Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Madame Nostalgie, Pardonne-moi si j'en ai marre

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Par zottel
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"Bon j'y vais les jeunes, c'est l'heure de la crise" © kibitz

C'en est fini. "Gress III-le retour", dernier opus de la plus célèbre saga des Studios Racing, s'achève dans le fracas des "Remboursez ! Remboursez !".

Comme tous les spectateurs des grands évènements, nous ne mesurons pas encore à quel point celui-ci aura des échos jusque loin dans le futur. Car si la crise de 2005-06 fut d'assez gros calibre pour occuper le Stub encore aujourd'hui, l'été 2009 lui succèdera assurément dans le sombre imaginaire des supporters du Racing.

Ginestet se guillotine


Rappelons-nous. On disait Philippe Ginestet très affecté par l'échec de la montée l'an passé. Des querelles mal digérées avec son "manager à l'anglaise" bien-aimé Jean Marc Furlan éclatent au grand jour, quand celui-ci annonce finalement ne pas renoncer à ses indemnités de licenciement. Pour Ginestet, c'est une trahison du pacte verbal conclu en hiver - l'affaire se conclut sur un licenciement pour faute grave avant une probable suite aux Prud'hommes. Enfin, troisième gifle claquée sur les joues déjà endolories de notre président-actionnaire, les mercantis d'Hammerson renoncent au mirifique projet de l'Eurostadium.

Philippe Ginestet a beau tenter de défendre son bilan dans une interview-fleuve du 20 juillet 2009 (nous y reviendrons), la retraite semble inévitable. C'est chose faite le 6 juillet : Léonard Specht, employé de Robert Lohr, devient président tandis que Ginestet redevient le simple actionnaire qu'il était avant la tragédie grecque de 2005, un actionnaire tout de même ultra-majoritaire mais qui annonce être vendeur de ses parts.

Le Racing Club de Gress


Léonard est manifestement un homme doux et réfléchi, que nous n'avons que peu souvent eu le plaisir d'entendre. Très réfléchi : en plein imbroglio juridique avec Furlan, et après de nombreux rounds d'entretiens d'embauche dont nous savons peu de choses, le Racing met plus d'une semaine à trouver le remplaçant (18 juin). C'est Gilbert Gress. Aux motifs que celui-ci est le seul à être ambitieux et à aimer le Racing.

Assurément, la défurlanisation est en marche. Discours tonique, malice, références à Barcelone, Alex Ferguson et au FC Aarau, on serait épaté à moins. Sous ses dehors bonhommes, on souhaite aussi secrètement que le nouvel homme fort saura châtier les joueurs coupables de tant d'infamies depuis deux ans.

Le désastre de l'intersaison


Après les poussées d'adrénaline de l'arrivée de Specht, puis de Gress, le Racing redevient une nature morte. On guette les échos du stage, les bons mots : mais rien, si ce n'est le visage délicieusement grimaçant de Grégory Paisley en guise de carte postale. Pourtant, les quelques présents sont assez prudents sur la cohésion de l'équipe. A l'évidence, Gress surprend. Les joueurs, qui forment une faune assez discrète par nature, s'exprimeront peu. Mais on entend Pierre Ducrocq parler de "méthodes (d'il y a) 6 ou 7 ans" - "On verra si cette méthode produit ses effets", annonce-t-il encore, sibyllin.

Bientôt, c'est l'exode : entre les départs prévisibles (Renaud Cohade, Zoltan Szelesi, Eugène Claude Ekobo N'Joh), les joueurs non renouvelés (Kandia Traoré, Harlington Shereni, James Fanchone), ceux auxquels le nouveau climat déplaît (Grégory Paisley, Pierre Ducrocq)... l'équipe change du tout au tout et même l'auteur s'y perd, c'est dire. Parallèlement, le recrutement est laborieux. Stéphane Pichot, Lacerba Ramos Rodrigo, Milovan Sikimic et, à la dernière minute, Nicolas Fauvergue et Seïd Khiter viennent lentement renforcer le Racing rongé d'angoisse.

L'outil de travail à la disposition de Gilbert Gress contient certes encore quelques éléments de valeur, même peu, et des jeunes dont certains, surprise, sont au garde-à-vous - Gueye notamment. Mais, parfois, la politique même du coach laisse rêveur : le 10 juillet, à quelques trois semaines avant la reprise en Coupe de la Ligue à Istres, il annonce mettre en place sa toute première séance tactique - alors même que le travail physique n'aurait été réalisé qu'à 80% de son habitude.

