Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

« Si tu reviens, j'annule tout »

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Souvenir/anecdote
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Bellaïd, dernier d'une longue lignée © Karim Chergui

Le retour d'Habib Bellaïd est le dernier épisode de la longue saga des come-backs au Racing. Petit regard rétrospectif sur certains retours emblématiques pour se souvenir que les histoires d'amour finissent mal, en général.

Une histoire ancienne


Le retour de l'enfant prodige dans la capitale alsacienne, c'est un cliché vieux comme l'après-guerre. En 1945, le grand Oscar Heisserer revient pour de bon au Racing après le bref épisode « Rasensport » du temps de l'annexion. Fraîchement auréolé de son statut de capitaine de l'équipe de France, il emmène, avec Paco Matéo, le Racing jusqu'en finale de coupe de France (1947). Au passage, il n'hésite pas à ressasser ses souvenirs du grand Racing – le vrai, celui de Paris – et ses « meilleures années » de footballeur emportées par la guerre, au point d'irriter sérieusement partenaires et dirigeants. En 1949, Heisserer s'en va voir si l'herbe est plus verte entre Rhône et Saône, devenant ainsi le premier entraîneur de l'Olympique lyonnais. Il reviendra diriger le Racing pour une petite saison puis gardera un pied au club surtout par le biais de sa fille Francine, épouse d'André Bord.

Le come-back des anciennes gloires, c'est aussi une histoire vieille comme les descentes du Racing. En 1960, le club tombe en deuxième division, Willy Scheuer jette l'éponge et Jean-Nicolas Muller hérite du bébé. S'imaginant sans doute que c'est dans les anciens pots qu'on fait les meilleures soupes, Muller rappelle « le canonnier de la Walck » Joseph Heckel, au poste de directeur sportif et Emile Veinante comme entraîneur. Déjà en charge du Racing dans les années 1940, Veinante avait alors eu sous ses ordres un jeune gardien prometteur nommé François Remetter. Violemment éconduit par le président Joseph Heintz en 1949, Remetter était passé par la case amateur pour rebondir peu après au Football club de Metz entraîné par... Veinante avant de connaître notamment l'épopée suédoise de 1958. Alors, forcément, en 1960, son nom s'impose comme une évidence pour diriger l'opération remontée aux côtés de Robert Jonquet. Mission accomplie et Remetter s'installe pour quatre ans dans les cages du club avant de laisser la place à Johnny Schuth alors qu'arrive un certain Paul Frantz. Il n'aura pas l'occasion de côtoyer à nouveau son coéquipier de 1958, Raymond Kaelbel, qui vient finir au Racing une glorieuse carrière. Bien que déjà âgé, "Remes" est un pion essentiel du système Frantz, organisé notamment autour d'une défense très athlétique pour l'époque. Il sera de toutes les aventures en Coupe des villes de foire, en championnat et au Parc des Princes en 1966 où Dame Coupe « quitte la France » selon le mot fameux de Thierry Roland. Il raccroche les crampons à 37 ans, au terme de ce qui constitue sans doute le come-back le plus réussi de l'histoire du Racing.

Le passé qui ne parvient pas à passer c'est un mauvais sketch qui n'en finit par de se répéter du côté du Krimmeri. Au début des années 1970, le club fusionne avec les Pierrots Vauban et tente de renouer avec les succès de la période 1964-1966. Paul Frantz est rappelé tellement de fois qu'il est malaisé de les dénombrer, le club manque les bons tournants et les suiveurs n'en finissent pas de s'épancher dans une nostalgie confinant à la mélancolie. En 1971, c'est à nouveau la relégation en D2 et c'est cette fois Gérard Hausser qui endosse le costume de sauveur d'un RPSM en ruines. Capitaine courage pendant trois ans, l'ailier international ramène le club dans l'élite mais ne parviendra pas à briller, en raison notamment d'un climat interne pesant. Il choisira finalement de bifurquer vers Vauban une fois le divorce consommé, non sans avoir assisté un an auparavant au premier retour de son compère du Neudorf, Gilbert Gress. Un Schilles qui se signale immédiatement par ses conflits permanents avec l'entraîneur d'alors, Robert Domergue, tout en tentant de poser des jalons pour sa future prise de pouvoir. Pas forcément à la fête au sein d'un Racing moribond, l'icône locale, de retour de Marseille, est même un temps prise en grippe par le public de la Meinau, qui n'apprécie guère un comportement perçu comme dilettante et arrogant. Toute ressemblance avec un joueur plus récent est évidemment fortuite.

