Farez Brahmia, l'interview

Les débuts au Racing

(racingstub.com) Tu es arrivé au centre de formation du Racing en 2003. Comment cela s'est-il passé ?
Farez Brahmia : A l'époque je jouais dans un petit club, l'AS Bourgfelden. Je m'étais fait connaitre avec l'équipe du Haut-Rhin ; on avait joué contre l'équipe du Bas-Rhin, en catégorie Benjamins, et un recruteur était venu parler à mon père pour savoir où je jouais. L'AS Bourgfelden n'est pas très connu dans le Bas-Rhin, alors il est venu voir un de mes matchs. Le niveau n'étant pas très bon, on m'a emmené faire des tests au Racing ; ces tests ont été convaincants, j'ai donc signé l'année d'après, à l'âge de 13 ans.

Quelle est cette personne qui t'a aidé à venir au Racing ?
Le recruteur qui était venu m'observer était Pascal Lemut. Il s'occupe maintenant de la gestion du club de Saint-Louis. C'est lui qui m'a emmené ici - après, j'ai dû faire mes preuves.

A l'âge de 16 ans, tu as eu une rupture des ligaments croisés. Quel était ton état d'esprit à ce moment-là ?
Je me suis dit que le foot, c'était fini, parce qu'à cet âge-là on se dit que les ligaments croisés c'est la blessure la plus grave qu'on peut avoir au foot. En plus, quand on est jeune, ça peut perturber la croissance. Bref, je me suis dit que c'était fini pour moi.
Mais après l'opération, j'ai vu des gens qui avaient des jambes en moins, qui étaient en chaise roulante et qui ne pouvaient plus remarcher au bout de 10 ou 15 ans, alors qu'ils étaient plus jeunes que moi.
Je me suis donc dit que je n'allais pas pleurer pour six mois d'arrêt. Autant se donner à fond, essayer de bien me rétablir ; j'ai tout donné, à l'arrivée, ça a payé.

Son statut actuel

Que s'est-il passé l'été dernier pour que tu ne signes pas un contrat stagiaire, mais seulement une licence amateur ?
Comme tout le monde a pu le constater, on n'est pas monté en Ligue 1, on aurait eu des soucis d'argent.
Mon souhait était de signer un contrat stagiaire, parce que j'avais fait une bonne fin de saison en CFA. Le coach et Jean-Marc Kuentz voulaient eux aussi me faire signer. Mais au-dessus ça n'est pas "passé", on a refusé que je signe un contrat stagiaire. Donc on m'a proposé une nouvelle année en amateur, alors que je n'en voulais pas. Il y a ensuite eu quelques soucis pendant l'été, mais à l'arrivée je me suis quand même retrouvé à Strasbourg, en étant amateur, et j'ai quand même bien fait de rester.

Après ce refus du Racing, que souhaiterais-tu pour la suite ?
J'aimerais avoir un contrat professionnel, c'est le rêve de tout joueur de signer son premier contrat pro avec son club formateur. J'ai eu assez de soucis pendant plusieurs années avec Strasbourg, ça fait deux ans que je suis amateur et on m'avait refusé un premier contrat stagiaire en début d'année. Pourquoi m'en proposer un maintenant ? Là, j'ai la possibilité de signer un contrat pro, j'ai fait 8 ou 9 matchs avec l'équipe première, j'ai marqué un but, je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de jeunes qui ont fait la même chose que moi sans être passé professionnel.
Il y a des joueurs dans le vestiaire qui n'ont pas fait énormément de matches, alors qu'ils sont professionnels ; partout en France, il y a des joueurs qui n'ont pas fait de matchs en professionnels et qui ont un contrat pro. Moi ça fait quand même sept ans que je suis au Racing et on ne m'en propose pas.

Sa première apparition en pro

Quelle a été ta réaction quand tu as su que tu figurerais dans le groupe pro ?
Ça m'a fait vraiment bizarre ! Je me suis dit - je me répète - que j'avais assez galéré et être avec le groupe pro était vraiment un cadeau énorme. Je me suis battu pour. Au début je n'y croyais pas, et à l'arrivée, c'est la réalité, j'étais vraiment heureux.
C'était la première fois dans la famille que quelqu'un arrivait à percer, ça leur a donc fait énormément plaisir. Ça a fait très plaisir aussi à mon père que je réussisse à mettre un pied dans le monde professionnel.

