Dès son arrivée, Gilbert Gress a insisté sur sa volonté de travailler avec un effectif réduit. Le « groupe resserré » était déjà une antienne chère à Jean-Marc Furlan mais, avec Gress, la compression du contingent pro prend des proportions jamais vues ces dernières années. Suite à la récente vague de départs post-Amphion-les-Bains, il n'y a plus que 23 joueurs sous contrat, dont trois gardiens et le fantôme Victor Correia. Le RCS attaque donc pour l'heure une saison longue de dix mois avec un effectif numériquement égal à celui que les sélections nationales emmènent pour un tournoi de trois semaines ou un mois. A titre de comparaison, la moyenne du nombre de joueurs différents utilisés par le Racing en championnat lors des quatre dernière saisons affleure les 30. Même en tenant compte des mouvement du mercato d'hiver, on s'aperçoit que la différence est nette sur le plan quantitatif. Dans ces circonstances, il faudra inévitablement miser sur la polyvalence des uns et des autres avant que le recrutement ne vienne, peut-être, remplir certaines cases.

Les postes à pouvoir

Suite aux trois premiers matches amicaux, on peut d'ores et déjà dessiner une esquisse du système préféré du coach alsacien. Sans surprise, Gilbert Gress est adepte d'un vrai 4-3-3 avec trois attaquants placés à proximité les uns des autres, un milieu en V appuyé sur un seul récupérateur et des latéraux qui montent beaucoup. Contre Colmar, le Racing a évolué la majeure partie selon le dispositif suivant.



Lorsqu'il veut adopter un visage encore plus offensif, Gress n'hésite pas inverser la structure de son milieu en évoluant cette fois-ci avec un meneur de jeu. Un tel schéma peut également être appliqué dans un esprit plus défensif si l'équipe joue plus bas, avec deux milieux défensifs, mais cette dernière disposition n'a pas encore été aperçue en amical.

Les joueurs sous contrat

Côté gardiens, les choses sont claires depuis la fin de la saison dernière, puisque Stéphane Cassard, Régis Gurtner et Kevin Sommer ont été confirmés avant même la reprise de l'entraînement. La seule légère incertitude concerne le poste de numéro 2, pour l'instant attribué à Régis Gurtner. Le Savernois semble pour l'instant conserver sa place dans la hiérarchie mais est de plus en plus sous la menace du néo-pro Kevin Sommer, en progrès constants.

En défense, les deux postes latéraux semblent pour l'instant clairement attribués à Stéphane Pichot et à Jean-Alain Fanchone, sans que cela ne résolve pour autant les problèmes du Racing à ce niveau. Coté droit, Stéphane Pichot est un arrière droit très traditionnel (un full back selon l'expression anglaise) alors que Gilbert Gress semble préférer les véritables latéraux qui débordent (le wing back selon la terminologie en vigueur du côté d'Albion). L'apport offensif de l'ex-Sochalien est pour l'instant très limité, malgré son centre décisif pour Franck Dja Djedje contre Colmar. Jean-Alain Fanchone est en revanche comme un poisson dans l'eau dans un système qui lui laisse une large marge de manoeuvre mais son transfert à Lille a été évoqué avec insistance. Un départ potentiel d'autant plus problématique que le Racing ne dispose d'aucun autre spécialiste du poste. Yassine Bezzaz, Quentin Othon et Jérémy Abadie ont tous évolué à un moment ou à un autre sur le flanc gauche de la défense mais ne s'y sont jamais installés. Un recrutement à ce poste semble donc nécessaire si "JAF" est amené à partir. Côté droit c'est encore pire puisque, derrière Pichot, c'est le désert, y compris en réserve où les départs de Julio Barrabes et Manfred Ekwé-Ebelé n'ont pas été palliés. En l'état actuel des choses, il semble que ce soit encore une fois Guillaume Lacour qui devra se dévouer pour faire la rustine à ce poste maudit.

Le contingent de défenseurs centraux a fortement baissé en début de semaine avec les départs conjugués de Pierre Ducrocq et Anthony Weber. A l'heure actuelle, ils ne sont plus que trois : Steven Pelé, Grégory Paisley et Jérémy Abadie. Le premier nommé semble jouir d'une belle cote auprès de Gress, qui l'a propulsé vice-capitaine pour la campagne de matches amicaux. Enfin débarrassé de sa blessure à la cheville, on espère qu'il pourra confirmer sa fin de saison 2008/2009 très correcte après des débuts plus difficiles. Paisley en revanche, semble être en bisbilles avec Gress mais aussi avec son genou. En souffrance en fin de match contre Colmar, l'ex-Parisien suscite l'inquiétude au niveau de son état de santé comme de son état d'esprit. Abadie n'étant pas en mesure pour l'heure de détrôner la paire des « P-P », la solution à ce poste pourrait venir de Lacerba Ramos Rodrigo, au moins à court terme. Le Marocain Mourad Rafai va également être mis à l'essai, mais son niveau constitue pour l'heure une grande inconnue.

