Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Le Racing, anti-Hérault

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Par zottel
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« En août, l'homme se repose » résumait Alexandre Vialatte. L'homme ruisselle aux terrasses, dans les autobus. A peine consent-il à regarder ses contemporains jouer au football. Montpellier, ville dilettante, est toute faite pour lui.

(NDLR : cet article fait partie d'une série d'articles au ton décalé et résolument second degré. A lire avec précaution et humour !)

L'histoire de la ville tient du malentendu : noyée dans le nuage des moustiques de la lagune, nul ne songeait à y prospérer ou à y faire la guerre. Le notable y est rare, monotone, franc-maçon, principalement médecin ou botaniste. Persuadé, à raison, qu'il ne fera jamais rien de mieux que de naître, il s'autoproclame « baron » de l'écusson - écusson étant le nom du vieux centre-ville -, titre dont il se pare avec un orgueil de pécore qu'on ne rencontre plus guère que dans certaines vallées de basse Moselle.
Il est vrai qu'autour de lui, ce ne sont que faubourgs misérables et villages de paysans maigres. Chez les premiers, on devine des enfants sales, des moeurs suspectes, et une confiance effrayante dans le tarot de Marseille ; chez les seconds, les soupers au ragoût de hérisson, des Manons qui courent à moitié nues dans la garrigue, et des existences vouées à extraire du calcaire un vin de cirrhotique.
La région doit en effet à la bonté d'un roi de France une fiscalité exceptionnelle sur les alcools embouteillés sur place. Ceci a fait la fortune du port pinardier de Sète, et a façonné le pays en un immense coteau désert, planté de pieds de vigne avortons. Le Montpelliérain moyen est donc génétiquement alcoolique, comme l'ont prouvé d'ailleurs les travaux du professeur Furlan (cf « L'eskimo est-il un Noir ? », p. 324).
A l'affût depuis la terrasse d'un café, on peut les voir effectivement en grand nombre affalés sur des chaises, ou des bancs, à l'ombre de leurs paumes comme des fumeurs d'opium. Il est connu d'ailleurs que, à la différence de leurs cousins de Provence qui préfèrent l'anisette, ceux-ci arrivent rarement à forcer leur paresse jusqu'à jouer à la pétanque. L'accent même y est mou, et avare en « putaing » qui assèchent le palais.

L'élan de la modernité a dû composer avec les pesanteurs locales. Au nombre de ses réalisations, on peut tout juste compter la construction laborieuse d'un aqueduc sec (couramment « les Arceaux », car on ne lève jamais le nez bien haut au dessus du parasol ou du cageot de melons) et la percée de quelques décamètres d'avenue. Ceci n'aura d'ailleurs jamais servi qu'à simplifier le choix des promenades et à distribuer fluidement la populace vers ses terrasses adorées. Maigre succès pour Louis XIV, qui aura préféré en mourir d'exaspération, bien plus certainement que pour n'importe quelle guerre d'Espagne.

On aurait pu craindre un temps que le phylloxéra et la déprise agricole ne nuisent à cet avachissement séculaire. Mais, la disparition du moustique et son remplacement par le touriste parisien, replongea la ville dans sa quiétude. Montpellier put dès lors se tourner vers le commerce lucratif de son sable, de sa météo et de son mode de vie à base d'inactivité transpiratoire. Agrément indispensable, la pratique assidue des jeux de plages permet depuis à Montpellier de bien figurer dans beaucoup de sports futiles, popularisés par le Front populaire pour délasser l'ouvrier septentrional entre deux révolutions. Cela a beaucoup fait pour la renommée du lieu : sorte de Marseille sans les Marseillais, de Malibu fantasmée sans les maillots de bain une pièce, on y a vu bientôt affluer des étudiants chevelus qui se sont mêlés avec bonheur aux buveurs locaux.

Que diable les a pris de se mettre au football ? « On ne va tout de même pas faire jouer au rugby ces gominés à ray-bans », s'exclama le maire ex-léniniste ex-socialiste Georges Frêche, qui voit toujours trop loin. « On va devenir une grande ville de foot », renchérit son âme damnée Louis Nicollin. Loulou, le Bill Gates du papier gras montpelliérain, le Don Corleone de la Paillade, un homme qui ne craindrait même pas de prêter 10 euros à Rolland Courbis. Quiconque l'a vu détruire une bouteille de plastique avec ses dents comprend que ce n'est pas un rigolo.
Il aura fallu donc tout le poids et toute la fougue juvénile de ces deux compères. A l'instar d'Alexandra Rosenfeld, il s'agit là de la crème des élites locales, ce que le coin aura vu de mieux. Parce qu'on en rit aujourd'hui, mais il fallait le faire d'enchaîner la coupe de France 1990, la Coupe des Coupes, et surtout l'incroyable coupe de cheveux de l'homme-méduse Carlos Valderrama - pour les plus jeunes, imaginez vous juste qu'une femelle pou n'y retrouverait pas ses lentes !
Il fallait y voir, bien sûr, un clin d'oeil au milieu étudiant montpelliérain, toujours prêt pour l'aventure capillaire... Et pourtant, aurait-il joué en tutu, le Carlos, cela n'est suffisant pour drainer vers la Mosson les traîne-patins de la place de la Comédie, qui en est distante de longues minutes. Tout au plus se déplace-t-on là-haut pour acheter un vélo d'occasion-tombé-du-camion, qu'on y trouve en plus grand nombre que dans la Chine de Mao. Pire encore, Loulou peinait à suivre la course aux armements du football européen, malgré des contrats de ramassage d'ordure mirobolants âprement négociés avec son ami Jojo lors des tournois de pétanque à 37 manches.
Bref, le MHSC végétait, et bientôt, ce fut la catastrophe : L'AJ Auxerre du Sud finit par tomber de l'indifférence à l'anonymat, en ligue 2. Dure est la chute, quand elle n'est pas amortie, comme en Alsace, par les délices d'un cadre de vie douillet, une gastronomie de loin supérieure et les effets d'une certaine habitude.

Ceci nous vaut de nous croiser régulièrement. Il y a deux ans presque jour pour jour, le match était négocié avec bonheur grâce à deux buts d'Artur Boka. Mais, si un doublé de son remplaçant Othon semble aussi improbable qu'un hat-trick de Lacour, a priori, on imagine mal les Montpelliérains gagner. On a bien vu qu'ils n'aspirent tous qu'à se tremper le fondement dans l'Hérault en buvant du vin. Et pourtant, ne présumons pas trop du résultat : même la si belle armada strasbourgeoise, à laquelle 1h30 de domination est promise, ne sera pas à l'abri d'un coup du sort ; un coup de mistral imbécile, un crin de Valderrama dans la pupille de Cassard, et c'est le drame...

zottel

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  • takl dans un but purement médical et psychologique, bien entendu, nous sommes tous des gentlemen
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