Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Ginestet, un bon président ?

Note
0.0 / 5 (0 note)
Date
Catégorie
Bilan
Lectures
Lu 4.232 fois
Auteur(s)
Par rachmaninov
Commentaires
0 comm.
pict0181.jpg
© allez-racing

Ginestet n'est plus le président du Racing. Celui qui avait pris le pouvoir dans des circonstances baroques en décembre 2005 a décidé de passer le témoin à Léonard Specht après 3 ans et demi passés à la tête du club le plus mythique de l'Est de

Il faut le dire d'emblée, le bilan sportif de Ginestet n'est pas bon : une montée en L1 contre deux relégations et une accession ratée en L1. A ce titre, il n'a pas été un bon président, point barre. Fin de l'article ? Non, car la présidence de Ginestet ne peut être résumée aussi rapidement, tant elle a été complexe par moments. Retour sur les éléments marquants de son action de président.

Le feuilleton de l'accession à la présidence

Une arrivée censée se faire en douceur


L'histoire de cette accession à la présidence débute en octobre 2004. Le Racing est en train de se relever du passage d'IMG et de Proisy achevé en 2003, lorsque Philippe Ginestet commence à faire parler de lui : lui qui n'était qu'un simple actionnaire devient actionnaire majoritaire et président délégué du club. Le plan est limpide : Egon Gindorf, alors président, souhaite passer la main en douceur à la fin de la saison (mai 2005). Bonne surprise, cette transition semble se faire en douceur. Pas de déclarations fracassantes dans la presse, pas de prétendant déçu, pas de vaisselle brisée, le Racing serait-il devenu un club tranquille ?!

La nouvelle est assez bien accueillie. Ginestet, s'il n'est pas alsacien de naissance, connaît bien la région pour y vivre depuis 20 ans. Il est à la tête d'une entreprise, qu'il a créé et qui a fait sa fortune, Eurinvest. Il aime l'Alsace, le foot (il joue au FC Eckbolsheim) et a des ambitions sans être délirant façon Proisy. « Mon action s'inscrira dans la continuité et l'intensification des efforts entrepris jusque-là devant nous conduire à un équilibre financier retrouvé dès la fin de la prochaine saison, seule voie sérieuse à la construction du grand club attendu par toute l'Alsace». Il injecte 3,2 millions d'euros et se met au travail avec la manager général, Marc Keller.

Le coup de théâtre


Le 30 avril 2005, le Racing remporte la coupe de la ligue et finit la saison en fanfare. « Le grand Racing est de retour !» exulte Egon Gindorf au perron de l'hôtel de Ville devant une foule extatique. Patatras ! Le 29 mai, Keller annonce qu'il quitte le Racing. Entre Marco et Philippe, le torchon brûle et la presse est aux premières loges. Le 31 mai, Ginestet annonce une proposition « historique » pour le Racing dans les prochains jours. Le 4 juin, nouveau coup de théâtre, pas de proposition historique, Ginestet renonce à devenir président du Racing mais conserve néanmoins 20 % des parts du club. C'est Marc Keller qui sera le prochain président du Racing, Egon Gindorf assurant l'intérim jusqu'à sa prise de pouvoir.

Le « putsch »


Novembre 2005 : le Racing renoue avec une actualité délirante. Alain Afflelou, le célèbre lunetier s'entiche du Racing, Egon Gindorf annonce qu'il sera son successeur. Pendant trois semaines, Afflelou joue au président. Ginestet est sceptique : « Les autres actionnaires peuvent décider de faire marche arrière. Il vaut mieux être ridicule dans la presse trois jours que de faire prendre un pari sur un futur plus qu'incertain et renier ses valeurs ». Le 1er décembre, sa déclaration prend tout son sens : lors de l'AG du Racing du 1er décembre, les actionnaires choisissent la proposition concurrente de Ginestet, Afflelou est renvoyé à ses lunettes. Le PDG d'Eurinvest peut enfin prendre contrôle du Racing. Curieusement, il choisit de travailler avec Keller jusqu'à la fin de la saison.

Le choix des hommes

Ginestet a choisi de céder son poste de président du Racing pour assumer son échec dans le choix de l'entraineur Jean-Marc Furlan. Ce n'est pas le seul choix qui a prêté à discussion. En juin 2006, Ginestet nomme son frère Pierre à la tête de la cellule de recrutement. Pierre n'est pas un homme du sérail, sa nomination, qui fleure bon le népotisme, fait grincer des dents. On s'attend à une catastrophe. Pourtant, la cellule de recrutement va faire son boulot plutôt correctement pendant trois ans, avec des erreurs mais aussi plusieurs bons coups. Toujours en juin 2006, celui qui sera l'homme de confiance du président jusqu'à aujourd'hui est intronisé directeur général : Jean-Luc Herzog. Inconnu du grand public, il s'acquitte lui aussi de sa mission en restant fidèle au président. Ginestet étant très occupé par la gestion de ses affaires, Herzog se retrouve régulièrement en première ligne pour mener des dossiers compliqués comme l'affaire Belghazouani ou les licenciements de Papin et de Furlan. A ce jour, le départ de Herzog n'est pas prévu.