Au milieu de terrain, l'effectif du Racing est plus fourni et les choses sont plus fluides. Le capitaine Guillaume Lacour semble pour l'heure incontournable à son poste de milieu défensif. Reste à savoir si son physique lui permettra d'évoluer seul à la récupération dans le système voulu par Gress. Dans une telle disposition, le gabarit de Lacerba Ramos Rodrigo semble en effet plus adapté, à moins que le coach strasbourgeois choisisse tout simplement d'associer les deux joueurs. Côté relayeurs, Loïc Damour, Quentin Othon, Yassine Bezzaz, Mamadou Dioulde Bah, et, peut-être, Emil Gargorov sont candidats à une place de titulaire. Pour l'instant, la préférence semble aller vers les trois premiers cités, Gargorov et Bah étant blessés et/ou en conflit avec Gress. Damour notamment, semble avoir la confiance du staff. Le Cantilien est le seul a s'être ouvertement réjouit du changement d'entraîneur et est le troisième joueur le plus utilisé sur les trois premiers amicaux (225 minutes). Gress apprécie également la polyvalence de Bezzaz qui constitue une solution à ce poste. Signalons également l'existence en réserve de plusieurs jeunes talents dont Lucas Plautz et Alexis Peuget.

La question du meneur de jeu reste ouverte. Gress a évoqué ses envies de recrutement à ce poste – le Toulousain Alexandre Bonnet serait pisté - et la nécessité de trouver un leader technique. Mais, dans le même temps, il n'évolue que rarement avec un vrai numéro 10 placé près des attaquants. Manuel Bühler est venu en test mais a vite été renvoyé à son statut de génie incompris des alpages. Romain Gasmi ou Yassine Bezzaz ont été brièvement essayés au poste de milieu offensif axial, sans vraiment convaincre. Reste Emil Gargorov, seul numéro 10 de métier de l'effectif mais dont les relations avec Gress sont orageuses. La relative fragilité du Bulgare et ses blessures récurrentes posent également problème et, pour l'heure, le Racing semble envisager de jouer la majeure partie du temps sans meneur de jeu, ce qui est, au reste, le cas de la majorité des équipes du championnat de France.

En attaque, Gilbert Gress cherche toujours ses Joël Tanter, Albert Gemmrich et Roland Wagner mark 2009. Le coach strasbourgeois souhaite en effet une vraie ligne de trois attaquant permutant fréquemment à l'image de ce qui existait en 1979. Marcos Dos Santos est pour l'heure la valeur la plus sûre dans ce compartiment - 5 buts la saison dernière, 6 en comptant le CSC d'Ahmed Kantari contre Brest. Les critiques émises à son sujet ont été immédiatement suivies de velléités de départ vers le Nantes de Gernot Rohr avant que Gress ne révise son jugement. Contre Colmar, le Brésilien a en effet été plutôt à son aise dans une rôle de numéro 9 ingrat à la Tanter consistant à fixer les défense et à libérer de l'espace pour ses partenaires repiquant depuis les ailes. L'alternative comme avant-centre est pour l'instant David Ledy qui a laissé entrevoir de belles dispositions à l'occasion de son entrée face à Colmar. Un jeune comme Billy Ketkeophomphone pourrait également tirer son épingle du jeu en pointe. Le Racing envisage cependant toujours très sérieusement de recruter à ce poste : Hamza Bourzouk va être mis à l'essai, les noms de Sébastien Grax ou Cheik Diabaté continuent d'être évoqués et bien des supporters rêvent encore d'un retour de Kandia Traoré. Coté droit, Franck Dja Djedje est en forme avec déjà deux buts à son actif. L'ancien Grenoblois part comme titulaire sur ce flanc, et la récente rupture des négociations avec James Fanchone semble montrer que le staff croit en lui. Côté gauche en revanche, rien n'est fixé. Yassine Bezzaz, Romain Gasmi et Simon Zenke ont été lancés à ce poste en amical. Les deux premiers ont laissé entrevoir des qualités mais ne sont pas de purs attaquants. Le dernier nommé est en perdition, définitivement pas adapté au jeu sur les ailes que Gress exigera pourtant inévitablement de tous ses attaquants. Boubacar Kébé est également une possibilité mais, blessé, il n'a pas été utilisé pour l'instant. Ajoutons que la solution à ce poste ne viendra pas de Victor Correia, qui vient d'ajouter un ménisque douloureux à son impressionnante collection d'infortunes.

Les transferts

A son arrivée, Gress avait évoqué la venue d'un latéral droit, d'un milieu défensif et d'un avant-centre. Les deux premiers postes ont été pourvus, le troisième reste vacant et un quatrième devrait s'ajouter puisqu'on voit mal comment le Racing pourrait se passer d'au moins un défenseur central supplémentaires suite aux départs d'Anthony Weber et de Pierre Ducrocq. Pour cela, le club doit toujours composer avec une enveloppe vide et donc miser sur les prêts et les fins de contrat, ce qui s'apparente à une gageure. Les choses pourraient changer en cas de départ monnayé de l'un ou l'autre membre de l'effectif (Jean-Alain Fanchone, Marcos Dos Santos, Emil Gargorov, Mamadou Dioulde Bah) mais il faudra en ce cas aussi recruter au poste du partant.

Dernier élément d'importance, le Racing entame la saison avec 6 joueurs en fin de contrat en juin 2010 : Kevin Sommer, Jérémy Abadie, Romain Gasmi, Simon Zenke, Steven Pelé, et Yassine Bezzaz. Si les quatre premiers sont des espoirs en attente de confirmation, les deux autres sont pour l'heure des titulaires en puissance. Il serait sans doute bénéfique de clarifier rapidement leur situation.