Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Portrait : Vedran Runje

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Par zottel
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© Karim Chergui

Le Racing aborde deux matchs qui devraient être les tournants de la saison, contre des adversaires que l'on connaît et qu'il ne faudra pas sous-estimer. Portrait d'un des hommes forts du RCL.

Les débuts à Split


Vedran Runje a grandi dans un village près de Split, Croatie en 1976. Si les ex-pays de l'Est du rideau de fer évoque volontiers la Bordurie d'Hergé, Vedran est bel et bien un méditerranéen, et Split, ancien palais de l'empereur romain Dioclétien, le joyau de la côte dalmate. Ce qui rend d'autant plus singulière une carrière faite d'allers-retours entre l'Europe du Sud et celle des Pingouins (pour reprendre la saillie de Courbis, quelques semaines avant qu'il ne déménage lui-même à Lens).

Né comme nombre de footballeurs dans un milieu populaire, il attrape les premières balles dans la rue avec les copains. Si certains se feront mauvais garçons, il s'en tient aux leçons des parents, qui auront ménagé une vie digne aux trois fistons Runje dans ce qui était encore la Yougoslavie de Tito.

Vedran suit les circuits de formation artisanaux de l'époque : inscrit à 12 ans dans le petit club de Trogir, il finit par être repéré par l'Hajduk Split, club phare de la région – à commencer par Runje et ses copains – et le plus grand du pays avec son rival le Dinamo de Zagreb. Quand le sujet revient dans les interviews, il ne manque pas d'évoquer cette adolescence plus préservée que celle des singes savants fabriqués dans les laboratoires du football d'élite cher à Arsène Wenger.

Les Croates sont statistiquement la population la plus grande d'Europe. Des tailles qui prédisposent au poste de gardien : en plus de Vedran qui est le plus petit de la fratrie avec son 1.85m, son frère Zlatko est gardien professionnel en D1 grecque. Mais il faut aussi, comme il le reconnaît, un peu plus d'égoïsme et d'orgueil que « dans le champ », traits qui ne lui feront pas que des amis dans le milieu.

Runje fait sauter le bouchon


Après la période terrible de la dislocation de la Yougoslavie (de 1991 à 1995), il devient professionnel à 20 ans, en 1996. Il ne restera que 2 ans à l'Hajduk, barré à la fois par le vétéran Tonči Gabrić (35 ans à l'époque), numéro deux de la sélection croate, mais aussi par Stipe Pletikosa, l'autre surdoué de la génération de Vedran. En 1998, c'est donc le grand saut vers la Belgique, 1000 km à l'Ouest, au Standard de Liège. Si le football belge n'est plus aussi redoutable que dans les années 70-80, à l'image de la petite Hollande voisine, la Jupiter League est encore une école ; Anderlecht joue les 8ème de finale de la Ligue de Champions en 2000. Surtout, Liège entretient une longue tradition de grands gardiens, à commencer par Michel Preud'homme, pendant wallon de Jean-Marie Pfaff , tout simplement, un des meilleurs gardiens de tous les temps (voir les statistiques de l'IFFHS) ; mais aussi Gilbert Bodart, prédécesseur de Runje, un monument belge uniquement connu en France pour avoir assuré à Bordeaux la transition entre Huard et Ramé.

Il vivra trois saisons pleines au Standard. L'équipe passe de la sixième à la troisième place, derrière une équipe d'Anderlecht intouchable. Runje dirige sa défense d'une main de maître, une défense qui compte notamment, à partir de 2000, Daniel Van Buyten et Joseph Yobo. On lui prête un caractère exigeant, expansif, mais qui n'excluerait pas une fidélité sans faille : en témoigne son amitié avec ses compatriotes Prosinecki, de passage au Standard en 2000-01, ou encore Marinko Rupcic, bistrotier de son état et ancien footballeur de Seraing, qui n'est pas pour rien – encore aujourd'hui - dans son attachement à la région.
Du reste, les Liégeois ne forment pas le moins latin des publics belges, et il s'attache lui aussi au Croate. Cela d'autant plus facilement, bien sûr, que sur le terrain l'homme est redoutable sur sa ligne et bon spécialiste des penaltys - à l'image d'un Stéphane Cassard -, même si il peut être incertain dans ses sorties ou dégagements. Globalement impeccable, Runje sera élu gardien de l'année de la Jupiter Pro League en 1999 et 2001.

Le passage sur la Canebière


Vedran commence à être connu en Europe. En sélection, la concurrence est rude, notamment derrière Pletikosa (à ce jour Runje ne compte qu'une dizaine de sélections). Mais à Marseille, on n'hésite pas : dans le tourbillon de l'arrivée de Tapie, qui verra le départ de dizaines de joueurs et l'arrivée d'autres dizaines, trois joueurs du Standard, Runje, Van Buyten, Yobo, débarquent à Marseille. Tout ça dans montage financier douteux, qui faisait intervenir Dreyfus, propriétaire des deux clubs, divers agents, l'entraîneur croate Ivic, vieille connaissance de Tapie et débauché lui aussi du Standard – montage qui sauve le budget précaire des Rouches de Liège à raison de 17M.