Avec de telles prémisses, la saison du Racing ne pouvait étonner que positivement... Mais pas de surprise, il va enchaîner les matchs amicaux poussifs, avant de mordre la poussière à Istres (6-1) et contre Châteauroux (1-2), après n'avoir joué que 20 minutes.

N'en jetons plus : sportivement, le Racing est une ruine.

L' "affaire Paisley"


En coulisses, l'actionnaire en retrait Ginestet n'est pas si loin, et lance une première griffe à l'encontre de Gilbert Gress : "Il semble bien parti pour avoir un groupe restreint tel qu'il le souhaitait", dit-il, matois (20 juillet). La réponse de l'employé du Racing est cinglante : "La finalité n'est pas d'avoir un groupe restreint mais de diriger une équipe du haut niveau de Ligue 2, souligne Gress. Philippe Ginestet m'a dit avoir vu un match entre deux équipes de CFA, l'autre jour, à Eckbolsheim, entre le Racing et Colmar. C'est lui qui le dit. Mais c'est l'héritage qu'on m'a laissé" (21 juillet).

Une connaissance minimale du coeur humain suffit à comprendre que ces deux-là ne s'aiment pas. Plutôt que de se s'entretuer sur le pré, ils vont abattre le Racing qui passait par là.

Dans une interview accordée à StrasTV le 1er août, Gilbert Gress, ceint d'un élégant polo à rayures, explique qu'un joueur (qui s'avèrera être Grégory Paisley) aurait été mandaté par une personne du club pour le critiquer, lui Gress, dans la presse, une fois son transfert effectif. Malicieux, Schilles ajoute que le mandataire n'est pas le jardinier : pourtant, il n'avance aucun nom, et le recoupement reste extrêmement difficile, serait-ce une secrétaire ? C'est sans doute pour ça que l'affaire fait "plouf !" dans un premier temps. Sans compter que le football sur le terrain est encore une préoccupation majeure du supporter, fut-il admirateur de Gress et à l'affût des complots qui le menacent.

Mais tout rebondit le 9 août, après la défaite contre Châteauroux, puisque Philippe Ginestet est cette fois explicitement désigné. Il réagit aussitôt en annonçant que les propos de Gress sont "inacceptables". Dans la foulée, Jacky Kientz, ami de Gilbert Gress, s'avance avec un projet de reprise du club sous le bras. Les deux réclament ouvertement que l'actionnaire majoritaire vende ses parts du Racing, si possible à un prix attrayant ; de son côté, Ginestet affirme n'avoir pas de garanties sur les fonds du repreneur.

Coucou, revoilà Ginestet


Fatalement, l'actionnaire-dormant-qui-ne-dort-jamais revient se mêler de la basse politique de l'entreprise. Ce mercredi avait lieu un Conseil d'Administration Extraordinaire (un conseil ordinaire, c'est bretzels OU kougelhof) qui a scellé le sort de l'entraîneur Gilbert Gress. Au revoir Gilbert, et merci pour tout et le reste.

De plus, "Léo" Specht, toujours digne et discret, a présenté sa démission du poste de Président-majordome anglais. La succession pourrait être assurée par Philippe Ginestet himself, qui se donne quelques jours de réflexion.

Dans la foulée, le CA(+E), décidément vif comme la feuille de salade poursuivie par une tortue, a décidé d'attendre plusieurs jours pour le remplacement de Gress. C'est donc le prête-nom et porte-plot Pascal Janin qui s'y colle pour l'instant - soyons honnêtes, celui-ci a déjà derrière lui un passé d'entraîneur-en-chef de Brest (entre 2006 et 2008).

Il nous reste;
- un licenciement à payer (peut-être, sauf faute grave caractérisée),
- un repreneur aux dents longues,
- un public décimé,
- un nouveau tome en préparation de l'autobiographie de Gilbert Gress "Je ne suis pas rancunier (mais je me soigne)",
- une équipe en lambeaux,
- un actionnaire majoritaire douteux,
- un guerre larvée avec les autres actionnaires.

C'est dur, mais c'est la vie.

zottel

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