Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Highway to RCL

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Par matteo
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Racing contre Racing égale Racing carré ? Pourquoi pas. En attendant, ce qui est carré, ce sont surtout les pieds des footballeurs lensois.

(NDLR : cet article fait partie d'une série d'articles au ton décalé et résolument second degré. A lire avec précaution et humour !)

C'est donc ce lundi que la mythique (on peut même dire mythologique) Ligue 2 Orange nous propose son choc des Titans : le clash des deux Racing, celui de l'Est et celui du Nord, qui ne pèsent pas moins de 111 saisons de Première Division à eux deux.

Si notre Racing, celui de l'Est, est depuis de trop longues années déjà un club inodore et sans saveur, que dire de celui du Nord, qui, lui, frise carrément le ridicule depuis plusieurs saisons ? Pourtant, le football français ne manque pas de bouffons accomplis : entre les professionnels du eleven-men-show tragi-comique (Paris-SG FC, Olympique de Marseille), les petits artisans de la poilade burlesque (Le Mans Union Club 72, Grenoble Foot 38, Stade Lavallois) et les clubs dont la simple évocation du nom déclenche des réactions d'hilarité générale (Sporting Club Abbeville, Rodez Aveyron Football, Football Club de Metz), les clowns sont légion.

Mais c'est bel et bien le RC Lens qui décroche le pompon du grotesque : affaire de la banderole, déferlante ch'ti, relégation ubuesque, palmarès famélique, présidence improbable, légende urbaine du « meilleur public de France », maillots ignobles. N'en jetez plus ! Cet autre Racing 1906 touche tout simplement le fond. Démonstration.

Soixante-deux, numéro erratique ?



Tout d'abord, le RC Lens est le club d'une ville que strictement personne ne sait situer sur une carte de France. Faites le test autour de vous : tout le monde sait à peu près que Lens est une ville perchée quelque part entre Paris et la Belgique, mais impossible d'en savoir plus. Les plus costauds en géographie iront jusqu'à la placer dans le Pas-de-Calais, ce département dont le découpage reste une énigme pour quiconque est né au sud de Cambrai. Ensuite, on fait moins les malins : Lens, au-dessus ou en dessous d'Arras ? A l'est ou à l'ouest de Douai ? Proche ou éloignée de Lille ? Peu de villes françaises possédant un club de football reconnu souffrent d'un déficit de reconnaissance géographique aussi inquiétant. Une dernière preuve, désespérante : même le correcteur d'orthographe de Word, que l'on ne peut soupçonner d'anti-nordisme primaire, ne connaît pas le mot « lensois » et propose à la place « lentilles » ou « lenticulés » (authentique). Un petit « oh hisse, lenticulé ! », ça aurait de la gueule, non ?

Autre élément aberrant : Lens dispose d'un stade de 42.000 places pour une population de 36.000 Lensois environ. Le simple rappel de ce fait conduit à rapprocher le RC Lens plutôt de l'En Avant Guingamp que du FC Barcelone. On est effectivement plus près là des Bêtises de Cambrai que du Bétis de Séville. Qu'est-ce donc que ce « meilleur public de France », incapable d'assurer à son stade un remplissage à 100% lenchois, et obligé d'en faire appel à des gars de Noyelles, Avion ou Bully-les-Mines pour faire le nombre ?

Quant au nom du centre d'entraînement ultra-moderne du club, il est tout simplement risible : La Gaillette. Sûr qu'en comparaison, même Tola-Vologe sonne comme un nom sérieux.

Bien vendus chez les Ch'tis


Souvenez-vous, c'était il y a bien longtemps, dans une galaxie très lointaine : en ce temps-là, le Nord-Pas-de-Calais était une région digne et laborieuse, dont les habitants, pleins de courage, avaient dans le coeur le soleil qu'ils n'avaient pas dans le ciel et au sujet desquels Renaud Séchan écrivait des chansons magnifiques.