Heisserer, Remetter, Kaelbel, Hausser, Gress, tous ont en commun d'être des Alsaciens pur jus qui connurent leurs débuts professionnels au sein du club phare de la région. Dans un football qui n'est pas encore celui des transferts à tout crin, il est évidemment plus aisé de jouer sur la corde locale pour faire revenir un joueur du cru qui a brillé sous d'autre cieux. Auréolés de leurs succès à Reims, Stuttgart ou Paris, les revenants vinrent pour l'essentiel finir au Racing une belle carrière selon un schéma somme tout logique. Mais, dans les années 1970, le football français commence timidement à se déniaiser et une nouvelle forme d'homme providentiel apparaît : le joueur étranger recruté à prix d'or qui doit pouvoir à lui tout seul transfigurer une équipe. Commence ainsi une période de deux décennies durant laquelle les clubs de l'Hexagone seront très dépendants du talent venu d'ailleurs, de Josip Skoblar à Chris Waddle. Côté Racing, la figure de l'homme providentiel prend d'abord les traits d'Ivica Osim. Recruté au cours de la saison 1970-1971, le génial Yougoslave ne parviendra pas à sauver le club mais éclaboussera la suivante de sa classe. En 1972, les dirigeants commettent cependant l'une des plus historiques bévues de l'histoire du club en expédiant un Osim en pleurs à Sedan pour laisser place au fantomatique Reinhard Libuda. Peu rancunier, le grand meneur de jeu revient au Racing en 1976 pour l'aider, encore, à remonter en division 1 en compagnie des Jacky Duguépéroux, Léonard Specht et autres Albert Gemmrich. S'il n'est pas le plus accompli du point de vue palmarès, le retour d'Osim est des plus admirables sur le plan de l'abnégation, une preuve de plus que l'engagement pour le Racing ne se mesure pas simplement à l'aune du degré d'alsacianité. Le grand Ivica fait encore partie aujourd'hui du cénacle de ceux qui font l'unanimité à Strasbourg, un club restreint où, bizarrement, l'on compte surtout des étrangers, d'Ernst Stojaspal à Alexander Vencel. « Nul n'est prophète en son pays » dit la sagesse populaire, pour une fois pas si à côté de la plaque.

La grande constante


L'interruption de la politique du come-back coïncide avec la plus belle page de l'histoire du club puisqu'en 1979 le Racing devient champion de France sans aucun revenant dans ses rangs. Gilbert Gress conquiert en effet le titre avec un effectif constitué d'une ossature installée depuis longtemps au club et de joueurs ayant acquis leurs états de services outre-Vosges. Le club s'empressera d'oublier la leçon. Une fois les vaches maigres revenues, le Racing ne met en effet pas longtemps à tomber dans le réflexe presque pavlovien de l'appel aux anciennes gloires après avoir toutefois tâté des avanies des marchés étrangers. Premier à quitter le navire 1979, Albert Gemmrich est également le premier à revenir après une expérience de trois ans à Bordeaux et un ratage spectaculaire à Lille. Le deuxième meilleur buteur de l'histoire du Racing réalise une saison 1983-1984 honorable mais pas flamboyante avant de figurer dans la liste des nombreuses victimes du système Sündermann. C'est Jean-Noël Huck qui lui succède dans le rôle du glorieux ancien de service. A 36 ans, l'ancien Aiglon revient pour une dernière pige en tant que joueur puis comme entraîneur quand Sündermann est renvoyé du côté de la Souabe. Très vite victime de la lessiveuse du Racing des années 1980, il s'en retournera finalement à ses amours niçoises, pour son plus grand bien.