Peu importe pour Vedran, le défi est de taille. Comme il le dit lui-même, l'OM restera son « grand » club, celui qui était sur le toit de l'Europe en 1991-93 pendant son adolescence. Il y laisse de bons souvenirs. Il faut dire qu'après la période fastueuse et le quasi titre de 1999, l'OM vient de frôler deux relégations successives période qui s'achève avec l'épisode délirant du retour de Tapie (et son « ami » Dubiton). En comparaison, Runje et sa tronche chevelue, ses coéquipiers et les quasi-inconnus Perrin et Bouchet incarnent le talent et de professionnalisme qui manquaient depuis trop longtemps. En 2002-03, l'OM décroche une place en ligue des champions au terme d'un championnat sérieux (entaché de deux défaites contre Paris tout de même), et Vedran devient un des chouchous du Vélodrome.

Las, il ne cueillera pas réellement les fruits de cette performance. En coulisses, les rapports se gâtent avec Alain Perrin qui n'apprécie pas son caractère. L'année suivante est toute en contraste pour l'OM : c'est à la fois le retour en ligue des champions et une finale de l'UEFA, l'explosion de Drogba, mais aussi un championnat médiocre terminé à la septième place. La crise éclate dés l'automne entre Runje et Perrin, qui fait tout pour recruter Barthez au mercato d'hiver. Perrin part balayé par l'échec en ligue des champions, mais Barthez arrive dans la foulée. Vedran, écrasé par la popularité du champion du monde, ne jouera plus pour Marseille et ne participera pas réellement à l'aventure en UEFA, malgré des déclarations et signaux contradictoires du staff et des dirigeants. Touché, il s'épanche dans la presse avec sa franchise habituelle, et retourne une partie du public contre lui - une autre lui restant fidèle. Il faut partir. Ce sera, à nouveau, le Standard de Liège.

Retour chez les Rouches, et la pige en Turquie


Pendant deux ans, il pansera ses plaies dans un club où tout lui est acquis d'avance. On le dit meurtri, mais aussi mûri par son expérience marseillaise. La saison 2005-06 en particulier est exceptionnelle pour le club liégeois, qui manque de peu le titre, mais obtient, pour la première fois de son histoire, le droit de disputer les tours préliminaires de la ligue des champions. A titre personnel, Runje est élu gardien de l'année pour la troisième fois et rentre réellement dans la légende du club.

N'ayant plus grand-chose à prouver, il s'envole une nouvelle fois pour le Sud et l'ancien club de Pascal Nouma : le Besiktas d'Istanboul. L'auteur de ces lignes parlant beaucoup moins bien le turc que le Wallon ou le Marseillais, il est difficile de trouver des traces laissées par son passage auprès des supporters locaux, sinon qu'il y disputera la plupart des matchs de la saison, et qu'il aura son lot d'ovations. De son côté, sans surprise, il témoignera de l'incroyable ferveur du public stambouliote (« même quand tu gagnes, les gens sont pas contents »).

Pour son retour, il s'installe non loin de sa Belgique fétiche, à Lens, en 2007.

Le pilier du R.C. Lens


Le club nordiste cherche un remplaçant à Itandje. Depuis Warmuz, le club a toujours assit ses succès sur un gardien de valeur ; et d'autant plus avec un Guy Roux aux manettes. Le Croate, bien connu en France pour son passage à Marseille, revient et pousse Itandje vers la sortie et Liverpool.
La suite est connue : malgré les atouts de ce club, les Nordistes réalisent la pire saison de leur histoire. Jusqu'au bout le dénouement paraîtra invraisemblable.

Runje ne mâchera pas ses mots pour Guy Roux, démissionnaire après les premiers quatre matchs et un nombre incalculable de déclarations douteuses dans la presse (la cuisine high-tech, les joueurs mauvais de la tête, etc). Néanmoins, il choisit de rester au club après la descente. A la fois une façon de jouer avec son image d'homme entier, mais aussi, assurément un choix « de coeur » un peu rafraîchissant (qui rappelle celui de... Barthez en 1993-1995), qui lui a fait prendre une autre dimension encore auprès du public lensois. Car cela ne serait rien, si depuis deux ans, son parcours à Lens n'était pas émaillé de matchs de grande classe et de citations au titre de joueur du mois, si le joueur ne maîtrisait pas désormais à la perfection son personnage de râleur charismatique. Bien sûr, il y a aura aussi eu d'autres matchs à l'image d'une équipe calamiteuse, et les relatifs points faibles, relance, sorties, une certaine irrégularité. Pour l'heure, Runje a été classé joueur du mois sur rclensois.fr.

Aujourd'hui, si le RCL est en difficulté, de nombreux joueurs sont susceptibles de poser problème au Racing, et on dit l'équipe meilleur contre les gros adversaires : il faudra assurément composer avec le Croate.

zottel

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