Quelques jours après ton premier but chez les pros, peux-tu nous expliquer le bonheur que tu as ressenti ?
En fait je n'ai même pas réussi à dormir, je ne faisais qu'y penser (rires) ! A la base je n'étais que dix-septième et je ne devais même pas faire partie du groupe. Puis Habib (NDA : Bellaïd) est sorti du groupe parce qu'il ne se sentait pas capable de jouer ; j'ai pensé faire un match sur le banc et le coach m'a fait entrer en me disant « tu entres, tu marques ». Et pour mon premier ballon, je marque... C'était vraiment quelque chose de fou et de formidable, parce que c'est le rêve de tout le monde de marquer en professionnels.

Préfères-tu être titulaire en CFA ou remplaçant en Ligue 2 ?
Si je peux faire les deux, être remplaçant le vendredi, faire ma petite entrée, et être titulaire après en CFA ça me convient bien. Je suis jeune, je suis là pour apprendre, il me faut un maximum d'expérience en Ligue 2 et il faut aussi que je confirme mon rendement en CFA. Donc, faire les deux me convient bien.

Et après ?

Quel serait pour toi le parcours professionnel idéal ?
J'aimerais d'abord percer et confirmer avec le Racing, après intégrer l'Olympique de Marseille, y faire plusieurs saisons, et après, pourquoi pas, aller au Bayern de Munich... comme Ribéry (rires). Et peut-être, jouer avec lui avant la fin de sa carrière.

Quel est ton objectif pour cette deuxième partie de saison 2009-10 avec le Racing ?
Pour ma part c'est tout d'abord signer mon contrat pro avec Strasbourg, après d'essayer de marquer un nouveau but, confirmer parce que pour le moment je suis remplaçant, essayer d'acquérir de l'expérience. Pour le groupe, il faut continuer sur notre lancée, se maintenir. Mais je pense qu'on va réussir.

Le foot, en général, en particulier,...

Quels sont tes modèles dans le foot, les joueurs actuels que tu admires, ceux à qui tu aimerais ressembler ?
Mes deux modèles sont Franck Ribéry et Didier Drogba. Franck Ribéry parce qu'il a eu un parcours fantastique. Il est parti du centre de formation de Lille, a réussi à rebondir en National où il s'est fait un petit nom, ensuite en Turquie, à Metz, et à l'OM, mon club préféré, même si mon club de coeur c'est Strasbourg. Il a réussi à percer là-bas et Ribéry est devenu un joueur de classe mondiale. Drogba a aussi eu un beau parcours. Ce sont deux joueurs que j'aime bien.

Et si tu étais une gloire du foot ?
Ça serait Zinedine Zidane, parce que ce qu'il a fait est magique et personne ne pourra égaler son niveau. C'est l'exemple de tout joueur de foot, si l'on doit suivre quelqu'un c'est Zinedine Zidane. Même si Ribéry est mon joueur préféré, l'exemple, c'est Zizou.

Quel est le joueur que tu admires le plus au Racing et avec qui tu as le plus d'affinités ?
Le joueur que j'admire le plus est Guillaume Lacour. Même si tout le monde vit pour le club, Guillaume est l'exemple, il se bat à chaque fois, en match, aux entrainements, il essaye de pousser tout le monde, il donnerait sa vie pour le club. Sur le terrain, comme chacun peut le voir, on peut le placer n'importe où, il ne se plaint pas et il joue. Il fait même mieux qu'à son vrai poste ! Quand on l'a mis sur le couloir droit, il est devenu buteur. Bref, c'est vraiment énorme ce qu'il fait, c'est-ce joueur-là que j'aimerais être au Racing.
Celui avec lequel j'ai le plus d'affinités est Mamadou Dioulde Bah. C'est mon "chouchou", on est tout le temps ensemble. Pour moi c'est vraiment un excellent joueur, il fait beaucoup de bien à Strasbourg.

Décris en un mot quatre joueurs du Racing !
Stéphane Cassard : la sagesse,
Guillaume Lacour : le combattant,
Nicolas Fauvergue : le canonnier, (rires)
Milovan Sikimic : le roc.