Un film à 20 millions d'entrées plus tard, les « Ch'tis » sont devenus dans l'imaginaire collectif national des hystériques à grandes oreilles, ânonnant d'incompréhensibles borborygmes en se gavant de fricadelles tièdes sous le toit en tôle rouillée d'une baraque à frites sordide. Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour les images d'Epinal et le porte-monnaie de Dany. Le Racing Club de Lens a malheureusement connu la même déchéance : équipe vaillante luttant régulièrement pour se qualifier pour la Ligue des Champions il n'y pas si longtemps, elle en est aujourd'hui réduite à quémander des points, l'air hagard (du Nord), du côté de Tours ou de Châteauroux. Grandeur et décadence...

C'est dans ce contexte de sympathie condescendante envers tout ce qui pouvait ressembler de près ou de loin à un chtimi qu'est survenue l'affaire d'état de la fameuse banderole. Que n'a-t-on entendu sur les auteurs de l'abjecte sentence, alors qu'il aurait plutôt convenu de saluer leur effort de n'avoir point omis le chapeau sur le « o » de « chômeurs », un geste rare en ces temps de sms-ite galopante ? On a eu droit à tout : les cris d'orfraies, l'emballement médiatique, l'invocation du fantôme de JFK, jusqu'au maire de Lens demandant à ce que le match soit rejoué. Alors que la réponse à apporter à cette banderole était tellement évidente : il aurait suffit, pour laver leur honneur, que les Lensois battent ce soir-là les cuistres du PSG. La Coupe de la Ligue brandie par le capitaine sang et or n'aurait-elle pas été le plus beau des doigts d'honneur ? Il en a été autrement. Et cela était prévisible, car il est habituel que le RCL soit battu par le PSG : rappelons que, en effet, ça bat Lens pas mal, à Paris.

Le Chemin des Damiers ?


Si le plat pays voisin et ses filles du bord de mer en maillot ont leur Adamo, le Racing Club de Lens a ses maillots à damiers. Quelle mouche a piqué l'équipementier du club nordiste pour lui concocter un ensemble aussi hideux ? Le motif du damier est peut-être seyant dans les sports américains ou les courses automobiles, mais ce n'est pas le cas dans le football. Si certaines équipes, pour des raisons de tradition (Boavista) ou d'histoire (Croatie), ont su créer des maillots à base de damiers relativement potables en veillant bien à y associer des couleurs plutôt discrètes, le damier criard sang et or, lui, évoque plus les couleurs tapageuses des immondes vêtements fluos des tectonik-kids que les tons tout en nuance des peintres flamands.

Et il ne s'agit même pas d'un précédent malheureux, puisque le RC Lens traîne derrière lui un lourd passif en matière de maillots d'une laideur absolue : entre rayures horizontales, verticales, latérales, transversales et j'en passe, sponsors allant du ridicule à l'affligeant (on se souvient de l'immonde logo « Shopi ») et teintes délirantes (la tunique couleur pastis bien tassé de 2002, l'ensemble maillot carmin-short jaunâtre de 1999 ou la chasuble sang à manches or de 2006), l'historique du maillot du RC Lens de ces dix dernières années ressemble à un petit musée des horreurs.

Pour tout dire, même le Bayern Munich, pourtant à l'avant-garde en matière de n'importe quoi vestimentaire, n'a pas encore osé sortir un maillot reprenant la trame du damier figurant sur le drapeau de la Bavière. Mais il est vrai qu'entre le Bayern et le RCL, c'est plutôt le club artésien qui est un spécialiste des échecs.

Un palmarès Denain


Si l'exposition des derniers maillots lensois évoquerait un musée des horreurs, la salle des trophées du RCL fait plutôt penser au vide vertigineux du désert de Gobie. Le club ch'ti, avec 55 saisons en Ligue 1, fait partie des « historiques » du football professionnel français. Mais il en possède l'un des ratios palmarès/saisons en L1 les plus catastrophiques. Seul le FC Metz a fait pire, c'est dire. On retrouve, à côté du fameux titre de champion de France de 1998, en tout et pour tout 3 pauvres titres de champion de D2 et une malheureuse Coupe de la Ligue. Est-ce un palmarès digne d'un club qui se prétend parmi les plus importants de l'Hexagone ? Certes, non.