En 1986, le Racing se souvient que ça fait longtemps qu'il n'a plus connu les joies de l'ascenseur et tombe derechef en D2. Comme il n'y a définitivement qu'un seul type de comique, le club donne dans la répétition en rappelant un éternel voyageur, Didier Six. Fidèle à son habitude, le champion d'Europe 1984 ne s'éternise pas sur place mais tâtera tout de même au passage du banc de touche, confirmant ainsi une tendance initiée par Huck, puis Francis Piasecki et poursuivie plus tard par Léonard Specht. L'enfant de Mommenheim revient en effet au Racing en 1987 après un fructueux épisode bordelais. Evidemment propulsé capitaine, il participe à la belle saison 1987-1988 avec une titre de champion de D2 à la clé, malheureusement suivi d'une descente immédiate. Quelques temps plus tard, Gérard Banide décide qu'il fait vraiment trop froid en Alsace et laisse les clés au jeune retraité Specht après un court intermède Gemmrich. Avec ses deux techniciens estampillés « 1979 », le Racing échoue deux fois de suite en barrages avant un autre retour, plus fameux celui-là. Durant ces trois années au purgatoire on compte un autre revenants dans les rangs strasbourgeois : Serge Jenner, passé par Mulhouse et grand prédécesseur d'Yves Deroff dans la dynastie des latéraux pris en grippe par la Meinau.

Les années 1980 ont ainsi définitivement enraciné la tradition du come-back au Racing. En panne sur le plan sportif et en crise constante en coulisse, le club strasbourgeois se tournera régulièrement vers d'anciennes connaissances, particulièrement ceux ayant connu l'apogée de la fin des années 1970. Dès cette époque, le titre conquis en 1979 devient comme un boulet, une ligne de palmarès fréquemment rappelée par ses conquérants lorsque ceux-ci visent des responsabilités à la tête du club, comme s'il s'agissait d'un gage indiscutable. Le Racing a ainsi eu dans son staff cinq joueurs champions en 1979 (Piasecki, Gemmrich, Specht mais aussi Jacky Duguépéroux et Arsène Wenger) et seul Raymond Domenech a fait une carrière de technicien de haut niveau sans repasser par la capitale alsacienne. Un constat qui tord le coup au lieu commun encore récemment déclamé par Yves Ehrlacher (voir France Football du 1er septembre) selon lequel le club n'aurait pas tendu la main à ses champions. Le mal du Racing semble en vérité avoir été exactement contraire : une incapacité à vraiment tourner la page pour trouver le talent là où il était.

Une accélération à l'époque contemporaine


Le début des années 1990 n'est pas marqué par le retour de joueurs emblématiques. Il faut dire que la période précédente n'avait pas été faste et que le club retrouve les voies de l'ambition avec une ossature en place et quelques coups sur le marché des transfert. Au sein d'un Racing régulièrement européen, aucun sauveur n'est requis et l'heure est plutôt au débauchage de talents extérieurs, si possible internationaux. Mais, très vite, le club retombe dans ses travers et l'usine à flashback fonctionne à nouveau à plein régime. Certes, le nombre de transferts augmente de façon vertigineuse avec l'arrêt Bosman et il est donc logique que les retours s'accroissent proportionnellement. Mais, si l'on y regarde de plus près, aucun club français en dehors du Paris Saint-Germain n'a autant donné dans la récupération d'anciens joueurs depuis le milieu des années 1990. Comme à Paris, la ré-introduction de la politique du come-back coïncide avec la présence d'une direction ayant largement perdu les pédales et coupée de son public. Après avoir consciencieusement détruit l'édifice Weller, Patrick Proisy fait en effet machine arrière toute en s'attachant à faire revenir des joueurs appréciés de la Meinau, espérant ainsi se concilier les bonnes grâces du public ou au moins obtenir son indulgence. Le premier à faire un brutal demi-tour sera David Zitelli. Cédé à Karlsruhe en janvier 1998 pour seulement 4.5 millions de francs, l'ancien nancéen revient un an plus tard pour un montant nettement supérieur alors même que sa forme est médiocre. Il ne parviendra jamais à rééditer les statistiques de son premier passage, sortant petit à petit de l'équipe pour terminer en Ecosse.