Quelles sont tes principales forces, et quels sont les points que tu aimerais améliorer dans ton jeu ?
Mes principales forces sont l'endurance, la hargne, je ne suis pas quelqu'un qui essaye de tricher. Je devrais améliorer ma masse musculaire et beaucoup travailler mon jeu de tête.

Quel est le match de foot qui t'as le plus marqué ?
Ça va paraître bizarre, mais ce n'était pas un match professionnel. J'étais en catégorie 13 ans A. L'AS Bourgfelden jouait à Barr, contre Olhungen, en finale de la Coupe d'Alsace. On perdait 0-1 à la mi-temps. Physiquement, nous étions plus petits, ceux d'en face étaient déjà des "masses". On s'est fait remonter par notre coach, par tous ceux qui nous entouraient : « C'est pas possible vous êtes là à disputer une finale de coupe d'Alsace, et vous faites n'importe quoi, vous perdez 0-1... vous avez peur ?! ». Au retour des vestiaires, on était tous remontés à bloc et on a enchainé les buts. On a finalement gagné 5-1 alors qu'eux étaient champions en A et grands favoris. On était une vraie bande de copains.

Ton stade préféré ?
La Meinau (rires)... La Meinau et le Vélodrome.

Questions en vrac et Eva Longoria

Si tu étais un animal ?
Je dirais... un Fennec pour l'Algérie. Ou sinon un lion, pas indomptable, un lion tout court (rires).

Si tu étais un acteur ?
Denzel Washington parce que c'est mon acteur préféré, il joue dans mon film préféré, « Le plus beau des combats ».

Si tu étais une émission ou une série télévisée ?
Heroes parce que c'est vraiment une série fantastique. L'histoire est belle avec beaucoup de suspense.

Ton style de musique ?
Le rap américain ou le rap français, j'aime bien 50Cent, Usher, et il y en a d'autres encore que j'aime bien.

Si tu devais être président d'un club de foot plus tard ?
Ce serait l'AS Bourgfelden (rires). Pourquoi ne pas faire un centre de formation là-bas ? Ils sont en Division 3, le niveau le plus bas, donc pourquoi pas remonter le club et les emmener en Ligue 1 ? Essayer de faire un bon truc avec mon ancien club, dans 10 ans ils joueraient au Stade Vélodrome et on leur mettrait une rouste après... (rires)

Quel est ton plat préféré ?
Pâtes et steak.

Quel est ton film préféré ?
« Le plus beau des combats » avec Denzel Washington.

Et le dernier film vu au Cinéma ?
REC 2, un bon film d'horreur.

Quel est le dernier album que tu as acheté ?
Je n'achète pas vraiment d'albums, je sais que c'est pas bien ce que je fais... (rires). La dernière chanson que j'ai écouté était d'Alicia Keys en duo avec Jay-Z.

Pour les filles qui sont fans de toi, situation familiale ? Si célibataire, à quoi ressemble la femme que tu recherches ?
(rires) Je suis célibataire. Mon style de femme ? Eva Longoria mais c'est quasiment impossible, et je pourrais avoir des problèmes avec Tony Parker. L'important c'est qu'il y ait un bon feeling.

Un mot pour tes supporters et ceux du Racing ?

Je remercie tous ceux qui me soutiennent. Ça me fait plaisir parce que c'est la première fois qu'il m'arrive quelque chose comme ça ; savoir qu'il y a des gens qui sont derrière moi est vraiment quelque chose de formidable. Donc j'aimerais vraiment les remercier.
A tous les supporters du Racing : je les remercie aussi d'être tout le temps derrière nous, quoi qu'il arrive. Le plus beau des cadeaux serait de continuer comme ça, de se maintenir et pourquoi pas viser plus haut : petit à petit on sort la tête de l'eau. Je veux vraiment les remercier, c'est énorme ce qu'ils font pour nous, d'être toujours derrière nous c'est fantastique.

Merci à Farez de nous avoir très sympathiquement accueilli chez lui. Bonne continuation avec le Racing ! Merci également à feline68 pour son aide.

Pour toute information sur Farez Brahmia et son (futur) fan-club, n'hésitez pas à contacter lestat282.