Il faut reconnaître que ces dernières saisons, dans ses accès de folie des grandeurs, Gervais Martel n'a pas fait les meilleurs choix pour assurer à ses ouailles la conquête d'un trophée : privilégiant les paillettes dans le recrutement de ses entraîneurs (Courbis, Roux, Papin), il a oublié que ce sont avant tout des coaches humbles et besogneux, limite autistes, qui avaient fait le succès du RCL (Leclercq, Muller, Gillot). Il est vrai que le flair du RC Lens en matière d'entraîneur est légendaire : n'est-il pas le club qui a mis le pied à l'étrier à un professeur d'anglais, coach amateur du côté de Noeux-les-Mines, un certain Gérard Houllier de sinistre mémoire (sauf si on s'appelle Kostadinov) ?

Une sacrée descente


Cerise sur le (gros) gâteau : la relégation de la saison dernière. Comment une équipe possédant dans ses rangs des Runje, Dindane, Monterrubio, Sablé, Hilton, Carrière, Kovacevic, Rémy et autres a-t-elle pu être reléguée en Ligue 2 ? La saison 2007-2008 du RC Lens figurera sans aucun doute dans l'anthologie des histoires drôles du XXIème siècle. Il faut dire que c'est bien plus gratiné qu'une histoire belge : entre la démission de Guy Roux après quatre matches pour un prétexte bidon, le départ de Kalou au Qatar deux mois après son arrivée, des défaites ridicules à Strasbourg, à Lyon et au PSG entre autres, l'effet Papin qui est toujours attendu à ce jour en gare de Liévin, le recrutement de Maoulida et de ses bandelettes comme sauveurs de la nation artésienne en péril et une relégation subie alors qu'elle tendait les bras au Paris-SG et à Toulouse, il y a là de quoi mourir de rire trois fois, si toutefois on n'a pas déjà été achevé par l'affaire de la banderole.

Le Gervais et son prénom comme sorti de « L'Assommoir » (à défaut de « Germinal ») doit fulminer : en Ligue 1 son effectif valait un paquet de monnaie et plein de thunes, et le voilà en Ligue 2 avec Monnet-Paquet et plein de Runje. De quoi se sentir le Dindane de la farce. Saluons au passage la belle performance de l'ancien pensionnaire du RCS Sidi Keita, qui réussit le tour de force d'enchaîner à son jeune âge une seconde relégation en deux ans : une formidable carrière de chat noir semble se profiler pour le bon Sidi, à défaut d'une carrière de footballeur professionnel dont il se confirme qu'il l'a bel et bien stoppée après n'avoir pas eu l'autorisation de rejoindre Monaco.

Epilogue


On l'a donc vu, le Racing Club de Lens et ses joueurs déguisés en clown de la pub « Mir Couleurs » sont d'un ridicule achevé. Le stade Félix-Bollaert était déjà régulièrement le théâtre d'évènements rigolos (certains se souviennent sans doute du but encaissé par le gardien belge Munaron au cours d'un Lens-Anderlecht du début des années 80, l'un des buts-gag les plus farfelus qu'il ait été donné de voir à ce niveau), il est devenu aujourd'hui un concurrent sérieux pour le cirque Zavatta. Mais qu'il est bon, en ces temps de sinistrose sur fond de crise, de pouvoir compter sur le RCL pour nous décoincer les zygomatiques et nous changer les idées. Le Rôcing Club de Lenche, ça devrait être remboursé par la Sécu.

Et c'est donc cette équipe de comiques troupiers qui vient nous rendre visite ce lundi soir à la Meinau, sous les yeux des caméras d'Eurosport et de Télé-Corons (puisque au Nooooooord, c'est Télé-Corons). D'ici-là, prions pour que le Racing qui sera ridiculisé ce soir-là ne soit pas celui qu'on craint...

matteo

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