En 2000-2001, le Racing va encore plus mal et, après l'échec de la solution A – la star étrangère personnifiée par José-Luis Chilavert – Proisy tente le plan B en faisant revenir un enfant de la maison, Valérien Ismaël. Prêté par Lens, Valé gagne la coupe de France mais ne parvient pas à sauver le club d'une piteuse relégation. Il promet cependant de revenir si le Racing parvient à retrouver la Ligue 1, ce qu'il fera avant que son mauvais caractère et ses relations orageuses avec d'autres membres du club ne le poussent à nouveau vers la porte de sortie. Transféré à Brême pour une bouchée de pain, il donnera vite des regrets aux supporters strasbourgeois vu la qualité de ses prestations sous le maillot du Werder. Entre temps, c'est Stéphane Collet qui lui avait succédé dans le rôle du revenant de service. Blessé au genou et en difficulté avec son club de la Real Sociedad, le petit milieu vient se soigner à Strasbourg à l'automne 2001, donnant au passage quelques idées à un manager général lui aussi fraîchement revenu, Marc Keller. Recruté en tant que joker mais toujours perturbé par des blessures, Collet est l'auteur d'une bien pâle saison 2001-2002, loin de ses exploits de 1997 qui lui avaient valu le surnom de « mobylette ». Au total, ce sont donc trois anciens de la belle équipe de 1997 qui sont revenus à l'image de leurs prédécesseur de 1979, pour des résultats toujours aussi décevants.

Marc Keller sera l'un des plus fervents adeptes de la politique du come-back, tendance dont il a lui-même bénéficié. Peu échaudé par les épisodes Collet et Ismaël, le nouveau patron du club strasbourgeois fera en effet revenir au club deux autres joueurs qui avaient laissé entrevoir de belles choses lors de leur premier passage sous le maillot bleu et blanc : Pascal Johansen et Pontus Farnerud. Le premier est un temps prêté par Marseille avant de revenir définitivement en 2005. Celui qui avait laissé le souvenir d'un très bon espoir à ses débuts deviendra lors de son deuxième passage l'un des joueurs les plus controversés de l'histoire récente du club. Génie incompris pour les uns, dilettante arrogant pour les autres, il suivra tous les hauts et les bas du club entre 2004 et 2008, parvenant au passage à se braquer avec tous ses entraîneurs successifs. En fin de contrat suite à une deuxième relégation en deux ans, sa troisième au total, il s'en ira à Metz, achevant ainsi de ruiner sa cote auprès des supporters du Racing. Pontus Farnerud ne subit pas les mêmes foudres mais la déception à son sujet est néanmoins unanime. Le suédois avait été l'un des meilleurs joueurs de l'équipe en 2003-2004, il sera l'un des plus fantomatiques en 2005-2006. Transparent sur le terrain, l'aîné de la fratrie est libéré après une saison cauchemardesque. Sa carrière continue de couler depuis.

Parvenu à la présidence du Racing en janvier 2006, Philippe Ginestet rompt avec beaucoup des aspects de la gestion Keller mais pas avec la tentation du retour au bercail. L'une de ses premières actions à la tête du club consiste ainsi à faire revenir Yacine Abdessadki. Le franco-marocain, parti libre seulement six mois auparavant, quitte son ornière toulousaine pour revenir au Racing orné d'un statut de cadre. Investi du rôle de capitaine pour la saison 2006-2007 il finit par décevoir les attentes placées en lui. Naturellement doué, Yacine Abdessadki n'a pas l'âme du joueur emblématique que ses états de services pourraient laisser supputer. Désigné, avec son compère tri-relégué, comme l'un des pseudo-leaders coupables de la descente aux enfers du club au printemps 2008, il quitte le Racing sous fond de conflit avec les supporters pour s'exiler dans le club professionnel le plus proche de Strasbourg, où l'on continue à l'apercevoir régulièrement. Autre familier de la maison, Pascal Camadini avait été un casus belli entre Ginestet et Keller à l'été 2005. Son retour comme joker en 2006 sonne donc comme une revanche pour le premier, dont il est proche. Sur le terrain, les performances de Camadini furent fidèles à ses antécédents strasbourgeois : correctes mais sans éclat. C'est surtout en coulisse que son transfert fit parler. L'indemnité payée par le club strasbourgeois était en effet assortie d'une clause de montée plutôt scabreuse pouvant rapporter 150.000 euros à Bastia. Engoncés dans le ventre mou, les Corses perdent donc sans trop se battre contre le Racing lors de la 36ème journée, sans doute la défaite la plus rentable de la saison.

