qui montent à la tête des supporters au fil des journées.

Vendanges mercatives tardives


Le novice pourrait croire qu'un grand nom du foot aurait amené dans ses valises quelques stars. Perdu ! Malgré les neuf millions récoltés pour le transfert de Faubert parti pour le club aux pétrodollars mythiques de West Ham, il ne faudrait pas oublier que le président Jean-Louis Triaud n'est pas du genre à payer sa tournée. Entre le limogeage onéreux d'Elie Baup qui a gagné son procès pour « rupture abusive de contrat » en mai dernier (et qui touchera la bagatelle de 2,5 millions d'euros, juste de quoi bien digérer son élimination de la Ligue des Champions avec le TFC), le contrat sans doute prolifique de Laurent Blanc (N.C) et le rendement des salaires de certains joueurs ultra côtés au club (Chamakh, Micoud, Ramé), la compta est vite réglée, et le recrutement tarde à l'allumage.
Sujet qui ne manqua pas d'ailleurs d'occasionner le premier coup de gueule du « Président » Lolo, qui trouvait le recrutement bien trop lent à son goût pour réaliser les ambitions de l'actionnaire historique : « finir dans les trois premiers ». Il faut avouer qu'à une semaine de la reprise, ne disposer que du tiers de son effectif est un peu léger. Que voulez-vous ? Il paraît que M6 marche sur la tête depuis quelques années. Il se murmure même qu'on peut retrouver la chaîne aux émissions les plus intellectuelles du PAF sur la TNT, rebaptisée W9 neuf pour l'occasion...

Mais, finalement, c'est bien Laurent Blanc qui aura le dernier mot, profitant ainsi des avantages d'un joli mercato au goût sucré des meilleurs VT. Alou Diarra, moribond à Lyon la saison dernière est venu suppléer Rio Mavuba pour la coquette somme de 7 Millions d'euros. On suppose également qu'il le suppléera aux yeux du sélectionneur national, ce dernier ayant déjà démontré par le passé qu'il n'était pas un grand fan de Villareal. Un recrutement très défensif dans lequel vient s'inscrire également la perle sénégalaise Souleymane Diawara (145 match en L1), en provenance de Charlton et le défenseur lillois Mathieu Chalmé. Plus anecdotique est en effet le transfert de l'attaquant niçois David Bellion, que l'on voit mal faire concurrence à l'éternel Chamakh. En revanche, si Caveghani, le Brésilien si prometteur du Spartak Moscou, continuait à décevoir, il pourrait bien avoir du souci à se faire, Bellion étant déjà auteur de six buts cette saison.
Quant à ce grand meneur de jeu, capable de dribbles chaloupés et de frappes lointaines magistrales que les Bordelais attendent depuis maintenant plus d'un an, il semblerait qu'il faille encore patienter. Le vrai Johann Micoud étant toujours porté disparu.

Quoi qu'il en soit, les Girondins semblent armés dans tous les secteurs de jeu, seule manquera peut-être la profondeur de banc pour réaliser une grosse saison, selon les dires de l'entraîneur.

Entre-deux-mers d'un championnat amer


Mais pour l'instant, avec cinq victoires, trois nuls et deux défaites, les Bordelais paraissent intégrer parfaitement le principe de leur division : chercher la victoire à Paris un jour, pour se faire ensuite étriquer à domicile le lendemain par la lanterne grenat dans l'anonymat général, le tout en cadenassant merveilleusement bien le jeu. C'est donc en bon reflet de la L1, ce championnat atypique où tout le monde peut battre tout le monde, Lyon excepté (qui a d'ailleurs et pour l'anecdote corrigé les Bordelais 3-1 chez eux récemment), que Bordeaux navigue entre-deux-mers, se retrouvant à seulement un petit point du podium grâce à un parcours qui n'a rien d'exceptionnel. On l'a dit, le championnat de France est plus que jamais ouvert, et Bordeaux à vrai dire pourrait aussi bien se retrouver champion en fin de saison (c'est-à-dire deuxième) grâce à son jeu remarquablement fermé, que relégable comme il y a trois ans.

Malgré cela, les plus optimistes (ou les plus Girondins) trouveront toujours des raisons d'y croire. Et il est vrai que si l'on s'attarde un peu sur les feuilles de matchs de Bordeaux, on se dit que, quand même, cette équipe a de la gueule. Voici un petit portrait satirique du jeu à la bordelaise.

Pour ce faire, observons une action offensive typique d'un adversaire du championnat de France (c'est-à-dire en réalité un contre). En match de coupe, on pourrait éventuellement envisager l'action d'une équipe qui aurait envie de jouer et pourquoi pas (tout est possible), de marquer un but à Bordeaux...
Dans un premier temps il lui faudrait rafler le ballon à Obertan, l'un des très rares feux follets de cette L1. Si ça ne marche pas, l'équipe « joueuse » peut toujours espérer récupérer le ballon après une frappe lointaine et non cadrée de Chamakh ou de Jussiê. C'est à ce moment-là que le contre se dessine. Déjà, il lui faudra éviter d'aller s'empaler sur Alou Diarra. Si par miracle ça passe, parce que l'équipe décide d'ouvrir le jeu sur les ailes (oui, oui, ça fait rêver), alors il ne faut pas trop s'enflammer : Jurietti (joueur emblématique du championnat, auréolé d'une carrière exceptionnelle de 15 secondes en équipe de France) ou Jemmali (futur retraité international lui aussi) veillent au grain. Imaginons alors, l'espace d'un instant, une tentative de centre orchestrée par une jeune pousse qui aurait tout à prouver : aussitôt repoussée par Diawara. Plus utopique encore, notre jeune pousse parvient à réaliser un dribble et à s'incruster dans la surface avant de se faire contrer par la cuisse de Planus (Pas de panique ! Vous retrouverez les ralentis de cette action en boucle et tout au long de la saison sur France2Foot).
Action finie, espoir de beau jeu terminé et rêve brisé par cet impertinent réalisme qui habille le foot européen depuis trop longtemps : Ulrich Ramé dégage loin devant où Fernando obtient un coup franc grâce à un plongeon admirable. Johann Micoud (le vrai, revenu spécialement de Brême pour l'occasion) tire, la frappe est déviée et le gardien adverse est pris à contre-pied. C'est l'ouverture du score, Laurent Blanc félicite ses joueurs et son staff, dont Jean-Louis Grasset qui n'avait pas vécu de si grands moments de bonheur depuis la victoire de Istres en championnat de France de L1.

On ne vous le dira jamais assez, ce Bordeaux Blanc surprendra plus d'un amateur de Médoc, sans pour autant raviver la flamme de ces grands Bordelais vêtus de rouge qui alimentèrent copieusement l'Equipe de France championne du monde (Lizarazu, Zidane, Dugarry) ; il fournit néanmoins l'une des plus belles robes de notre championnat. Parfum subtil de nostalgie, arrière goût de Ricardo, ce millésime 2007 réussit la prouesse exceptionnelle de formuler un breuvage à la fois sec et moelleux. Dégustation prévue le samedi 20 octobre, 16h, au Stade de la Meinau.

captainflirt

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