Si Ginestet ne semble pas avoir fait d'erreur majeure en choisissant Herzog et son frère, il semble qu'il ait eu la main nettement moins heureuse sur d'autres postes clefs. A commencer par le coordinateur sportif Ferhat Khirat, lui aussi arrivé au club en juin 2006. Cet homme de l'ombre aura une action trouble pendant toute la présidence Ginestet. Même si la prudence s'impose à l'égard de cet homme qu'on entend jamais se défendre dans les médias, il y a un faisceau de critiques convergentes à son égard qui laissent à penser que son départ annoncé sera peut-être la meilleure nouvelle de la saison. C'est lui qui aurait soutenu contre vents et marées Furlan. Or Ginestet se reproche d'avoir choisi Furlan, donc indirectement Khirat. C'est ce même Khirat qui a été en désaccord profond avec Papin et sans doute grand artisan de son départ.

Papin, autre homme que Ginestet a regretté d'avoir choisi. Sa venue au Racing pour la saison 2006/2007 est un coup de publicité formidable. S'il arrache la montée en L1, il est remercié par Ginestet qui lui reproche son absence de méthodes, sa gestion humaine du groupe ainsi que la faiblesse du jeu développé. Ce licenciement constitue un premier échec pour Ginestet : s'il trouve incompétent l'homme qu'il estimait être providentiel quelques mois avant, c'est qu'il s'est trompé en l'engageant. Hélas, cette erreur de casting ne servira pas de leçon à Ginestet étant donné qu'il embauchera Furlan dans la foulée. L'échec de trop pour le président.

Un président fidèle aux symboles du club


Si Ginestet a un bilan sportif médiocre, il n'est pas pour autant détesté par les supporters. Ces derniers n'ont jamais douté de son attachement au club. Premier signe fort envoyé aux supporters, le retour à l'ancien logo, exit le « Pacman » de Proisy. Cette décision pourrait être qualifiée de démagogique si elle avait été un acte isolé. Cela n'a pas été le cas. Ginestet a aussi accepté de collaborer avec un groupe de travail de supporters pour l'élaboration du maillot de la saison prochaine. Par ailleurs, il a tenu à célébrer les 30 ans du titre de 1979, certes de façon un peu chiche mais cela change de la présidence Proisy sous laquelle on jetait des Coupes de France à la benne à ordures. Un seul symbole ne « plaît » pas à Ginestet : le stade de la Meinau...

L'homme de l'Eurostadium

Depuis son arrivée à la tête du Racing, Ginestet le martèle : pour construire un grand club, il faut un grand stade moderne et fonctionnel. Un rêve sans lendemain pense-t-on, après tout, Proisy parlait déjà d'un grand stade en son temps... Mais Ginestet n'est pas Proisy et il présente le projet Eurostadium le 5 juin 2008. 42 000 places, écrans géants, boutique géante, centre commercial, la totale ! Le dossier est complexe, il faut trouver un équilibre entre les intérêts du Racing, ceux d'Hammerson (le groupe immobilier qui construira et exploitera le complexe), ceux des collectivités locales et ceux du hamster d'Alsace. Ce projet tient particulièrement à coeur à Ginestet, lequel continuera à le chapeauter. Si ce stade voit le jour, s'il apporte au club tout ce que décrit Ginestet, son passage au Racing n'aura pas été vain, malgré l'échec sportif actuel.

Alors, bon président ou pas ?!

Répondre à cette question est difficile tant la présidence Ginestet aura été complexe. Ginestet n'a pas été capable de faire progresser sportivement le Racing. Il a pris le club en main alors qu'il fonçait vers la L2, il est en L2 trois ans et demi après, donc quasiment au même stade. Il a été incapable de s'entourer de personnes capables de travailler sans se tirer dans les pattes : JPP s'est querellé avec Khirat, Khirat s'est pris le bec avec à peu près tout le monde sauf Furlan, Furlan n'était jamais d'accord avec Pierre Ginestet, etc. Ginestet a été parfois contradictoire dans ses choix : il limoge JPP qui fait monter le Racing en L1 puis conserve Furlan qui le fait descendre après une ahurissante série de 11 défaites. Il assiste impuissant (Furlan aussi) au sabotage de l'équipe par certains joueurs en 2007, sans les sanctionner mais se montre d'une rigidité exagérée au moment de gérer l'affaire Belghazouani. Il choisit de licencier un des meilleurs joueurs pour préserver l'image du club mais se tire une balle dans le pied par la même occasion en affaiblissant son équipe. Bien sûr, il est impossible d'affirmer que le Racing serait monté avec Belghazouani mais il est probable que la tâche aurait été plus aisée.

Reste qu'on ne pourra jamais reprocher à Ginestet de ne pas avoir respecté le club. Son respect pour les supporters n'a jamais été démenti et même si les temps sont durs, il n'y a pas de fracture entre le Racing et ses fans. Il restera aussi l'homme à avoir le plus investi dans le Racing, dixit Léonard Specht, à ce titre il mérite le respect. Il est aussi indéniable qu'il a toujours eu la volonté de bien faire, d'où une énorme déception suite au match contre Montpellier. Ginestet a prouvé à plusieurs reprises son attachement au Racing, faisant mentir depuis plus de trois ans toutes les rumeurs farfelues de désengagement véhiculées par le journal l'Alsace. Il reste dans la maison Racing pour porter le dossier de l'Eurostadium. Un succès contribuerait à améliorer son bilan de président pour l'instant mitigé. C'est tout le mal qu'on lui souhaite !

rachmaninov

Commentaires (0)

Flux RSS
  • Aucun message pour l'instant.

Commenter


Connectés

Voir toute la liste


Stammtisch

Mode fenêtre Archives