Echaudé par les épisodes Johansen et Abdessadki, Jean-Marc Furlan se montrera plutôt tiède dès qu'il s'agira d'évoquer les retours envisagés de joueurs comme Olivier Echouafni, Sidi Yaya Keita ou Danijel Ljuboja. Sous son mandat, aucun retour n'est enregistré. Son successeur ne partagera pas ces réticences alors que le Racing enregistre le retour de Rodrigo Larceba Ramos. Quelques mois plus tard, Philippe Ginestet concrétise son retour à la présidence en rééditant le coup d'Abdessadki puisque c'est Habib Bellaïd qui vient en comme gage de la bonne volonté présidentielle au sein d'un Racing en mauvaise posture.


Bilan


On peut dégager trois catégories, non exclusives les unes des autres, de revenants au Racing.

  • Les joueurs révélés par le Racing ayant connu la gloire ailleurs qui reviennent faire un dernier rappel dans leur club d'origine. Quelque part, leur retour doit beaucoup à cette forme de frustration et d'impression de déclassement qui consiste à voir des joueurs passés par Strasbourg réussir sous d'autres cieux dans des équipes plus huppées. Heisserer, Remetter, Kaelbel ou Gress entrent dans cette catégorie.
  • Les joueurs emblématiques ayant connu le succès avec le club. La décision de les faire revenir fut souvent puissamment motivée par la nostalgie ou plus exactement par la volonté d'exploiter celle-ci, au mépris, parfois, des paramètres purement sportifs. Les joueurs de 1979 et 1997 en sont l'archétype.
  • Les joueurs capitalisant sur les bonnes impressions laissées autrefois pour obtenir un retour aux charmes strasbourgeois. L'Alsace et le Racing semblent en effet avoir un certain pouvoir d'attraction sur ceux qui les ont fréquentés, et nombreux sont les anciens strasbourgeois qui évoquent leurs envies de retour. Ces désirs semblent d'ailleurs être plus forts à mesure que la situation sportive des intéressés se dégrade. Quand leurs envies coïncident avec celles des dirigeants strasbourgeois, ils sont souvent exaucés et cela se concrétise par un transfert. De Didier Six à Rodrigo, l'histoire récente du club est jalonnée de tels retours à l'envoyeur.


Au final, si l'on excepte Raymond Kaelbel, aucun come-back n'a été vraiment été au niveau des exploits passés. Les amateurs de cinéma le savent bien : le deuxième épisode est bien souvent un triste plat réchauffé destiné à paresseusement capitaliser sur le succès du premier opus. A la décharge des nombreux revenants, il faut signaler qu'ils ont souvent débarqué alors que le Racing se trouvait en mauvaise posture et qu'ils devaient gérer une image souvent enjolivée, voire fantasmée. Difficile de répondre aux attentes quand l'on doit gérer une passé mythifié qui se teinte souvent d'un présent mâtiné d'impatience. En fait, la politique du come-back semble surtout avoir été un substitut aux grands coups sur le marché des transferts. Quand on n'a pas les moyens de se payer une star, on joue sur la corde sensible pour faire revenir un enfant du pays. C'est particulièrement vrai en cas de relégation, de Remetter en 1960 jusqu'aux exemples contemporains. Dans le même ordre d'idée, quand Chilavert ne marche pas, la dernière cartouche consiste à faire revenir Ismaël. Peu étonnant dès lors que les come-backs se soient multipliés à mesure que les moyens du Racing rétrécissaient, et avec eux ses ambitions. Dans ces conditions, revenir à Strasbourg s'apparentait le plus souvent à un casse-pipe, fait dont les intéressés semblent avoir été plus ou moins conscients même s'ils l'ont parfois occulté derrière les arguments sentimentaux. En ce sens, le mot d'Habib Bellaïd (« Si ça n'avait pas été le Racing, je ne serais pas revenu ») est à double tranchant. Déclaration d'amour dans un sens, l'affirmation signifie dans l'autre que le choix effectué ne répond pas à une véritable logique sportive. Jusqu'à preuve du contraire, c'est surtout cette dernière qui prime sur le terrain.

strohteam

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