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- Par romeocrepe
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Parce que nous l'aimons, parce qu'il vient de se retirer pour prendre soin de sa santé et qu'on lui souhaite un prompt rétablissement, nous avons eu envie de lui donner la parole, malgré lui. Pour le plaisir, une fausse interview !
Egon Gindorf me reçoit dans les entrailles désertes du stade de la Meinau. Elégant mais pas endimanché, l'homme, que je n'avais jamais rencontré, m'accueille chaleureusement. Il sourit, tandis que je hume l'atmosphère. Une délicieuse odeur d'épices et d'herbes aromatiques flotte en effet dans l'air.
« Oui, je vous ai préparé de la soupe.
-De la soupe ?
-Oui, une soupe iranienne. Vous aimez ?
-Oui, mais...
- Vous êtes surpris ? Vous ne devriez pas. L'humanisme rhénan, c'est aussi le partage, l'ouverture aux autres, le plaisir de l'expérience. »
Avec des réparties pareilles, c'est moi qui vais finir par la servir, la soupe, alors, avant d'être accusé de journalisme alimentaire, j'entre dans le vif du sujet :
Romeo : Egon Gindorf, alors que l'horizon du Racing est pour le moins incertain, comment jugez-vous l'action de Philippe Ginestet, votre successeur ?
EG : En faisant le maximum pour qu'il ne me succède pas trop tôt, j'ai peut-être, à l'époque, contribué à la confusion, mais j'ai épargné au club une saison avec un entraîneur taillé pour la L2.
R : Vous n'appréciez pas Jean-Marc Furlan ?
EG : Ce qui est certain, c'est que l'on ne peut pas afficher un projet ambitieux et sur le long terme avec des moyens honorables mais sans rapport avec ce projet. Certes, une 4L a déjà brillé dans le Paris-Dakar, mais c'était en... 1979. Un autre temps. L'ambition sportive en 2008 nécessite d'autres ressources. Ou alors, il faut innover.
R : Vous faites référence à l'année du titre. Vous aussi, en rappelant Duguépéroux, vous avez pratiqué l'adage « c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleurs soupes » -d'ailleurs, je reprends volontiers de la soupe- , avec l'insuccès que l'on connaît.
EG : J'ai préparé ma soupe Aashe Maste en me servant d'une batterie de cuisine achetée en 1966 avec l'argent de la Coupe de France. Justement, le bilan de Jacky n'est pas négatif, avec une Coupe de la Ligue 2005 en vitrine.
R : Mais le club est redescendu en 2006...
EG : L'équipe n'était pas si mauvaise, comme le prouve si besoin l'était le parcours en coupe UEFA. Un huitième de C3, ce n'est pas rien, Bordeaux et Marseille n'ont pas fait mieux cette année ! Mais l'équipe était aussi inconstante que mes successeurs potentiels. Je ne pouvais pas partir sans garanties sur ma succession. J'ai bien cédé la place car j'avais fait mon temps, mais non sans craintes.
R : C'est-à-dire ?
EG : Je suis un chef d'entreprise, comme Philippe Ginestet. Or, une équipe de football réagit comme une société cotée en Bourse, et les joueurs sont à considérer comme un petit actionnaire. Si les dirigeants annoncent des prévisions, il faut que les objectifs soient atteints, ou, s'ils ne le sont pas, il est essentiel que ces objectifs aient été cohérents. Sinon, les actionnaires se retirent... et les joueurs déjouent.
« Pour avoir au moins des résultats en dents de scie, il faut avoir des dents »
R : Pourtant, Philippe Ginestet a été salué comme le président du renouveau dans la stabilité !
EG : J'aurais aimé être celui-là, mais je suis arrivé aux responsabilités trop vieux pour jouer les Molinari ou les Hamel. Ginestet non plus ne fera pas de vieux os. Il a été au conflit avec le staff existant, avec Papin, il a imposé ses têtes jusque dans l'équipe, sans grande réussite. Là, on le voit beaucoup s'agiter sur le Grand Stade du Racing. C'est parfait, nous aurons le plus grand stade de la L2.
R : La descente vous paraît-elle inéluctable ?
EG : Les joueurs doivent se ressaisir. Tout n'est pas forcément perdu. Encore que... Toute la saison, le Racing a eu des résultats en dents-de-scie, mais là, après Sochaux, Metz, Bordeaux et Lille, on se dit que pour avoir au moins des résultats en dents-de-scie, il faut avoir des dents. (Il retire son dentier) Css'est komm dhans a ppûûbb « t'hant k'vhous haavez dhes dhents mhanghez dhes pommes ». (Il remet son dentier). Pas besoin de dents pour prendre de la soupe. Vous en reprenez ?
R : Oui, volontiers. Vous n'êtes pas d'accord avec le projet de grand stade ?
EG : Si bien sûr, on ne va pas se plaindre s'il sort de terre. Mais attention à la poudre aux yeux. Mieux vaut une grande équipe dans un vieux stade qu'une enceinte boursouflée sous prétexte que c'est Strasbourg, capitale européenne. A charge à Ginestet d'être malin pour faire financer tout cela par l'Etat et les collectivités.
R : Le changement de majorité municipale va-t-il changer quelque chose pour ce projet?
EG : Ce n'est pas le sujet. Le Racing n'est ni de gauche, ni de droite, il est maladroit. Seule la réussite sportive donnera du crédit à Ginestet devant les décideurs, et nous sommes loin du compte.
R : On vous sent un peu déçu...
EG : Non, passionné, depuis des décennies, et ce n'est pas près de changer un jour.
R : BURPPP. Oups, désolé...
EG : Pas de problème. J'ai peut-être mis trop de bière dans ma soupe.
R : De la bière dans la soupe iranienne ?
EG : Humaniste, mais Strasbourgeois avant tout !
Comme il n'y a plus de soupe, nous en restons là. En attendant de revoir Egon à la Meinau, même ne faisant plus partie du conseil d'administration.
« Oui, je vous ai préparé de la soupe.
-De la soupe ?
-Oui, une soupe iranienne. Vous aimez ?
-Oui, mais...
- Vous êtes surpris ? Vous ne devriez pas. L'humanisme rhénan, c'est aussi le partage, l'ouverture aux autres, le plaisir de l'expérience. »
Avec des réparties pareilles, c'est moi qui vais finir par la servir, la soupe, alors, avant d'être accusé de journalisme alimentaire, j'entre dans le vif du sujet :
Romeo : Egon Gindorf, alors que l'horizon du Racing est pour le moins incertain, comment jugez-vous l'action de Philippe Ginestet, votre successeur ?
EG : En faisant le maximum pour qu'il ne me succède pas trop tôt, j'ai peut-être, à l'époque, contribué à la confusion, mais j'ai épargné au club une saison avec un entraîneur taillé pour la L2.
R : Vous n'appréciez pas Jean-Marc Furlan ?
EG : Ce qui est certain, c'est que l'on ne peut pas afficher un projet ambitieux et sur le long terme avec des moyens honorables mais sans rapport avec ce projet. Certes, une 4L a déjà brillé dans le Paris-Dakar, mais c'était en... 1979. Un autre temps. L'ambition sportive en 2008 nécessite d'autres ressources. Ou alors, il faut innover.
R : Vous faites référence à l'année du titre. Vous aussi, en rappelant Duguépéroux, vous avez pratiqué l'adage « c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleurs soupes » -d'ailleurs, je reprends volontiers de la soupe- , avec l'insuccès que l'on connaît.
EG : J'ai préparé ma soupe Aashe Maste en me servant d'une batterie de cuisine achetée en 1966 avec l'argent de la Coupe de France. Justement, le bilan de Jacky n'est pas négatif, avec une Coupe de la Ligue 2005 en vitrine.
R : Mais le club est redescendu en 2006...
EG : L'équipe n'était pas si mauvaise, comme le prouve si besoin l'était le parcours en coupe UEFA. Un huitième de C3, ce n'est pas rien, Bordeaux et Marseille n'ont pas fait mieux cette année ! Mais l'équipe était aussi inconstante que mes successeurs potentiels. Je ne pouvais pas partir sans garanties sur ma succession. J'ai bien cédé la place car j'avais fait mon temps, mais non sans craintes.
R : C'est-à-dire ?
EG : Je suis un chef d'entreprise, comme Philippe Ginestet. Or, une équipe de football réagit comme une société cotée en Bourse, et les joueurs sont à considérer comme un petit actionnaire. Si les dirigeants annoncent des prévisions, il faut que les objectifs soient atteints, ou, s'ils ne le sont pas, il est essentiel que ces objectifs aient été cohérents. Sinon, les actionnaires se retirent... et les joueurs déjouent.
« Pour avoir au moins des résultats en dents de scie, il faut avoir des dents »
R : Pourtant, Philippe Ginestet a été salué comme le président du renouveau dans la stabilité !
EG : J'aurais aimé être celui-là, mais je suis arrivé aux responsabilités trop vieux pour jouer les Molinari ou les Hamel. Ginestet non plus ne fera pas de vieux os. Il a été au conflit avec le staff existant, avec Papin, il a imposé ses têtes jusque dans l'équipe, sans grande réussite. Là, on le voit beaucoup s'agiter sur le Grand Stade du Racing. C'est parfait, nous aurons le plus grand stade de la L2.
R : La descente vous paraît-elle inéluctable ?
EG : Les joueurs doivent se ressaisir. Tout n'est pas forcément perdu. Encore que... Toute la saison, le Racing a eu des résultats en dents-de-scie, mais là, après Sochaux, Metz, Bordeaux et Lille, on se dit que pour avoir au moins des résultats en dents-de-scie, il faut avoir des dents. (Il retire son dentier) Css'est komm dhans a ppûûbb « t'hant k'vhous haavez dhes dhents mhanghez dhes pommes ». (Il remet son dentier). Pas besoin de dents pour prendre de la soupe. Vous en reprenez ?
R : Oui, volontiers. Vous n'êtes pas d'accord avec le projet de grand stade ?
EG : Si bien sûr, on ne va pas se plaindre s'il sort de terre. Mais attention à la poudre aux yeux. Mieux vaut une grande équipe dans un vieux stade qu'une enceinte boursouflée sous prétexte que c'est Strasbourg, capitale européenne. A charge à Ginestet d'être malin pour faire financer tout cela par l'Etat et les collectivités.
R : Le changement de majorité municipale va-t-il changer quelque chose pour ce projet?
EG : Ce n'est pas le sujet. Le Racing n'est ni de gauche, ni de droite, il est maladroit. Seule la réussite sportive donnera du crédit à Ginestet devant les décideurs, et nous sommes loin du compte.
R : On vous sent un peu déçu...
EG : Non, passionné, depuis des décennies, et ce n'est pas près de changer un jour.
R : BURPPP. Oups, désolé...
EG : Pas de problème. J'ai peut-être mis trop de bière dans ma soupe.
R : De la bière dans la soupe iranienne ?
EG : Humaniste, mais Strasbourgeois avant tout !
Comme il n'y a plus de soupe, nous en restons là. En attendant de revoir Egon à la Meinau, même ne faisant plus partie du conseil d'administration.
